Il est très simple et très rapide de se procurer des numéros de carte bancaire sur Internet - DR : Photo-Libre.fr
Les fraudes à la carte bancaire continuent.
La semaine dernière, une agence de voyages installée à Paris s'est faite arnaquer par une équipe d'escrocs aux méthodes bien rodées que nous vous décrivions déjà en juillet 2012 sur TourMaG.com. (Lire : Fraudes carte bancaire : les escrocs ont un système de "poupées russes" bien rodé)
Tout a commencé par la réception d'un courriel "assez impersonnel", comme le décrit le Directeur et fondateur de l'agence qui tient à rester anonyme, dans lequel un certain Laurent Thomas lui demande s'il est en mesure d'émettre des billets d'avion pour une transaction à distance.
Le message provient d'une adresse mail générique. Il a certainement été adressé à plusieurs agences en espérant qu'au moins une mordra à l'hameçon.
"Nous lui avons répondu que c'était possible et nous l'avons ensuite appeler pour qu'il nous confirme sa demande", poursuit le Directeur du point de ventes.
Le prétendu client confirme et demande un premier billet pour un trajet entre Paris et Genève en décembre 2014, au nom de M. Laurent Thomas.
La transaction s'effectue par carte bancaire au téléphone.
En confiance, l'agence émet le titre et le lui adresse par courrier électronique.
La semaine dernière, une agence de voyages installée à Paris s'est faite arnaquer par une équipe d'escrocs aux méthodes bien rodées que nous vous décrivions déjà en juillet 2012 sur TourMaG.com. (Lire : Fraudes carte bancaire : les escrocs ont un système de "poupées russes" bien rodé)
Tout a commencé par la réception d'un courriel "assez impersonnel", comme le décrit le Directeur et fondateur de l'agence qui tient à rester anonyme, dans lequel un certain Laurent Thomas lui demande s'il est en mesure d'émettre des billets d'avion pour une transaction à distance.
Le message provient d'une adresse mail générique. Il a certainement été adressé à plusieurs agences en espérant qu'au moins une mordra à l'hameçon.
"Nous lui avons répondu que c'était possible et nous l'avons ensuite appeler pour qu'il nous confirme sa demande", poursuit le Directeur du point de ventes.
Le prétendu client confirme et demande un premier billet pour un trajet entre Paris et Genève en décembre 2014, au nom de M. Laurent Thomas.
La transaction s'effectue par carte bancaire au téléphone.
En confiance, l'agence émet le titre et le lui adresse par courrier électronique.
6 500 € de billets émis
Dès le lendemain, Laurent Thomas reprend contact avec l'agence et lui commande de nombreux billets sur des vols vers plusieurs destinations en Europe avec des départs d'Abidjan (Côte d'Ivoire) dans les 2 jours qui suivent.
Des demandes qui éveillent les soupçons du Directeur de l'agence. Il cherche à en savoir plus sur ce client. Ce dernier le rappelle avec un numéro de téléphone français (en 09).
"Il m'explique qu'il est un gros entrepreneur en Afrique et qu'il dispose d'une adresse en France, à Metz. Il affirme également s'occuper d'une association et avoir besoin de ces billets pour faire voyager des collaborateurs et des membres de son association", raconte-t-il.
Le client fournit une copie de « son » passeport et même des numéros de 4 cartes de crédit différentes, tous valides, à la demande de l'agence qui souhaite agir avec "un maximum de précautions", ajoute son dirigeant.
Il précise avoir été en contact téléphonique avec au moins 3 personnes différentes.
Les transactions sont autorisées, les fonds crédités sur le compte de l'agence.
Celle-ci émet donc les billets pour un montant total de 6 500 € et règlent les compagnies aériennes concernées. Ils sont tous édités aux noms des prétendus collaborateurs de Laurent Thomas.
Des demandes qui éveillent les soupçons du Directeur de l'agence. Il cherche à en savoir plus sur ce client. Ce dernier le rappelle avec un numéro de téléphone français (en 09).
"Il m'explique qu'il est un gros entrepreneur en Afrique et qu'il dispose d'une adresse en France, à Metz. Il affirme également s'occuper d'une association et avoir besoin de ces billets pour faire voyager des collaborateurs et des membres de son association", raconte-t-il.
Le client fournit une copie de « son » passeport et même des numéros de 4 cartes de crédit différentes, tous valides, à la demande de l'agence qui souhaite agir avec "un maximum de précautions", ajoute son dirigeant.
Il précise avoir été en contact téléphonique avec au moins 3 personnes différentes.
Les transactions sont autorisées, les fonds crédités sur le compte de l'agence.
Celle-ci émet donc les billets pour un montant total de 6 500 € et règlent les compagnies aériennes concernées. Ils sont tous édités aux noms des prétendus collaborateurs de Laurent Thomas.
Usurpation d'identité
Mais le Directeur de l'agence reste méfiant. Il se renseigne sur Internet et tombe sur les coordonnées du collectif AVE CB qui défend les agences de voyages victimes de fraudes à la carte bancaire.
Il contacte Jean-Claude Journeau, le Président de l'association, et lui raconte son expérience. Celui-ci le prévient qu'il est en train de se faire arnaquer.
"Nous avons immédiatement annulé les billets auprès des compagnies, explique-t-il. Certains clients de l'escroc ont ainsi dû se retrouver bloqués car il nous a appelé 14 fois dans la journée."
Jean-Claude Journeau mène une enquête de son côté. Il trouve bien un Laurent Thomas à Metz, mais il n'est absolument pas entrepreneur en Afrique.
Ses recherches lui permettent d'entrer en contact avec le titulaire du passeport fourni par les escrocs.
Il est directeur d'une école à Yaoundé (Cameroun). Selon lui, son identité aurait été usurpée après qu'il ait adressé une copie de son passeport au consulat du Cameroun à Paris.
Il contacte Jean-Claude Journeau, le Président de l'association, et lui raconte son expérience. Celui-ci le prévient qu'il est en train de se faire arnaquer.
"Nous avons immédiatement annulé les billets auprès des compagnies, explique-t-il. Certains clients de l'escroc ont ainsi dû se retrouver bloqués car il nous a appelé 14 fois dans la journée."
Jean-Claude Journeau mène une enquête de son côté. Il trouve bien un Laurent Thomas à Metz, mais il n'est absolument pas entrepreneur en Afrique.
Ses recherches lui permettent d'entrer en contact avec le titulaire du passeport fourni par les escrocs.
Il est directeur d'une école à Yaoundé (Cameroun). Selon lui, son identité aurait été usurpée après qu'il ait adressé une copie de son passeport au consulat du Cameroun à Paris.
Listes de numéros de CB à vendre sur Youtube
En l’occurrence, les numéros de cartes bancaires utilisés proviennent d'Australie ou de l’État de l'Illinois, aux États-Unis.
Il est très simple et très rapide d'en acheter sur Internet. Certains pirates en proposent des listes entières sur Youtube.
Comme le démontre un rapport de la Digital Citizens Alliance (DCA), il suffit de taper les bons mots-clés sur Google pour obtenir les liens vers les vidéos qui font la promotion de la « marchandise » des escrocs.
Dans l'affaire de l'agence parisienne fraudée, quand les titulaires des comptes qui ont été débités vont se rendre compte de l'utilisation frauduleuse de leur numéro de carte bancaire, ils feront opposition auprès de leur banque. Les fonds précédemment crédités seront alors retirés et perdus pour l'agence.
"Aucune assurance ne prend cela en charge", déplore son Directeur. Sur les 6 500 €, il n'espère en récupérer qu'environ 1 000 maximum en taxes aéroportuaires.
Il a décidé de porter plainte auprès de la Police. Selon nos informations, un collaborateur de la Police aux Frontières (PAF) française enquête à plein temps sur ces fraudes récurrentes à la carte bancaire.
Il est très simple et très rapide d'en acheter sur Internet. Certains pirates en proposent des listes entières sur Youtube.
Comme le démontre un rapport de la Digital Citizens Alliance (DCA), il suffit de taper les bons mots-clés sur Google pour obtenir les liens vers les vidéos qui font la promotion de la « marchandise » des escrocs.
Dans l'affaire de l'agence parisienne fraudée, quand les titulaires des comptes qui ont été débités vont se rendre compte de l'utilisation frauduleuse de leur numéro de carte bancaire, ils feront opposition auprès de leur banque. Les fonds précédemment crédités seront alors retirés et perdus pour l'agence.
"Aucune assurance ne prend cela en charge", déplore son Directeur. Sur les 6 500 €, il n'espère en récupérer qu'environ 1 000 maximum en taxes aéroportuaires.
Il a décidé de porter plainte auprès de la Police. Selon nos informations, un collaborateur de la Police aux Frontières (PAF) française enquête à plein temps sur ces fraudes récurrentes à la carte bancaire.
Les signes à détecter
Certains signes peuvent éveiller la vigilance des agences de voyages et ainsi leur permettre d'éviter de tomber dans le piège des escrocs à la carte bancaire.
En général, ils commandent des billets pour des vols au départ d'Afrique (souvent Abidjan) avec des dates très proches du moment de l'achat.
Par ailleurs, le prétendu client se présente souvent comme un chef d'entreprise ou un président d'association et donne peu d'indications sur son activité et de détails sur sa société.
En général, ils commandent des billets pour des vols au départ d'Afrique (souvent Abidjan) avec des dates très proches du moment de l'achat.
Par ailleurs, le prétendu client se présente souvent comme un chef d'entreprise ou un président d'association et donne peu d'indications sur son activité et de détails sur sa société.
Refus de paiement ?
En général, les professionnels conseillent de refuser les ventes à distance pour des billets d'avion au départ d'Afrique.
Mais en opposant un refus systématique à ce type de demandes, l'agence ne s'expose-t-elle pas à des poursuites pour « refus de vente » ?
Non, selon Emmanuelle Llop, avocate au Barreau de Paris (Equinoxe Avocats), spécialisée en Tourisme.
"Le refus de vente au consommateur est certes prohibé mais peut toutefois être autorisé par un motif légitime, assure-t-elle.
Dans ce cas particulier, je pense que plutôt que de mettre en avant la domiciliation du client, mieux vaut arguer de la suspicion de fraude à la carte, ou de l'absence de moyens de vérification de l'agence lors d'un paiement à distance en provenance de l'étranger.
C'est une précaution qu'on ne pourra reprocher à l'agence, car au contraire, sa responsabilité sera retenue si elle accepte un paiement sans s'être assurée de la validité de la carte et de l'identité du porteur.
Si le paiement est frauduleux, il restera à la charge de l'agence à laquelle la banque reprochera de n'avoir pas vérifié le porteur.
Or à distance, il faut alors demander une copie de la pièce d'identité pour vérifier l'adéquation avec la carte utilisée avant d'accepter la transaction.
Ces éléments constituent à mon sens un motif légitime pour refuser une commande à distance quel que soit le pays dont elle provient."
En général, les professionnels conseillent de refuser les ventes à distance pour des billets d'avion au départ d'Afrique.
Mais en opposant un refus systématique à ce type de demandes, l'agence ne s'expose-t-elle pas à des poursuites pour « refus de vente » ?
Non, selon Emmanuelle Llop, avocate au Barreau de Paris (Equinoxe Avocats), spécialisée en Tourisme.
"Le refus de vente au consommateur est certes prohibé mais peut toutefois être autorisé par un motif légitime, assure-t-elle.
Dans ce cas particulier, je pense que plutôt que de mettre en avant la domiciliation du client, mieux vaut arguer de la suspicion de fraude à la carte, ou de l'absence de moyens de vérification de l'agence lors d'un paiement à distance en provenance de l'étranger.
C'est une précaution qu'on ne pourra reprocher à l'agence, car au contraire, sa responsabilité sera retenue si elle accepte un paiement sans s'être assurée de la validité de la carte et de l'identité du porteur.
Si le paiement est frauduleux, il restera à la charge de l'agence à laquelle la banque reprochera de n'avoir pas vérifié le porteur.
Or à distance, il faut alors demander une copie de la pièce d'identité pour vérifier l'adéquation avec la carte utilisée avant d'accepter la transaction.
Ces éléments constituent à mon sens un motif légitime pour refuser une commande à distance quel que soit le pays dont elle provient."