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Impact carbone : "Le voyage d’affaires doit accepter une forme de décroissance"

Webinaire animé par Amélie Berruex, Partner Axys Odyssey et Julien Etchanchu, Sustainability Senior Director chez Advito


Les entreprises n’ont pas besoin d’attendre de pouvoir calculer précisément l’impact carbone de leurs déplacements pour agir. Il existe d’ores et déjà des mesures à mettre en place qui s’avéreront très efficaces pour réduire son impact carbone.


Rédigé par le Lundi 17 Avril 2023

Voyager moins et mieux, c'est possible dès maintenant sans même avoir les outils pour mesurer l'impact carbone. Depositphotos @peshkova
Voyager moins et mieux, c'est possible dès maintenant sans même avoir les outils pour mesurer l'impact carbone. Depositphotos @peshkova
A l’occasion d’un webinaire, Amélie Berruex, Partner Axys Odyssey et Julien Etchanchu, Sustainability Senior Director chez Advito, ont porté ce message : pour réduire son empreinte CO2, une entreprise peut mettre en œuvre « des mesures ultra-impactantes sans avoir un système de reporting parfait ».

En effet, comme le souligne Amélie Berruex, déterminer « une mesure cohérente prend du temps, la mettre en place est déjà un chantier à part entière tant il existe une multitude de sources d’information ».

Les deux intervenants mettent en avant deux biais : voyager moins et voyager mieux.


Impact carbone : ne pas compter sur les innovations technologiques

Voyager moins, déjà. Julien Etchanchu souligne : « On ne va pas y couper. Aucune innovation technologique ne permettra atteindre les objectifs climatiques fixés par le GIEC en temps voulu et en particulier dans le transport aérien ». Il ajoute : « acheter des SAF, oui, mais des bons SAF, certains sont pires que le kérosène. Les biocarburants ne seront jamais une solution à grande échelle, c’est vrai aussi pour l’hydrogène ».

Or, insiste-t-il, « il faut agir maintenant, le voyage d’affaires doit accepter une forme de décroissance, ce qui n’est pas un gros mot, ni, s'il elle est choisie, un synonyme de récession ». Mais, comme « il faut quand même relancer le business », précise Amélie Barruex, les entreprises ne vont pas s’arrêter de voyager.

Quelques pistes de réflexion : « définir si ce déplacement est indispensable et limiter les aller-retour dans la journée ». En effet, « quitte à se déplacer, autant le faire pour plusieurs raisons qui vont apporter de la valeur à l’entreprise ».

Julien Etchanchu précise qu’une priorité doit être de réduire le long courrier qui représente « 5 à 10% des vols mondiaux pour la moitié des émissions, un Paris-Sydney, c’est 15 Paris-Marseille ». En somme, ce n'est pas parce que je voyage en train que je peux me lâcher sur le long-courrier.

Amélie Barruex ajoute qu’il faut « fédérer une communauté autour de ces enjeux ». En effet, c'est bien le collaborateur qui « engage l’acte de voyager ».

Ne pas interdire les classes affaires

Voyager mieux, ensuite. « Proposer le train a forcément un impact, souligne l’experte. Mais l’entreprise doit communiquer « sur le temps utile du déplacement » qui n’est pas le même d’une société à l’autre selon la position géographique, « on ne peut pas copier la stratégie d’une autre entreprise ».

Aux chargés de voyage, aussi, de veiller, en particulier pour le train, « à ce que les collaborateurs accèdent facilement à l’information » grâce, par exemple, aux OBT.

Voyager mieux, c’est aussi bénéficier d’outils qui permettent de savoir que « vous vous trouver à Sydney en même temps qu’un directeur basé à New York », ce qui évitera un déplacement aux Etats-Unis pour aller le rencontrer.

Faut-il interdire les classes affaires ? « C’est trois fois plus d’émission, éclaire Julien Etchanchu. Si tout le monde voyageait en business, il faudrait trois fois plus d’avions ». Mais, ajoute-t-il, « le bien-être du voyageur c’est important ».

Il vaut mieux « voyager moins voir beaucoup moins » mais « penser au confort toujours des voyageurs ». Et ne pas culpabiliser en gardant à l’esprit que « l’un des plus gros problème du secteur a été l’explosion des low cost qui ne proposent que de la classe économique ».

Il faut aussi « voyager avec les meilleurs avions, comme ceux de Virgin sur un Londres-New York qui, en classe affaires, offre une économie de 2 tonnes de CO2 par rapport aux concurrentes, soit l'équivalent de trente kilomètres tous les jours en voiture pendant un an ».

Quant aux hôtels, on doit s’appuyer sur « des certifications environnementales sérieuses et rigoureuses comme Clef Verte qui ne mettent pas l’accent que sur l’énergie mais aussi sur l’eau ».

Et, pour les locations de voiture, attention aussi au mirage de l’électrique : « un SUV est plus émetteur sur son cycle de vie qu’une petite essence ».

La contribution et non la compensation

Enfin, Julien Etchanchu termine avec le délicat sujet la compensation qu’il rebaptise en contribution : « la neutralité carbone ne peut pas s’appliquer à une entreprise et il est d’ailleurs illégal de se dire aujourd'hui neutre en carbone ».

De plus, il s’appuie sur une étude du Guardian qui démontre que « 90% des projets certifiés n’ont pas d’impacts ou sont mêmes nocifs ». Alors pourquoi ne pas sortir des sentiers battus pour en chercher d’autres tels ceux, par exemple, qui protègent des « baleines dont on sait qu’elles peuvent stocker des quantités considérables de CO2 ».

Les voyageurs d’affaires sont demandeurs d’outils et de moyens pour voyager responsable.

Selon le dernier baromètre EVP, les voyageurs d’affaires sont demandeurs d’outils et de moyens pour voyager de manière responsable. 66% d’entre eux affirment mesurer leurs émissions de CO² contre 53% en 2022.

L’aérien est beaucoup plus contrôlé que les locations de voitures, le rail et l’hôtel. Cependant l’empreinte carbone reste le dernier critère considéré par les décisionnaires. La prise de conscience existe bien mais les actions sont toujours limitées. En effet, seuls 16% ont répondu avoir mis en place et piloté des actions.

Laurent Guéna Publié par Laurent Guéna Journaliste - TourMaG.com
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