Interview de Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair sur la fusion capitalistique avec Air Austral - DR
TourMaG.com - En bonne voie au début d'année, le rapprochement capitalistique ente Corsair et Air Austral a connu quelques trous d'air ces dernières semaines. La Région Réunion, actionnaire de la seconde offre, mène une campagne médiatique contre ce projet. Quel est votre sentiment par rapport à cette campagne de déstabilisation ?
Pascal de Izaguirre : En préambule, je précise que je respecte les volontés de chacun.
Je regarde ce projet uniquement sur le plan industriel et pas politique. Une chose est sûre, la consolidation a du sens. En dehors d'Air France, il existe encore quelques petites compagnies aériennes françaises, avec la disparition d'Aigle Azur et XL Airways.
Dans ce secteur, la notion de taille critique aussi bien au niveau du nombre d'avions, que du chiffre d'affaires, est plus qu'importante.
Aussi bien sur les synergies, les économies d'échelle, la puissance du réseau et la puissance des marques, il est primordial de capitaliser là-dessus.
Pascal de Izaguirre : En préambule, je précise que je respecte les volontés de chacun.
Je regarde ce projet uniquement sur le plan industriel et pas politique. Une chose est sûre, la consolidation a du sens. En dehors d'Air France, il existe encore quelques petites compagnies aériennes françaises, avec la disparition d'Aigle Azur et XL Airways.
Dans ce secteur, la notion de taille critique aussi bien au niveau du nombre d'avions, que du chiffre d'affaires, est plus qu'importante.
Aussi bien sur les synergies, les économies d'échelle, la puissance du réseau et la puissance des marques, il est primordial de capitaliser là-dessus.
"Nous avons de quoi donner des assurances sur l'ancrage réunionnais"
TourMaG.com - Au-delà du cas Air Austral, y'a-t-il urgence à réaliser cette fusion ?
Pascal de Izaguirre : Nous sommes dans un contexte compliqué, au sortir de ces deux années de pandémie, nous avons enchainé avec la crise ukrainienne, avec un impact économique très fort.
Alors que les acteurs étaient déjà fragilisés, cela accentue la fragilité. Tout cela pour dire que le principe est d'unir nos forces pour être plus forts.
Cette fusion aurait beaucoup de sens, tous les travaux montrent qu'il y aurait une création de valeurs conséquente. La question est de savoir : préférons-nous être tout seul dans notre coin et continuer notre bonhomme de chemin ou alors être plus forts et robustes ?
Je tiens aussi à rappeler que la desserte des outre-mer est vitale pour ces territoires, c'est un produit de base, de première nécessité. Sur ce marché, la concurrence est indispensable.
Au regard de tout cela, je pense qu'il est important de vouloir renforcer les compagnies qui assurent ces dessertes aériennes. Cela a beaucoup de sens. Je comprends les appréhensions que peut avoir la région Réunion, mais nous ne parlons pas là d'une fusion des compagnies.
Certes, nous fusionnons le capital des deux compagnies, mais les acteurs conservent leur identité, leur image de marque, leur nom, leur certificat de transport aérien.
Pour la région Réunion, nous avons de quoi donner des assurances sur l'ancrage réunionnais, tout en construisant quelque chose qui a plus de sens sur le plan industriel.
TourMaG.com - Le CIRI a dit qu'il souhaitait une compagnie en capacité de concurrencer Air France et Air Caraïbes...
Pascal de Izaguirre : L'Etat est favorable à cette consolidation, car il y voit beaucoup de sens.
Il n'y voit pas une source de concurrence vis-à-vis d'Air France ou autres, mais plutôt il se dit qu'il va renforcer un tissu économique très fragile. Sur le plan industriel cela permettrait d'avoir quelque chose de plus fort et consolidé.
Pascal de Izaguirre : Nous sommes dans un contexte compliqué, au sortir de ces deux années de pandémie, nous avons enchainé avec la crise ukrainienne, avec un impact économique très fort.
Alors que les acteurs étaient déjà fragilisés, cela accentue la fragilité. Tout cela pour dire que le principe est d'unir nos forces pour être plus forts.
Cette fusion aurait beaucoup de sens, tous les travaux montrent qu'il y aurait une création de valeurs conséquente. La question est de savoir : préférons-nous être tout seul dans notre coin et continuer notre bonhomme de chemin ou alors être plus forts et robustes ?
Je tiens aussi à rappeler que la desserte des outre-mer est vitale pour ces territoires, c'est un produit de base, de première nécessité. Sur ce marché, la concurrence est indispensable.
Au regard de tout cela, je pense qu'il est important de vouloir renforcer les compagnies qui assurent ces dessertes aériennes. Cela a beaucoup de sens. Je comprends les appréhensions que peut avoir la région Réunion, mais nous ne parlons pas là d'une fusion des compagnies.
Certes, nous fusionnons le capital des deux compagnies, mais les acteurs conservent leur identité, leur image de marque, leur nom, leur certificat de transport aérien.
Pour la région Réunion, nous avons de quoi donner des assurances sur l'ancrage réunionnais, tout en construisant quelque chose qui a plus de sens sur le plan industriel.
TourMaG.com - Le CIRI a dit qu'il souhaitait une compagnie en capacité de concurrencer Air France et Air Caraïbes...
Pascal de Izaguirre : L'Etat est favorable à cette consolidation, car il y voit beaucoup de sens.
Il n'y voit pas une source de concurrence vis-à-vis d'Air France ou autres, mais plutôt il se dit qu'il va renforcer un tissu économique très fragile. Sur le plan industriel cela permettrait d'avoir quelque chose de plus fort et consolidé.
Le rachat d'Air Austral avec Corsair : "c'est une légende urbaine !"
TourMaG.com - Comment expliquez-vous alors la légende urbaine qui court à la Réunion, comme quoi Corsair va racheter Air Austral ?
Pascal de Izaguirre : C'est une véritable légende urbaine.
Ce n'est pas dans cet état d'esprit que nous appréhendons ce projet. Il y a sans doute la crainte à la Réunion de perdre l'identité locale de la compagnie. Je ne pense pas que ce sera le cas.
Au contraire avec Corsair plus Air Austral, nous créerons un transporteur très important sur les DOM-TOM, je pense que tout le monde a intérêt à renforcer la robustesse de ces compagnies.
Il est nécessaire de rassurer, d'apporter des garanties. Après c'est à la région Réunion de décider ce qu'elle fera d'Air Austral.
TourMaG.com - Hop! est amené à disparaitre pour rendre les marques d'Air France plus lisibles. Comment pensez-vous rester intelligible dans l'esprit du grand public en ayant deux marques distinctes ?
Pascal de Izaguirre : Vous savez, les synergies se font sur le plan commercial et de l'organisation des entreprises.
Souvent, il n'y a pas d'intérêt à faire disparaitre une marque. Dans le cas présent, les deux entités sont très fortes sur leurs propres marchés, avec un attachement de la clientèle.
Il y a un risque à supprimer une marque au détriment des autres.
Si tel est le cas, alors il faudrait un budget marketing très important, car je crains une déperdition. Corsair a une très bonne notoriété, Air Austral aussi dans l'Océan Indien, donc il ne me parait pas évident que nous ayons un quelconque intérêt à supprimer une marque ou même les deux.
Je pense qu'il y a suffisamment de moyens pour créer de la valeur avec les synergies, sans avoir besoin de tout réorganiser.
TourMaG.com - Vous avez des échanges et des liens avec la direction d'Air Austral sur ce sujet et ces craintes ?
Pascal de Izaguirre : Nous avons des relations entre compagnies aériennes. L'actionnariat est une autre dimension.
Le processus enclenché se fait sous l'égide de l'Etat, avec des banques d'affaires et des conseils. C'est une très grosse mécanique qui doit progresser sereinement. Pour l'heure aucune décision définitive n'a été prise.
Pascal de Izaguirre : C'est une véritable légende urbaine.
Ce n'est pas dans cet état d'esprit que nous appréhendons ce projet. Il y a sans doute la crainte à la Réunion de perdre l'identité locale de la compagnie. Je ne pense pas que ce sera le cas.
Au contraire avec Corsair plus Air Austral, nous créerons un transporteur très important sur les DOM-TOM, je pense que tout le monde a intérêt à renforcer la robustesse de ces compagnies.
Il est nécessaire de rassurer, d'apporter des garanties. Après c'est à la région Réunion de décider ce qu'elle fera d'Air Austral.
TourMaG.com - Hop! est amené à disparaitre pour rendre les marques d'Air France plus lisibles. Comment pensez-vous rester intelligible dans l'esprit du grand public en ayant deux marques distinctes ?
Pascal de Izaguirre : Vous savez, les synergies se font sur le plan commercial et de l'organisation des entreprises.
Souvent, il n'y a pas d'intérêt à faire disparaitre une marque. Dans le cas présent, les deux entités sont très fortes sur leurs propres marchés, avec un attachement de la clientèle.
Il y a un risque à supprimer une marque au détriment des autres.
Si tel est le cas, alors il faudrait un budget marketing très important, car je crains une déperdition. Corsair a une très bonne notoriété, Air Austral aussi dans l'Océan Indien, donc il ne me parait pas évident que nous ayons un quelconque intérêt à supprimer une marque ou même les deux.
Je pense qu'il y a suffisamment de moyens pour créer de la valeur avec les synergies, sans avoir besoin de tout réorganiser.
TourMaG.com - Vous avez des échanges et des liens avec la direction d'Air Austral sur ce sujet et ces craintes ?
Pascal de Izaguirre : Nous avons des relations entre compagnies aériennes. L'actionnariat est une autre dimension.
Le processus enclenché se fait sous l'égide de l'Etat, avec des banques d'affaires et des conseils. C'est une très grosse mécanique qui doit progresser sereinement. Pour l'heure aucune décision définitive n'a été prise.
"Tikehau veut se donner une idée de l'appréciation des besoins de financement, en trésorerie et de new money"
TourMaG.com - Il y a 15 jours, vous avez rencontré le CIRI et Tikehau Ace Capital afin de faire un point sur le dossier. Que ressort-il de cette entrevue ?
Pascal de Izaguirre : Je ne ferai pas beaucoup de commentaires à ce sujet.
Tikehau est le candidat du rapprochement potentiel. Il étudie actuellement le dossier, tout en étant en contact avec l'Etat et les différentes parties prenantes. Il est dans la phase d'examen.
TourMaG.com - Aucun plan de développement ne vous a été présenté ? Pourtant il m'a été rapporté que suite à cette visite, Tikehau se montrerait assez réticent par rapport au rapprochement avec Air Austral.
Pascal de Izaguirre : Avant d'en arriver à un développement futur, encore faut-il que le principe de la fusion capitalistique soit approuvé. Pour l'instant comme tout nouvel investisseur, il se concentre sur l'analyse des données économiques, financières et commerciales.
Tikehau veut se donner une idée de l'appréciation des besoins de financement, en trésorerie et de new money, etc. C'est un contexte assez complexe. Nous verrons les prochaines étapes.
Après je n'ai pas rencontré Tikehau avec le CIRI, il n'y a pas eu de réunion tripartite.
TourMaG.com - Ce projet a une dimension politique très forte. Vous êtes en lien constant avec le CIRI, est-ce que le projet de fusion avance positivement ? Malgré la campagne de déstabilisation de la région Réunion...
Pascal de Izaguirre : Honnêtement je n'en sais rien.
Comme vous l'avez si bien dit, la composante politique est assez forte. Tout d'abord je ne suis pas actionnaire. Les actionnaires des deux compagnies doivent approuver ce projet, notamment celui d'Air Austral.
La région Réunion a une position déterminante à ce niveau là.
Pascal de Izaguirre : Je ne ferai pas beaucoup de commentaires à ce sujet.
Tikehau est le candidat du rapprochement potentiel. Il étudie actuellement le dossier, tout en étant en contact avec l'Etat et les différentes parties prenantes. Il est dans la phase d'examen.
TourMaG.com - Aucun plan de développement ne vous a été présenté ? Pourtant il m'a été rapporté que suite à cette visite, Tikehau se montrerait assez réticent par rapport au rapprochement avec Air Austral.
Pascal de Izaguirre : Avant d'en arriver à un développement futur, encore faut-il que le principe de la fusion capitalistique soit approuvé. Pour l'instant comme tout nouvel investisseur, il se concentre sur l'analyse des données économiques, financières et commerciales.
Tikehau veut se donner une idée de l'appréciation des besoins de financement, en trésorerie et de new money, etc. C'est un contexte assez complexe. Nous verrons les prochaines étapes.
Après je n'ai pas rencontré Tikehau avec le CIRI, il n'y a pas eu de réunion tripartite.
TourMaG.com - Ce projet a une dimension politique très forte. Vous êtes en lien constant avec le CIRI, est-ce que le projet de fusion avance positivement ? Malgré la campagne de déstabilisation de la région Réunion...
Pascal de Izaguirre : Honnêtement je n'en sais rien.
Comme vous l'avez si bien dit, la composante politique est assez forte. Tout d'abord je ne suis pas actionnaire. Les actionnaires des deux compagnies doivent approuver ce projet, notamment celui d'Air Austral.
La région Réunion a une position déterminante à ce niveau là.
"Les actionnaires de Corsair sont favorables au projet de reprise"
TourMaG.com - L'actionnariat de Corsair se montre très discret. Quelle est sa position sur ce sujet ?
Pascal de Izaguirre : Il est favorable à ce projet.
Ensuite, il y a un sujet sur la protection des intérêts des actionnaires de Corsair, ce qui est normal et logique. Sur le fonds, il regarde cela positivement, car sur le plan industriel, le projet a beaucoup de sens.
Le monde du transport aérien est très dur.
TourMaG.com - La taille de votre flotte est actuellement bloquée par l'Europe. Est-ce qu'avec le rachat, vous pourriez revoir vos ambitions et augmenter votre nombre d'avions ?
Pascal de Izaguirre : Honnêtement, augmenter une flotte, cela ne se décrète pas. Nous le faisons, si nous identifions des marchés. Pour le moment, nous en sommes pas là.
Notre ligne directrice est claire, nous souhaitons avoir une flotte d'appareils entièrement neufs composé d'A330 Neo, une homogénéité absolue. Je ne vais pas commander si je n'ai pas l'utilité.
Pascal de Izaguirre : Il est favorable à ce projet.
Ensuite, il y a un sujet sur la protection des intérêts des actionnaires de Corsair, ce qui est normal et logique. Sur le fonds, il regarde cela positivement, car sur le plan industriel, le projet a beaucoup de sens.
Le monde du transport aérien est très dur.
TourMaG.com - La taille de votre flotte est actuellement bloquée par l'Europe. Est-ce qu'avec le rachat, vous pourriez revoir vos ambitions et augmenter votre nombre d'avions ?
Pascal de Izaguirre : Honnêtement, augmenter une flotte, cela ne se décrète pas. Nous le faisons, si nous identifions des marchés. Pour le moment, nous en sommes pas là.
Notre ligne directrice est claire, nous souhaitons avoir une flotte d'appareils entièrement neufs composé d'A330 Neo, une homogénéité absolue. Je ne vais pas commander si je n'ai pas l'utilité.
La fusion avec Air Austral se fera-t-elle ? "Je ne fais aucun pronostic"
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TourMaG.com - Est-ce que le CIRI vous alerte de la situation et du possible arrêt du projet, en raison d'un climat social tendu et les déclarations intempestives à la Réunion, contre le projet de fusion capitalistique ?
Pascal de Izaguirre : Non, nous n'avons pas d'alerte du CIRI.
En interne chez nous, toutes les personnes sont favorables à ce projet. Nos salariés savent que sur le plan industriel, la fusion a du sens. Cela nous conforterait et nous rendrait plus robustes.
TourMaG.com - Il reste un mois et demi, êtes vous confiant sur le rapprochement avec Air Austral ?
Pascal de Izaguirre : Je ne fais aucun pronostic.
Un peu comme pour une promesse d'embauche, tant que vous n'avez pas le contrat signé par le DRH, rien n'est fait. Je fais tout mon possible pour faire avancer ce projet.
Maintenant des choses m'échappent. Je dirais que le dossier a été étudié sous toutes les formes et coutures. Je respecte le projet alternatif de la région Région.
Je n'ai aucun élément me permettant de faire un pronostic. C'est un bon projet industriel pour les 2 compagnies, tout le monde doit en être convaincu.
TourMaG.com - Si jamais cela ne se fait pas avec Air Austral, pourriez-vous regarder pour vous rapprocher d'une autre compagnie ?
Pascal de Izaguirre : Nous n'en sommes pas là.
Nous travaillons depuis des mois sur la fusion capitalistique, nous irons jusqu'au bout et nous verrons ce qu'il en sort. Vous ne changez pas votre fusil d'épaule en pleine bataille.
Nous y consacrons beaucoup de temps et d'énergie. Il n'y a pas de situation critique, ce projet n'est pas venu à l'initiative de Corsair, mais de l'Etat.
Pascal de Izaguirre : Non, nous n'avons pas d'alerte du CIRI.
En interne chez nous, toutes les personnes sont favorables à ce projet. Nos salariés savent que sur le plan industriel, la fusion a du sens. Cela nous conforterait et nous rendrait plus robustes.
TourMaG.com - Il reste un mois et demi, êtes vous confiant sur le rapprochement avec Air Austral ?
Pascal de Izaguirre : Je ne fais aucun pronostic.
Un peu comme pour une promesse d'embauche, tant que vous n'avez pas le contrat signé par le DRH, rien n'est fait. Je fais tout mon possible pour faire avancer ce projet.
Maintenant des choses m'échappent. Je dirais que le dossier a été étudié sous toutes les formes et coutures. Je respecte le projet alternatif de la région Région.
Je n'ai aucun élément me permettant de faire un pronostic. C'est un bon projet industriel pour les 2 compagnies, tout le monde doit en être convaincu.
TourMaG.com - Si jamais cela ne se fait pas avec Air Austral, pourriez-vous regarder pour vous rapprocher d'une autre compagnie ?
Pascal de Izaguirre : Nous n'en sommes pas là.
Nous travaillons depuis des mois sur la fusion capitalistique, nous irons jusqu'au bout et nous verrons ce qu'il en sort. Vous ne changez pas votre fusil d'épaule en pleine bataille.
Nous y consacrons beaucoup de temps et d'énergie. Il n'y a pas de situation critique, ce projet n'est pas venu à l'initiative de Corsair, mais de l'Etat.