Amélie BERRUEX (Axys Odyssey), Aurélie DUPREZ (AREKA Consulting), Brigitte JAKUBOWSKI (JK Associates Consulting) et Christophe ROTH (EPSA) ont participé à la table-ronde « Bilan 2023 & Perspectives 2024 », lors du Grand Live du Voyages d’affaires organisé le 18 janvier par CDS Groupe. – Capture d’écran
En 2023, l’inflation a pesé lourdement sur le voyage d’affaires. La tendance se poursuivra en 2024, mais sera moins forte selon les consultants réunis autour de la table du Grand Live du Voyage d’Affaires 2024.
« Je fais le pari que cette année, nous allons beaucoup parler du ferroviaire. Le train a le vent en poupe, la disponibilité des rames est moindre, car le TGV M sera plutôt pour 2025 voire 2026.
Les péages sont en forte augmentation, 8%. Ce n’est pas rien, ce sera répercuté sur le coût du billet. Il y a un nombre de facteurs conjoncturels qui expliquent que le billet va augmenter », anticipe Christophe Roth, directeur Associé chez EPSA.
« On s’attend à 10% d’augmentation des tarifs hôteliers, voire plus dans certaines régions car les hôtels sont très matures dans leur stratégie d’optimisation. Sur l’aérien, l’inflation devrait être maîtrisée, de l’ordre de 3%, car les capacités sont là et que l’enjeu de sustainability prend de l’ampleur », ajoute Aurélie Duprez, fondatrice associée du cabinet AREKA Consulting.
Brigitte Jakubowski, fondatrice de JK Associates Consulting, pointe les JO 2024, les trajets domicile-travail, le triplement de la taxe de séjour et les frais de bouche avec notamment les petits déjeuners dans l’augmentation des dépenses.
« Je fais le pari que cette année, nous allons beaucoup parler du ferroviaire. Le train a le vent en poupe, la disponibilité des rames est moindre, car le TGV M sera plutôt pour 2025 voire 2026.
Les péages sont en forte augmentation, 8%. Ce n’est pas rien, ce sera répercuté sur le coût du billet. Il y a un nombre de facteurs conjoncturels qui expliquent que le billet va augmenter », anticipe Christophe Roth, directeur Associé chez EPSA.
« On s’attend à 10% d’augmentation des tarifs hôteliers, voire plus dans certaines régions car les hôtels sont très matures dans leur stratégie d’optimisation. Sur l’aérien, l’inflation devrait être maîtrisée, de l’ordre de 3%, car les capacités sont là et que l’enjeu de sustainability prend de l’ampleur », ajoute Aurélie Duprez, fondatrice associée du cabinet AREKA Consulting.
Brigitte Jakubowski, fondatrice de JK Associates Consulting, pointe les JO 2024, les trajets domicile-travail, le triplement de la taxe de séjour et les frais de bouche avec notamment les petits déjeuners dans l’augmentation des dépenses.
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NDC : 40% des travel managers et acheteurs sondés ne comprennent pas les implications de la norme sur leur activité
La norme NDC continue d’animer les débats. 40% des travel managers et acheteurs ayant répondu à un sondage lancé au début de cette table-ronde affirment ne pas comprendre les implications et les enjeux de NDC sur leur activité.
« Cela fait dix ans qu’on en parle. NDC mobilise beaucoup d’énergie à tous les niveaux, avec l’ensemble des partenaires, beaucoup d’investissements pour les acteurs de l’écosystème.
Autant de temps et d’argent qui ne sont pas mis ailleurs. Ce n’est pas négligeable, alors qu’il y a d’autres enjeux à adresser comme la RSE », constate Amélie Berruex, partner du cabinet Axys Odyssey.
« Je pense que les acheteurs et travel managers comprennent les implications mais ne sont pas satisfaits. Il y a un grand décalage entre le discours des fournisseurs et la réalité du terrain.
Aujourd’hui, certains outils ne permettent pas de réserver un tarif NDC Air France sur une route continentale, sur d’autres, il faut avoir la dernière version de l’outil pour accéder aux tarifs NDC, ou alors il n’y aura pas de NDC si l’émission est différée, etc… il y a de nombreuses limitations qui empêchent le voyageur d’y avoir accès et qui créent de la confusion », explique Aurélie Duprez.
« Egencia a annoncé que NDC serait disponible dans le reporting post-trip. Cela va nous permettre, à nous consultants d’analyser la disponibilité et l’utilisation de ces tarifs NDC et la performance tarifaire de ces tarifs. Sont-ils moins chers ? Nous pourrons challenger les fournisseurs et pousser l’industrie dans le bon sens », complète-t-elle.
« IATA a défini une norme et à ensuite laisser les compagnies aériennes s’en emparer. Certaines l’ont fait très tôt, comme Lufthansa, d’autres violemment comme American Airlines qui a supprimé en avril ses tarifs les plus bas, avant d’en remettre une couche en août.
D’autres font du rétropédalage, comme Air Canada, d’autres font l’Arlésienne. C’est compliqué de s’y retrouver », expose Christophe Roth.
Dans ce paysage, de nouveaux acteurs apparaissent, à l’instar de Traxo ou Spotnana.
« En 2024, nous allons continuer à regarder Outre-Atlantique, car ces nouveaux acteurs n’ont pas vocation à remplacer l’agence, mais à s’intégrer dans l’écosystème.
Ils répondent à des failles de la chaîne de valeur et apportent des choses intéressantes sur la partie expérience utilisateur pour Spotnana, mais aussi sur le reporting post-trip avec la possibilité d’avoir un identifiant unique de voyage et change le paradigme. Traxo répond au problème de leakage et de la sécurité des voyageurs », détaille Aurélie Duprez.
« Cela fait dix ans qu’on en parle. NDC mobilise beaucoup d’énergie à tous les niveaux, avec l’ensemble des partenaires, beaucoup d’investissements pour les acteurs de l’écosystème.
Autant de temps et d’argent qui ne sont pas mis ailleurs. Ce n’est pas négligeable, alors qu’il y a d’autres enjeux à adresser comme la RSE », constate Amélie Berruex, partner du cabinet Axys Odyssey.
« Je pense que les acheteurs et travel managers comprennent les implications mais ne sont pas satisfaits. Il y a un grand décalage entre le discours des fournisseurs et la réalité du terrain.
Aujourd’hui, certains outils ne permettent pas de réserver un tarif NDC Air France sur une route continentale, sur d’autres, il faut avoir la dernière version de l’outil pour accéder aux tarifs NDC, ou alors il n’y aura pas de NDC si l’émission est différée, etc… il y a de nombreuses limitations qui empêchent le voyageur d’y avoir accès et qui créent de la confusion », explique Aurélie Duprez.
« Egencia a annoncé que NDC serait disponible dans le reporting post-trip. Cela va nous permettre, à nous consultants d’analyser la disponibilité et l’utilisation de ces tarifs NDC et la performance tarifaire de ces tarifs. Sont-ils moins chers ? Nous pourrons challenger les fournisseurs et pousser l’industrie dans le bon sens », complète-t-elle.
« IATA a défini une norme et à ensuite laisser les compagnies aériennes s’en emparer. Certaines l’ont fait très tôt, comme Lufthansa, d’autres violemment comme American Airlines qui a supprimé en avril ses tarifs les plus bas, avant d’en remettre une couche en août.
D’autres font du rétropédalage, comme Air Canada, d’autres font l’Arlésienne. C’est compliqué de s’y retrouver », expose Christophe Roth.
Dans ce paysage, de nouveaux acteurs apparaissent, à l’instar de Traxo ou Spotnana.
« En 2024, nous allons continuer à regarder Outre-Atlantique, car ces nouveaux acteurs n’ont pas vocation à remplacer l’agence, mais à s’intégrer dans l’écosystème.
Ils répondent à des failles de la chaîne de valeur et apportent des choses intéressantes sur la partie expérience utilisateur pour Spotnana, mais aussi sur le reporting post-trip avec la possibilité d’avoir un identifiant unique de voyage et change le paradigme. Traxo répond au problème de leakage et de la sécurité des voyageurs », détaille Aurélie Duprez.
RSE : "Nous sommes sur la phase visible de l’iceberg"
La RSE est toujours au cœur de l’actualité du voyage d’affaires.
« Nous sommes sur la phase visible de l’iceberg. Il manque une vraie prise de conscience des enjeux. Nous survolons le cœur des sujets », dresse comme bilan Amélie Berruex, qui observe malgré tout une évolution côté achats.
« Nous voyons plus de choses dans les appels d’offres, mais ce n’est pas toujours incarné côté travel management, les éléments de l’appel d’offres ne se concrétisent pas forcément. Dans le public, ils sont beaucoup plus avancés. Il y a de gros écarts entre le public et le privé », poursuit Amélie Berruex.
« Il s’agira d’une obligation dans le public à compter de 2025, abonde Brigitte Jakubowski. Des indicateurs qu’il sera obligé de suivre sur toute la durée d’un contrat ou d’un marché. En général, les obligations du domaine public glisse très rapidement vers le privé. »
Depuis 2023, il est obligatoire d’intégrer le scope 3 dans les bilans carbone des entreprises du privé de + de 500 collaborateurs. « Nous allons bientôt avoir une base de données d’une année. Bien que les modes de calcul soient imparfaits. Cette base de données permet de mesurer les efforts. C’est intéressant », note Christophe Roth.
« Beaucoup d’entreprises préfèrent payer l’amende et ne pas faire les déclarations, car c’est moins coûteux que de calculer les émissions carbones », regrette Amélie Berruex.
Pour Aurélie Duprez, la situation n’est pas aussi critique : « Je trouve que les travel managers et acheteurs ont bien conscience de l’enjeu. Certes la directive européenne, la CSRD entre en vigueur cette année, mais les entreprises n’ont pas attendu et mesurent aujourd’hui.
Demain, dès 2024, nous aurons accès à une mesure plus granulaire. Les travel manager et acheteurs pourront faire un choix parmi un éventail de méthodologies. »
« Nous sommes sur la phase visible de l’iceberg. Il manque une vraie prise de conscience des enjeux. Nous survolons le cœur des sujets », dresse comme bilan Amélie Berruex, qui observe malgré tout une évolution côté achats.
« Nous voyons plus de choses dans les appels d’offres, mais ce n’est pas toujours incarné côté travel management, les éléments de l’appel d’offres ne se concrétisent pas forcément. Dans le public, ils sont beaucoup plus avancés. Il y a de gros écarts entre le public et le privé », poursuit Amélie Berruex.
« Il s’agira d’une obligation dans le public à compter de 2025, abonde Brigitte Jakubowski. Des indicateurs qu’il sera obligé de suivre sur toute la durée d’un contrat ou d’un marché. En général, les obligations du domaine public glisse très rapidement vers le privé. »
Depuis 2023, il est obligatoire d’intégrer le scope 3 dans les bilans carbone des entreprises du privé de + de 500 collaborateurs. « Nous allons bientôt avoir une base de données d’une année. Bien que les modes de calcul soient imparfaits. Cette base de données permet de mesurer les efforts. C’est intéressant », note Christophe Roth.
« Beaucoup d’entreprises préfèrent payer l’amende et ne pas faire les déclarations, car c’est moins coûteux que de calculer les émissions carbones », regrette Amélie Berruex.
Pour Aurélie Duprez, la situation n’est pas aussi critique : « Je trouve que les travel managers et acheteurs ont bien conscience de l’enjeu. Certes la directive européenne, la CSRD entre en vigueur cette année, mais les entreprises n’ont pas attendu et mesurent aujourd’hui.
Demain, dès 2024, nous aurons accès à une mesure plus granulaire. Les travel manager et acheteurs pourront faire un choix parmi un éventail de méthodologies. »
Voyages d'affaires : quelles perspectives pour 2024 ?
Comment se profile 2024 ? « Le marché est très dynamique. La notion de partenariat entre les fournisseurs et les entreprises revient », répond Christohe Roth.
« Le loisir a beaucoup impacté notre secteur. Les acheteurs ont compris qu’il fallait travailler l’anticipation. Fin 2024, les budgets auront dépassé ceux d’avant covid, malgré cette tendance d'un voyage sur cinq supprimé », complète le directeur associé d’Epsa.
« Il ne faut pas négliger l’impact géopolitique. Tout le monde est excessivement méfiant et fait attention aux déplacements des collaborateurs », rappelle Brigitte Jakubowski.
« Les enjeux de sureté vont revenir sur le devant de la scène en 2024 », confirme Amélie Berruex, d’Axys Odyssey, qui voit également la bonne dynamique du secteur : « Les entreprises lancent des appels d’offres , contrairement à l’an dernier. Il y a des envies de changement. »
« Nous aurons normalement une croissance ralentie en 2024. Côté volume, nous retournerons aux niveaux de 2019 d’ici la fin de l’année. L’enjeu se portera sur l’expérience collaborateur. Si l’agence ou l’outil n’y répond pas, il y aura des appels d’offres et des remises en question », conclut Aurélie Duprez.
« Le loisir a beaucoup impacté notre secteur. Les acheteurs ont compris qu’il fallait travailler l’anticipation. Fin 2024, les budgets auront dépassé ceux d’avant covid, malgré cette tendance d'un voyage sur cinq supprimé », complète le directeur associé d’Epsa.
« Il ne faut pas négliger l’impact géopolitique. Tout le monde est excessivement méfiant et fait attention aux déplacements des collaborateurs », rappelle Brigitte Jakubowski.
« Les enjeux de sureté vont revenir sur le devant de la scène en 2024 », confirme Amélie Berruex, d’Axys Odyssey, qui voit également la bonne dynamique du secteur : « Les entreprises lancent des appels d’offres , contrairement à l’an dernier. Il y a des envies de changement. »
« Nous aurons normalement une croissance ralentie en 2024. Côté volume, nous retournerons aux niveaux de 2019 d’ici la fin de l’année. L’enjeu se portera sur l’expérience collaborateur. Si l’agence ou l’outil n’y répond pas, il y aura des appels d’offres et des remises en question », conclut Aurélie Duprez.