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EXCLUSIF - Univairmer : Thibaut Aufort et Lucas Gebhardt lâchés de toutes parts... [ABO]

L'enquête exclusive de Romain Pommier


La plus grosse faillite dans la distribution depuis Thomas Cook n’a pas fini de faire couler de l'encre. L'administrateur judiciaire d'Univairmer a laissé trois semaines aux repreneurs potentiels pour se manifester. Mais ce n'est pas tout : selon nos informations, les anciens actionnaires vont poursuivre en justice Thibaut Aufort et Lucas Gebhardt.


Rédigé par le Mercredi 26 Février 2025

Placé en redressement, Univairmer a 51 agences de voyages - Depositphotos @ventdusud
Placé en redressement, Univairmer a 51 agences de voyages - Depositphotos @ventdusud
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La chute aura été aussi violente et rapide que l'ascension.

En l'espace d'une petite année, Univairmer et plus globalement son acquéreur, Tomorrow Travel, ont vu leur ambition de création d'un réseau d'une centaine d'agences, vaciller puis s'écrouler comme un château de cartes.

Lors du dernier IFTM Top Resa 2024, il était encore question d'atteindre les 200 points de vente en 2027. Et, pourquoi pas, une introduction en bourse, voire même un développement à l'international ?

Finalement, le rêve a viré au cauchemar et, dès juillet dernier, des fournisseurs se sont plaints d'impayés à répétition.

En outre, les deux fondateurs pourraient être, de source sûre, poursuivis en justice par les anciens actionnaires de l'entreprise longtemps gérée par Jean Dionnet.

"Nous n'aurons d'autre choix que de les attaquer en justice. Nous sommes très remontés contre eux. A juste titre : ils nous ont menti les yeux dans les yeux !

Nous sommes obligés d'aller plus loin, sinon nous serons considérés comme complices.

Pour ce qu'ils ont fait, nous parlons d'une condamnation en Correctionnelle et encore je ne dévoile pas toutes les pratiques,
" nous confiait Boris Reibenberg au début du mois de février 2025.


Univairmer : les raisons de l'action en justice ?

Tout le monde pourrait penser que les anciens propriétaires en ont après le seul Thibaut Aufort, l'unique responsable public de cette dégringolade retentissante.

Ce n'est pas le cas. "Lucas est tout aussi coupable que Thibaut. Ils ont planté tout le monde sans motivation claire. b[Ils vont faire face à un paquet de plaintes," nous affirme un patron.

Les belligérants sont maintenant passés à l'action contre les deux fondateurs de Tomorrow Travel, même si l'un d'entre eux nous a répondu ne pas avoir reçu de courrier ou d'assignation.

Les tour-opérateurs actionnaires dénoncent des pratiques commerciales douteuses, sur les assurances vendues par Tomorrow Travel, alors même que l'assureur n'a jamais eu le dossier.

Mais, ce n'est pas tout. Le jour du rachat, 3 millions d'euros ont été déposés sur les comptes, puis la somme a mystérieusement disparu peu après la signature.

"Lucas a prêté l'argent à Thibaut, pour opérer l'achat.

Les fonds ont été descendus sur le compte courant de sa holding (PPP, ndlr) qui a finalement acheté Univairmer en juillet. Jean Dionnet n'a pas touché l'argent, puisqu'il devait permettre une augmentation de capital.

Tout le monde a vu cette somme. Nous étions tous contents,
" lâche un ex-actionnaire.

Sauf que quinze jours plus tard, l'argent revient et repasse d'Univairmer à PPP. Une transaction qui permet à Thibaut Aufort de rembourser Lucas Gebhardt, ce qui n'est pas illégal en soi....]b

Ceci est la version que de nombreux acteurs et proches du dossier rapportent.

Univairmer : un détournement de fonds ?

"Ils ont emprunté de l'argent pendant 1 mois et ils ont acheté une boite sans avoir l'argent.

Les 3 millions n'auraient jamais dû sortir de l'entreprise et être utilisés pour remettre à flot le réseau. Cela leur a permis de devenir majoritaires sans avoir investi 1 euro.

La qualification pourrait être celle de détournement de fonds ou de non soutien financier à sa filiale. Par contre je ne pense pas qu'il y ait eu un enrichissement personnel.

Sauf que cette somme était indispensable à la survie de la société,
" déplore notre témoin, un fait que d'anciens actionnaires nous confirment.

Cette infraction est définie par les Editions Tissot comme l'appropriation frauduleuse par une personne, au préjudice d’autrui, pour son propre intérêt, de fonds, de valeurs ou de biens mobiliers qui lui ont été remis et qu’elle a acceptés à charge de rendre, de représenter ou de faire un usage déterminé.

Privé de cette bouffée d'air frais, le réseau étouffe et croule sous les impayés.

Dans cette histoire, toutes les parties prenantes sont très remontées. Même le fonds d'investissement Turenne Capital prévoit de mener une action en justice en s'attaquant, lui, à la holding.

"Je n'ai jamais vu une telle gestion et situation de ma vie. Ils vont tout perdre, de l'école aux agences de Tomorrow Travel. C'est même la moindre des choses, au regard de ce qu'ils ont fait.

Thibaut a débarqué comme étant Elon Musk, il imaginait repenser tout le tourisme,
" poursuit un autre responsable.

L'été dernier, les deux dirigeants ont envoyé des lettres aux tour-opérateurs pour convenir de les payer après les départs. En retour, ils reçoivent une fin de non-recevoir brutale, et le débat est clos très rapidement.

Les règlements resteront inchangés.

Univairmer : 15 jours pour sauver l'entreprise

A ce tableau désastreux de véritables "pieds nickelés" de la reprise d'entreprise, rajoutons l'épisode de Valéry Muggeo.

Celui qui a été par le passé président de la coopérative Selectour vend en janvier 2024 AMA Tourisme à Tomorrow Travel. Il signe par la même occasion un contrat de travail, pour le laisser aux commandes de ses 3 agences.

Le sexagénaire ne le sait pas, mais comme bien souvent, une période d'essai est glissée dans le document. Bilan : le Grenoblois est éjecté au terme de celle-ci. Une manipulation légale, mais peu élégante, pour une personnalité de l'industrie.

"Finalement, ce sont deux idiots du village qui faisaient semblant d'être sympathiques. Cette histoire me rappelle les années 1990, les groupistes ou les tour-opérateurs qui débarquaient sur le marché avec des projets pharaoniques, puis qui déposaient le bilan, laissant des ardoises monumentales.

Tout ce gentil bazar du siècle dernier, nous pensions que c'était terminé, puis Lucas et Thibaut ont débarqué,
" nous partage un autre dirigeant, préférant conserver l'anonymat.

Avec cette faillite retentissante, les deux entrepreneurs vont laisser une trace indélébile dans les livres d'histoire du secteur, mais pas celle qu'ils imaginaient.

La rancœur ne concerne pas seulement les ex-actionnaires ou fournisseurs, elle est aussi très vivace dans les agences de voyages.

Face à une direction aux abonnés absents, incapables d'apporter des réponses à leurs clients, voire même totalement mutique aux questions des équipes, le Comité social et économique (CSE) a demandé à cesser l'activité avec l'actuelle direction.

Univairmer : 15 jours pour sauver l'entreprise

Jean-François Guelton, un agent de voyages, a attaqué avec véhémence l'organe de représentation du personnel.

Celui qui avait déjà ouvertement critiqué votre serviteur a remis ça. Il a déversé sa bile à l'encontre du CSE pour dénoncer une décision prise par des élus n'ayant consulté que leur entourage.

Et pourtant, pour avoir parlé avec des salariés non proches de la direction, le ras-le-bol est plus que palpable.

"Nous avons eu de nombreux appels et mails de collègues ces dernières semaines, nous faisant part de leur colère, de leur ressenti, de cette perte de confiance auprès de la Direction.

Nous avons transmis la position d'un grand nombre de collaborateurs, non pas l’unanimité, mais bien celle d’une grande majorité. Certains n’osent plus parler ni s’exprimer de peur de représailles, et ce, depuis plusieurs années maintenant (...).

Les sujets de dysfonctionnements collectifs ne manquent pas depuis des mois (...) et depuis quelques semaines, nous ne pouvons que déplorer la gestion de la crise historique
que nous venons de traverser,
" ont répondu dans un mail les élus CSE, que nous avons pu consulter.

Cette mésaventure illustre bien à elle seule les raisons de cette chute.

La faillite ne doit rien au hasard, mais à une mauvaise gestion qui courait depuis de nombreuses années et qui a atteint son paroxysme depuis le rachat.

Malheureusement, rien n'est fait pour soutenir les salariés, abandonnés à leur triste sort et à leur mal-être.

Il reste maintenant 15 jours pour sauver le plus d'emplois possible.

L'administrateur judiciaire a laissé un répit aux équipes jusqu'au 5 mars. Les salaires de février seront payés. Les potentiels repreneurs ont jusqu'au 12 mars pour se manifester (cliquez ici pour envoyer un mail à l'administrateur judicaire) et déposer un dossier de reprise.

La data room a été ouverte lundi 24 février 2025.

Une chose est sûre : Boris Reibenberg ne fera pas d'offre, donc il n'y aura pas de reprise globale. Nous nous dirigeons tout droit vers une vente à la découpe des actifs restants. Le rêve est passé...

Tout notre dossier sur Univairmer :



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