La Réunion : les pros du tourisme interpellent le préfet sur Maurice !

Ce n'est pas seulement une lettre, mais un véritable ras-le-bol, que les professionnels du tourisme de la Réunion viennent d'adresser au préfet de l'île.

Alors que la France décidait ce matin de déclasser Maurice de "rouge écarlate" à "rouge", les acteurs ont connu "un ascenseur émotionnel immédiat," explique la lettre de l'Association des indépendants du tourisme et des loisirs (AITL).

La missive que nous nous sommes procurée alerte tout particulièrement sur les conséquences de la décision préfectorale.

Outre le rétablissement des motifs impérieux même pour les personnes disposant d’un schéma vaccinal complet, celles-ci devront se placer en quarantaine.

Concrètement, les Français vaccinés peuvent se rendre à Maurice, sans restriction... mais pas les Réunionnais.

"Nous ne pouvons éviter de vous poser la question, Monsieur le Préfet, existe-t-il plusieurs types de Français ?" questionne l'AITL, dans sa lettre.

De plus, la préfecture a remis en place les tests au départ de la Réunion vers Paris.

Autant de mesures "qui nous semblent Injustifiées dans le contexte sanitaire" actuel et qui mettent les agents de voyages dans "l’incapacité d’exercer leur profession.

Les professionnels du tourisme lancent un appel à l'aide auprès de la préfecture.

Pour bien comprendre ce cri du coeur, il faut savoir que Maurice n'est pas une destination comme les autres pour les Réunionnais.

"Sur les 70 enseignes de l’ile, réparties en une centaine de points de vente, la destination représente 60 à 80% de part de marché des ventes en agences.

Il faut avoir à l’esprit que nous sommes le deuxième marché pourvoyeur de touristes avec près de 150000 passagers en 2019, juste derrière la France métropolitaine et avant l’Afrique du Sud" explique l'ATIL.

L'urgence est réelle, alors que pour certains acteurs le chiffre d’affaires ne cesse de baisser, de jour en jour.

Des enseignes affichent même des pertes comprises entre 60 et 80% en 2021 par rapport à 2019.

Sans perspectives et avec des restrictions, décembre ne va pas relever les comptes.

Pendant ce temps, la trésorerie fond, en raison du remboursement des avoirs des clients, des PGE à rembourser et de la fin du fonds de solidarité.

"Vous (le préfet, ndlr) comprendrez bien l’ensemble des contraintes qui pèsent sur nos exploitations et qu’à ce titre nous ne pouvons que nous alarmer de la situation, si en toute occasion,on nous enlève la capacité d’exercer notre profession tout en n’ayant aucun garde-fou ou protection à actionner"," poursuit la lettre de l'association.

Dans ces conditions, la survie de la distribution sur place passera une nouvelle fois, par une intervention étatique.

L'AITL a émis différentes propositions à la préfecture de la Réunion, pour soutenir les agences de voyages.

"Les difficultés vont encore se présenter et nous ne pouvons y faire faire face seuls.

A ce titre nous aimerions la mise en place de mesures d’accompagnement exceptionnelles pour les agences de voyages de la Réunion."

Ainsi, elle propose le maintien du dispositif d’activité partielle à 100 %, la reconnaissance du statut de Fermeture Administrative pour les agences de voyages et la création d'un Fonds de solidarité Exclusif Réunion, avec différents niveaux d'intervention selon la date de création de l'entreprise.

"Nous aimerions, Monsieur Le Préfet, obtenir une audience dans les plus brefs délais, et échanger avec vous et votre équipe lors d’une réunion de travail permettant de lister les mesures à mettre à soumettre au gouvernement en urgence," conclut la lettre à l'attention de Jacques Billant.

Un cri du coeur que doivent partager de nombreux agents de voyages...