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Comment la Provence part à la conquête de l'Europe de l'est ?

Promotion de la Provence à Cracovie


Dans un milieu où la concurrence se fait de plus en plus accrue, les destinations doivent se montrer proactives pour conquérir des marchés. Les décideurs de la Provence l'ont bien compris. La semaine dernière une délégation partait de Marseille en direction de Cracovie, afin de présenter les atouts d'une destination loin des clichés.


Rédigé par Romain Pommier à Cracovie le Mardi 3 Avril 2018

Après la Pologne, la ville de Marseille se chargera de draguer la Russie - Crédit photo : Romain Pommier
Après la Pologne, la ville de Marseille se chargera de draguer la Russie - Crédit photo : Romain Pommier
"Nous sommes venus ici, pour faire la promotion de notre région, mais surtout pour avoir des résultats et être efficace" a expliqué Martine Vassal, la présidente du département à l'assemblée de partenaires ayant fait le déplacement à Cracovie, le 21 mars 2018.

Le ton est donné, la délégation provençale n'a pas fait le déplacement pour conter fleurette, mais pour casser les clichés et signer des contrats.

Et pour ce faire, le bras armé promotionnel du département, à savoir Provence Tourisme a emmené dans son sillage une dizaine de professionnels du tourisme, afin qu'ils aillent à la rencontre de leurs homologues polonais, et des 80 invités triés sur le volet par le consul de Cracovie.

Cette opération centrée autour d'un workshop d'une petite heure, doit aussi permettre "d'assurer la pérennité de la nouvelle ligne de Ryanair reliant Marseille à la capitale intellectuelle et touristique de Pologne précise la responsable départementale.

Avec une fréquence de seulement 2 vols hebdomadaires, la liaison lancée en octobre 2017, annonce déjà des chiffres flatteurs "actuellement le taux de remplissage est de 90%, la compagnie est plutôt contente" analyse une porte-parole de Provence Tourisme. "Ryanair s'appuie sur son savoir-faire", mais aussi sur des leviers locaux, car pour le moment la Provence est un petit point sur la carte des tour-opérateurs polonais.

Et Kinga Palasz, la chargée de presse et promotion d'Atout France en Pologne de contextualiser "la France est seulement la 9e destination pour les touristes polonais, loin derrière l'Allemagne, avec 400 000 voyageurs."

Quels rôles pour Atout France ?

D'ailleurs la jeune responsable de la représentation hexagonale a été mise à l'amende par Martine Vassal "il est compliqué de travailler efficacement avec Atout France, ici."

L'étudiante de se justifier "la Pologne n'est pas un pays émetteur assez fort pour avoir les priorités du siège" de l'agence de développement "il ne nous est pas possible de réaliser des événements d'envergure." La promotion est assurée, sans doute pas de façon optimale, mais une dizaine d'événements rythment annuellement l'activité des agents de voyages et journalistes dans le pays de l'est.

"Notre objectif est certes d'augmenter l'émission de touristes, mais surtout de casser les stéréotypes. Les vacances en France vues de Pologne peuvent paraître très coûteuses." Malgré une croissance de +4,6% et un chômage de 6,2% selon le Bureau national des statistiques (GUS), le salaire moyen plafonne à 1013 euros par mois.

"Pourtant la France est diversifiée, mais les clichés ont la vie dure. Les Polonais peuvent facilement trouver des hôtels 2 et 3 étoiles, pour voyager à moindre coup, c'est le message que nous essayons de faire passer. La ligne low-cost entre Marseille et Cracovie est une véritable aubaine" se réjouit Kinga Palasz. La promotion n'est pas seulement la prérogative des bureaux d'Atout France, dans le cadre d'une telle opération l'ensemble des équipes des bureaux français à l'étranger sont mobilisés.

De l'aveu de Frédéric de Touchet Consul général de France à Cracovie "notre rôle a consisté à préparer, orienter et accompagner la visite des équipes, mais également à sensibiliser et mobiliser les décideurs, la presse locale, ainsi que la communauté française."

Les premières retombées

Dans un pays slave, la distance avec la France ne s'illustre pas seulement en kilomètres ou en différence de pouvoir d'achat, elle est aussi culturelle.

Pourtant "vous savez ici, nous nommons la Provence : la Douce Pologne, car les Polonais à vivre dans votre pays sont très nombreux notamment dans cette région confie Ewa Wachowicz, une star du petit écran rencontrée au détour du workshop.

La quarantaine de voyagistes présents se sont montrés réceptifs et intéressés par les produits provençaux. "Nous avons essayé de faire venir des tour-opérateurs ayant un poids significatif sur le marché local, afin que les professionnels ne se déplacent pas pour rien" d'après la représentante d'Atout France.

Même s'il est trop tôt pour analyser à chaud les retombées, certains produits ont marqué des points. Pour la représentante du réceptif Arion, Joanna Macuda "nous avons appris pas mal de choses, notamment l'existence d'un camp de rétention aux Milles, ce genre de lieu sera booké rapidement tout comme le musée du savon."

La soirée battant son plein, et les premiers contacts pris les responsables de la capitale provençale, Marseille, regarde déjà un peu plus loin à l'Est. "La reprise de la liaison entre Marseille et Moscou a été confirmée pour la fin de l'année 2018" confie Jean Roatta l'adjoint au maire délégué aux Relations internationales.

"La clientèle russe possède de l'argent, c'est un marché prioritaire pour nous". Pour ce faire, une délégation se rendra dans les jours qui viennent dans la capitale moscovite afin de préparer un événement d'envergure courant octobre.

La bataille du tourisme n'attend pas, pour atteindre les 100 millions de touristes en 2020, tous les marchés doivent être scrutés et dragués, aussi petit soit-il.

Le très religieux et spécifique marché Polonais

Avec ses 400 000 touristes prenant la direction de la France, la Pologne fait office d'îlot noyé parmi les 89 millions de voyageurs accueillis en 2017 dans l'Hexagone.

"L'année 2016 a été délicate à cause des attentats, mais 2017 a affiché une petite croissance. Et pour cette nouvelle année, nous attendons un retour des Polonais" selon Kinga Palasz, la chargée de presse et promotion d'Atout France en Pologne.

La raison à cela ? "Ce sera l'anniversaire des 160 ans des apparitions à Lourdes, pour mes compatriotes, c'est un événement important. Dans un pays où 10 millions de personnes voyagent chaque année "1,2 million le font pour des questions religieuses". Parmi les sites les plus visités en France figurent bien inévitablement Paris, suivent la grotte de Lourdes, et la Normandie "en raison de l'attrait pour l'impressionnisme" toujours d'après la représentante en Pologne.

Ce ne sont pas les simples spécificités du marché local, faisant la part belle aux TO Polonais, seuls sont présents "TUI et Thomas Cook. Les destinations plus courues sont en tête l'Allemagne, après dans le désordre, vous avez la Grèce, la Croatie et aussi la Bulgarie". En raison d'un salaire moyen franchissant à peine la barre des 1 000 euros, les Polonais privilégient les vacances en club tout inclus et à faible budget.

Paradoxe toujours, "chez nous ce sont les personnes âgées qui soutiennent le marché touristique. Le gouvernement mène une politique sociale active, et permet aux plus anciens de dégager des revenus" explique Jadwiqa Jasica-Statkowska du TO Ambit Tour. En attendant de conquérir la clientèle polonaise, la destination France place ses pions.

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