
Une lettre recommandée en guise de bienvenue pour les repreneurs d'Univairmer - Depositphotos @nicoletaionescu
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Les salariés peuvent souffler et enfin parler de voyages.
Après un redressement court, paradoxalement éprouvant pour les équipes, les 90 personnes reprises ont pu reprendre le cours de leur quotidien d'agent de voyages.
"C’est un changement radical par rapport à ce que nous avons connu.
Nous bénéficions d’une réelle autonomie, sans réelle surveillance. Cela fait du bien d’être enfin reconnus comme des professionnels capables, sans avoir à être encadrés en permanence.
Globalement, nous sommes très satisfaits de cette nouvelle dynamique," résume un salarié.
Les premiers jours ont été consacrés à un reset informatique et administratif des agences.
Il a fallu changer tous les mots de passe des différentes plateformes, changer de boîte mail, les signatures, enseigne, affiches, etc. Désormais les équipes planchent sur l'esthétique et le confort de leur lieu de travail.
De la peinture à la moquette, en passant par les meubles, elles doivent apporter un coup de neuf aux 47 points de vente. Il est aussi nécessaire de repartir de zéro et d'apprendre à utiliser de nouveaux outils.
Outre le fait de gérer des équipes qui n'ont pas toutes voulu être sauvées de la faillite, l'enthousiasme des repreneurs a été douché par un courrier recommandé, envoyé quelques heures seulement après la décision du tribunal de commerce de Compiègne.
Univairmer : une lettre recommandée pour récupérer des créances

Le document, signé par Boris Reibenberg, fait directement référence au redressement judiciaire d’Univairmer. Actionnaire, propriétaire des murs de plusieurs agences et créancier du réseau, l'assureur a écrit au dirigeant de Prêt à Partir.]b
Il rappelle que sur les 47 commerces, 11 sont inscrits au registre des nantissements en faveur de deux entreprises du principal intéressé.
Autrement dit, les anciens dirigeants ont engagé ces locaux en garantie d’une dette : en cas de défaut de paiement, ils peuvent être saisis pour couvrir les sommes dues.
En tout, le reste à charge de l'emprunt obligataire est de 390 500 euros.
Il est expliqué que cette somme, comme prévu par le tribunal, serait prise en compte dans le prix de cession.
Par ce courrier recommandé, il est annoncé que le repreneur va devoir solder le remboursement de l'emprunt obligataire qui devait être réglé à la date du règlement judiciaire.
"Le dispositif légal qui pose problème rappelle que le cessionnaire d'un bien financé par un emprunt garanti par une sûreté portant sur ce bien ne doit s'acquitter que du montant des échéances qui n'étaient pas encore exigibles à la date du transfert de propriété.
Cet article imposerait donc le remboursement du solde de l'emprunt obligataire qui à la date du 19 février 2025 est évalué à1 038 461,52 en principal, remboursable par trimestre et assorti d'un intérêt de 5%," précise le courrier que nous avons pu consulter.
Univairmer : plus d'un million d'euros réclamés aux repreneurs
Pour rappel, le dossier retenu par le tribunal était celui d'Objectif Lune, du nom de la société du réseau Prêt-à-Partir.
Ce dernière, porteuse du projet devrait assumer la responsabilité et les conséquences de la reprise.
Autrement dit l'intégralité des sommes devra être supportée à priori par.... le réseau de François Piot.
Selon le courrier, le repreneur devra donc supporter l'emprunt à compter du 20 février 2025. Les "cher monsieur" ont été barrés et changés à la main par "cher François".
Cette lettre de "bienvenue" a reçu un accueil plus que mitigé de la part des différents repreneurs.
Même si la démarche reste légitime, et sans doute inhérente à ce type de dossier, elle ternit l’image de celui qui avait tout tenté pour éviter la faillite d’Univairmer, mobilisant jusqu’au bout son carnet de chèques et son réseau, en vain.
À ce jour, Objectif Lune n’a toujours pas donné suite.
Selon nos informations, la somme réclamée ne sera pas réglée dans l’immédiat, sauf décision contraire de la justice. La lettre recommandée pourrait donc n’être que le prélude à une longue bataille judiciaire.
D'autant que la remise en route va coûter bien plus cher que le versement effectué pour remporter la mise au tribunal.
En tout, 1,498 million d’euros ont été réglés au tribunal de Compiègne pour l’acquisition des 47 agences.
"La saison des réservations est en grande partie derrière nous.
Il y aura bien des ventes, mais la reprise des agences va être douloureuse financièrement, puisque nous démarrons sans portefeuille. Nous nous sommes engagés à gérer gracieusement les dossiers pour les deux garants (Groupama et Accelerant - Arcus Solutions).
La première année d'activité, sera à perte, nous nous y attendons tous," nous avait confié François Piot qui n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
Ce dernière, porteuse du projet devrait assumer la responsabilité et les conséquences de la reprise.
Autrement dit l'intégralité des sommes devra être supportée à priori par.... le réseau de François Piot.
Selon le courrier, le repreneur devra donc supporter l'emprunt à compter du 20 février 2025. Les "cher monsieur" ont été barrés et changés à la main par "cher François".
Cette lettre de "bienvenue" a reçu un accueil plus que mitigé de la part des différents repreneurs.
Même si la démarche reste légitime, et sans doute inhérente à ce type de dossier, elle ternit l’image de celui qui avait tout tenté pour éviter la faillite d’Univairmer, mobilisant jusqu’au bout son carnet de chèques et son réseau, en vain.
À ce jour, Objectif Lune n’a toujours pas donné suite.
Selon nos informations, la somme réclamée ne sera pas réglée dans l’immédiat, sauf décision contraire de la justice. La lettre recommandée pourrait donc n’être que le prélude à une longue bataille judiciaire.
D'autant que la remise en route va coûter bien plus cher que le versement effectué pour remporter la mise au tribunal.
En tout, 1,498 million d’euros ont été réglés au tribunal de Compiègne pour l’acquisition des 47 agences.
"La saison des réservations est en grande partie derrière nous.
Il y aura bien des ventes, mais la reprise des agences va être douloureuse financièrement, puisque nous démarrons sans portefeuille. Nous nous sommes engagés à gérer gracieusement les dossiers pour les deux garants (Groupama et Accelerant - Arcus Solutions).
La première année d'activité, sera à perte, nous nous y attendons tous," nous avait confié François Piot qui n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
Univairmer : les coachs sans rémunération...
Une source bien informée nous explique que ces créances ne sont pas éligibles au transfert, puisqu'il s'agit d'apports de trésorerie effectués fin 2023 et non pas de financement d'acquisition pour assurer la croissance de l'entreprise.
Cette affirmation a également été confirmée par le mandataire, lors du jugement.
Certains repreneurs ont budgétisé un chiffre d'affaires de seulement 50%, pour l'exercice 2025, comparativement à celui réalisé l'année précédente.
Et les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là.
Outre la trentaine de salariés qui se retrouvent sur le carreau, pour dimensionner les agences aux nouvelles exigences des repreneurs, le sort des coachs est encore plus préoccupant.
Les indépendants se retrouvent avec des commissions impayées de l'ordre de plusieurs dizaines de milliers d'euros. La somme globale dépasserait les 120 000 euros.
Et il ne faudra pas compter sur Groupama pour récupérer ces rémunérations.
"Malheureusement pour ces coachs, la garantie financière n'a pas du tout pour objectif de couvrir les prestataires, mais seulement les sommes affectées par un voyage à forfait.
Si les salariés ont des droits particuliers, pour les prestataires - que ce soit les graphistes, les rédacteurs SEO ou les informaticiens - ils n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Une liquidation est un évènement très difficile professionnellement," nous avait expliqué Me Laura Ballester, l'avocate associée du cabinet Adeona.
Une situation devenue insupportable pour les repreneurs qui se sont engagés à poursuivre la collaboration avec les coachs désireux de continuer l’aventure.
D'ailleurs, Adriana Minchella dénonce la posture ambiguë de Groupama, sans le nommer, qui a capté ces primes... sans jamais les reverser à ceux qui font réellement ce métier, sur le terrain.
Et la présidente du Cediv de s'interroger : "Comment appelle-t-on cela ? Un sauvetage ? Une dérive ?"
Cette affirmation a également été confirmée par le mandataire, lors du jugement.
Certains repreneurs ont budgétisé un chiffre d'affaires de seulement 50%, pour l'exercice 2025, comparativement à celui réalisé l'année précédente.
Et les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là.
Outre la trentaine de salariés qui se retrouvent sur le carreau, pour dimensionner les agences aux nouvelles exigences des repreneurs, le sort des coachs est encore plus préoccupant.
Les indépendants se retrouvent avec des commissions impayées de l'ordre de plusieurs dizaines de milliers d'euros. La somme globale dépasserait les 120 000 euros.
Et il ne faudra pas compter sur Groupama pour récupérer ces rémunérations.
"Malheureusement pour ces coachs, la garantie financière n'a pas du tout pour objectif de couvrir les prestataires, mais seulement les sommes affectées par un voyage à forfait.
Si les salariés ont des droits particuliers, pour les prestataires - que ce soit les graphistes, les rédacteurs SEO ou les informaticiens - ils n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Une liquidation est un évènement très difficile professionnellement," nous avait expliqué Me Laura Ballester, l'avocate associée du cabinet Adeona.
Une situation devenue insupportable pour les repreneurs qui se sont engagés à poursuivre la collaboration avec les coachs désireux de continuer l’aventure.
D'ailleurs, Adriana Minchella dénonce la posture ambiguë de Groupama, sans le nommer, qui a capté ces primes... sans jamais les reverser à ceux qui font réellement ce métier, sur le terrain.
Et la présidente du Cediv de s'interroger : "Comment appelle-t-on cela ? Un sauvetage ? Une dérive ?"
Univairmer : les coachs sont résignés contre Groupama
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"On parle souvent de la grande famille du tourisme... je suis un peu sceptique sur la réalité de cette formulation," souffle, désabusée, l’une d’entre elles.
Les indépendants ont bien tenté de faire entendre leur voix, en adressant un courrier à l'administrateur judiciaire. Leur cas n'a pas été abordé ou, du moins, aucune solution concrète ne leur a été proposée.
En attendant, ces professionnels se retrouvent privés de revenus et doivent redémarrer sans cash dans les caisses, tout en gérant leurs anciens dossiers.
"J'ai reçu en retour de mes démarches, des insultes et propos déplacés.
Mes consœurs ne sont pas d'accord avec la situation, mais elles sont résignées. Nous ne devons pas accepter que le fruit de notre travail soit absorbé par de grands groupes.
Nous savons très bien pourquoi, les assureurs veulent faire partir les clients, ce n'est pas seulement pour l'image de la profession. Ils veulent toucher les commissions, donc minimiser l'impact financier de la faillite.
Le pire dans tout ça : nous ne sommes pas payés et nous devons en plus gérer les départs des clients. Je dois refuser des dossiers, car ça me prend beaucoup de temps.
Nous ne pouvons pas accepter ça" tempête une autre coach.
La faillite continue de faire des remous.
Elle a aussi laissé au bord de la route quelques acteurs anonymes pris dans la tourmente, hier au moment de la chute, comme aujourd’hui au cœur de la reprise.
Les indépendants ont bien tenté de faire entendre leur voix, en adressant un courrier à l'administrateur judiciaire. Leur cas n'a pas été abordé ou, du moins, aucune solution concrète ne leur a été proposée.
En attendant, ces professionnels se retrouvent privés de revenus et doivent redémarrer sans cash dans les caisses, tout en gérant leurs anciens dossiers.
"J'ai reçu en retour de mes démarches, des insultes et propos déplacés.
Mes consœurs ne sont pas d'accord avec la situation, mais elles sont résignées. Nous ne devons pas accepter que le fruit de notre travail soit absorbé par de grands groupes.
Nous savons très bien pourquoi, les assureurs veulent faire partir les clients, ce n'est pas seulement pour l'image de la profession. Ils veulent toucher les commissions, donc minimiser l'impact financier de la faillite.
Le pire dans tout ça : nous ne sommes pas payés et nous devons en plus gérer les départs des clients. Je dois refuser des dossiers, car ça me prend beaucoup de temps.
Nous ne pouvons pas accepter ça" tempête une autre coach.
La faillite continue de faire des remous.
Elle a aussi laissé au bord de la route quelques acteurs anonymes pris dans la tourmente, hier au moment de la chute, comme aujourd’hui au cœur de la reprise.