"je ne suis pas d'avis qu'il faille boycotter les USA, mais y porter la contradiction" selon Jean-François Rial - Depositphotos @rogistok
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Le 20 janvier 2025, le monde a connu un sévère coup de froid et s'est presque arrêté de tourner.
L'investiture du 47e président des États-Unis n'a pu se faire en extérieur, en raison d'un thermomètre durablement bloqué sous la barre de 0 degré et une épaisse couche de neige.
Et cette sensation de froid glacial a été renforcée par les multiples décrets signés ce même jour par Donald Trump.
Désormais il faudra faire sans les USA pour combattre le réchauffement climatique, puisque le pays se retire de l'Accord de Paris. Pour faire bon poids, il quitte aussi dans la foulée l'OMS, et rajoute Cuba sur la liste des pays terroristes.
Le Golfe du Mexique est rebaptisé le Gofle de l’Amérique et l'état d'urgence est décrété à la frontière du Mexique.
"En toute honnêteté, j'ai plus peur de l'effet Trump que des évènements climatiques, comme les incendies qui sévissent en Californie. Lors de Trump I, j'étais déjà pas mal inquiet, mais ça n'avait pas chamboulé nos clients.
En revanche, je ne sais pas ce qu'il va se passer sous Trump II, il est un peu dingue...
Je suis d'origine canadienne et ses allusions au Canada me font moyennement rire," lâche un Jean Eustache, moins inquiet qu'en 2017 pour son business, mais songeur tout de même sur les frontières de son pays de naissance.
Donald Trump : "une catastrophe globale" pour les professionnels du voyage
Pour ceux qui auraient loupé un épisode, le milliardaire américain ne cesse d'affirmer depuis la fin de l'année 2024, que le pays à l'érable devrait devenir le 51e état américain.
Et l'investiture présidentielle n'y a rien changé. Il est revenu à la charge vantant les bénéfices sur la santé des Canadiens de l'implémentation du pourtant très critiqué modèle de social US.
"En tant que professionnel du voyage, la première chose que j'ai envie de dire : c'est que ça représente une catastrophe globale pour toutes les valeurs que nous défendons. Son arrivée au pouvoir est une très mauvaise nouvelle.
Je me méfie toujours de la prédictivité et de l'anticipation trop rapide des conséquences de ses grandes annonces, alors qu'il enchaine les annonces toutes plus négatives les unes que les autres.
Pour le tourisme, la pire est celle du retour de Cuba parmi la liste des pays terroristes. Nous avons espéré pendant seulement 7 jours, que le pays aille mieux pour relancer l'afflux de voyageurs," se désespère Yann Wulser, le PDG du groupe Altaï.
A lire sur le sujet : Présidentielle USA : quid des enjeux, selon Pascal Boniface ?
Avant la pandémie, la plus grande île des Caraïbes accueillait plus de 4 millions de voyageurs. Cinq ans plus tard et des entraves administratives américaines, ce chiffre a été divisé par deux.
Les hôtels sont vides et l'économie exsangue.
S'il est un sous-domaine de l'industrie du tourisme, où la présidence de Trump pourrait avoir des conséquences négatives, c'est sur les voyages scolaires.
"Pendant son 1er mandat, on avait subi une baisse de 20% sur les ventes de nos séjours linguistiques pour les jeunes aux USA.
On s'attend, en effet, à un ralentissement des réservations.
En tant que parent, le jugement sur un pays et sa situation politique conditionnent beaucoup de choses y compris la décision d'y envoyer ou non son enfant.
Nos voyageurs n'y vont pas pour voir ou consommer, mais pour vivre et participer au quotidien d'une famille locale," partage Jean-Antoine Texier, le directeur général d'Horizons du Monde.
Pour son concurrent, Xavier Obert, Trump I avait généré une légère désaffection de la destination. Quatre ans plus tard, il s'attend à moins de remous dans les carnets de commandes.
Et l'investiture présidentielle n'y a rien changé. Il est revenu à la charge vantant les bénéfices sur la santé des Canadiens de l'implémentation du pourtant très critiqué modèle de social US.
"En tant que professionnel du voyage, la première chose que j'ai envie de dire : c'est que ça représente une catastrophe globale pour toutes les valeurs que nous défendons. Son arrivée au pouvoir est une très mauvaise nouvelle.
Je me méfie toujours de la prédictivité et de l'anticipation trop rapide des conséquences de ses grandes annonces, alors qu'il enchaine les annonces toutes plus négatives les unes que les autres.
Pour le tourisme, la pire est celle du retour de Cuba parmi la liste des pays terroristes. Nous avons espéré pendant seulement 7 jours, que le pays aille mieux pour relancer l'afflux de voyageurs," se désespère Yann Wulser, le PDG du groupe Altaï.
A lire sur le sujet : Présidentielle USA : quid des enjeux, selon Pascal Boniface ?
Avant la pandémie, la plus grande île des Caraïbes accueillait plus de 4 millions de voyageurs. Cinq ans plus tard et des entraves administratives américaines, ce chiffre a été divisé par deux.
Les hôtels sont vides et l'économie exsangue.
S'il est un sous-domaine de l'industrie du tourisme, où la présidence de Trump pourrait avoir des conséquences négatives, c'est sur les voyages scolaires.
"Pendant son 1er mandat, on avait subi une baisse de 20% sur les ventes de nos séjours linguistiques pour les jeunes aux USA.
On s'attend, en effet, à un ralentissement des réservations.
En tant que parent, le jugement sur un pays et sa situation politique conditionnent beaucoup de choses y compris la décision d'y envoyer ou non son enfant.
Nos voyageurs n'y vont pas pour voir ou consommer, mais pour vivre et participer au quotidien d'une famille locale," partage Jean-Antoine Texier, le directeur général d'Horizons du Monde.
Pour son concurrent, Xavier Obert, Trump I avait généré une légère désaffection de la destination. Quatre ans plus tard, il s'attend à moins de remous dans les carnets de commandes.
Donald Trump : "il ne faut pas boycotter" selon JF Rial
"En réalité, ce qui influence davantage les réservations, c’est le pouvoir d’achat des Français. Le coût de la vie aux États-Unis, combiné au taux de change euro/dollar, rend le séjour plus cher, et ça, c’est un vrai sujet pour les familles.
Si la politique joue indéniablement un rôle, elle est moins déterminante que l’aspect économique et aujourd’hui, c’est un peu compliqué pour beaucoup de Français," relativise le président de Go&Live Group.
D'ailleurs la destination est en progression chez le voyagiste, par rapport à 2024.
Et alors que certains voyageurs se posent la question de boycotter ou non, d'autres patrons militent pour ne pas abandonner les USA.
Dans un monde de plus en plus binaire, la nuance et la contradiction doivent se frayer un chemin.
"C’est un désastre pour le monde, pour l’humanisme, pour l’universalisme, pour les femmes, pour la civilisation. Et je pense aussi que nous prenons le chemin d'une société qui repose sur la loi du plus fort et non du droit.
Par contre je ne suis pas pour boycotter la destination, mais au contraire, il faut s'y rendre et porter la contradiction. Je ne vois pas à quoi cela sert de ne pas y aller.
C’est comme ceux qui veulent quitter Tweeter (devenu X, ndlr), ça sert à quoi ?" questionne Jean-François Rial, le PDG de Voyageurs du Monde.
Seule une infime partie de la population se posera cette question, quelques professionnels s'interrogent sur leur rôle, lorsque les clients réfléchissent sur leurs prochaines destinations.
D'ailleurs le débat a été amené par Myriam Tord, sur le fait que voyager doit-il être un acte d’engagement politique ? L'agent de voyages estime que son rôle est de sensibiliser, d’informer et d’éduquer ses clients afin qu’ils puissent choisir et voyager en conscience.
Comme dans la mode ou l'alimentation, allons-nous vers une révolution de b[voyacteur]b ?
"Indépendamment de ce qu’on peut en penser en général, le tourisme est, mais pas seulement, un élément de consommation, voire de surconsommation…
Je ne vois pas pourquoi, il ne relèverait pas de ce type d’approche, au contraire même car, pour faire évoluer le secteur, je pense que le touriste a aussi des responsabilités,"estime Rémy Knafou.
Selon les données de Google, nous remarquons que l'intérêt de nos concitoyens pour la destination est moindre, notamment depuis la mi-décembre, où les "demandes de voyages" sont souvent en-dessous des niveaux de ceux de l'année précédente.
Un retrait que constate aussi Misterfly, où les réservations sont en baisse de 3,5% en ce début d'année. Le secteur serait plutôt attentiste, les clients réfléchissent avant de prendre leur décision finale.
Une tendance inconnue chez Resaneo, où New York a même gagné 2 places depuis le 4 novembre, passant de la 4e à 6e.
Si la politique joue indéniablement un rôle, elle est moins déterminante que l’aspect économique et aujourd’hui, c’est un peu compliqué pour beaucoup de Français," relativise le président de Go&Live Group.
D'ailleurs la destination est en progression chez le voyagiste, par rapport à 2024.
Et alors que certains voyageurs se posent la question de boycotter ou non, d'autres patrons militent pour ne pas abandonner les USA.
Dans un monde de plus en plus binaire, la nuance et la contradiction doivent se frayer un chemin.
"C’est un désastre pour le monde, pour l’humanisme, pour l’universalisme, pour les femmes, pour la civilisation. Et je pense aussi que nous prenons le chemin d'une société qui repose sur la loi du plus fort et non du droit.
Par contre je ne suis pas pour boycotter la destination, mais au contraire, il faut s'y rendre et porter la contradiction. Je ne vois pas à quoi cela sert de ne pas y aller.
C’est comme ceux qui veulent quitter Tweeter (devenu X, ndlr), ça sert à quoi ?" questionne Jean-François Rial, le PDG de Voyageurs du Monde.
Seule une infime partie de la population se posera cette question, quelques professionnels s'interrogent sur leur rôle, lorsque les clients réfléchissent sur leurs prochaines destinations.
D'ailleurs le débat a été amené par Myriam Tord, sur le fait que voyager doit-il être un acte d’engagement politique ? L'agent de voyages estime que son rôle est de sensibiliser, d’informer et d’éduquer ses clients afin qu’ils puissent choisir et voyager en conscience.
Comme dans la mode ou l'alimentation, allons-nous vers une révolution de b[voyacteur]b ?
"Indépendamment de ce qu’on peut en penser en général, le tourisme est, mais pas seulement, un élément de consommation, voire de surconsommation…
Je ne vois pas pourquoi, il ne relèverait pas de ce type d’approche, au contraire même car, pour faire évoluer le secteur, je pense que le touriste a aussi des responsabilités,"estime Rémy Knafou.
Selon les données de Google, nous remarquons que l'intérêt de nos concitoyens pour la destination est moindre, notamment depuis la mi-décembre, où les "demandes de voyages" sont souvent en-dessous des niveaux de ceux de l'année précédente.
Un retrait que constate aussi Misterfly, où les réservations sont en baisse de 3,5% en ce début d'année. Le secteur serait plutôt attentiste, les clients réfléchissent avant de prendre leur décision finale.
Une tendance inconnue chez Resaneo, où New York a même gagné 2 places depuis le 4 novembre, passant de la 4e à 6e.
France et Europe : "un afflux massif de touristes US"
Pour l'heure, il est encore trop tôt pour connaître l'impact du retour de Trump au pouvoir, sur les envies de départ des Français, ni même s'il aura plus d'impact qu'un dollar fort par rapport à l'euro ou du décrochage économique de l'Europe.
"Les clients ne nous en parlent que très peu pour ne pas dire jamais.
Il a son le caractère et ses défauts, mais il est orienté pro-business et ne prendra pas de mesures qui impacteront le tourisme. Le secteur est tellement loin de ses préoccupations... il n'en a rien à faire !" tempère Remi Vénitien, responsable de production de TUI France.
Celui qui est aussi le président de l'Office du Tourisme des USA s'attend à une excellente année pour la destination, voire même un très grand cru. Certains circuits afficheraient déjà complet en septembre 2025, il est nécessaire de doubler les dates.
La plus grande inquiétude pour cet expert, comme pour ses confrères, réside plutôt dans le décrochage de l'euro par rapport au dollar, plus largement de l'économie française comparativement à celle américaine.
Entre 2008 et 2023, le PIB de la France a plafonné (seulement +0,4%) alors qu'outre-Atlantique il s'est envolé (+30%).
Le nerf de la guerre reste les cordons de la bourse et non les frasques présidentielles.
"Un des premiers effets que nous allons devoir étudier : la capacité de l'euro à résister au dollar.
Le cas le plus probable est que le billet vert devienne très fort. Cela sera négatif pour les touristes français qui voyagent à l'étranger, notamment dans les destinations où nous achetons en dollars et dont les prix vont augmenter.
A l'inverse, sur l'incoming, il est très probable, que les Américains auront un pouvoir d'achat encore plus important. Nous risquons d'avoir un afflux massif de touristes US en Europe," poursuit le patron d'Altaï.
"Les clients ne nous en parlent que très peu pour ne pas dire jamais.
Il a son le caractère et ses défauts, mais il est orienté pro-business et ne prendra pas de mesures qui impacteront le tourisme. Le secteur est tellement loin de ses préoccupations... il n'en a rien à faire !" tempère Remi Vénitien, responsable de production de TUI France.
Celui qui est aussi le président de l'Office du Tourisme des USA s'attend à une excellente année pour la destination, voire même un très grand cru. Certains circuits afficheraient déjà complet en septembre 2025, il est nécessaire de doubler les dates.
La plus grande inquiétude pour cet expert, comme pour ses confrères, réside plutôt dans le décrochage de l'euro par rapport au dollar, plus largement de l'économie française comparativement à celle américaine.
Entre 2008 et 2023, le PIB de la France a plafonné (seulement +0,4%) alors qu'outre-Atlantique il s'est envolé (+30%).
Le nerf de la guerre reste les cordons de la bourse et non les frasques présidentielles.
"Un des premiers effets que nous allons devoir étudier : la capacité de l'euro à résister au dollar.
Le cas le plus probable est que le billet vert devienne très fort. Cela sera négatif pour les touristes français qui voyagent à l'étranger, notamment dans les destinations où nous achetons en dollars et dont les prix vont augmenter.
A l'inverse, sur l'incoming, il est très probable, que les Américains auront un pouvoir d'achat encore plus important. Nous risquons d'avoir un afflux massif de touristes US en Europe," poursuit le patron d'Altaï.
"Aujourd'hui un burger à 30 dollars, ça passe limite..."
Et cette question de la dépréciation de l'euro par rapport au dollar est dans toutes les têtes.
Elle suscite une vive inquiétude, d'autant plus dans un secteur, où le baril de pétrole est principalement payé en billets verts. Les billets d'avion pourraient augmenter, tout comme les prix du terrestre sur place.
"Si je crois peu au boycott "politique" qui existe dans le tourisme, voir la Turquie sous Erdogan, il est souvent lié aux pays musulmans malheureusement, et peu dans le cadre des démocraties occidentales.
Par contre, une appréciation continue de la monnaie américaine implique un risque réel. Aujourd'hui un burger à 30 dollars, ça passe limite, alors si ça devait encore monter, cela pourrait devenir un véritable frein," imagine Yann Wulser.
Bruno Maltor, le célèbre influenceur, a classé New York dans le top 10 des destinations à éviter en 2025 en raison... de son prix.
C'est aussi ce que pense Jean Eustache.
Pour le fondateur d'Amérigo, la destination s'est surenchérie et les clients écarquillent les yeux lorsqu'ils reçoivent les devis.
"Nous sommes en concurrence avec d'autres nations. Il y en a des visiteurs qui peuvent se permettre de payer plus cher que beaucoup de Français.
De plus, les Américains voyagent assez peu à l'étranger, mais pendant la pandémie ceux qui le faisaient habituellement n'ont pas pu partir. Ils ont fait monter les prix, car ils pouvaient se permettre de payer beaucoup plus que nous," relate le patron du tour-opérateur.
Il ne fait pas de doute que les clients décideront plutôt en fonction de leur portefeuille que des frasques du locataire de la Maison Blanche...
Elle suscite une vive inquiétude, d'autant plus dans un secteur, où le baril de pétrole est principalement payé en billets verts. Les billets d'avion pourraient augmenter, tout comme les prix du terrestre sur place.
"Si je crois peu au boycott "politique" qui existe dans le tourisme, voir la Turquie sous Erdogan, il est souvent lié aux pays musulmans malheureusement, et peu dans le cadre des démocraties occidentales.
Par contre, une appréciation continue de la monnaie américaine implique un risque réel. Aujourd'hui un burger à 30 dollars, ça passe limite, alors si ça devait encore monter, cela pourrait devenir un véritable frein," imagine Yann Wulser.
Bruno Maltor, le célèbre influenceur, a classé New York dans le top 10 des destinations à éviter en 2025 en raison... de son prix.
C'est aussi ce que pense Jean Eustache.
Pour le fondateur d'Amérigo, la destination s'est surenchérie et les clients écarquillent les yeux lorsqu'ils reçoivent les devis.
"Nous sommes en concurrence avec d'autres nations. Il y en a des visiteurs qui peuvent se permettre de payer plus cher que beaucoup de Français.
De plus, les Américains voyagent assez peu à l'étranger, mais pendant la pandémie ceux qui le faisaient habituellement n'ont pas pu partir. Ils ont fait monter les prix, car ils pouvaient se permettre de payer beaucoup plus que nous," relate le patron du tour-opérateur.
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