
Tourisme à Saint-Pierre-et-Miquelon : Saint-Pierre-et-Miquelon a connu un buzz mondial qui propulse le tourisme local - Depositphotos @benkrut
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C'est un caillou. C'est en tout cas le surnom donné par la population locale. La végétation rase rappelle que le vent ne trouve pas d'obstacle sur des milliers de kilomètres avant de venir frapper ce petit lopin de terre au large du Québec.
Saint-Pierre-et-Miquelon pourrait avoir un côté inhospitalier, et pourtant...
Phare de la France en Amérique du Nord, l'archipel de 6 000 âmes a bien des qualités, comme "la chaleur de notre population, l’histoire et la tranquillité," confiait Bernard Briand, le président de la collectivité.
Et c'est sans doute sans connaitre la destination, encore moins la population, mais juste en s'imaginant la distance séparant ce confetti français de la métropole, que Laurent Wauquiez, député Les Républicains l'a choisi comme camp pour y déporter les étrangers dangereux.
En campagne pour la présidence des Républicains, le politique a soumis l'idée de déporter les personnes assujetties à une obligation de quitter le territoire (OQTF) français, "dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, hors de l'Hexagone".
Un bad buzz qui intervient quelques jours seulement après un autre, cette fois-ci international.
Saint-Pierre-et-Miquelon : "la presse internationale a parlé de nous"

C'était déjà quelque chose d'assez surréaliste.
La presse internationale – canadienne, américaine, chinoise ou encore britannique – a parlé de nous. Nous avons été contactés par tout le monde," recontextualise, un responsable de la collectivité.
A lire : HDE Voyages : Saint-Pierre-et-Miquelon, porte d'entrée de l'Est canadien
Le territoire de seulement 242 km² s'est vu imposer une surtaxe de 50% par l'administration américaine.
La collectivité d'outre-mer, autonome sur la question douanière, s'est donc retrouvée au même niveau que le Lesotho, pour avoir exporté une fois des fruits de mer vers l'Oncle Sam.
"C'est totalement dérisoire à l'échelle de la balance américaine. Ce n'est pas en nous taxant à 50% sur nos exportations qu'ils vont pouvoir résorber leur déficit commercial. On parle de seulement quelques millions d'euros.
Ce premier bad buzz a du rappeler à Laurent Wauquiez notre existence," souffle cette personne qui a préféré conserver l'anonymat.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette déclaration de l'homme politique français n'a pas été accueillie positivement. Hormis peut-être dans le cercle idéologique proche du député, cette annonce a suscité ailleurs de nombreux commentaires, entre consternation et exaspération.
Tourisme à Saint-Pierre-et-Miquelon : "Nous avons gagné une notoriété considérable"
"Il a provoqué la colère de tous les habitants. Nous avons ressenti cela comme une punition de la destination. Sa réflexion était de l'ordre : 146 jours de pluie et neige par an, cela les fera réfléchir. Alors que je suis certain que certains lieux de sa région doivent connaître des conditions similaires ou pires.
Connaitre deux semaines de bad buzz, c'est impressionnant, pour un territoire de seulement 6 000 habitants," poursuit notre interlocuteur.
Au lieu de laisser le soufflet retomber, la collectivité a décidé d'agir et transformer de façon positive cette soudaine attractivité médiatique.
b[Elle a lancé une campagne de communication baptisée OQTF pour "On quitte Tout Facilement", transformant cette stigmatisation en opportunité. ]bL'enjeu est notamment d'attirer de nouveaux habitants, sur un archipel qui voit sa courbe démographique s'incliner dangereusement.
"Nous sommes en situation de plein emploi aujourd'hui et nous voulons disposer de tous les métiers et besoins sur place pour assurer notre autonomie de fonctionnement. Nous voulons donner envie de vivre une vie quelque part entre la France et le Canada.
Côté tourisme, et contrairement à ce qu’on observait encore fin mars, la plupart des gens sont en mesure de situer Saint-Pierre-et-Miquelon sur une carte, c'est exceptionnel. Nous avons considérablement gagné en notoriété," s'enthousiasme un responsable de la collectivité.
Une visibilité qui n'aura pas coûté un seul euro, c'est parfois l'avantage des sorties imprévisibles de Donald Trump.
Connaitre deux semaines de bad buzz, c'est impressionnant, pour un territoire de seulement 6 000 habitants," poursuit notre interlocuteur.
Au lieu de laisser le soufflet retomber, la collectivité a décidé d'agir et transformer de façon positive cette soudaine attractivité médiatique.
b[Elle a lancé une campagne de communication baptisée OQTF pour "On quitte Tout Facilement", transformant cette stigmatisation en opportunité. ]bL'enjeu est notamment d'attirer de nouveaux habitants, sur un archipel qui voit sa courbe démographique s'incliner dangereusement.
"Nous sommes en situation de plein emploi aujourd'hui et nous voulons disposer de tous les métiers et besoins sur place pour assurer notre autonomie de fonctionnement. Nous voulons donner envie de vivre une vie quelque part entre la France et le Canada.
Côté tourisme, et contrairement à ce qu’on observait encore fin mars, la plupart des gens sont en mesure de situer Saint-Pierre-et-Miquelon sur une carte, c'est exceptionnel. Nous avons considérablement gagné en notoriété," s'enthousiasme un responsable de la collectivité.
Une visibilité qui n'aura pas coûté un seul euro, c'est parfois l'avantage des sorties imprévisibles de Donald Trump.
"Une stratégie forte dans le domaine touristique"
Il suffit de se rendre sur Google Trends pour mesurer l'effet Trump conjugué à celui de Wauquiez.
Depuis fin mars, la requête "Saint-Pierre et Miquelon" sur le principal moteur de recherche au monde atteint des sommets inédits depuis les débuts du web.
A l'étranger aussi, le territoire a gagné en visibilité notamment au Canada, principalement dans la région de Québec et dans une moindre mesure aux États-Unis. Pendant le mois écoulé, les internautes français ont plutôt cherché à situer l'île, ils se sont renseignés sur la météo et le chef-lieu Saint-Pierre.
Les Canadiens se sont principalement informés sur les vols, le langue parlée, la population puis en 7e position vient le tourisme.
"Nous avons une stratégie dans le domaine touristique assez forte autour de la promesse : la France à côté de chez soi !
Ces coups de projecteurs médiatiques, d'abord franco-américains puis franco-français, surviennent après celui que nous avons connu au Canada en 2024 et surtout 2025. La CBC, l'une des principales chaines de la télévision canadienne, diffuse la série Saint-Pierre qui est tournée ici même.
Elle contribue à la renommée de la destination auprès de notre clientèle privilégiée, les Canadiens représentent 85% de nos visiteurs."
D'après Parrot Analytics, une société spécialisée sur l'audience des streamings vidéos, la série a connu une demande d'audience remarquable au Canada, atteignant en moyenne 12,9 fois celle d'une émission moyenne, ce qui la place parmi les 2,7 % d'émissions les plus populaires.
Une campagne de communication fait écho à la série, en permettant de visiter les lieux de tournages.
Un évènement qui devrait générer des retombées importantes, pour une île de 6 000 habitants qui accueillait 13 000 voyageurs en 2023. Tous les records ont été battus l'année suivante, avec des croissances à 2 et même 3 chiffres, car les croisiéristes sont passés de 4 171 à 13 927 (+ 233,9%).
"Nous avons dépassé le cap symbolique des 10 000 touristes, hors croisiéristes en 2024. Nous voulons développer un tourisme de qualité, tout en préservant notre identité et notre culture propre. Nous ne sommes pas dans la recherche de croissance à tout prix.
Une chose est certaine, nous devrions connaître encore une très belle croissance de l'activité. Il nous est rapporté une croissance des recherches de 130% sur Expedia par exemple," espère le responsable.
Depuis fin mars, la requête "Saint-Pierre et Miquelon" sur le principal moteur de recherche au monde atteint des sommets inédits depuis les débuts du web.
A l'étranger aussi, le territoire a gagné en visibilité notamment au Canada, principalement dans la région de Québec et dans une moindre mesure aux États-Unis. Pendant le mois écoulé, les internautes français ont plutôt cherché à situer l'île, ils se sont renseignés sur la météo et le chef-lieu Saint-Pierre.
Les Canadiens se sont principalement informés sur les vols, le langue parlée, la population puis en 7e position vient le tourisme.
"Nous avons une stratégie dans le domaine touristique assez forte autour de la promesse : la France à côté de chez soi !
Ces coups de projecteurs médiatiques, d'abord franco-américains puis franco-français, surviennent après celui que nous avons connu au Canada en 2024 et surtout 2025. La CBC, l'une des principales chaines de la télévision canadienne, diffuse la série Saint-Pierre qui est tournée ici même.
Elle contribue à la renommée de la destination auprès de notre clientèle privilégiée, les Canadiens représentent 85% de nos visiteurs."
D'après Parrot Analytics, une société spécialisée sur l'audience des streamings vidéos, la série a connu une demande d'audience remarquable au Canada, atteignant en moyenne 12,9 fois celle d'une émission moyenne, ce qui la place parmi les 2,7 % d'émissions les plus populaires.
Une campagne de communication fait écho à la série, en permettant de visiter les lieux de tournages.
Un évènement qui devrait générer des retombées importantes, pour une île de 6 000 habitants qui accueillait 13 000 voyageurs en 2023. Tous les records ont été battus l'année suivante, avec des croissances à 2 et même 3 chiffres, car les croisiéristes sont passés de 4 171 à 13 927 (+ 233,9%).
"Nous avons dépassé le cap symbolique des 10 000 touristes, hors croisiéristes en 2024. Nous voulons développer un tourisme de qualité, tout en préservant notre identité et notre culture propre. Nous ne sommes pas dans la recherche de croissance à tout prix.
Une chose est certaine, nous devrions connaître encore une très belle croissance de l'activité. Il nous est rapporté une croissance des recherches de 130% sur Expedia par exemple," espère le responsable.
Le tourisme pour diversifier l'économie
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Et plus qu'ailleurs, le tourisme à Saint-Pierre-et-Miquelon est vital pour la collectivité.
Alors que la fonction publique représente environ la moitié des emplois, la collectivité cherche à diversifier son économie. Elle a un temps fortement investi dans le BTP et maintenant... le tourisme.
"Le tourisme constitue notre seul revenu net sur le territoire. C'est un secteur très important, notamment pour atteindre l'autonomie financière, et il est en plein essor depuis dix ans. Nous travaillons en étroite collaboration avec l'office de tourisme de Terre-Neuve-et-Labrador, afin de mutualiser nos efforts de visibilité," explique la collectivité.
S'il n'y a pas de grands enjeux d'accessibilité pour la destination, d'autant plus depuis la reprise de la desserte par Westjet , il en existe au niveau de l'hospitalité.
Le besoin en termes d'infrastructure est criant. Le premier établissement 4 étoiles de l'île a ouvert en décembre 2020, mais Saint-Pierre-et-Miquelon doit poursuivre son ouverture de lits.
"Nous avons un enjeu sur les capacités hôtelières.Nous développons des unités supplémentaires sur Miquelon notamment, grâce à l'implantation de tiny houses. Pour l'été, les places disponibles se font déjà rares.
Un autre axe majeur de progression réside dans l'offre d'activités touristiques locales, pour populariser la destination et surtout donner envie de revenir aux touristes," conclut le responsable.
Finalement, alors que le Canada se tourne vers l'Europe, à cause de la politique de Donald Trump, Saint-Pierre-et-Miquelon pourrait bien être la meilleure des ambassades pour la France.
Alors que la fonction publique représente environ la moitié des emplois, la collectivité cherche à diversifier son économie. Elle a un temps fortement investi dans le BTP et maintenant... le tourisme.
"Le tourisme constitue notre seul revenu net sur le territoire. C'est un secteur très important, notamment pour atteindre l'autonomie financière, et il est en plein essor depuis dix ans. Nous travaillons en étroite collaboration avec l'office de tourisme de Terre-Neuve-et-Labrador, afin de mutualiser nos efforts de visibilité," explique la collectivité.
S'il n'y a pas de grands enjeux d'accessibilité pour la destination, d'autant plus depuis la reprise de la desserte par Westjet , il en existe au niveau de l'hospitalité.
Le besoin en termes d'infrastructure est criant. Le premier établissement 4 étoiles de l'île a ouvert en décembre 2020, mais Saint-Pierre-et-Miquelon doit poursuivre son ouverture de lits.
"Nous avons un enjeu sur les capacités hôtelières.Nous développons des unités supplémentaires sur Miquelon notamment, grâce à l'implantation de tiny houses. Pour l'été, les places disponibles se font déjà rares.
Un autre axe majeur de progression réside dans l'offre d'activités touristiques locales, pour populariser la destination et surtout donner envie de revenir aux touristes," conclut le responsable.
Finalement, alors que le Canada se tourne vers l'Europe, à cause de la politique de Donald Trump, Saint-Pierre-et-Miquelon pourrait bien être la meilleure des ambassades pour la France.