TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone
TourMaG.com, 1e TourMaG.com, 1e

logo TourMaG  




C’est quoi une politique publique du tourisme ? (Jean Pinard) [ABO]

L'humeur de Jean Pinard


Quelle est la politique publique du tourisme en France ? C'est à cette question que tente de répondre Jean Pinard, dans cette nouvelle chronique ! A bien y regarder, quel est le document de référence qui présente les orientations politiques de l’État en faveur du tourisme ?


Rédigé par le Vendredi 18 Avril 2025

C’est quoi une politique publique du tourisme ? Depositphotos.com Auteur gustavofrazao
C’est quoi une politique publique du tourisme ? Depositphotos.com Auteur gustavofrazao
Vous pouvez acheter cet article à l'unité pour le prix de 3,99 € en cliquant ICI ou vous abonner pour 83€ TTC par an.

Il y a une quinzaine de jours lors d’une intervention en université, un étudiant en Master 2 de tourisme m'a interpellé à la fin du cours, et m’a demandé où il pouvait trouver LE document de référence qui présente les orientations politiques de l’État en faveur du tourisme.

Spontanément je n’ai pas su lui répondre, j’ai même un peu bafouillé en lui disant qu’il n’existait pas de document cadre à proprement parlé, que l’État s’en remettait à son agence nationale, Atout France, qui chaque année présentait un plan d’actions. En rentrant chez moi, je me suis précipité pour taper dans mon moteur de recherche « politique tourisme de l’État ».

A ma grande surprise je suis tombé sur un document dénommé, « Document de politique transversale, annexe au projet de loi de finances, pour la politique du tourisme ».

Le document datait de 2023, et je n’en ai pas trouvé de plus récent. Il présentait dans le détail, les stratégies, mais surtout les programmes financiers soutenus par l’État dans le cadre de sa politique tourisme, autour de trois axes prioritaires, qu’on peut considérer comme les choix politiques du gouvernement de 2023, donc de l’État.

AXE 1 : Améliorer l'offre touristique et favoriser l'accès d'un public élargi aux vacances.
AXE 2 : Renforcer la valorisation touristique du patrimoine de la France et de sa culture.
AXE 3 : Développer un tourisme durable respectueux de l'environnement.


La politique touristique de la France se résume en 3 axes stratégiques et 21 pages

C’est la première fois que je tombe sur ce type de document. Je ne savais pas que ça existait, mais je dois reconnaitre aussi que je n’ai jamais cherché.

Le doc est facile d’accès, les orientations politiques sont clairement exprimées, et comme je m’étais promis de répondre à mon étudiant curieux, ben je dois avouer qu’à part lui envoyer ce document officiel, je ne sais pas quel commentaire je lui ferai dans mon mail d’accompagnement à cet envoi.

Lui dire que la politique de la première destination mondiale se résume en 3 axes stratégiques et 21 pages ne me semble pas correct, car la politique tourisme de l’État ne se résume pas à ce document officiel. Je me suis rendu compte que dans l’objet de mon mail, de manière inconsciente, ou pas, j’avais écrit « politiques publiques du tourisme ».

J’avais donc fait référence à la réalité plurielle de la politique touristique, et son objet public, donc d’intérêt général et politique.

Et là je me suis dit, qu’en France il n’existe pas un cadre général qui définirait les orientations stratégiques de la politique touristique, regroupant tous les acteurs publics qui ont compétence tourisme.

Un cadre général, ça ne veut pas dire un cadre uniforme qui s’appliquerait de manière indivisible à toutes les destinations, mais dans un pays à minima décentralisé comme la France, ce n’est pas faire injure à l’État, que de de dire que les politiques publiques du tourisme sont surtout financées par les collectivités locales.

Politique publique du tourisme : poser les bases de ce qui permet à des acteurs publics de se concerter

La question qui se pose, et qui renvoie à celle de cet étudiant en Master, c’est de savoir à quel moment et dans quel cadre de gouvernance, les différents acteurs publics échangent pour trouver de la complémentarité dans leur politiques publiques… et là je sèche pour répondre. Ce cadre de coopération il n’existe pas, ce qui veut dire que par défaut de définir un cadre de subsidiarité et des objectifs collectifs, et bien on accepte l’empilement de stratégies qui ne se renforcent pas entres elles.

Alors je ne devrais pas dire ça en tant que consultant, mais depuis que je fais ce métier, j’ai travaillé pour 10 niveaux territoriaux différents, hallucinant !

Chaque acteur avait sa légitimité pour engager sa propre stratégie, et quand venait le temps, que j’impose dans chacune de mes missions, de préciser ce qu’on fait seul, ce qu’on fait ensemble, et ce qu’on fait faire, ce que j’appelle la définition du principe de subsidiarité, la situation devenait d’un coup un peu tendu.

Le problème n’est pas d’imposer un cadre de tutelle entre acteurs, mais de poser les bases de ce qui permet à des acteurs publics de se concerter, de définir des principes de cofinancements et d’interaction entre acteurs. Les trois axes de travail de l’État mis en œuvre pas la DGE sont pertinents, mais s’ils ne sont pas relayés par dans les politiques régionales, départementales, intercommunales, communales, alors leurs efficiences ne sera pas totale, et cette situation, tout le monde s’accorde pour considérer qu’elle fabrique de la contre-performance.

Ce constat il est partagé par tous les acteurs depuis des années, et il va bien falloir un jour accepter de considérer que c’est aussi et surtout le cadre d’organisation de gouvernance qui fabrique de la performance.

Il est temps de se poser (vraiment) sur le sujet de l’organisation et du financement de la filière tourisme

J’ai fait partie de ceux qui souriaient quand les représentants de la profession ont salué la nomination d’une « ministre à temps plein », symbole d’une reconnaissance de ce que pèse le tourisme dans l’économie du pays.

Alors oui les deux ministres à temps plein ont consacré 100% de leur temps aux acteurs du tourisme avec beaucoup de dévouement, mais ce temps ce sont surtout des rencontres avec toutes les organisations corporatistes que comptent le tourisme, et c’est vrai que ça en prend du temps.

On pourrait sourire de tous ces posts où on se prend en photo à côté de la ministre, mais finalement si on mettait toutes ces photos les unes à côté des autres, on aurait l’image du symbole de la balkanisation d’un secteur qui veut peser dans le débat au regard de ce qu’il pèse en emplois, en économie, en PIB, mais qui est incapable de parler d’une seule voix. Le tourisme, quel numéro de téléphone ?

Cette analyse je la croise avec la question de mon étudiant en tourisme, je la croise aussi avec les prises de paroles entendues à la radio depuis deux jours sur les 40 milliards à trouver, et je me dis qu’il serait peut-être temps de poser (vraiment) le sujet de l’organisation et du financement de la filière tourisme, sans entendre qu’un auditeur façon Musk, viennent nous mettre face à nos responsabilités.

A lire aussi : Et si les grands évènements sportifs n’étaient pas (forcément) faits pour les touristes ?

Jean Pinard - Mini Bio

Jean Pinard - DR
Jean Pinard - DR
Président de la société de conseils Futourism :

Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.


Lu 750 fois

Tags : jean pinard
Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias