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Il est loin le temps des sourires et de la joie exprimée par les salariés et les repreneurs de la nouvelle Air Antilles à la sortie du Tribunal de Pointe-à-Pitre.
Fin septembre 2023, EDEIS épaulé par la collectivité de Saint-Martin sauvait 120 emplois et une compagnie de la liquidation judiciaire.
Après un redémarrage attendu quelques mois plus tard, la remise en route des avions aura été bien plus lente que prévu. Initialement, les vols devaient redécoller en janvier, puis en mars, pour finalement repartir le 26 juin 2025.
Durant cette période, le transporteur a dû tenir sans aucun revenu.
Malheureusement, la reprise des vols n'a pas vraiment été à la hauteur des attentes de la nouvelle direction.
Le taux de remplissage peine à se redresser et nous venons d'apprendre que sur arrêté ministériel, Air Antilles a vu sa licence d'exploitation de transporteur aérien devenir... temporaire.
Air Antilles : une licence temporaire de seulement... 2 mois

"Elle peut à tout moment être prolongée dans la limite d'une durée maximale de 12 mois ou suspendue ou retirée dans les conditions prévues par le règlement (CE) n° 1008/2008 du Parlement européen et du Conseil du 24 septembre 2008 établissant des règles communes pour l'exploitation de services aériens dans la Communauté," poursuit la publication.
Une décision qui fait suite à de nombreux échanges avec la DGAC, notamment 3 courriers en date des 6 et 26 novembre, puis du 12 décembre 2024.
Le Certificat de Transporteur Aérien (CTA) est obligatoire pour exploiter une compagnie. Son obtention avait été un véritable parcour du combattant.
Et l'instruction du dossier repose sur 3 piliers que sont les capacités économiques, financières et juridiques de la société. Le CTA est normalement délivré pour une durée indéterminée, mais il peut à tout moment être retiré, suspendu ou devenir temporaire.
Une telle décision est encadrée par la loi, plus précisément le règlement (CE) n° 1008/2008 du Parlement européen.
L'article 9 explique que l'autorité compétente peut, "à tout moment, procéder à une évaluation des résultats financiers d'un transporteur aérien communautaire auquel elle a délivré une licence.
Sur la base de cette évaluation, l'autorité suspend ou retire cette licence d'exploitation si elle n'a plus la certitude que ce transporteur aérien communautaire est à même de faire face à ses obligations actuelles et potentielles," dans les mois à venir.
Air Antilles : les raisons de cette décision
Une des raisons d'un changement de licence s'explique donc par une situation financière dégradée.
L'entreprise se retrouve soit dans l'incapacité à prouver sa viabilité financière sur 24 mois ou à couvrir les dépenses pendant 3 mois. Et d'après les échos que nous avons, ce serait ce dernier point qui aurait entrainé la délivrance d'un certificat temporaire.
Avec une trésorerie exsangue, la compagnie chercherait donc à faire entrer de nouveaux investisseurs et réduire le poids de la dette.
D'une source proche de la direction, il n'est pas question de s'inquiéter. La trésorerie est suffisante pour payer les salaires sur plusieurs mois, il n'y a pas de dette sociale, seulement vis à vis des fournisseurs.
Air Antilles a décidé de désamorcer cette mauvaise nouvelle, en publiant un communiqué. La compagnie annonce prendre acte de la décision.
b[Celle-ci est justifiée par l'ouverture d'une procédure de conciliation engagée en janvier 2025, pour permettre un étalement de la dette de la société.
"La compagnie rappelle que son développement passe également par la conclusion des accords de partenariats inter-compagnie, devant permettre l’acheminement des passagers vers les vols transatlantiques. Air Antilles compte profiter de cette période de discussion avec la Direction du Transport Aérien pour trouver les solutions nécessaires à la pérennité du transport aérien dans cette région," a précisé le communiqué.
En fin d'année dernière, Louis Mussington, président de la Collectivité de Saint-Martin, avait écrit au président de la République sur ce sujet.
Il affirmait même que sans intervention, le certificat de transporteur aérien se retrouvait menacé par... Air France et Corsair.
"Je tenais à vous informer que ce certificat est aujourd'hui menacé par les autorités de contrôle, en raison de l'absence de contrats interlignes avec les deux compagnies majeures du trafic transatlantique : Air France et Corsair.
En ce qui concerne Air France, les négociations sont en cours et je me réjouis de l'avancement de celles-ci. En revanche, les administrateurs de Corsair se refusent à signer le moindre accord interligne avec notre compagnie, Air Antilles.
Ce refus m'est totalement incompréhensible, surtout lorsque l'État envisage d'abandonner 80 millions d'euros de dettes pour Corsair, afin de lui permettre un redressement," expliquait le principal actionnaire de la compagnie dans la missive.
L'entreprise se retrouve soit dans l'incapacité à prouver sa viabilité financière sur 24 mois ou à couvrir les dépenses pendant 3 mois. Et d'après les échos que nous avons, ce serait ce dernier point qui aurait entrainé la délivrance d'un certificat temporaire.
Avec une trésorerie exsangue, la compagnie chercherait donc à faire entrer de nouveaux investisseurs et réduire le poids de la dette.
D'une source proche de la direction, il n'est pas question de s'inquiéter. La trésorerie est suffisante pour payer les salaires sur plusieurs mois, il n'y a pas de dette sociale, seulement vis à vis des fournisseurs.
Air Antilles a décidé de désamorcer cette mauvaise nouvelle, en publiant un communiqué. La compagnie annonce prendre acte de la décision.
b[Celle-ci est justifiée par l'ouverture d'une procédure de conciliation engagée en janvier 2025, pour permettre un étalement de la dette de la société.
"La compagnie rappelle que son développement passe également par la conclusion des accords de partenariats inter-compagnie, devant permettre l’acheminement des passagers vers les vols transatlantiques. Air Antilles compte profiter de cette période de discussion avec la Direction du Transport Aérien pour trouver les solutions nécessaires à la pérennité du transport aérien dans cette région," a précisé le communiqué.
En fin d'année dernière, Louis Mussington, président de la Collectivité de Saint-Martin, avait écrit au président de la République sur ce sujet.
Il affirmait même que sans intervention, le certificat de transporteur aérien se retrouvait menacé par... Air France et Corsair.
"Je tenais à vous informer que ce certificat est aujourd'hui menacé par les autorités de contrôle, en raison de l'absence de contrats interlignes avec les deux compagnies majeures du trafic transatlantique : Air France et Corsair.
En ce qui concerne Air France, les négociations sont en cours et je me réjouis de l'avancement de celles-ci. En revanche, les administrateurs de Corsair se refusent à signer le moindre accord interligne avec notre compagnie, Air Antilles.
Ce refus m'est totalement incompréhensible, surtout lorsque l'État envisage d'abandonner 80 millions d'euros de dettes pour Corsair, afin de lui permettre un redressement," expliquait le principal actionnaire de la compagnie dans la missive.
Air Antilles : faut-il s'inquiéter ?
Bien que débarrassée d'Eric Koury, dans le nouveau tour de table, Corsair n'est toujours pas revenue à la table des négociations.
Le manque à gagner est chiffré pour Air Antilles autour d'un million d'euros par mois. Faisant face à une reprise difficile, malgré un bon score en termes de ponctualité, le transporteur doit donc avancer sans cette rente annuelle de plusieurs millions d'euros, ce qui plombe pleinement ses comptes.
Pour apporter des gages à la DGAC, la direction est à la recherche d'un investisseur.
"En accord avec nos actionnaires actuels, nous travaillons à embarquer d’autres acteurs économiques à nos cotés pour encore renforcer la robustesse de notre compagnie.
Nous avons des discussions avec différents interlocuteurs, privés comme publics, en vue d’ouvrir le capital et permettre à d’autres investisseurs de s’associer à cette belle aventure," nous avait confié en novembre dernier, Jérôme Arnaud.
L'arrivée d'un actionnaire de référence est attendue très prochainement. Il apportera de l'argent frais pour éponger les dettes et permettre à la compagnie d'obtenir à nouveau son CTA pour une durée indéterminée. Malgré une situation délicate, Air Antilles a souhaité démontrer qu'elle était pleinement engagée dans son développement.
Outre le fait que le nombre de passagers soit passé de 6 500 à 10 600, entre janvier et mars 2025, la compagnie poursuit "le développement de ses opérations conformément à son programme de vols et sa montée en puissance dans le ciel antillais." Une affirmation qui tranche un peu avec la situation, mais qui vise à rassurer les passagers et l'écosystème régional.
Le manque à gagner est chiffré pour Air Antilles autour d'un million d'euros par mois. Faisant face à une reprise difficile, malgré un bon score en termes de ponctualité, le transporteur doit donc avancer sans cette rente annuelle de plusieurs millions d'euros, ce qui plombe pleinement ses comptes.
Pour apporter des gages à la DGAC, la direction est à la recherche d'un investisseur.
"En accord avec nos actionnaires actuels, nous travaillons à embarquer d’autres acteurs économiques à nos cotés pour encore renforcer la robustesse de notre compagnie.
Nous avons des discussions avec différents interlocuteurs, privés comme publics, en vue d’ouvrir le capital et permettre à d’autres investisseurs de s’associer à cette belle aventure," nous avait confié en novembre dernier, Jérôme Arnaud.
L'arrivée d'un actionnaire de référence est attendue très prochainement. Il apportera de l'argent frais pour éponger les dettes et permettre à la compagnie d'obtenir à nouveau son CTA pour une durée indéterminée. Malgré une situation délicate, Air Antilles a souhaité démontrer qu'elle était pleinement engagée dans son développement.
Outre le fait que le nombre de passagers soit passé de 6 500 à 10 600, entre janvier et mars 2025, la compagnie poursuit "le développement de ses opérations conformément à son programme de vols et sa montée en puissance dans le ciel antillais." Une affirmation qui tranche un peu avec la situation, mais qui vise à rassurer les passagers et l'écosystème régional.
Air Antilles : "la compagnie ne pourra plus opérer sur les lignes qu’elle dessert"
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C'est d'ailleurs, l'information qui filtre depuis les cabinets ministériels. De source proche du dossier, on ne fait pas mystère de la situation financière très fragile de l'entreprise, faute "d’un volume de passagers suffisant."
Le seul soutien de la collectivité de Saint-Martin, actionnaire à 60%, ne saura suffire. "L’objectif de l’Etat, en plaçant sous le régime de licence temporaire, est de protéger les passagers futurs de la compagnie dans cette période de fragilité, en permettant une plus grande transparence sur la situation de la compagnie.
Passé le délai de 3 mois, si la situation financière d’Air Antilles ne s’est pas améliorée, la compagnie ne pourra plus opérer sur les lignes qu’elle dessert aujourd’hui.
La compagnie dispose néanmoins, durant cette période, de la possibilité de redresser sa situation financière et/ou d’attirer de nouveaux investisseurs.
L'Etat fait son maximum pour aider Air Antilles, notamment dans l'accompagnement dans la recherche de partenaires tant opérationnels que financiers," souffle une source ministérielle.
Il reste donc deux mois aux équipes de Jérôme Arnaud pour apporter des garanties, sous peine d'entrainer Air Antilles à sa disparition, seulement un an et demi après sa reprise.
Actuellement en visite dans les outre-mer, Manuel Valls devrait entendre parler du transporteur, par les élus locaux et les dirigeants. Il serait demandé au ministre des Outre-mer d'agir pour faire revenir Corsair à la table des négociations.
Le seul soutien de la collectivité de Saint-Martin, actionnaire à 60%, ne saura suffire. "L’objectif de l’Etat, en plaçant sous le régime de licence temporaire, est de protéger les passagers futurs de la compagnie dans cette période de fragilité, en permettant une plus grande transparence sur la situation de la compagnie.
Passé le délai de 3 mois, si la situation financière d’Air Antilles ne s’est pas améliorée, la compagnie ne pourra plus opérer sur les lignes qu’elle dessert aujourd’hui.
La compagnie dispose néanmoins, durant cette période, de la possibilité de redresser sa situation financière et/ou d’attirer de nouveaux investisseurs.
L'Etat fait son maximum pour aider Air Antilles, notamment dans l'accompagnement dans la recherche de partenaires tant opérationnels que financiers," souffle une source ministérielle.
Il reste donc deux mois aux équipes de Jérôme Arnaud pour apporter des garanties, sous peine d'entrainer Air Antilles à sa disparition, seulement un an et demi après sa reprise.
Actuellement en visite dans les outre-mer, Manuel Valls devrait entendre parler du transporteur, par les élus locaux et les dirigeants. Il serait demandé au ministre des Outre-mer d'agir pour faire revenir Corsair à la table des négociations.