
Trump, disquettes et radars HS : la sécurité aérienne à bout de souffle. Un avion à l’atterrissage à New-York. Photo : Manuel Hurtado Depositphotos
Vous pouvez acheter cet article à l'unité pour le prix de 3,99 € en cliquant ICI ou vous abonner pour 83€ TTC par an.
Du tragique, avec l’accident à Washington et ses 67 victimes au comique, quand la semaine dernière, le livreur d’un restaurant un peu perdu est arrivé avec sa voiture, sans personne pour l’arrêter, sur les pistes de l’aéroport de Chicago au pied de deux avions de United Airlines en partance.
Les « trous » dans le système de la sécurité aérienne US sont de plus en plus nombreux.
Dans le pays où l’avion est un des modes de transport le plus populaire, le nombre d’incidents est impressionnant.
Le 6 mai dernier sur l’aéroport de La Guardia à New York, encore une situation dangereuse avec un Embraer de Pacific Airlines autorisé à décoller alors qu’un Boeing 737 d’United Airlines était encore sur la piste.
Contrôle aérien Etats-Unis : vétusté et sous-effectifs

« Nous ne sommes plus la référence absolue dans l'aviation, nous ne sommes même pas sur le podium mondial. », avouait sur CNN Paul Rinaldi, qui a passé 30 ans à la FAA, dont la moitié comme contrôleur aérien.
La cause de tous ces incidents : des pannes de système, du matériel trop ancien utilisé par les aéroports et un manque criant de contrôleurs aériens.
À la suite du crash du 29 janvier au dessus de Washington entre un CRJ 700 d’American Airlines et un hélicoptère Black Hawk qui avait fait 67 morts, Donald Trump comme à son habitude avait les solutions pour régler le problème en deux temps trois mouvements.
Lors d'une conférence de presse une fois de plus assez surréaliste et pleine de « vérités alternatives », il avait repris des articles affirmant que sous les précédentes administrations des candidats souffrant de « graves déficiences intellectuelles et psychiatriques » pouvaient être embauchés comme contrôleurs aériens.
« J’ai changé les standards de l’administration Obama qui étaient médiocres et ils sont maintenant extraordinaires. Nous avons désormais les aptitudes les plus hautes, les personnels les plus compétents. On va restaurer la confiance auprès du public », pérorait-il depuis son pupitre.
Tout est simplissime avec ce président. On vire les incompétents et on règle les problèmes en quelques jours… comme l’inflation, comme la guerre en Ukraine, la réduction des déficits commerciaux, etc.
On a donc assisté, après le drame de Washington au licenciement de plusieurs centaines d’employés de la FAA par le Department of Government Efficiency (DOGE), dirigé par Elon Musk. « Pas de contrôleurs » se défendait le nouveau secrétaire aux Transports Sean Duffy, mais quand même, des personnes en charge de la maintenance des radars, des aides à l’atterrissage et à la navigation.
132 de ses personnels licenciés viennent d’être réintégrés à leur poste dans le cadre d’une décision de justice. Une victoire saluée par le PASS (Syndicat des spécialistes professionnels de la sécurité aérienne) comme « une victoire pour la sécurité publique et pour le personnel dédié à la mission de la FAA » selon son président.
Les promesses de l’administration Trump

Conférence de presse du secrétaire aux Transports Sean Duffy aux allures de « vide grenier ». Du matériel obsolète est présenté. Crédit : Youtube
Comme souvent, après des gesticulations, des déclarations contradictoires, il semble que des gens raisonnables aient réussi à faire entendre au président la nécessité, l’urgence de combler le manque de contrôleurs aériens, d’une modernisation et d’une mise à niveau des systèmes, comme à l’aéroport de Newark de New York qui fonctionne encore en partie avec des disquettes des années 80.
Début mai le Président américain a pris la parole pour annoncer une refonte du contrôle qui devrait s’étendre sur les trois prochaines années.
« C’est une modernisation complète qui va bientôt se dérouler », a-t-il assuré en intervenant par téléphone à la conférence de presse à ce sujet organisée par le secrétaire aux Transports Sean Duffy.
Une conférence réunissant des parlementaires, des dirigeants du NTSB (National Transportation Safety Board, l’agence américaine de sécurité dans les transports) et les patrons des compagnies aériennes US. Une conférence aux allures de « vide grenier » avec, disposés sur le sol, tout une collection de matériels obsolètes des années 80 que l’on trouve encore dans les aéroports américains.
« Tout ce qui contrôle l’espace aérien sera tout neuf », a promis Sean Duffy. Supervisé par la Modern Skies Coalition, créée dans la foulée et qui regroupe une cinquantaine d’organisations du transport aérien, le projet est ambitieux et semble à la hauteur du problème. Il s’articulera autour de quatre grands sujets :
- communications,
- surveillance,
- automatisation,
- infrastructures.
Un plan urgent, indispensable et réclamé par tous les acteurs du transport aérien, compagnies, syndicats, autorités. « Une opportunité historique » selon Nick Calio, président de l’association Airlines for America (un grand habitué du rendez-vous APG World Connect), « une journée historique » également selon Robert Isom, le PDG d’American Airlines « un projet absolument nécessaire pour assurer la sécurité dans le ciel américain » pour Jennifer Homendy, la directrice du NTSB.
Début mai le Président américain a pris la parole pour annoncer une refonte du contrôle qui devrait s’étendre sur les trois prochaines années.
« C’est une modernisation complète qui va bientôt se dérouler », a-t-il assuré en intervenant par téléphone à la conférence de presse à ce sujet organisée par le secrétaire aux Transports Sean Duffy.
Une conférence réunissant des parlementaires, des dirigeants du NTSB (National Transportation Safety Board, l’agence américaine de sécurité dans les transports) et les patrons des compagnies aériennes US. Une conférence aux allures de « vide grenier » avec, disposés sur le sol, tout une collection de matériels obsolètes des années 80 que l’on trouve encore dans les aéroports américains.
« Tout ce qui contrôle l’espace aérien sera tout neuf », a promis Sean Duffy. Supervisé par la Modern Skies Coalition, créée dans la foulée et qui regroupe une cinquantaine d’organisations du transport aérien, le projet est ambitieux et semble à la hauteur du problème. Il s’articulera autour de quatre grands sujets :
- communications,
- surveillance,
- automatisation,
- infrastructures.
Un plan urgent, indispensable et réclamé par tous les acteurs du transport aérien, compagnies, syndicats, autorités. « Une opportunité historique » selon Nick Calio, président de l’association Airlines for America (un grand habitué du rendez-vous APG World Connect), « une journée historique » également selon Robert Isom, le PDG d’American Airlines « un projet absolument nécessaire pour assurer la sécurité dans le ciel américain » pour Jennifer Homendy, la directrice du NTSB.
Débloquer des crédits et recruter des contrôleurs aériens
Ce programme est cependant coûteux et démarre alors que l’administration américaine s’est lancée dans de nombreuses coupes budgétaires pour réduire ses dépenses.
S’adressant aux parlementaires, Sean Duffy leur a demandé d’ouvrir les cordons de la bourse pour débloquer dès maintenant l’argent nécessaire. C’est en effet le congrès qui a fixé le budget annuel de la FAA à trois milliards de dollars depuis de nombreuses années. Le budget pourrait passer cette année à 4 milliards.
De plus la Commission des Transports de la chambre des représentants a proposé en avril dernier une enveloppe de 12,5 milliards de dollars pour la modernisation de l’ATC américain (le contrôle aérien).
Cependant, le chemin est encore long pour que la sécurité du transport aérien bénéficie de ces crédits. C’est l’ensemble des membres de la Chambre des représentants qui devra valider la proposition. Une fois approuvé, le budget doit ensuite être validé par le Sénat avant d'être signé par le président pour devenir loi.
En plus de la modernisation des infrastructures, il faut également et sans attendre embaucher en masse des contrôleurs aériens. De l’aveu même du secrétaire d’État aux transports, il en manque actuellement 3000.
S’adressant aux parlementaires, Sean Duffy leur a demandé d’ouvrir les cordons de la bourse pour débloquer dès maintenant l’argent nécessaire. C’est en effet le congrès qui a fixé le budget annuel de la FAA à trois milliards de dollars depuis de nombreuses années. Le budget pourrait passer cette année à 4 milliards.
De plus la Commission des Transports de la chambre des représentants a proposé en avril dernier une enveloppe de 12,5 milliards de dollars pour la modernisation de l’ATC américain (le contrôle aérien).
Cependant, le chemin est encore long pour que la sécurité du transport aérien bénéficie de ces crédits. C’est l’ensemble des membres de la Chambre des représentants qui devra valider la proposition. Une fois approuvé, le budget doit ensuite être validé par le Sénat avant d'être signé par le président pour devenir loi.
En plus de la modernisation des infrastructures, il faut également et sans attendre embaucher en masse des contrôleurs aériens. De l’aveu même du secrétaire d’État aux transports, il en manque actuellement 3000.
Trafic réduit à l'aéroport de Newark à New York
Autres articles
En attendant, le nombre d’incidents plus ou moins sérieux, mais consignés sur le site de la FAA reste assez élevé.
Dangereuse proximité avec un hélicoptère obligeant les remises de gaz des avions de Delta et de Republic Airways le 1er mai dernier à Washington. Remise des gaz pour United airlines à Denver à cause d’un avion sur la piste... et surtout quelques sueurs froides au-dessus du très fréquenté aéroport de Newark à New York là ou se posent entre autres Air France, Frenchbee et La Compagnie.
À plusieurs reprises ces derniers jours, les contrôleurs du TRACON (Terminal Radar Approach Control) de Philadelphie qui gèrent et assurent les approches pour Newark ont vu leurs radars s’éteindre soudainement.
Le 28 avril dernier, la panne a duré 90 longues secondes pendant lesquelles les contrôleurs « ont perdu » les avions.
Rebelote le 19 mai pendant quelques secondes, ce qui a entraîné le lendemain l’émission d’un arrêté par la FAA, encore en vigueur à ce jour, limitant le nombre de mouvements avions au départ et à l’arrivée de Newark.
Il faut urgemment réagir, mais la modernisation du contrôle aérien prendra du temps. Trump a promis des crédits et des actions. Versatile et imprévisible, on prie pour que cette fois le Président tienne ses promesses.
A lire aussi : Collision avion Washington : "l'hélicoptère n'avait rien à faire là" (Gérard Feldzer)
Dangereuse proximité avec un hélicoptère obligeant les remises de gaz des avions de Delta et de Republic Airways le 1er mai dernier à Washington. Remise des gaz pour United airlines à Denver à cause d’un avion sur la piste... et surtout quelques sueurs froides au-dessus du très fréquenté aéroport de Newark à New York là ou se posent entre autres Air France, Frenchbee et La Compagnie.
À plusieurs reprises ces derniers jours, les contrôleurs du TRACON (Terminal Radar Approach Control) de Philadelphie qui gèrent et assurent les approches pour Newark ont vu leurs radars s’éteindre soudainement.
Le 28 avril dernier, la panne a duré 90 longues secondes pendant lesquelles les contrôleurs « ont perdu » les avions.
Rebelote le 19 mai pendant quelques secondes, ce qui a entraîné le lendemain l’émission d’un arrêté par la FAA, encore en vigueur à ce jour, limitant le nombre de mouvements avions au départ et à l’arrivée de Newark.
Il faut urgemment réagir, mais la modernisation du contrôle aérien prendra du temps. Trump a promis des crédits et des actions. Versatile et imprévisible, on prie pour que cette fois le Président tienne ses promesses.
A lire aussi : Collision avion Washington : "l'hélicoptère n'avait rien à faire là" (Gérard Feldzer)

Voir tous les articles de Christophe Hardin