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Air Antilles : sur le départ, Jérôme Arnaud dresse un point complet de la situation ! [ABO]

Interview de Jérôme Arnaud, le président d'Air Antilles


Il est venu pour une mission éclair : faire renaitre un phénix de ses cendres. Sa mission presque accomplie, au regard de la fragile santé financière d'Air Antilles, Jérôme Arnaud lâche les rênes de la compagnie. Celui qui a été successivement PDG, puis président, nous explique les raisons de son départ et fait le point sur la situation actuelle d'Air Antilles. EXCLUSIF.


Rédigé par le Vendredi 18 Avril 2025

Un peu plus d'un an après le redémarrage d'Air Antilles, Jérome Arnaud quitte la compagnie - Crédit photo : Air Antilles
Un peu plus d'un an après le redémarrage d'Air Antilles, Jérome Arnaud quitte la compagnie - Crédit photo : Air Antilles
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Il est arrivé dans l'aérien à la faveur de la reprise d'Air Antilles par l'offre d'Edeis, soutenue par la collectivité de Saint-Martin.

Jérôme Arnaud avait la lourde tâche de ressusciter un phénix bien consumé par une faillite retentissante dans les Outre-mer. Une tâche ardue, sans doute bien plus que prévu, mais Air Antilles vole, tout en subissant d'importantes turbulences.

La dernière en date : la licence temporaire imposée par la DGAC.

Une décision provoquée par la situation financière précaire du transporteur. Alors que le 30 juin prochain, elle ne pourra plus faire voler d'avions si elle ne trouve pas d'argent, Air Antilles va devoir poursuivre sa route, sans Jérôme Arnaud.

Depuis maintenant quelques semaines, les messages se succèdent pour annoncer le départ du président de la compagnie.

"L'évolution de la gouvernance avec mon départ de la présidence du conseil d'administration s'inscrit dans le cadre de l'accord initial prévu avec les actionnaires. Il prévoyait dès octobre 2023, le changement de président pile un an après l'obtention du certificat de transporteur aérien. Il était prévu que j'accompagne ce redémarrage opérationnel.

Mon départ est acté depuis un moment par le conseil d'administration, il sera officiel à la fin du mois d'avril,
" nous confie Jérôme Arnaud.

Le prochain président devrait être issu de l'actionnaire majoritaire, à savoir la collectivité de Saint-Martin.


Les discussions bien "avancées avec Air France"

Cette présidence passera donc des mains d’un professionnel du privé à celles d’un homme politique.

"Je suis convaincu que cette évolution va permettre de finaliser la montée en charge commerciale de la compagnie. Comme vous le savez, il existe certains enjeux commerciaux cruciaux qui nécessitent un coup de pouce politique pour les faire avancer.

Quoiqu'il en soit, mon sang restera vert, comme notre dérive, et cet outil industriel conservera une place particulière dans mon esprit,
" poursuit celui qui s’apprête à céder sa place à la tête de la compagnie.

Pour rappel, Jérôme Arnaud est arrivé chez Air Antilles comme PDG, avant que ne soit nommé, en juin 2024, Samuel Braconnier en tant que directeur général, et qu'il prenne le titre de président. Il devrait poursuivre son parcours dans l’entrepreneuriat aéronautique.

La compagnie, de son côté, n’a pour l’instant signé un accord interligne qu’avec Air Caraïbes.

Corsair a pendant un temps refusé de discuter, en raison du veto posé par Eric Koury, son futur ex-actionnaire (voir article précédent), tandis qu'Air France exigeait des garanties sur la solidité financière de l’entreprise.

"Avec Air France, les discussions progressent bien.

Quant à Corsair, nous pourrons avancer dès lors que la Commission européenne aura validé - ou non - son plan de restructuration.
Les discussions ne sont pas bloquées par St Barth Executive, elle-même actionnaire de Corsair. Mais la compagnie ne dessert ni la Martinique, ni Saint-Martin, et a des avions de 8 places. Elle propose un service complémentaire au nôtre
," affirme le dirigeant.

Le groupe Loret propriétaire du petit transporteur et actionnaire de Corsair n'est depuis le début, pas des plus coopératif dans l'avancée de ce dossier.

Toutefois, si la compagnie nationale est revenue à la table des négociations, la signature d’un accord dans les prochaines semaines reste peu probable, car ces discussions prennent du temps..

Pas de nouvel actionnaire prévu dans l'immédiat

Air Antilles va donc devoir sortir un autre tour de sa manche pour rassurer la DGAC.

Rappelons que la semaine dernière, l'instance avait infligé une licence temporaire jusqu'au 30 juin 2025 aux avions d'Air Antilles, en raison de "difficultés financières sérieuses."

Pourtant, pour Jérôme Arnaud, il n'y a pas lieu de s’alarmer. "C'est une conséquence logique et quasi automatique de l'ouverture de la procédure de conciliation.

La décision est aussi un moyen d'intensifier le dialogue avec les autorités, afin de leur rappeler l’importance de mieux organiser et structurer le transport aérien régional dans cette zone.

Et cette étape représente aussi l’occasion de finaliser notre plan de développement, lequel sera validé par le conciliateur. Je vous le dis : il n'y a aucune inquiétude à avoir. C'est une procédure réglementaire, appelée à se résoudre dans le cadre de la conciliation, d’ici fin juin,
" affirme le dirigeant.

Pour apporter des garanties à la DGAC, la direction et les actionnaires entendent présenter des arguments solides.

Ils souhaitent mettre en avant l’avancée des discussions avec Air France. Les accords interlignes représentent plusieurs millions d’euros de revenus pour les compagnies régionales. D'autres échanges sont en cours avec des partenaires privés.

"La procédure prévoit la mise en place d'actions dans le temps. Il ne s'agit pas nécessairement d'apporter de l'argent frais avant la fin de l'échéance, mais plutôt de démontrer notre capacité à nous projeter. C'est une validation de perspectives et d’hypothèses.

Nous travaillons notamment sur un plan de sale and leaseback. Evidemment, si fin juin nous ne présentons aucune lettre d'intention d'un leaser, le conciliateur s’interrogera sur la solidité de notre plan de développement,
" explique Jérôme Arnaud.

Air Antilles : des ventes d'avion anticipées pour rassurer la DGAC

Pour faire rentrer du cash à court terme, la direction a validé la vente de certains actifs, notamment les avions qui seraient déjà remboursés aux deux tiers, selon le principal intéressé.

À l’issue de la vente, les appareils seront rétrocédés à la compagnie sous forme de location, une pratique courante dans le secteur de l'aérien, en particulier pour les acteurs connaissant des trous d'air.

Avec plusieurs dizaines de millions d'euros d'actifs, la compagnie disposerait d’une certaine marge de manœuvre.

"Nous avons la chance d'avoir nos propres actifs, c'est un cas extrêmement rare dans le secteur. Sans même rechercher des acquéreurs, nous avons déjà des marques d'intérêt de leasers.

Après je suppose que la DGAC ne va pas nous laisser un blanc seing et et qu’elle prolongera la licence temporaire de 12 mois, comme le prévoit la loi.

Nous travaillons aussi bien les accords avec les industriels (Air France), les leasers et aussi l'ouverture du capital. Aujourd'hui, le plan de développement n’inclut pas l’arrivée de nouveaux actionnaires,
" dévoile Jérôme Arnaud.

L'ouverture du capital figure bien toujours au coeur de la stratégie de la compagnie, mais le dossier n'est mas encore finalisé et ne le sera pas pour rassurer la DGAC. Cette option n'est donc pas intégré dans les projections financières actuelles.

Dans le même temps, Edeis qui aura apporté en tout 5,2 millions d'euros, devrait verser la dernière tranche de 2 millions d’euros, de quoi permettre de voir venir durant les prochaines semaines.

La collectivité de Saint-Martin, selon les dires du dirigeant, n’aurait pas réinjecté de fonds depuis près de huit mois. Elle ne serait pas sollicitée pour participer au sauvetage d'une compagnie qui "doit pouvoir voler de ses propres ailes.

Elle a maintenant une montée en charge commerciale, un chiffre d'affaires qui augmente et des actifs. Autant de choses qui me font dire qu'elle est en mesure d'assurer son propre plan de développement. Ce dernier ne prévoit aucun nouvel investissement de la collectivité.
"

Air Antilles prévoit de développer des lignes à l'étranger

Et cette extension du projet s’annonce ambitieuse.

"J'ai discuté avec les financeurs des avions, le plan de développement est crédible. Il se fera sur la flotte et sur l'ajout de nouvelles destinations.

Trois ouvertures de lignes sont déjà définies, mais suspendues à l’accord de la DGAC. Ce sont quelques rotations par semaine, une montée en puissance progressive. Nous avons l'autorisation des pays étrangers, mais pas encore celle de nos autorités françaises,
" annonce le dirigeant.

Air Antilles aurait dans le viseur la desserte de la République dominicaine, information que Jérôme Arnaud n’a ni confirmée, ni commentée. Une ligne qui a été opérée par le passé par le transporteur avant sa faillite.

Au moment de refermer cette page de sa carrière, Jérôme Arnaud ne cache pas une forme de satisfaction, après un an et demi à la relance d’une compagnie aérienne.

"Il est totalement inédit en France qu'une compagnie aérienne liquidée renaisse avec ses salariés et ses avions. C'était une expérience intense. Redémarrer un outil industriel est compliqué en France, et une compagnie l'est encore plus.

Des personnes ont essayé de nous nuire, c'est le jeu. Depuis notre retour, on annonce chaque mois notre disparition. Et pourtant, nous sommes toujours là.

Cela a pu paraître long, mais 8 mois est finalement un délai très court. Il aurait pu être moindre si les appareils avaient été préservés au moment de la faillite.

Nous avons préservé des emplois et des compétences dans les Antilles, et nous avons remis de la concurrence là où il n'y en avait plus. Nous proposons des tarifs à partir de 200 euros, alors qu'avant notre redémarrage, il n'y avait aucun aller-retour à moins de 400 euros.

Je suis convaincu que le courage politique de la collectivité de Saint-Martin finira par entraîner d’autres acteurs publics,
" conclut un président qui rendra les clés de son bureau fin avril.

En attendant la décision cruciale de la DGAC en juin prochain, Air Antilles peut s’enorgueillir d’afficher une ponctualité record dans la région.


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