
Les droits des passagers ratiboisés sur l'autel de la rentabilité des compagnies aériennes - Depositphotos @prettyvectors
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Dans l’Antiquité, la notoriété d’un défunt se mesurait au volume sonore des lamentations des pleureuses professionnelles.
Deux mille ans et quelques développements technologiques plus tard, on évalue désormais l’influence d’un secteur économique au nombre et à l'efficacité de ses lobbyistes.
A Bruxelles, place centrale décisionnelle de l'Europe, ces acteurs de l’ombre façonnent les textes régissant la vie de 450 millions de citoyens.
Dans l'univers du voyage, il est un secteur qui sort systématiquement gagnant des arbitrages... le transport aérien.
La réforme européenne sur les droits des passagers en fournit une illustration éclatante. Selon Flight Right, jusqu’à 60% des cas d’indemnisation aujourd’hui reconnus vont disparaître avec les nouvelles règle adoptées. Un coup de maître pour les compagnies, obtenu grâce à un lobbying intensif.
Pour arriver à ce résultat, les transporteurs ne lésinent pas sur les moyens.
Ministres ou agences de voyages… tout le monde est au pas de l’aérien !

Un effectif pléthorique quand on le compare aux 60 0000 fonctionnaires et agents européens présents dans la capitale belge.
L’objectif de ces influenceurs de l’ombre ? Apposer leur patte sur les politiques et le droit européens, pour que les textes penchent du bon côté : celui de leurs clients.
Les compagnies aériennes n'ont ni la plus grande armée, ni les plus gros budgets, mais elles figurent sans doute parmi les plus efficaces.
En faisant un tour sur le site LobbyFacts, qui s’appuie sur des données officielles, on comprend très vite que la bataille politique est avant tout une affaire de gros sous. Etonnant, non ?
IATA consacre 900 000 euros par an à ses actions catégorielles de lobbying. Ryanair y met 300 000 euros et Airlines for Europe flmabe 1,25 million.
Je ne vais pas vous égrener les dépenses en petits fours, gaufres liégeoises et autres joyeusetés d'influence des dizaines de compagnies, syndicats ou groupements de l'aérien, sans compter celles d'Airbus, tous présents sur la grand place de la capitale belge.
Pendant ce temps, les Entreprises du Voyage ont sorti une très modeste enveloppe de 50 000 euros, l'année passée, quand l'ECTAA plafonne à 700 000 euros.
Cette différence de moyens génère une différence de traitement.
"La position adoptée aujourd'hui répond à la demande pressante des passagers aériens et des compagnies aériennes pour des règles actualisées, plus claires et plus simples.
Ces règles révisées apporteront plus de 30 nouveaux droits aux passagers aériens, applicables dès l'achat du billet jusqu'à leur arrivée à destination, et parfois même au-delà," a commenté Dariusz Klimczak, ministre de l'Infrastructure de Pologne et président du Conseil.
C'est lui qui a pris en charge le lourd dossier de la réforme des droits des passagers. Loin de moi l'idée de remettre pas en cause la parole d’un politique. Vous me connaissez, ce n’est pas mon genre...
MAIS… j’attends toujours de croiser, dans un terminal, un passager en train d’exiger, ou mieux, d’organiser un sit-in pour obtenir la tant attendue simplification des textes européens, en cas de grève, de retard ou d’annulation de vol.
À l’inverse, j’ai souvent lu, écouté, écrit, et encore tout récemment, des patrons de compagnies aériennes geindre sur le trop-plein de règles, d’impôts et d’exigences réglementaires, qui plomberaient la bonne santé financière de leurs sociétés.
L’aérien joue toujours gagnant à Bruxelles, jusqu'à quand ?
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Pour rappel, l’année 2024 a enregistré un record, aussi bien en nombre de passagers qu’en chiffres d’affaires et bénéfices.
Sur ce dernier point, il est bon de noter que les marges dans l'aérien restent relativement faibles, autour de 2,6 % selon l’IATA. Pas de quoi sauter au plafond, ni de crier au loup.
Et bientôt, le trafic mondial franchira le cap des 5 milliards de voyageurs annuels.
Les temps sont durs pour l'industrie, elle n’at pas bonne presse, mais ils le sont encore davantage pour la planète qui agonise d'une overdose de carbone.
Grâce à la Convention de Chicago (1944) et à un lobbying de haut vol, le transport aérien reste à l’abri de nombreuses contraintes environnementales et juridiques.
Pendant la crise sanitaire, elles n'ont pas remboursé les clients ni en temps, ni en heure.
Certaines posent encore leurs roues sur les tarmacs du vieux continent sans avoir honoré leurs obligations, alors que les agents de voyages ont dû se battre pour survivre et obtenir une loi d’exception afin d’éviter une disparition pure et simple.
Imaginez, une telle situation, dans un quelconque autre domaine... Depuis des décennies les distributeurs réclament à cor et à cris une caisse de garantie, destinée à protéger les consommateurs en cas de défaillance d’un transporteur. Mais à quoi bon ? Il paraît que les compagnies aériennes ne font pas faillite, alors...
Jusque-là très protectrice des consommateurs, l’Europe vient de débroussailler à la tronçonneuse le millefeuille jurisprudentiel qui constituait les droits des passagers, avec une attention toute particulière à ne pas froisser… les compagnies aériennes.
C’est une première à Bruxelles, et une victoire éclatante pour le lobby de l'aérien, qui règne désormais sans partage sur ce thème.
Quand les compagnies pleurent, les agences de voyages tremblent et les droits des passagers… s'effacent.
Sur ce dernier point, il est bon de noter que les marges dans l'aérien restent relativement faibles, autour de 2,6 % selon l’IATA. Pas de quoi sauter au plafond, ni de crier au loup.
Et bientôt, le trafic mondial franchira le cap des 5 milliards de voyageurs annuels.
Les temps sont durs pour l'industrie, elle n’at pas bonne presse, mais ils le sont encore davantage pour la planète qui agonise d'une overdose de carbone.
Grâce à la Convention de Chicago (1944) et à un lobbying de haut vol, le transport aérien reste à l’abri de nombreuses contraintes environnementales et juridiques.
Pendant la crise sanitaire, elles n'ont pas remboursé les clients ni en temps, ni en heure.
Certaines posent encore leurs roues sur les tarmacs du vieux continent sans avoir honoré leurs obligations, alors que les agents de voyages ont dû se battre pour survivre et obtenir une loi d’exception afin d’éviter une disparition pure et simple.
Imaginez, une telle situation, dans un quelconque autre domaine... Depuis des décennies les distributeurs réclament à cor et à cris une caisse de garantie, destinée à protéger les consommateurs en cas de défaillance d’un transporteur. Mais à quoi bon ? Il paraît que les compagnies aériennes ne font pas faillite, alors...
Jusque-là très protectrice des consommateurs, l’Europe vient de débroussailler à la tronçonneuse le millefeuille jurisprudentiel qui constituait les droits des passagers, avec une attention toute particulière à ne pas froisser… les compagnies aériennes.
C’est une première à Bruxelles, et une victoire éclatante pour le lobby de l'aérien, qui règne désormais sans partage sur ce thème.
Quand les compagnies pleurent, les agences de voyages tremblent et les droits des passagers… s'effacent.