Agences de voyages : le retour en force avant le retour en grâce ? [ABO]

Quoi de mieux qu’une convention ou un congrès pour faire le point ?

La semaine dernière, Havas Voyages réunissait ses franchisés au Cap, en Afrique du Sud.

L’occasion pour les participants de se tenir au courant des dernières nouveautés, de découvrir la destination, mais aussi et surtout d’échanger. « Parfois, on se sent esseulés dans nos agences et on se demande si on est les seuls à ramer », nous confiait une responsable.

Entre la concurrence (déloyale), l’évolution des outils technologiques et les nouveaux comportements d’achats, nombre d'entre eux se sentent désemparés.

Ainsi, chaque excursion, chaque repas de cette convention a été l’occasion pour les franchisés de vider leur sac, et de se laisser aller aux confidences. Ils ont râlé, ils ont échangé leurs bons tuyaux et sont repartis plus armés que jamais !

A juste titre, car ces derniers mois, les professionnels ont sorti l’artillerie lourde pour prouver leur valeur ajoutée !

A commencer par les Entreprises du Voyage et leur nouveau site « Stop Arnaque » : déjà 4 millions de vues sur les réseaux sociaux et peut-être une campagne au niveau national dès l'année prochaine.

Si l’initiative a fait du bruit jusque dans les ministères, espérons qu’elle en fera tout autant auprès du grand public ! Et que les voyageurs y réfléchiront à deux fois avant de réserver leurs vacances auprès d’un Instagrameur, d’une DMC basée à Pétaouchnok ou d’une plateforme de mise en relation non immatriculée… (je vous laisse compléter la liste).

Espérons aussi que les DDPP et la DGCCRF seront plus à l'écoute et sensibles aux alertes concernant le commerce illégal…

Si elle n’est pas hors la loi, la réduction de 9% à 13% accordée par les TO aux CSE sur des plateformes telles la Macif ou C.G.O.S continue aussi à faire grincer des dents, notamment du côté de Marietton.

Même si son président reconnaît y participer, dans une moindre mesure avec ses TO maison, il semblerait qu’une riposte se prépare, dans le but de récupérer une partie du milliard d’euros (estimé) qui échappe au circuit des agences traditionnelles.

Faudra-t-il en arriver au boycott ? Et surtout, les agences accepteront-elles d’y prendre part ?

Lire aussi : Selectour : pourquoi les TO ne se priveront pas de la MACIF et des CE

Car contrairement aux agriculteurs ou infirmiers, les agences de voyages ne sont pas réputées défendre leur revendications communes : on les a rarement vu descendre dans la rue pour manifester.

Mais depuis la pandémie, certains patrons de réseaux ont su « infiltrer » les plus hautes sphères politiques et patronales et leur travail de lobbying commence aussi à porter ses fruits, comme du temps de la mise en place du bon à valoir.

Même face à la toute puissante IATA, la distribution française trouve des parades. Ainsi, les agences du GIE ASHA qui ne disposent pas de l'agrément sont invitées à s’appuyer sur le B2B Wallet d’Amadeus pour pouvoir émettre leurs billets, tout en étant protégées en cas de faillite de la compagnie aérienne !

Enfin, après la révolution du commerce en ligne, il y a 30 ans, les agences de voyages sont face à un nouveau défi de taille : la déferlante de l’intelligence artificielle.

Comme jadis, elles devront s'adapter si elles ne veulent pas se faire engloutir.

Mais s’il y a deux ans, l’IA et ChatGPT suscitaient bien des inquiétudes, aujourd’hui les distributeurs commencent à les apprivoiser pour améliorer leur productivité. Mails personnalisés, retranscriptions d’entretiens clients, génération de carnets de voyage, devis améliorés, aide à la préparation pour les appels d’offres... les agences disposent d’une nouvelle opportunité d'économiser du temps afin de faire ce qu’elles font de mieux : du service au client… avec en plus, toutes les garanties requises !

Bonne nouvelle aussi : un peu partout dans le monde, les distributeurs sont de plus en plus reconnus pour leur expertise. Les consommateurs qui autrefois voulaient tout faire par eux-mêmes, font face à la complexité des procédures. Oui, agent de voyages c'est un métier, n'en déplaise aux grincheux.

Et pan dans les dents de tous les détracteurs !