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Futuroscopie - Les nouvelles façons de travailler conditionnent la façon de prendre des congés 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Le temps, le sens et la qualité du travail ont toujours conditionné les pratiques vacancières. Alors qu’une véritable révolution est en cours dans nos façons de travailler, le tout sur fond d’urgence climatique, les modes de consommation des vacances et des voyages se modifient et pourraient se modifier encore plus, si les entreprises adoptaient de nouvelles mesures comme le Temps de trajet responsable (TTR) ou les vacances illimitées. Panorama…


Rédigé par le Jeudi 30 Mars 2023

De nouvelles formes de congés émergent pour répondre aux besoins des salariés - Depositphotos.com Auteur Tzido
De nouvelles formes de congés émergent pour répondre aux besoins des salariés - Depositphotos.com Auteur Tzido
… Alors que les congés de printemps donnent envie de faire une escapade, par souci de rapidité, c’est l’avion qui est le plus souvent privilégié d’autant que ses tarifs sont souvent plus concurrentiels que ceux du train ou de la voiture, ou encore du train + la location de voiture à l’arrivée.

Mais, comme tout le monde l’a remarqué, le train c’est long. Et les trajets qu’il propose, en dépit des performances de la grande vitesse, occupent souvent une part trop importante du séjour.

Quant à l’avion, il est la solution la plus rapide. Sauf qu’il pollue ! Répétons-le : selon l’Ademe, un aller-retour Paris-New York représente 20% des émissions annuelles de CO2 d’un Français moyen !

Plus généralement, on admet qu’un passager en avion émet 20 fois plus de CO2 par kilomètre qu’un passager en train !


Des congés éco-responsables pourraient dynamiser le train

C’est pourquoi une entreprise française, Ubiq, expérimente depuis fin février les TTR, Temps de Trajet Responsable. Une formule qui permet aux salariés de poser des congés en plus, s’ils présentent la preuve qu’ils voyageront de façon responsable pendant ceux-ci. C’est-à-dire en train ou en covoiturage plutôt qu’en avion ou voiture individuelle. Une belle idée !

Mais, combien de congés en plus est obtenu par le salarié ? Le Temps de Trajet Responsable permet en réalité d’obtenir un jour tous les 6 mois, soit deux jours au maximum par an qui peuvent aussi être pris en plusieurs demi-journées pour plus de flexibilité. « Cela s’applique donc notamment aux voyages en Europe en train » précise un responsable d’Ubiq (cité par ID Durable. ).

Ainsi, plusieurs voyages ont été entrepris par les salariés de l’entreprise. Jusqu’à Milan par exemple, ce voyage a, selon le calculateur de l’Ademe, une empreinte carbone en avion de 147 kg CO2e contre seulement 2kg CO2e pour le train.

Mais, avec une durée rallongée de 1h25 à 7h48, il offre une lenteur que le salarié est invité à ne pas utiliser pour travailler mais pour se détendre et profiter pleinement de son week-end à impact carbone limité. Une bonne façon d’être cohérent avec les démarches de RSE des entreprises et le nouvel esprit de liberté revendiquée par les salariés.

… Bien que cette initiative soit médiatisée, avouons cependant qu’elle fait encore peu d’émules tandis qu’au Royaume-Uni, la campagne « Climate Perks » qui encourage de la même façon les entreprises à accorder aux salariés deux jours de congés par an pour leurs voyages personnels responsables, se développe tout doucement.

Pourtant, 50% en moyenne des interviewés de différentes enquêtes se disent prêts à réduire leurs vols pour protéger l’environnement, à condition de trouver un trajet en train suffisamment attractif en termes de durée !

Quant au coût de cette mesure, il s’élève de 600 à 700 euros par salarié et par an. L’équivalent jour d’un salarié classique d’une entreprise. Mais, c’est sans doute, le prix à payer pour que de nouveaux jeunes talents à l’avenir, soient attirés par des entreprises vertueuses, concernées par les problèmes climatiques et environnementaux.

Des congés illimités pourraient favoriser le bien-être des salariés

Autre exemple plus ancien allant dans le même sens et qui marche : les vacances illimitées. Lancées il y a déjà quelques années par des entreprises de la Silicon Valley (comme Netflix ou LinkedIn), ces expériences consistent à laisser les salariés prendre des congés illimités sans perte de salaires. Le rêve absolu !

Mais, bien évidemment, le salarié n’est pas en roue libre. Il est tenu de télétravailler et de fournir des preuves de son activité et surtout de sa productivité. Ce qui, finalement, ne semble pas incompatible car, de nombreux psychologues du travail ont bien constaté que la productivité explose quand les salariés peuvent travailler à leur vitesse et s’octroyer le temps de repos nécessaire à leurs biorythmes.

Certes, la législation américaine en matière de vacances n’est pas la même qu’en France où tout salarié a droit à 5 semaines de congés payés contre 10 jours aux USA. Mais, les start-ups de l’Hexagone qui ont adopté la formule ne regrettent pas leurs stratégies, sachant elles aussi à quel point le bien-être au travail est indispensable à la réussite.

De plus, beaucoup remarquent peu d’abus en la matière et y voient une manière de gérer de façon plus responsable leurs équipes. Sans compter que celles-ci économisent nombre de déplacements domicile-travail donc un volume important de CO2.

Les temps de travail revisités, c’est plus de liberté

En fait, dans un monde de plus en plus changeant, il est acquis que le monde du travail de demain changera de plus en plus. Non seulement, en termes de contenu des tâches à accomplir, mais aussi en termes de rythmes.

On le sait, l’entreprise de demain déjà acquise au télétravail de ses salariés (une révolution dont nous voyons tous les jours les effets, y compris sur le tourisme), laissera à chacun la possibilité d’organiser son temps comme il l’entend.

Lire aussi : Pour une révolution des politiques RH du tourisme en France

Contre une hiérarchie verticale et rigide où les chefs fixeraient unilatéralement les moments chômés et les moments de labeur, il faudra bientôt que les salariés puissent construire un rythme de travail qui leur corresponde.

Bref, il faudra qu’ils puissent bénéficier d’une plus grande liberté. Encore faudra-il que les termes de l’accord entre employeur et employé soient clairs et ne prêtent pas à conflits.

Autre réflexion à tirer de ces exemples : l’implication environnementale de l’entreprise. Sur ce sujet encore, on le sait, on ne pourra plus très longtemps faire l’économie d’un management prenant en compte le bien-être du salarié et celui de la planète !

Les entreprises touristiques en priorité, devraient d’ailleurs appliquer cette nouvelle donne.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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