Les Français aiment l'Australie mais jusqu'à quand ?

Comme tout écolier le sait, l'Australie est à nos antipodes. En tant que telle, c'est un des plus longs parcours aériens proposés au voyageur curieux. Et donc un des plus susceptibles d'être lourdement grevé par la hausse aussi violente qu'imprévisible du kérosène.

Ce qui ne manque pas d'interpeller les TO réunis cette semaine à Perth pour l'Australian Tourism Exchange 2008.

« C'est un rendez-vous incontournable pour nous. On y rencontre tout le monde, on fait du relationnel avec nos partenaires et on découvre les nouveaux opérateurs, les orientations à venir », confirme Elodie Douville, directrice de la destination chez Asia. « Mais le frein aérien devient évident. Le stock devient introuvable en été, et on ne sait pas où vont s'arrêter les prix », continue-t-elle.

Interrogé sur le sujet, Rob Gurney, GM commercial de Qantas, reconnaît publiquement : « Oui, les prix vont continuer de monter, mais l'Australie en vaut certainement toujours la peine. Jusqu'à quel point ? Là est la question. »

Les décideurs du tourisme australien restent cependant confiants dans la capacité des Européens, et tout particulièrement des Français, disent-ils, à décider d'un achat voyage sur un coup de cœur avant de parler argent.

Leur message actuel, fondé sur la sortie prochaine du film Australia, avec Nicole Kidman, est : « Australia is a movie », l'Australie est un film en elle-même, elle est unique, la terre et les gens d'ici ne sont nulle part ailleurs, donc vous y viendrez.

On assiste ainsi à une exceptionnelle montée en puissance des produits « indigènes », même dans les grandes cités côtières, et à la mise en valeur des produits à tendance « développement durable » via un label national ECO Certification qui semble assez solide. Deux axes qui sont bien dans l'air du temps pour la clientèle française.

Chez Meltours, on n'est guère inquiet. Le TO créé en 1989 par Liliane et Jean-Pierre Melocco vend des paniers moyens entre 3000 et 4500 euros pour les voyages de noces, et annonce des produits sur mesure à partir de 5000 euros aux voyageurs en business class, qui représentent l'essentiel de sa clientèle.

« Le coût de l'aérien est un point d'interrogation, on en discute. Mais ça n'empêchera jamais les gens de vouloir voir l'Australie. C'est le pays de la liberté et des grands espaces, et à côté de ça, le terrestre n'augmente pas vraiment. »

La clientèle Meltours est riche et fidèle. Certains ont déjà fait quatre fois le déplacement, et alternent avec l'Afrique du Sud ou bientôt l'Argentine sur les traces du nouveau Dakar auquel doit participer Jean-Pierre. « Le carnet de commandes est plein pour 2009, et tous sont prévenus d'une probable augmentation du prix des billets. Pas de problème. »

Tout à l'opposé, les clients de Languages & Travel sont jeunes et recherchent les plans « bons prix ». L'agence créée en 2000 à Lyon par Pascal Carré, ancien professeur de langues, s'est donnée pour mission d'amener les étudiants sur le terrain pour pratiquer l'anglais intelligemment.

Pour 1700 euros, on leur propose un billet d'avion valable un an, le visa « Working Holidays* » formalités incluses, 4 nuits à l'arrivée avec tout un package d'assistance pour les inscriptions à l'université, la recherche d'un job, d'un logement, l'ouverture d'un compte en banque, etc.

« C'est un bonheur de les voir revenir au bout d'un an, transformés. Je dis toujours, c'est l'expérience d'une vie qui change une vie ! » sourit Pascal Carré, qui cherche dans les allées de l'ATE de quoi élargir ses propositions à de courts programmes déjà construits.

Il n'est pas inquiet pour l'avenir : « Ça ira si on peut offrir de plus en plus de services aux jeunes, et si la décomposition du produit est transparente et visiblement intéressante pour eux. »

Sept autres TO français, accompagnés par Jérôme Marriot qui représente l'OT australien à Paris, ont fait le voyage jusqu'à Perth, témoignant ainsi de leur attachement à ce pays et de leur confiance en l'avenir du marché.

La plupart mettent l'accent sur la professionnalisation des prestataires locaux et leur capacité à proposer maintenant des expériences directes qui impliquent le voyageur dans la rencontre et le mode de vie dans ces grands espaces uniques.

Voyageurs de noces sur îlots paradisiaques ou routards de l'outback devraient donc trouver réponses à leurs envies de dépaysement pendant... quelques années encore ?

L'Australie est la 5e destination d'Asia en terme de volume passagers. Pour se démarquer, le TO met l'accent sur des prestations plutôt luxueuses mais sans ostentation et très orientées nature, ce qu'Elodie Douville appelle le « Wild Bush Luxury », et développe des modules spécifiques pour individuels francophones, comme la visite d'un Melbourne branché avec une artiste locale ou un Sydney secret à vélo. www.asia.fr

Vingt ans d'expérience sur l'Australie l'année prochaine, mais aussi passionné d'Afrique du Sud, de Namibie, de Madagascar et aujourd'hui d'Argentine, le TO, avec une équipe de 12 personnes, envoie 500 voyageurs chaque année chez les Aussies. Liliane Melocco parle avec gourmandise d'un voyage de noces fraîchement mis en ligne : 3 nuits en 5* à Sydney, 3 nuits au Longitude 131 à Ayers Rock et 3 nuits sur Lizard Island... à partir de seulement 5500 euros. www.meltour.com

Pascal Carré est à la tête d'une petite structure souple de 5 personnes basées à Lyon et à Versailles, et envisage d'ouvrir d'autres succursales proches de grandes universités. 500 voyageurs ont utilisé ses services en 2007 pour découvrir l'Australie dont 300 étudiants en Working Holidays Visa.
* Ce programme concerne les jeunes de 18 à 30 ans de 17 nationalités dont la France, et leur garantit 17 semaines de cours universitaires, et la liberté de travailler et de se balader à leur gré pendant un an. Pour les Australiens, c'est une opportunité de convaincre de nouveaux immigrants, ainsi que d'amener les familles européennes à leur rendre visite. www.langtra.com