La Sécheresse est surtout un sujet à moyen terme pour les montagnes françaises -Depositphotos @Tinieder
La France du tourisme est à la fête, les montagnes en tête.
Avec un bilan plus que satisfaisant, supérieur même de 10 points pour les taux d'occupation de l'été, par rapport à ceux constatés en 2019, les professionnels ont vécu une nouvelle belle saison estivale, alors même que les frontières ont rouvert.
"Les vacanciers français et internationaux ont su profiterde la climatisation naturelle qu’offre la montagne, de ses paysages grandioses et des multiples activités," se félicitait Jean-Luc Boch, le président de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM).
En effet, la climatisation a tourné à plein régime et même dans les massifs français. L'été a été chaud, très chaud aussi bien sur les plages que dans les lacs d'altitude.
D'après la dernière étude de Météo France, le manque d'eau des sols reste sévère sur la majeure partie du pays. Le rouge vire même à l'écarlate dans les Alpes.
"Cette sécheresse est devenue la plus intense jamais enregistrée en France avec des valeurs d’humidité des sols superficiels battant des records de faible humidité du 17 juillet au 16 août puis de nouveau à partir du 28 août," déplore le service de météorologie national.
Alors que le pays manque d'eau, les stations répondront-elles toujours aux nouvelles aspirations des voyageurs ?
Avec un bilan plus que satisfaisant, supérieur même de 10 points pour les taux d'occupation de l'été, par rapport à ceux constatés en 2019, les professionnels ont vécu une nouvelle belle saison estivale, alors même que les frontières ont rouvert.
"Les vacanciers français et internationaux ont su profiterde la climatisation naturelle qu’offre la montagne, de ses paysages grandioses et des multiples activités," se félicitait Jean-Luc Boch, le président de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM).
En effet, la climatisation a tourné à plein régime et même dans les massifs français. L'été a été chaud, très chaud aussi bien sur les plages que dans les lacs d'altitude.
D'après la dernière étude de Météo France, le manque d'eau des sols reste sévère sur la majeure partie du pays. Le rouge vire même à l'écarlate dans les Alpes.
"Cette sécheresse est devenue la plus intense jamais enregistrée en France avec des valeurs d’humidité des sols superficiels battant des records de faible humidité du 17 juillet au 16 août puis de nouveau à partir du 28 août," déplore le service de météorologie national.
Alors que le pays manque d'eau, les stations répondront-elles toujours aux nouvelles aspirations des voyageurs ?
Sécheresse en montagne, quelle est la situation ?
Et c'est une question légitime à se poser, alors que le sol du pays est devenu dur comme le tarmac d'aéroport.
D'ailleurs si les maires de montagne n'ont trouvé personne pour répondre à nos questions, il nous est rapporté que l'association va se pencher activement sur le sujet dans les prochains jours.
La situation n'est pas encore critique, mais elle prend une trajectoire qui nous rappelle que la ressource liquide n'est pas infinie.
"Nous sommes toujours en période de sécheresse et cela affecte les ressources en eau qui ne sont toujours pas au niveau pour produire de la neige de culture," révèle Camille Rey Gorrez, la directrice de l'Association Mountain Riders. Le niveau de tension est pour l'heure inconnu.
Une affirmation confirmée par Météo France, même si les chiffres peuvent être très différents d'un versant à un autre.
Le stresse hydrique n'épargne que peu de territoires. Les orages d'août ont permis de rééquilibrer la balance et de passer en vert les Pyrénées-Orientales, sauf que le reste de nos massifs affichent une bien triste couleur rosée, tirant vers le rouge.
Une nuance indiquant que la pluie est en deçà de la normale.
Dans les Alpes, en Savoie et Haute-Savoie, la pluviométrie a été déficitaire de -25 et -50% sur août 2022. Ce n'est pas tout, car le cumul des précipitations efficaces permettant donc de recharger les réserves par infiltrations et écoulements, est largement en dessous de la normale depuis septembre 2021.
De l'aveu même de Hugues François, cela pose déjà problème, "notamment par rapport aux pratiques habituelles de la gestion de l'enneigement.
Quand nous lisons à travers les lignes sur la question de l'eau et des énergies, nous voyons apparaître les 1ers conflits d'usage," estime l'ingénieur de recherche tourisme et système d'information, à l'Inrae.
D'ailleurs si les maires de montagne n'ont trouvé personne pour répondre à nos questions, il nous est rapporté que l'association va se pencher activement sur le sujet dans les prochains jours.
La situation n'est pas encore critique, mais elle prend une trajectoire qui nous rappelle que la ressource liquide n'est pas infinie.
"Nous sommes toujours en période de sécheresse et cela affecte les ressources en eau qui ne sont toujours pas au niveau pour produire de la neige de culture," révèle Camille Rey Gorrez, la directrice de l'Association Mountain Riders. Le niveau de tension est pour l'heure inconnu.
Une affirmation confirmée par Météo France, même si les chiffres peuvent être très différents d'un versant à un autre.
Le stresse hydrique n'épargne que peu de territoires. Les orages d'août ont permis de rééquilibrer la balance et de passer en vert les Pyrénées-Orientales, sauf que le reste de nos massifs affichent une bien triste couleur rosée, tirant vers le rouge.
Une nuance indiquant que la pluie est en deçà de la normale.
Dans les Alpes, en Savoie et Haute-Savoie, la pluviométrie a été déficitaire de -25 et -50% sur août 2022. Ce n'est pas tout, car le cumul des précipitations efficaces permettant donc de recharger les réserves par infiltrations et écoulements, est largement en dessous de la normale depuis septembre 2021.
De l'aveu même de Hugues François, cela pose déjà problème, "notamment par rapport aux pratiques habituelles de la gestion de l'enneigement.
Quand nous lisons à travers les lignes sur la question de l'eau et des énergies, nous voyons apparaître les 1ers conflits d'usage," estime l'ingénieur de recherche tourisme et système d'information, à l'Inrae.
La dernière étude de Météo France sur la sécheresse en France :
Sécheresse : un arbitrage entre les canons à neige et les robinets ?
A commencer par la Suisse. Là-bas, l'hydroélectricité est prégnante dans la production de l'électricité, le débat est en cour sur le rôle accessoire des activités touristiques au regard des possibles pénuries.
Nous n'en sommes pas encore là, de l'autre côté de la frontière. Sauf que, rappelons-nous, cette question s'est déjà posée, par le passé.
"Nous avons déjà connu des périodes de sécheresse, mais pas de façon aussi intense et massive. Pour autant, il est arrivé qu'en février des stations aient choisi entre l'eau potable et la neige de culture.
C'est déjà arrivé," se remémore Camille Rey Gorrez.
En effet, lors de la saison 2006-2007, après une sécheresse historique le maire des Gets refuse la mise en fonctionnement des canons pour protéger les réserves d’eau potable, et éviter tout risque de pénurie.
Et comme le rappelle la thèse d'Élodie Magnier, le directeur de la société d’exploitation des remontées mécaniques s'oppose à cette décision et démissionne. Il faut dire que la dépendance à l'or blanc généré par les canons n'a cessé de grandir en France.
Une décision que nous pourrions voir se reproduire, dans les mois ou les années à venir.
"Sans neige de culture, nos stations ne peuvent pas faire une saison. Et pour produire cette matière première, il nous faut de l'eau, de l'électricité et du froid.
Aujourd'hui en Haute-Savoie, des stations n'ont pas pu remplir leurs réserves collinaires, la situation est critique," prévient Guillaume Desmurs, le cofondateur du Lama Project et auteur de Touche pas au Grisbi.
La question de l'eau est majeure pour l'économie des massifs français mais celle-ci est, pour le moment, reléguée à plus tard.
Nous n'en sommes pas encore là, de l'autre côté de la frontière. Sauf que, rappelons-nous, cette question s'est déjà posée, par le passé.
"Nous avons déjà connu des périodes de sécheresse, mais pas de façon aussi intense et massive. Pour autant, il est arrivé qu'en février des stations aient choisi entre l'eau potable et la neige de culture.
C'est déjà arrivé," se remémore Camille Rey Gorrez.
En effet, lors de la saison 2006-2007, après une sécheresse historique le maire des Gets refuse la mise en fonctionnement des canons pour protéger les réserves d’eau potable, et éviter tout risque de pénurie.
Et comme le rappelle la thèse d'Élodie Magnier, le directeur de la société d’exploitation des remontées mécaniques s'oppose à cette décision et démissionne. Il faut dire que la dépendance à l'or blanc généré par les canons n'a cessé de grandir en France.
Une décision que nous pourrions voir se reproduire, dans les mois ou les années à venir.
"Sans neige de culture, nos stations ne peuvent pas faire une saison. Et pour produire cette matière première, il nous faut de l'eau, de l'électricité et du froid.
Aujourd'hui en Haute-Savoie, des stations n'ont pas pu remplir leurs réserves collinaires, la situation est critique," prévient Guillaume Desmurs, le cofondateur du Lama Project et auteur de Touche pas au Grisbi.
La question de l'eau est majeure pour l'économie des massifs français mais celle-ci est, pour le moment, reléguée à plus tard.
Montagne : le péril de l'or blanc ?
Dans l'immédiat tout le monde s'affaire à atteindre une sobriété qui permettra de skier et à demander des aides de l'Etat pour compenser la démultiplication des tarifs de l'électricité.
"A court terme, ce n'est pas encore un problème qui pose.
Aujourd'hui, la production de la neige de culture est grandement pilotée par les limites de disponibilité de la ressource en eau," estime l'ingénieur.
Face à une ressource en eau de plus en plus stressée, les stations ont dû mettre en place des politiques pour retenir le précieux liquide afin d'alimenter les canons en neige. La gestion s'est affinée et devrait permettre de passer l'hiver sans trop de casse.
Sauf que ces retenues ont, elles-aussi, des limites.
"Le scénario que nous voyons poindre, c'est que les tensions risquent d'apparaître quand nous confronterons les besoins en eau des stations à la reproduction de neige de culture en janvier.
Là effectivement, les prévisions sont vraiment très tendues sur les ressources," car c'est en novembre que la neige de culture sert à préparer les pistes.
Pour les domaines peu dépendants de la neige de culture, la résilience sera plus forte que pour les autres face à une équation à 3 inconnues.
Et sur ces trois paramètres, le contexte est fortement dégradé. Surtout que pour faire face à la problématique, les stations ont trouvé la parade avec les lacs collinaires, des retenues... qui ne trouvent plus grâce auprès des populations locales.
A la Clusaz, une pétition contre le projet a rassemblé plus de 50 000 signatures.
"Le point le plus important est que le sujet a entraîné des manifestations et coalitions citoyennes. Certains responsables ne voient pas venir les changements sociétaux.
Les habitants ne sont pas opposés au ski, ils en vivent, mais ils s'interrogent sur le modèle vendu. Ils en veulent un autre," analyse Guillaume Desmurs.
"A court terme, ce n'est pas encore un problème qui pose.
Aujourd'hui, la production de la neige de culture est grandement pilotée par les limites de disponibilité de la ressource en eau," estime l'ingénieur.
Face à une ressource en eau de plus en plus stressée, les stations ont dû mettre en place des politiques pour retenir le précieux liquide afin d'alimenter les canons en neige. La gestion s'est affinée et devrait permettre de passer l'hiver sans trop de casse.
Sauf que ces retenues ont, elles-aussi, des limites.
"Le scénario que nous voyons poindre, c'est que les tensions risquent d'apparaître quand nous confronterons les besoins en eau des stations à la reproduction de neige de culture en janvier.
Là effectivement, les prévisions sont vraiment très tendues sur les ressources," car c'est en novembre que la neige de culture sert à préparer les pistes.
Pour les domaines peu dépendants de la neige de culture, la résilience sera plus forte que pour les autres face à une équation à 3 inconnues.
Et sur ces trois paramètres, le contexte est fortement dégradé. Surtout que pour faire face à la problématique, les stations ont trouvé la parade avec les lacs collinaires, des retenues... qui ne trouvent plus grâce auprès des populations locales.
A la Clusaz, une pétition contre le projet a rassemblé plus de 50 000 signatures.
"Le point le plus important est que le sujet a entraîné des manifestations et coalitions citoyennes. Certains responsables ne voient pas venir les changements sociétaux.
Les habitants ne sont pas opposés au ski, ils en vivent, mais ils s'interrogent sur le modèle vendu. Ils en veulent un autre," analyse Guillaume Desmurs.
Covid, sécheresse et sobriété : les rendez-vous manqués de la montagne française
Et c'est un peu tout le débat provoqué par la sécheresse, la sobriété énergétique et le covid.
Sauf que dès qu'un grain de sable paralyse les remontées mécaniques ou les mairies, les acteurs se ruent à Paris pour demander des aides.
"Malheureusement, le sujet de l'énergie a repoussé les professionnels de la montagne dans le court terme.
Nous aurions plutôt besoin de regarder loin devant, pour gérer sur un temps plus long ces sujets, mais ce n'est pas vraiment le cas" peste Camille Rey Gorrez, la directrice de l'Association Mountain Riders.
C'est aussi tout le problème des retenues collinaires qui repoussent encore de quelques années le débat sur le développement centré autour du tout ski. Et encore nous ne parlons pas des impacts sur le ruissellement de l'eau, la biodiversité, les villages en contrebas, etc.
Pour Guillaume Desmurs, le cofondateur du Lama Project, la montagne française est arrivé au bout d'un modèle, sans préparer la suite.
"Nous devons prendre des décisions basées sur les faits et non une idéologie. Une seule station a réfléchi sur l'après ski, c'est Métabief. A aucune moment le modèle n'a été questionné.
Nous devons tous nous se mettre autour d'une table pour savoir quel business modèle nous voulons dans 10 ans."
A lire : Réchauffement climatique : fin du ski pour la moyenne montagne en 2030 ? Le cas d'école de Métabief
Bien souvent dans les médias, le débat de la hausse foudroyante des coûts n'a comme perspective que l'hiver à venir. La question est de savoir si les remontées pourront ouvrir et les skieurs dévaler les pentes.
Rares sont ceux qui regardent plus loin, alors que l'année 2022 ressemble de plus en plus à une répétition générale des saisons futures.
"L'impact du changement climatique sur le tourisme ce n'est pas tant le problème que les impacts du tourisme sur le changement climatique. L'activité est fondée sur la mobilité.
Aujourd'hui la dépendance de nos territoires au tourisme, pose la question de la contribution de la montagne à l'effort de réduction des gaz à effet de serre," interpelle Hugues François.
La succession des crises doit amener les acteurs et les habitants à répondre à cette interrogation : demain, comment voulons-nous vivre en montagne ?
Sauf que dès qu'un grain de sable paralyse les remontées mécaniques ou les mairies, les acteurs se ruent à Paris pour demander des aides.
"Malheureusement, le sujet de l'énergie a repoussé les professionnels de la montagne dans le court terme.
Nous aurions plutôt besoin de regarder loin devant, pour gérer sur un temps plus long ces sujets, mais ce n'est pas vraiment le cas" peste Camille Rey Gorrez, la directrice de l'Association Mountain Riders.
C'est aussi tout le problème des retenues collinaires qui repoussent encore de quelques années le débat sur le développement centré autour du tout ski. Et encore nous ne parlons pas des impacts sur le ruissellement de l'eau, la biodiversité, les villages en contrebas, etc.
Pour Guillaume Desmurs, le cofondateur du Lama Project, la montagne française est arrivé au bout d'un modèle, sans préparer la suite.
"Nous devons prendre des décisions basées sur les faits et non une idéologie. Une seule station a réfléchi sur l'après ski, c'est Métabief. A aucune moment le modèle n'a été questionné.
Nous devons tous nous se mettre autour d'une table pour savoir quel business modèle nous voulons dans 10 ans."
A lire : Réchauffement climatique : fin du ski pour la moyenne montagne en 2030 ? Le cas d'école de Métabief
Bien souvent dans les médias, le débat de la hausse foudroyante des coûts n'a comme perspective que l'hiver à venir. La question est de savoir si les remontées pourront ouvrir et les skieurs dévaler les pentes.
Rares sont ceux qui regardent plus loin, alors que l'année 2022 ressemble de plus en plus à une répétition générale des saisons futures.
"L'impact du changement climatique sur le tourisme ce n'est pas tant le problème que les impacts du tourisme sur le changement climatique. L'activité est fondée sur la mobilité.
Aujourd'hui la dépendance de nos territoires au tourisme, pose la question de la contribution de la montagne à l'effort de réduction des gaz à effet de serre," interpelle Hugues François.
La succession des crises doit amener les acteurs et les habitants à répondre à cette interrogation : demain, comment voulons-nous vivre en montagne ?
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Terrible évolution de l’Indice @meteofrance d’humidité des sols depuis 1er avril en Haute-Savoie @Dep_74 : passage en 15 jours d’un niveau « correct » - sec ~1 année/5 en avril et début mai grâce à 3 épisodes humides- à un actuel niveau égalant les records de sécheresse… pic.twitter.com/u56nENFCAY
— Serge Taboulot (@sergetab) May 26, 2022