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Corrèze : les Monédières, un massif de forêts et de bruyères aux allures de sanctuaire

Un pays cher à la famille Chirac !


Cette petite montagne corrézienne ponctuée de puys et de sucs tente de réinventer ses paysages originels en remplaçant les résineux par la bruyère de jadis. Un territoire rural et de pleine nature qu’a bien connu un certain… Jacques Chirac.


Rédigé par Jean-François RUST le Mardi 29 Décembre 2020

Le dépeuplement rural a donné au massif des allures de sanctuaire et ce paysage transformé a du charme - DR : J.-F.R.
Le dépeuplement rural a donné au massif des allures de sanctuaire et ce paysage transformé a du charme - DR : J.-F.R.
Le chanteur-accordéoniste Jean Ségurel est l’un des fils prodigues de ce territoire dont la singularité s’affiche en plein cœur du département de la Corrèze.

Il suffit de monter au Suc de May, à 908 mètres, pour s’en convaincre. A l’heure vespérale, quand l’air rafraîchi calme la morsure du soleil, une lumière douce découpe les mamelons boisés du massif.

Ici et là, des parcelles de landes témoignent du paysage originel, qu’un enrésinement dans les années 1950 a hélas perverti. « On est passé d’une culture de bergers chantée par Ségurel à l’industrie du bois », regrette François Teyssier, enfant du pays, propriétaire de chambres d’hôtes à Treignac.

Et c’est vrai qu’elles devaient être belles, ces collines dodues, lorsque la bruyère violette enflammait leurs contours.

Un territoire connu aussi pour son élevage ovin et ses myrtilles sauvages, que les paysans s’empressaient de ramasser au cœur de l’été. Au Suc au May, classé zone Natura 2000, un programme d’aménagement vise à ressusciter ces landes primitives.

Saint-Martial et son toit de chaume

Emprunter les petites routes des Monédières est un bonheur de conduite buissonnière. Circulation zéro, silence étourdissant.

Entre les sapinières touffues, des prés herbeux accueillent des troupeaux de vaches rousses. Des geais filent au ras des portières. Et il n’est pas rare de croiser des chevreuils au bord des talus.

Le dépeuplement rural a donné au massif des allures de sanctuaire et ce paysage transformé a du charme.

Au cirque de Freysselines, entre Madranges et Chaumeil, l’amphithéâtre de croupes vertes piquées de résineux porte beau.

Mais les hommes, où sont-ils ? On en croise, dans de rares villages. A Lestards, moins d’une centaine d’habitants, ils n’ont aucun mal à se rassembler dans l’église Saint-Martial et son inédit toit de chaume. Ce serait la seule en France de ce type.

A Chaumeil, petit capitale du massif aux francs airs montagnards, la mémoire de Jean Ségurel draine un public de nostalgiques. Ils découvrent la maison natale du troubadour et celle des Monédières, espace de découverte du massif et d’exposition sur l’artiste.

Treignac, « Petite Cité de Caractère »

De l’animation, on en trouve un peu à Treignac, à la pointe nord du territoire. Un village gigogne qui joue avec le relief et étale ses quartiers des bords de la Vézère (ville basse) jusqu’au revers du plateau (ville haute).

Pour l’aspect paysager, mieux vaut dévaler le thalweg. Sous la massive église Notre-Dame-des-Bans, la rue Champseix aux belles maisons de pierres dégringole le versant jusqu’à franchir la rivière sur un pont à trois arches. Esthétisme garanti.

Pour l’aspect historique, la ville haute (anciennement fortifiée) se prête au jeu avec son ancienne chapelle au clocher tor, sa halle marchande mentionnée dès le 13e s., sa tour rescapée d’un hôtel particulier et de belles demeures du 16e s.

L’une d’elles est la maison de famille Lachaud-Sangnier. Petit-fils de Charles Lachaud, avocat corrézien célèbre, le journaliste catholique progressiste Marc Sangnier, qui y séjourna, est le fondateur des Auberges de Jeunesse en France.

Fief communiste pris par Chirac

Mais s’il est un homme que les Monédières et ses abords ont marqué - et inversement ! -, c’est Jacques Chirac.

Flash back. Nous sommes en 1966, Georges Pompidou veut reconquérir des bastions de gauche et envoie un bataillon de « jeunes loups » se frotter au terrain des législatives.

Chirac est l’un d’eux, orienté vers la Corrèze et Ussel à cause de ses origines familiales : l’un de ses grands-pères était de Sainte-Féréole, près de Brive, où l’enfant Chirac a passé des vacances. « C’était un fief communiste réputé imprenable. Tout le monde pensait qu’il n’avait aucune chance. Et il a gagné ! », se rappelle Jean-Paul Merpillat, élu de Sarran, fils de l’ancien maire de cette commune située au sud du massif.

Bernadette Chirac, propriétaire avec son mari du château de Bity, y a été conseillère municipale.

« Un gars jovial avec du charisme »

Celui que Pompidou surnommait « mon bulldozer » n’avait pas ménagé sa peine.

« Les gens ont découvert un gars jovial, avec du charisme. Tous les week-ends, il venait en Corrèze, sillonnait les villages en Peugeot. Quand les Chirac ont acheté Bity, [en 1969, ndlr], il venait voir mon père, allait chercher du bois, lui demandait d’aller boire un coup au village avec lui. Même des communistes étaient Chiraquiens ! », sourit Jean-Paul Merpillat.

S’il en est une qui se souvient bien de l’ex-Président, c’est Gisèle, gérante de l’antique bar-alimentation de Sarran.

Derrière son incroyable comptoir années 1950, elle l’a reçu plus d’une fois. Dans l’arrière-boutique, on le voit en photos avec des habitants, trinquant derrière les tables en formica.

« De gauche, de droite, tout le monde buvait ensemble ! », se souvient Julien, retraité, autre élu à la mairie de Sarran.

Musée du Président à Sarran

Aujourd’hui, la mémoire de Jacques Chirac est entretenue par le Musée du Président (fermé jusqu'au 14 mars 2021 inclus).

L’espace, dessiné par le cabinet Wilmotte & Associés, a ouvert en 2001. Une collection de 5 000 objets étonnants rappelle sa vie diplomatique et protocolaire, à travers les cadeaux officiels reçus du monde entier.

Cadeaux dont Jacques Chirac lui-même a su user, au long de sa carrière, pour s’arroger les bonnes grâces de Corréziens dont beaucoup étaient acquis à sa cause.

Pratique

- Maison des Monédières, à Chaumeil : www.tourisme-egletons.com/maison-de-pays-des-monedieres/. Pour tout savoir sur le massif et ses activités.

- Office de tourisme de Treignac : vezeremonedieres-tourisme.com. En saison, visites guidées du village. « Petite Cité de Caractère » depuis 2018.

- Musée du Président Jacques Chirac, à Sarran : www.museepresidentjchirac.fr/
Exposition permanente des cadeaux d’Etat reçus par Jacques Chirac lors de ses deux mandats présidentiels.

- Ferme de la Monédière : www.tourismecorreze.com/fr/

- Hébergement : La Maison Grand Champ, à Treignac : hotesgrandchamp.com
Dans le Vieux Treignac, des chambres d’hôtes aménagées dans une belle maison à tourelle du 17ème s.

- Chocolaterie Borzeix-Besse, à Treignac : www.chocolats-borzeix-besse.com. Labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, cette fabrique née en 1909 propose des ganaches au chocolat noir et le célèbre « Suc au May », une crème vanille aux myrtilles sauvages.

- Le Fanum des Jaillants, à Pradines, vestige gallo-romain du Ier s. situé à un carrefour de routes antiques.

- Le marché de producteurs du mardi matin, à Treignac, sous la halle (mi-juin-mi-sept.).

- La fête de la Myrtille, fin juillet, à Chaumeil.

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Tags : Corrèze, rust
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