L’imagerie liée à l’histoire de la mer : entre aventure, vacances et pollution
Formant un duo de choc avec le soleil, son principal allié, la mer est peu à peu devenue le « best of » des hits parades touristiques et de l’iconographie du tourisme de masse ou de luxe -Depositphotos.com Auteur abwind
Avant d’être adulée par les vacanciers, la mer a été́ la scène où se déplaçaient les navigateurs en quête d’un ailleurs souvent inconnu que l’on tentait d’explorer afin d’y découvrir de nouvelles richesses.
Parmi les plus connues des Occidentaux et des Africains, la mer Méditerranée est devenue le bassin des civilisations les plus illustres de l’humanité́. Sillonnée par les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Arabes puis les Européens, elle constituait une voie de circulation longtemps hantée par les divinités du monde antique, par des drames, des naufrages, des catastrophes et les fantômes de cités englouties.
Encore plus rebelles, les mers du nord jouaient un rôle comparable jusqu’à̀ ce que l’océan longtemps inexploré́ entraîne vers un nouveau monde les grands navigateurs et leur soif de conquête.
Apprivoisée à des fins utiles, y compris par les pêcheurs, la mer a tardé à devenir un territoire bienveillant. Elle ne le deviendra qu’au dix-neuvième siècle grâce à ses eaux froides, celles des mers du nord dont les vertus curatives étaient recommandées par les médecins de l’époque.
Les premières stations balnéaires naissent. Elles se nomment Brighton ou Dieppe. Puis, il faudra attendre la fin du dix-neuvième siècle et surtout le vingtième-siècle pour que la mer et ses rivages ensoleillés deviennent le terrain de jeu favori des touristes.
Alors que la légende raconte que l’impératrice Eugénie vint, parmi les premières, prendre un bain dans les eaux de Biarritz... ce sont les littérateurs de la « lots generation », de Scott Fitzgerald et E. Hemingway et les peintres de la même époque qui en découvrent les talents esthétiques, ludiques et en partie curatifs.
À la mer, se substituent alors des étendues complémentaires : le littoral et surtout la plage, donc la « côte ». Destinations à part entière, certaines côtes deviennent peu à peu de plus en plus populaires et emblématiques des transformations d’une époque en quête de liberté́ et sensualité́. La Côte d’Azur, la Côte amalfitaine puis la Costa Brava et la Costa del sol... deviennent des destinations vedettes qui se hérissent rapidement de constructions de béton censées abriter la conception « moderne » du bonheur.
L’après-guerre enfin, verra bel et bien se développer les images de paradis domestiques, propres à̀ la détente, aux loisirs, au farniente, entièrement ouverts à l’accueil de corps dénudés incitant aux plaisirs charnels et aux plaisirs sportifs. Les pratiques aristocratiques de la voile et du ski nautique se démocratisent. Le Beach volley côtoie les clubs Mickey !
Formant un duo de choc avec le soleil, son principal allié, la mer est peu à peu devenue le « best of » des hits parades touristiques et de l’iconographie du tourisme de masse ou de luxe. Jusqu’à ces dernières années où, frappées de plein fouet par les révélations des scientifiques sur la pollution endémique qui l’accable, elle offre un flot de représentations négatives, parfois dissuasives.
Parmi les plus connues des Occidentaux et des Africains, la mer Méditerranée est devenue le bassin des civilisations les plus illustres de l’humanité́. Sillonnée par les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Arabes puis les Européens, elle constituait une voie de circulation longtemps hantée par les divinités du monde antique, par des drames, des naufrages, des catastrophes et les fantômes de cités englouties.
Encore plus rebelles, les mers du nord jouaient un rôle comparable jusqu’à̀ ce que l’océan longtemps inexploré́ entraîne vers un nouveau monde les grands navigateurs et leur soif de conquête.
Apprivoisée à des fins utiles, y compris par les pêcheurs, la mer a tardé à devenir un territoire bienveillant. Elle ne le deviendra qu’au dix-neuvième siècle grâce à ses eaux froides, celles des mers du nord dont les vertus curatives étaient recommandées par les médecins de l’époque.
Les premières stations balnéaires naissent. Elles se nomment Brighton ou Dieppe. Puis, il faudra attendre la fin du dix-neuvième siècle et surtout le vingtième-siècle pour que la mer et ses rivages ensoleillés deviennent le terrain de jeu favori des touristes.
Alors que la légende raconte que l’impératrice Eugénie vint, parmi les premières, prendre un bain dans les eaux de Biarritz... ce sont les littérateurs de la « lots generation », de Scott Fitzgerald et E. Hemingway et les peintres de la même époque qui en découvrent les talents esthétiques, ludiques et en partie curatifs.
À la mer, se substituent alors des étendues complémentaires : le littoral et surtout la plage, donc la « côte ». Destinations à part entière, certaines côtes deviennent peu à peu de plus en plus populaires et emblématiques des transformations d’une époque en quête de liberté́ et sensualité́. La Côte d’Azur, la Côte amalfitaine puis la Costa Brava et la Costa del sol... deviennent des destinations vedettes qui se hérissent rapidement de constructions de béton censées abriter la conception « moderne » du bonheur.
L’après-guerre enfin, verra bel et bien se développer les images de paradis domestiques, propres à̀ la détente, aux loisirs, au farniente, entièrement ouverts à l’accueil de corps dénudés incitant aux plaisirs charnels et aux plaisirs sportifs. Les pratiques aristocratiques de la voile et du ski nautique se démocratisent. Le Beach volley côtoie les clubs Mickey !
Formant un duo de choc avec le soleil, son principal allié, la mer est peu à peu devenue le « best of » des hits parades touristiques et de l’iconographie du tourisme de masse ou de luxe. Jusqu’à ces dernières années où, frappées de plein fouet par les révélations des scientifiques sur la pollution endémique qui l’accable, elle offre un flot de représentations négatives, parfois dissuasives.
Retrouvez le dossier sur les Imaginaires touristiques
Symbolisme de la mer : de l’élément premier au cimetière de la bio diversité
Sur le plan symbolique, il y beaucoup à dire. La mer, associée à l’élément « eau », fait partie des grands symboles de l’humanité. C’est un symbole ambivalent, à la fois porteur de vie et de destruction. Elle représente à la fois la dynamique de la vie : tout sort de la mer et tout y retourne.
Elle est le lieu des naissances et des transformations. C’est un élément Yin par excellence, rattaché à tous les mystères féminins et à la maternité́. Les Grecs et les Romains offraient en sacrifice à la mer des chevaux et des taureaux (deux animaux symbolisant la fécondité́).
Mais la mer est également un élément menaçant. C’est une eau toujours en mouvement, soumise à différents courants. Pour cette raison, elle symbolise l’inconscient humain et tout ce qui est enfoui dans les méandres de notre psyché. Des profondeurs sous-marines peuvent surgir des monstres, des typhons et/ou des trésors ! Pour les anciens, monstres marins et tempêtes n’étaient pas des métaphores mais bien de véritables sources d’angoisse.
Les mythes autour du déluge sont légions dans toutes les civilisations (ex. : la Genèse et l’épisode de l’Arche de Noé́). D’une façon imagée, le récit du déluge raconte comment le mal est noyé́ sous les eaux pour que l’humanité́ puisse revivre (à mettre en relation avec l’eau baptismale). Et cette survie de l’humanité́ passe toujours par une Arche, un bateau, qui devient alors le symbole de la demeure protégée par Dieu. Sans bateau, l’Homme ne peut pas affronter l’élément marin.
Elle est le lieu des naissances et des transformations. C’est un élément Yin par excellence, rattaché à tous les mystères féminins et à la maternité́. Les Grecs et les Romains offraient en sacrifice à la mer des chevaux et des taureaux (deux animaux symbolisant la fécondité́).
Mais la mer est également un élément menaçant. C’est une eau toujours en mouvement, soumise à différents courants. Pour cette raison, elle symbolise l’inconscient humain et tout ce qui est enfoui dans les méandres de notre psyché. Des profondeurs sous-marines peuvent surgir des monstres, des typhons et/ou des trésors ! Pour les anciens, monstres marins et tempêtes n’étaient pas des métaphores mais bien de véritables sources d’angoisse.
Les mythes autour du déluge sont légions dans toutes les civilisations (ex. : la Genèse et l’épisode de l’Arche de Noé́). D’une façon imagée, le récit du déluge raconte comment le mal est noyé́ sous les eaux pour que l’humanité́ puisse revivre (à mettre en relation avec l’eau baptismale). Et cette survie de l’humanité́ passe toujours par une Arche, un bateau, qui devient alors le symbole de la demeure protégée par Dieu. Sans bateau, l’Homme ne peut pas affronter l’élément marin.
Les nouveaux imaginaires de la mer : un territoire en péril
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Bien qu’au cœur des tropismes vacanciers, la mer demain court plusieurs risques qui portent atteinte à son image. Le premier, d’ordre écologique, d’ores et déjà̀ avèré, concerne la pollution que l’ère industrielle y déverse, notamment le plastique, par le truchement des usines, bateaux, pêcheurs intensifs qui, non seulement en pillent les richesses mais tuent peu à peu ses espèces animales et végétales sans être capables de les remplacer et en font un cimetière de la biodiversité.
La mer, hélas, surtout la Méditerranée, risque bien aussi de devenir un repoussoir, pire, une poubelle. Envahie par des millions de touristes peu scrupuleux, baigneurs ou plaisanciers, sillonnée par des paquebots de croisières démesures, elle est la première grande victime d’un tourisme de masse dont les images ont été suffisamment diffusées pour ne pas être ignorées. En première ligne, l’Espagne et ses cotes, en deuxième : la France où même les plages Atlantique commencent à suffoquer sous les flots des estivants.
De plus, comme nul ne l’ignore, son niveau monte de manière dramatique, est a déjà submergé quelques côtes, notamment dans les territoires insulaires condamnant à moyen terme l’existence de certains états comme les Maldives et l’avenir touristique de la Côte Aquitaine.
Enfin, cimetière de malheureux « migrants » en route vers un monde meilleur, livrés aux exactions de ces nouveaux pirates que sont les « passeurs », ne risque-telle pas de perdre son statut de territoire de liberté́ ?
Quant à ses paysages, livrés aux promoteurs et aux bétonneurs qui, malgré́ les alertes, continuent de déverser des légions de constructions peu harmonieuses, ne sont-ils pas également en train de ruiner le plus bel endroit de la terre ?
Sans compter une probable montée des eaux dans certaines régions qui se déverseront sur les côtes et signeront l’arrêt de mort d’un territoire idyllique et de l’une des icônes touristiques les plus porteuses des dernières décennies !
La mer, hélas, surtout la Méditerranée, risque bien aussi de devenir un repoussoir, pire, une poubelle. Envahie par des millions de touristes peu scrupuleux, baigneurs ou plaisanciers, sillonnée par des paquebots de croisières démesures, elle est la première grande victime d’un tourisme de masse dont les images ont été suffisamment diffusées pour ne pas être ignorées. En première ligne, l’Espagne et ses cotes, en deuxième : la France où même les plages Atlantique commencent à suffoquer sous les flots des estivants.
De plus, comme nul ne l’ignore, son niveau monte de manière dramatique, est a déjà submergé quelques côtes, notamment dans les territoires insulaires condamnant à moyen terme l’existence de certains états comme les Maldives et l’avenir touristique de la Côte Aquitaine.
Enfin, cimetière de malheureux « migrants » en route vers un monde meilleur, livrés aux exactions de ces nouveaux pirates que sont les « passeurs », ne risque-telle pas de perdre son statut de territoire de liberté́ ?
Quant à ses paysages, livrés aux promoteurs et aux bétonneurs qui, malgré́ les alertes, continuent de déverser des légions de constructions peu harmonieuses, ne sont-ils pas également en train de ruiner le plus bel endroit de la terre ?
Sans compter une probable montée des eaux dans certaines régions qui se déverseront sur les côtes et signeront l’arrêt de mort d’un territoire idyllique et de l’une des icônes touristiques les plus porteuses des dernières décennies !
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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