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Patricia Grelot-Collomb, l'art de vivre au sommet 🔑

De l'Alpe d'Huez aux Etats-Unis, en passant par Grenoble et Paris


En 2012, Patricia Grelot-Collomb a pris les rênes des "Grandes Rousses", l'hôtel familial de l'Alpe d'Huez (Isère). Depuis, elle a fait vivre une véritable révolution à cet établissement traditionnel devenu 5* et en prise avec les aspirations nouvelles de la clientèle haut de gamme. Pourtant, dans sa jeunesse, sa vie avait pris un tout autre chemin... De l'Alpe d'Huez aux Etats-Unis, en passant par Grenoble et Paris avant de revenir à l'Alpe d'Huez, retour sur un parcours exceptionnel.


Rédigé par le Mardi 18 Juillet 2023

"Je veux répondre aux nouvelles attentes de la clientèle de luxe. Cette clientèle est désormais demanderesse de soins qui régénèrent la santé du corps et de l'esprit".

A la tĂŞte des "Grandes Rousses", le nouveau cinq Ă©toiles de l'Alpe d'Huez, Patricia Grelot-Collomb voit loin.

Non seulement, elle a bien saisi les aspirations "bien-être" renforcées de la clientèle, mais elle a l'intuition que, réchauffement climatique aidant, viendra peut-être un temps où le ski alpin classique "ne sera plus socialement acceptable". En tous cas, elle se prépare à ce changement de paradigme.

Ce nouveau défi ne fait pas peur à cette presque sexagénaire qui en a vu d'autres.

Patricia Grelot-Collomb est, en effet, une boule d'énergie, de courage et de détermination. Il fallait d'ailleurs de la détermination et de l'énergie pour reprendre l'hôtel familial de l'Alpe d'Huez, en janvier 2012 !


Patricia Grelot-Collomb, un parcours exceptionnel

Patricia Grelot-Collomb ( ©  Les Grandes Rousses)
Patricia Grelot-Collomb ( © Les Grandes Rousses)
Lorsque Patricia Grelot-Collomb a hérité de cet établissement ouvert par la famille Collomb cent-dix ans plus tôt, il était dans un état déplorable. Non seulement ce trois étoiles mis en location-gérance pendant plusieurs années avait été fortement négligé, mais, toute fille d'hôtelier qu'elle soit, Patricia Grelot-Collomb n'était plus très familière des us et coutumes de ce milieu.

D'abord diplômée en mécanique quantique et physique nucléaire de l'université de Grenoble, elle avait poursuivi ses études avec un MBA à la NorthWestern University de Chicago.

Elle avait ensuite pratiqué pendant quatre années le conseil en stratégie d'entreprise dans un cabinet américain avant de diriger, pendant cinq ans, le département de la soie chez Hermès.

En 2005, elle avait pris la direction des boutiques de Celine (LVMH) avant de rejoindre la direction générale d'une agence de conseil en marketing fondée par son mari, Yannick Grelot.

Ces compétences multiples lui ont, depuis, été bien utiles ! Pour reprendre l'hôtel familial, il ne lui en a pas moins fallu changer de vie et accepter de passer plusieurs jours à l'Alpe d'Huez, chaque semaine. Un véritable challenge !

A l'époque, elle habitait en région parisienne avec son mari et ses deux fils - aujourd'hui étudiants à Boston (Etats-Unis) - qui n'avaient encore que 9 et 15 ans. "Avec mon mari, nous avons pris la décision ensemble ! Dans la foulée, ma belle-mère est venue habiter à côté de chez nous pour pouvoir s'occuper des enfants", confie-t-elle.

Une rénovation de fond en comble

Les "Grandes Rousses" ont décroché leur cinquième étoile il y a quelques mois  ( ©  Les Grandes Rousses)
Les "Grandes Rousses" ont décroché leur cinquième étoile il y a quelques mois ( © Les Grandes Rousses)
Perchées à 1 860 mètres, au cœur d'une station de l'Oisans ensoleillée plus de 300 jours par an, les "Grandes Rousses" ont décroché une quatrième étoile en 2018, puis une cinquième, à l'automne 2022, après une rénovation et une extension d'envergure.

Que de chemin parcouru en dix ans ! "Quand je suis revenue, il n'y avait plus d'Ă©quipe et plus de fichier clients, se souvient-elle.

J'ai appelé Pôle emploi et j'ai rouvert avec des employés pleins de bonne volonté, mais pas forcément du métier. Au début, j'ai eu beaucoup de critiques !", raconte Patricia Grelot-Collomb.

Heureusement, sa sœur qui a fait toute sa carrière dans l'hôtellerie de luxe, l'a aidée à concevoir le site internet de l'hôtel et à s'inscrire sur les grandes plateformes de réservation. "Dans cette phase de reprise, son aide a été fondamentale", confie encore Patricia Grelot-Collomb.

Lire aussi : Dans l'hôtellerie de luxe, la révolution du bien-être

"Avec le recul, poursuit-elle, je mesure les risques colossaux que j'ai pris". Après avoir, la première année, investi les économies de son couple pour "donner un coup de jeune" à l'hôtel, Patricia Grelot-Collomb a dû, ensuite, chaque année, effectuer un nouvel emprunt.

D'abord "pour refaire, puis pour agrandir l'hĂ´tel". "J'ai fait cela Ă  50 ans, d'habitude on se lance Ă  35 ans", dit-elle.

Ainsi, après les salles de bains, ce sont les chambres qui ont été rénovées (et agrandies), puis le restaurant et le lobby. L'année d'après, un Spa a trouvé sa place dans les garages et dans l'ancien appartement familial des Collomb.

Il compte aujourd'hui 7 salles de soins (dont une double), une salle d'oligothérapie, une "salle des bains" avec baignoires en cuivre pour des bains aux herbes des Alpes. Sont aussi proposés des soins du visage.

Une extension d'envergure

Dans le Spa, des baignoires en cuivre pour des soins aux herbes des Alpes  ( ©  Les Grandes Rousses)
Dans le Spa, des baignoires en cuivre pour des soins aux herbes des Alpes ( © Les Grandes Rousses)
L'extension des "Grandes Rousses" a démarré, en 2017, en association avec un promoteur. Une opération immobilière en deux temps sur un terrain adjacent à l'hôtel : la vente des appartements aménagés dans un premier immeuble de 5000 m2 a financé l'agrandissement de l'hôtel proprement dit.

Les "Grandes Rousses" comptent désormais deux salles de conférences, une b[piscine extérieure et 48 chambres supplémentaires plus deux chalets indépendants de quatre chambres chacun. "Aujourd'hui, sur 106 chambres, les "Grandes Rousses" comptent une cinquantaine de suites de 40 à 60 m2", insiste Patricia Grelot-Collomb.

L'établissement compte trois restaurants. Ils pratiquent "un même engagement en faveur des circuits courts qui traduit le respect du terroir isérois et la richesse des filières locales".

L'un d'eux, la "Ferme saint-Hubert" sert une cuisine en partie végétarienne et fait la part belle aux plantes des Alpes que son chef cueille dans la montagne.

En revanche, le restaurant "L'Espérance" propose une cuisine bistronomique tandis que les spécialités fromagères montagnardes sont réservées aux chalets baptisés "Les Mas d'Haut", installés sur la terrasse de "L'Espérance"...

Lire aussi : Cet hiver, la montagne n'a pas tout gagné, mais ça va bien

La clientèle est au rendez-vous, elle est à proportion égale française et étrangère.

"Beaucoup de Parisiens séjournent une semaine, les clients de Lyon ou de Saint-Etienne, eux, viennent plutôt pour des week-end", précise Patricia Grelot-Collomb.

"L'hiver, en cœur de semaine, j'ai une clientèle MICE très importante. L'été, une clientèle originaire d'Europe du Nord, d'Italie mais aussi d'Amérique du Nord et du Sud vient profiter de la montagne, marcher, faire du vélo", ajoute-t-elle, avant d'assurer : "Depuis le Covid, je commence à avoir, l'été, de plus en plus de clients pour de longs séjours à la montagne".

Patricia Grelot-Collomb : quel avenir sans ski ?

La clientèle a un besoin croissant de se reconnecter avec la nature  (© Les Grandes Rousses)
La clientèle a un besoin croissant de se reconnecter avec la nature (© Les Grandes Rousses)
N'est-il pas audacieux d'investir autant dans un hôtel à la montagne alors que, selon les rapports du GIEC, la neige risque de se faire rare à l'avenir ? "L'Alpe d'Huez est à plus de 1 800 mètres. Nous devrions continuer à avoir de la neige", nuance Patricia Grelot-Collomb.

Ce n'est pas tant le manque de poudreuse qu'elle craint, que les critiques croissantes contre le ski alpin -et ses remontées mécaniques- dénoncé par les écologistes comme un sport de riches qui pollue. "Sera-t-il encore socialement acceptable de faire du ski à l'avenir ?", interroge-t-elle.

Lire aussi : Quel avenir pour le ski ?

"Il va falloir, comme au temps où il n'y avait pas de remontées mécaniques, privilégier le ski de randonnée et les raquettes qu'une partie de la clientèle apprécie déjà beaucoup", suggère la patronne des "Grandes Rousses" qui envisage également "d'autres" développements. Elle avance "le concept d'alpinothérapie", un "pendant de la thalassothérapie mais à la montagne".

"Nous allons combiner, dans notre Spa, les vertus naturelles de l'altitude, du froid, de la lumière, des plantes, des minéraux pour les rendre plus efficientes", propose-t-elle.

Cette ambition est en phase avec les nouvelles aspirations d'une clientèle haut de gamme soucieuse "de reprendre contact avec la nature et avec soi-même" et donc demandeuse de soins, de médecines douces...

Pour préparer cet avenir compliqué, Patricia Grelot-Collomb a décidé d'ouvrir toute l'année les "Grandes Rousses" et de chercher, d'ores et déjà, une nouvelle clientèle.

Elle a entrepris d'embaucher ses collaborateurs à l'année. 35 sont déjà en CDI, 40 le seront bientôt. Cela devrait lui permettre de contourner la pénurie actuelle de saisonniers dans le monde de l'hôtellerie. Permanents comme saisonniers sont logés, par ses soins, à l'Alpe d'Huez.

Ainsi, l'experte en mécanique quantique revenue à l'hôtellerie familiale, espère-t-elle pouvoir relever au mieux les défis de demain.

PAULA BOYER Publié par Paula Boyer Responsable rubrique LuxuryTravelMaG - TourMaG.com
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