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"Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir..."

L’édito d'Adriana Minchella, Rédactrice en chef du MemberShip by TourMaG.com


Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir", écrivait La Fontaine dans "Les Animaux malades de la peste». Au sortir de la pandémie cette maxime tombe à pic ! Pourquoi ? La durée exceptionnellement longue de cette crise mondiale jamais vécue auparavant - sauf pendant le dernier conflit mondial -nous a permis d’être très rapidement au contact du monde politique et d’y rester depuis quinze mois de façon permanente.


Rédigé par Adriana Minchella le Dimanche 13 Juin 2021

Certes nous avions eu, par le passé, l’occasion de nous frotter aux Ministres et à leurs cabinets mais jamais avec une telle fréquence et une même intensité.

Et nous avons beaucoup appris. La charge du bien public et celle de l’intérêt général imposent des raisonnements complexes qui à l’once de l’équité et de l’équilibre, génèrent parfois des décisions surprenantes, souvent mal adaptées et jugées toujours trop lentes quand la situation impose une grande réactivité.

Dans un état de droit bien structuré - et la France dans ce domaine l’est - une décision économique, sociale, fiscale doit être validée par plusieurs ministères avant que de pouvoir être exécutée.

Le simple citoyen ne comprend pas et s’impatiente, le professionnel plus sensible à la réalité du management ne comprend pas tout mais accepte l’atermoiement si le temps de réaction est raisonnable en faisant taire les ultra de son camp.

L’économie et le social sont les deux premiers leviers actionnés pour compenser les pertes et adapter les entreprises à la baisse drastique de chiffre d’affaire et d’activité.

En France, l’état providence combat l’épidémie tout en continuant à jouer un rôle protecteur pour les entreprises. Un exercice délicat et difficile où les critères de capacités hospitalières, de protection des personnes âgées, de sauvegarde des emplois, de vaccination se croisent et se mélangent pour enfin donner une réponse pas toujours évidente du côté de celui qui subit et joue sa propre existence professionnelle.

Et nous, professionnels du tourisme devant la dégradation de la situation, la disparition de notre trésorerie, le mur des remboursements des avoirs générés par l’ordonnance du 25 mars nous piaffons, invectivons et finalement nous résignons car au bout du bout si l’on a la chance d’obtenir quelque chose.

Ce sera autant de gagné pour tenter de sauver nos entreprises et conserver nos équipes en attendant des jours meilleurs. Moralement et psychologiquement nous nous consolons en comparant notre sort à celui de nos confrères étrangers dont la plupart sont sans aucune ressource ou si symboliques qu’elles peuvent être assimilées à des aumônes.

La création d’un ministère du tourisme en France ne résoudrait rien

Ce constat étant établi il est à noter qu'à ce stade nous avons noté plusieurs phénomènes intéressants:

- Dans ce contexte, les décisions globales sont souvent mal adaptées et plutôt orientées en faveur des activités qui disposent du plus grand poids socio-économique (dans notre cas, le secteur tourisme représente plus d’un million d’emplois quand on décompte ceux de l’hôtellerie et de la restauration, alors que pour l’ensemble des immatriculés Atout France - Agences de Voyages - le chiffre est autour de 30 000)
On a vite compris les difficultés dans lesquelles nos institutions se débattent et notre Secrétaire d’Etat avec elles !

- Bien réel mais pas forcément nouveau, la méconnaissance de notre secteur, de ses spécificités, de sa fiscalité, de ses mécanismes.
On passe de longue heures à informer et former… les «dircab» et les assistants parlementaires à nos réalités, nos droits et nos devoirs.

De son côté notre syndicat professionnel au contact du ministre de tutelle participe aux différents comités et organes de décision (comité de filière tourisme) et appuie, suggère et propose en permanence des solutions adaptées.

Après tant d’années d’existence, on peut être mécontent de l’efficacité d’un tel système voire franchement en colère, mais c’est comme çà et il faut faire avec, et selon notre expérience la création d’un ministère du tourisme en France ne résoudrait rien.

Seul un poste de Haut-Commissaire au Tourisme sous l’autorité du Premier Ministre aurait des chances d’améliorer l'efficacité globale du système. Il faudra également que nos dirigeants et une grande partie de nos élus acceptent la réalité de notre activité tant sur le loisirs que sur le voyage d’affaire qui est orientée majoritairement à l’export donc moins concernée par le Tourisme en France sous toute ses formes. Un secteur économique générant des revenus importants participant au développement économique de notre pays et au bien-être des français.

- La durée exceptionnelle de cette crise a ravagé le tissu économique au plan national mais par répercussion également au plan local et nos agences qui sont les troisième commerces les plus présents dans les centre-ville, ont pris aux yeux des élus locaux (Maires, Députés et Sénateurs) une plus grande importance et suscité des réactions en faveur de la défense de nos intérêts.

La chance a voulu que par l’intermédiaire d’une députée de la majorité présidentielle nous avons pu commencer à travailler avec le monde politique et avons très rapidement constaté à la fois ses lacunes et sa motivation à porter nos demandes en les reformulant en termes adaptés à leur univers si particulier.

« Quand l’information passe, les intérêts de la profession avancent »

Les députés disposent d’un droit fondé sur la responsabilité ministérielle vis à vis du parlement, celui de poser des questions ouvertes au gouvernement ainsi que de constituer des groupes pouvant porter des sujets précis.

Dans notre cas: l’attitude des compagnies aériennes en matières de remboursement des vols annulés, les remboursement des avoirs émis, la situation financière des agences, l’utilisation des chèques vacances par les agences de voyages…

Ils peuvent écrire directement aux ministres concernés et les interpeler sur des sujets et faire ainsi, en quelque sorte, pression sur les ministres pour obtenir des réponses et des décisions adaptées et rapides.

Cette capacité à informer très régulièrement les élus, nous semble fondamentale et doit perdurer dans le futur. « Quand l’information passe, les intérêts de la profession avancent.»

Pour preuve, nous constatons avec satisfaction l’accès aux indemnités et aux compensations des statuts spéciaux comme les TNS et les gérants de sociétés pour lesquels nous nous sommes battus et la toute dernière prise de position du Ministre des Transport à l’encontre des compagnies qui refusent toujours le remboursements des billets émis et non volés.

En parfaite coordination et concertation avec les représentants de nos associations professionnelles, nous avons aujourd’hui la certitude d’avoir provoqué chez les politiques un intérêt qui s’est transcrit par des initiatives et des actions au niveau de la représentation nationale suivies de décisions qui nous conviennent.

Détermination, pugnacité et ténacité sont les maîtres-mots dans ces phases de négociations, d’arbitrage et de prises de décisions et nous avons le sentiment d’avoir joué pleinement notre rôle.

Si, comme le dit Lao-Tseu « l'échec est le fondement de la réussite» nous sommes satisfaits d’avoir œuvré et de continuer à œuvrer au bien commun et constatons avec satisfaction, que sans être puissants aux yeux de nos gouvernants, nous sommes suffisamment importants pour que leurs jugements nous soient en grande partie favorables.

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