
Jeudi 3 avril 2025, le Parlement européen a voté le report de la directive CSRD pour certaines catégories d’entreprises. @depositphotos/BiancoBlue
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TourMaG.com – Le Parlement européen a récemment voté un report . Qu’est-ce que cela signifie dans le cadre de la procédure d'urgence dite “stop the clock” ?
Aurélie Duprez : Le vote du Parlement européen acte un report partiel de la mise en œuvre de la CSRD, pour certaines entreprises seulement. Ce qu’on appelle la procédure "stop the clock" permet de repousser certaines échéances réglementaires, en particulier pour les entreprises des vagues 2 et 3.
- Vague 1 : grandes entreprises déjà soumises à la NFRD (directive précédente), doivent appliquer la CSRD dès 2024 pour un reporting en 2025. Aucune modification de calendrier pour elles.
- Vague 2 : grandes entreprises non cotées dépassant deux des trois seuils (250 salariés, 40 M€ de CA, ou 20 M€ de total bilan), auront jusqu’à 2028 pour publier leur premier rapport (sur l’exercice 2027).
- Vague 3 : PME cotées, elles auront jusqu’en 2029 pour leur premier rapport (sur l’exercice 2028).
Lire aussi : RSE : qu'est-ce que la directive CSRD ? 🔑
TourMaG.com – Est-ce une bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle selon vous ?
Aurélie Duprez : Disons que le signal envoyé n’est pas idéal. Cela peut être perçu comme un relâchement, alors qu’en réalité, ce n’est qu’un décalage. L’obligation reste entière.
Le report permet aux petites structures, moins armées en ressources, de mieux se préparer, notamment dans un contexte économique incertain. Mais l’objectif de fond ne change pas : mesurer pour mieux réduire. Le cap reste clair, même si le tempo est ajusté.
Il faut aussi rappeler qu’une proposition de relever les seuils d’application (par exemple, exclure les entreprises de moins de 1 000 salariés), qui devait exclure 80% des entreprises initialement concernées par la CSRD a été rejetée. C’est un message fort : la Commission et le Parlement attendent bien un effort large, pas un allègement massif.
CSRD : pas de méthodologie unique

Aurélie Duprez : La CSRD n’impose pas de méthodologie unique. Les entreprises doivent utiliser une méthodologie crédible et cohérente. Parmi les plus utilisées, il y a celle du gouvernement britannique, DEFRA, qui reste assez générique. Elle ne tient pas compte par exemple du type d’appareil ou de la configuration de la cabine pour l’aérien.
Dans le travel, plusieurs fournisseurs ont développé des approches plus précises. Chez nous, par exemple, nous prenons en compte des critères plus fins : âge de l’appareil, densité de sièges, classe de voyage, etc. Ces méthodologies sont parfois intégrées aux outils de réservation en ligne, mais il reste un manque d’alignement entre les données générées par ces outils et celles utilisées pour le reporting réglementaire.
Cela dit, pour beaucoup d’entreprises, une estimation approximative est encore jugée suffisante à ce stade, notamment pour les scopes 3.
TourMaG.com – Justement, le travel est-il concerné par le reporting CSRD ?
Aurélie Duprez : Le travel entre dans le champ du Scope 3, c’est-à-dire les émissions indirectes, souvent les plus difficiles à maîtriser mais aussi les plus significatives. Bilans carbone, objectifs de réduction pour 2025, 2030, 2050… tout cela devient obligatoire.
Il y a aussi un enjeu social : la CSRD pousse à plus de transparence sur les chaînes d’approvisionnement, y compris les conditions de travail. Les travel managers auront donc plus d’informations pour choisir des fournisseurs éthiques.
Personne ne dit "on arrête de mesurer".
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TourMaG.com – Et comment l’écosystème travel réagit-il ? Était-il prêt ?
Aurélie Duprez : Les grands groupes avec lesquels nous travaillons, en tout cas en Europe, sont déjà en ordre de marche. Pour eux, le report ne change rien. Du côté des PME, ça varie beaucoup.
Globalement, les travel managers et les acheteurs continuent de recevoir des demandes internes des départements ESG : mesurer les émissions liées aux déplacements, fixer des objectifs, mettre en place des leviers (plus de visio, classe éco, véhicules électriques, etc.).
Personne ne dit "on arrête de mesurer". Ce n’est pas dans l’air du temps. Le sujet RSE est toujours aussi présent. Même si tout le monde n’a pas encore un plan d’action complet, la dynamique est enclenchée.
TourMaG.com – La RSE reste un sujet important pour l'industrie ?
Aurélie Duprez : Ce report n’est pas une remise en cause. C’est une respiration dans un calendrier très ambitieux. Mais la direction reste la même.
La CSRD est bien plus qu’un reporting : c’est le moteur d’une transformation profonde. Et dans cette transformation, le secteur du voyage a un rôle à jouer, en tant qu’acteur mais aussi en tant que catalyseur. On ne voyage plus comme avant et c’est une excellente nouvelle.
A lire aussi : Areka Consulting : "Le levier pour réduire les émissions est de réduire les voyages"
Aurélie Duprez : Les grands groupes avec lesquels nous travaillons, en tout cas en Europe, sont déjà en ordre de marche. Pour eux, le report ne change rien. Du côté des PME, ça varie beaucoup.
Globalement, les travel managers et les acheteurs continuent de recevoir des demandes internes des départements ESG : mesurer les émissions liées aux déplacements, fixer des objectifs, mettre en place des leviers (plus de visio, classe éco, véhicules électriques, etc.).
Personne ne dit "on arrête de mesurer". Ce n’est pas dans l’air du temps. Le sujet RSE est toujours aussi présent. Même si tout le monde n’a pas encore un plan d’action complet, la dynamique est enclenchée.
TourMaG.com – La RSE reste un sujet important pour l'industrie ?
Aurélie Duprez : Ce report n’est pas une remise en cause. C’est une respiration dans un calendrier très ambitieux. Mais la direction reste la même.
La CSRD est bien plus qu’un reporting : c’est le moteur d’une transformation profonde. Et dans cette transformation, le secteur du voyage a un rôle à jouer, en tant qu’acteur mais aussi en tant que catalyseur. On ne voyage plus comme avant et c’est une excellente nouvelle.
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