Les retraités et le voyage : l’espérance de vie en bonne santé est pour les femmes de 67 ans et pour les hommes de 65,6 ans en 2021 - Depositphotos.com
Le tourisme des seniors n’a jamais été le fort de la France. Un salon annuel, quelques agences proposant des séjours et des tarifs, un transporteur offrant des cartes « avantage », des clubs municipaux programmant des excursions et un tourisme associatif programmant des séjours « seniors en vacances »…
C’est peu et d’autant plus inquiétant que même les musées nationaux n’offrent pas toujours des tarifs pour les plus de 60 ans (retraités ou pas) qui pourtant constitueraient une excellente clientèle d’appoint aux heures creuses.
On est donc loin, très loin des pratiques nord-américaines et de leurs énormes associations de « Gray panthers », des clubs sportifs japonais* ou ibériques et scandinaves qui accordent une large place à cette population et la favorisent à travers des structures, équipements, clubs, associations, stations touristiques adaptées, croisières et réductions tarifaires…
En fait, on reste dans la lignée de l’ensemble de la politique nationale vis-à-vis d’une vieillesse qui pourtant a bien changé. Les seniors d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Les retraités non plus. Plus en forme, habitués à faire du sport, à avoir une activité intellectuelle, et avec une espérance de vie allongée à 85,3 ans pour les femmes e 79.2 pour les hommes, les retraités semblent une clientèle idéale mais moins volumineuse qu’on l’imagine
Lire aussi : Occupons-nous enfin du marché senior !
* Beaucoup de fédérations sportives japonaises ont des ligues pour des joueurs du 3ème ou même du 4e âge. Ainsi, la Fédération de football senior de Tokyo a créé des ligues pour ses anciens. En 2008, c’était la ligue des plus de 60 ans, depuis 2018, on peut suivre les matchs des plus de 70 ans et désormais ceux des octogénaires.
C’est peu et d’autant plus inquiétant que même les musées nationaux n’offrent pas toujours des tarifs pour les plus de 60 ans (retraités ou pas) qui pourtant constitueraient une excellente clientèle d’appoint aux heures creuses.
On est donc loin, très loin des pratiques nord-américaines et de leurs énormes associations de « Gray panthers », des clubs sportifs japonais* ou ibériques et scandinaves qui accordent une large place à cette population et la favorisent à travers des structures, équipements, clubs, associations, stations touristiques adaptées, croisières et réductions tarifaires…
En fait, on reste dans la lignée de l’ensemble de la politique nationale vis-à-vis d’une vieillesse qui pourtant a bien changé. Les seniors d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Les retraités non plus. Plus en forme, habitués à faire du sport, à avoir une activité intellectuelle, et avec une espérance de vie allongée à 85,3 ans pour les femmes e 79.2 pour les hommes, les retraités semblent une clientèle idéale mais moins volumineuse qu’on l’imagine
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* Beaucoup de fédérations sportives japonaises ont des ligues pour des joueurs du 3ème ou même du 4e âge. Ainsi, la Fédération de football senior de Tokyo a créé des ligues pour ses anciens. En 2008, c’était la ligue des plus de 60 ans, depuis 2018, on peut suivre les matchs des plus de 70 ans et désormais ceux des octogénaires.
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Les principaux déterminants des départs en voyages
Pour commencer, sachez que les départs sont conditionnés par cinq éléments majeurs :
• État de santé : pas si mal !
Liée à l’âge, la santé est déterminante pour un voyageur senior. Or, sachant que l’espérance de vie en bonne santé est pour les femmes de 67 ans et pour les hommes de 65,6 ans en 2021, il est clair qu’une partie de la population retraitée y regardera à deux fois avant de s’engager dans un voyage lointain et dans un pays peu sécurisé sur le plan sanitaire.
• Les revenus : beaucoup de petites pensions
On a beau dire, les voyages coûtent cher. Un simple billet de train même avec une carte de réduction pèse lourd sur les petites pensions, surtout féminines qui ne dépassent pas en moyenne les 1200 euros.
De plus, sachez que 2% seulement des retraités touchent plus de 4500 euros par mois dont la majorité sont des hommes.
Mais, en tenant compte de l’ensemble des ressources complémentaires (épargne, patrimoine immobilier) et de la composition des ménages, le niveau de vie médian des retraités demeure supérieur à celui de l’ensemble de la population en 2020.
• Des liens familiaux souvent contraignants
Parmi les composantes pesant le plus lourd dans la vie des retraités, notons enfin les liens familiaux qui sont parfois très contraignants. On estime à plus de 30% les retraités seniors se chargeant de la garde de leurs petits-enfants, dont 7% au quotidien.
Et quand ils ne s’occupent pas de leurs petits-enfants, une partie d’entre eux prend soin de ses parents âgés, père ou mère, ou les deux à la fois. Ce qui réduit considérablement leur disponibilité.
• Des origines géographiques diverses
A l’âge de la retraite,. c’est encore l’origine géographique qui influence les départs. Plus on habite en milieu urbain, plus on est attiré par des déplacements en France ou à l’étranger, alors que la population vivant en milieu rural ou balnéaire a plus tendance à profiter de son jardin. Celui de sa résidence principale ou secondaire car bon nombre de retraités passent une partie de leur retraite au vert.
• La culture du voyage
Enfin, la culture du voyage pèse lourd dans les pratiques. N’oublions pas que l’on voyage à l’âge de la retraite comme on a voyagé (ou pas voyagé) plus jeune. Si bien que ceux qui n’ont pas voyagé et ils sont plus d’un tiers, se laissent rarement séduire par des évasions touristiques. Quant aux autres, ils choisissent des destinations plus ou moins sophistiquées selon leur bagage culturel.
• État de santé : pas si mal !
Liée à l’âge, la santé est déterminante pour un voyageur senior. Or, sachant que l’espérance de vie en bonne santé est pour les femmes de 67 ans et pour les hommes de 65,6 ans en 2021, il est clair qu’une partie de la population retraitée y regardera à deux fois avant de s’engager dans un voyage lointain et dans un pays peu sécurisé sur le plan sanitaire.
• Les revenus : beaucoup de petites pensions
On a beau dire, les voyages coûtent cher. Un simple billet de train même avec une carte de réduction pèse lourd sur les petites pensions, surtout féminines qui ne dépassent pas en moyenne les 1200 euros.
De plus, sachez que 2% seulement des retraités touchent plus de 4500 euros par mois dont la majorité sont des hommes.
Mais, en tenant compte de l’ensemble des ressources complémentaires (épargne, patrimoine immobilier) et de la composition des ménages, le niveau de vie médian des retraités demeure supérieur à celui de l’ensemble de la population en 2020.
• Des liens familiaux souvent contraignants
Parmi les composantes pesant le plus lourd dans la vie des retraités, notons enfin les liens familiaux qui sont parfois très contraignants. On estime à plus de 30% les retraités seniors se chargeant de la garde de leurs petits-enfants, dont 7% au quotidien.
Et quand ils ne s’occupent pas de leurs petits-enfants, une partie d’entre eux prend soin de ses parents âgés, père ou mère, ou les deux à la fois. Ce qui réduit considérablement leur disponibilité.
• Des origines géographiques diverses
A l’âge de la retraite,. c’est encore l’origine géographique qui influence les départs. Plus on habite en milieu urbain, plus on est attiré par des déplacements en France ou à l’étranger, alors que la population vivant en milieu rural ou balnéaire a plus tendance à profiter de son jardin. Celui de sa résidence principale ou secondaire car bon nombre de retraités passent une partie de leur retraite au vert.
• La culture du voyage
Enfin, la culture du voyage pèse lourd dans les pratiques. N’oublions pas que l’on voyage à l’âge de la retraite comme on a voyagé (ou pas voyagé) plus jeune. Si bien que ceux qui n’ont pas voyagé et ils sont plus d’un tiers, se laissent rarement séduire par des évasions touristiques. Quant aux autres, ils choisissent des destinations plus ou moins sophistiquées selon leur bagage culturel.
Les retraités en chiffres
- 16,4 millions de retraités résident en France et 1,6 million vivent à l’étranger. Les femmes représentent 52,8% des retraités fin 2020
- L’âge moyen conjoncturel de départ à la retraite continue d’augmenter et atteint 62 ans fin 2020. Mais, les femmes prennent leur retraite à 62 ans et 7 mois.
Tous les retraités ne sont pas des seniors.
- Le montant moyen de la pension de droit direct brute s’établit à 1 509 euros mensuels en décembre 2020 pour les retraités résidant en France. En tenant compte des prélèvements sociaux, la pension nette moyenne s’élève à 1 400 euros.
- Mais, la pension moyenne pour les femmes élève à 1 154 euros par mois pour les femmes, et à 1 931 euros pour les hommes. Soit 40% de moins pour les femmes.
- Environ 635 000 personnes bénéficient du minimum vieillesse
- L’âge moyen conjoncturel de départ à la retraite continue d’augmenter et atteint 62 ans fin 2020. Mais, les femmes prennent leur retraite à 62 ans et 7 mois.
Tous les retraités ne sont pas des seniors.
- Le montant moyen de la pension de droit direct brute s’établit à 1 509 euros mensuels en décembre 2020 pour les retraités résidant en France. En tenant compte des prélèvements sociaux, la pension nette moyenne s’élève à 1 400 euros.
- Mais, la pension moyenne pour les femmes élève à 1 154 euros par mois pour les femmes, et à 1 931 euros pour les hommes. Soit 40% de moins pour les femmes.
- Environ 635 000 personnes bénéficient du minimum vieillesse
Le marché complexe des retraités : une typologie en quatre
A la lumière de ces remarques préliminaires, comment se structure le marché des retraités ? On peut le segmenter en deux grandes catégories : ceux qui partent et ceux qui ne partent pas, avec toutes sortes de nuances entre les deux et à l’intérieur de chaque catégorie.
- Les grands voyageurs « organisés »
Ce sont ceux que tous les opérateurs touristiques convoitent. Mais, ce ne sont pas les plus nombreux. Ils disposent de revenus confortables et ont accumulé pendant leur vie active une culture du voyage grâce à laquelle ils ont des références et des désirs très précis. Ils recherchent sécurité, confort, culture, liberté et la garantie offerte par des agences de voyages. Ce sont de bons clients des croisières.
Avec moins de moyens, cette catégorie compte aussi des voyageurs plus modestes mais assidus.
- Les « boomers trotters »
Grands voyageurs, ayant appartenu à la génération des premiers « routards », ceux-là sont à l’inverse des précédents très indépendants. Ils se débrouillent seuls pour réserver leurs modes de transports et leurs hébergements.
Enfin retraités, ils prolongent leurs séjours mais sont attentifs à leurs dépenses. Ils retournent autant que possible dans les pays qu’ils ont aimé plus jeunes. Ils se déplacent plutôt en petits groupes. Ce sont de bons clients pour les plateformes de réservation et les destinations moins courues.
- Les grands parents avant tout
Cette catégorie dominante donne la priorité à ses petits-enfants et à leur garde pendant le temps des vacances. Garde que les grands-parents effectuent en général dans leur résidence principale ou secondaire. Ils n’en partent pas moins en vacances, mais hors saison et partent moins souvent qu’on le dit avec leurs descendants.
En revanche, c’est parmi eux que l’on recrute les bons clients des locations de grandes maisons et de chalets pouvant accueillir la famille élargie aux parents, cousins, oncles, tantes… Ils font aussi des croisières depuis que des offres promotionnelles incluent les petits enfants.
- Les grands voyageurs « organisés »
Ce sont ceux que tous les opérateurs touristiques convoitent. Mais, ce ne sont pas les plus nombreux. Ils disposent de revenus confortables et ont accumulé pendant leur vie active une culture du voyage grâce à laquelle ils ont des références et des désirs très précis. Ils recherchent sécurité, confort, culture, liberté et la garantie offerte par des agences de voyages. Ce sont de bons clients des croisières.
Avec moins de moyens, cette catégorie compte aussi des voyageurs plus modestes mais assidus.
- Les « boomers trotters »
Grands voyageurs, ayant appartenu à la génération des premiers « routards », ceux-là sont à l’inverse des précédents très indépendants. Ils se débrouillent seuls pour réserver leurs modes de transports et leurs hébergements.
Enfin retraités, ils prolongent leurs séjours mais sont attentifs à leurs dépenses. Ils retournent autant que possible dans les pays qu’ils ont aimé plus jeunes. Ils se déplacent plutôt en petits groupes. Ce sont de bons clients pour les plateformes de réservation et les destinations moins courues.
- Les grands parents avant tout
Cette catégorie dominante donne la priorité à ses petits-enfants et à leur garde pendant le temps des vacances. Garde que les grands-parents effectuent en général dans leur résidence principale ou secondaire. Ils n’en partent pas moins en vacances, mais hors saison et partent moins souvent qu’on le dit avec leurs descendants.
En revanche, c’est parmi eux que l’on recrute les bons clients des locations de grandes maisons et de chalets pouvant accueillir la famille élargie aux parents, cousins, oncles, tantes… Ils font aussi des croisières depuis que des offres promotionnelles incluent les petits enfants.
Les conservateurs : du non marchand et rien que du non marchand
Ils sont bien plus nombreux qu’on le pense. Ils n’ont jamais beaucoup aimé voyager. Alors qu’une partie d’entre eux ne quitte jamais son domicile, une autre partie se déplace, bouge, mais surtout en France et sur de l’hébergement non marchand. Souvent pour rendre visite à sa famille et ses amis.
Leurs déplacements s’effectuent en train avec des cartes de réduction ou en voiture… parfois via des clubs du troisième âge et autres associations.
Lire aussi : Comment la réforme des retraites éclaire les difficultés du tourisme
Leurs déplacements s’effectuent en train avec des cartes de réduction ou en voiture… parfois via des clubs du troisième âge et autres associations.
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Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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