Didier Arino à propos du Sommet "Destination France" : Le défi n’est pas tant de réunir soixante grands groupes français et étrangers qui investissent là où le tourisme est déjà fort développé mais de favoriser l’implication des acteurs locaux et d’aider les projets à se concrétiser sur les 80% des territoires nationaux qui souffrent de sous investissement". - Photo DR
Le Président de la République est visiblement mal conseillé et fait fausse route. En premier lieu sur le constat.
La France n’était pas la première destination touristique au monde puisque les dépenses des étrangers en France sont trois fois et demi inférieures à celles des étrangers aux Etats-Unis, de 20% de moins qu’en Espagne, moins qu’en Chine.
Les 90 millions de touristes revendiqués ne signifient rien. On n'investit pas, on ne paie pas ses salariés en arrivées touristiques mais en euros. Et tant que nous nous satisferons de voir passer des touristes du fait de notre situation au cœur de l’Europe, nous ne progresserons pas.
A chaque fois qu'on parle de la France c'est en tant que première destination mondiale, il faut arrêter !
La France hors Paris a été, ces deux dernières années, nettement moins impactée que nos voisins européens car nous bénéficions d’un socle solide de clientèles domestiques qui ont irrigué nos territoires.
L’objectif premier devrait être de favoriser les investissements pour permettre à notre offre dans nos territoires ruraux, de montagne et balnéaires, de continuer de séduire en premier lieu une clientèle de proximité à l’année.
La France ne souffre pas d’un déficit de demande mais d’une offre insuffisamment adaptée aux attentes des marchés français et internationaux.
La France n’était pas la première destination touristique au monde puisque les dépenses des étrangers en France sont trois fois et demi inférieures à celles des étrangers aux Etats-Unis, de 20% de moins qu’en Espagne, moins qu’en Chine.
Les 90 millions de touristes revendiqués ne signifient rien. On n'investit pas, on ne paie pas ses salariés en arrivées touristiques mais en euros. Et tant que nous nous satisferons de voir passer des touristes du fait de notre situation au cœur de l’Europe, nous ne progresserons pas.
A chaque fois qu'on parle de la France c'est en tant que première destination mondiale, il faut arrêter !
La France hors Paris a été, ces deux dernières années, nettement moins impactée que nos voisins européens car nous bénéficions d’un socle solide de clientèles domestiques qui ont irrigué nos territoires.
L’objectif premier devrait être de favoriser les investissements pour permettre à notre offre dans nos territoires ruraux, de montagne et balnéaires, de continuer de séduire en premier lieu une clientèle de proximité à l’année.
La France ne souffre pas d’un déficit de demande mais d’une offre insuffisamment adaptée aux attentes des marchés français et internationaux.
"Arrêtons les moyens inconsidérés sur la promotion des marchés long courrier"
Autres articles
-
Jeux olympiques : le secteur du tourisme a-t-il été à la hauteur ? 🔑
-
Didier Arino : "nous avons eu un été en deux temps"🔑
-
Le budget consacré aux vacances d'été en baisse de 7%
-
Didier Arino : "2023, encore une année record pour les départs en vacances" 🔑
-
France : vers un retour de la croissance touristique en 2023 ?
Si les clientèles « long courrier » qui ne représentaient avant le Covid que 20% des clientèles étrangères sont fondamentales pour Paris, la Côte d’Azur et quelques grands spots touristiques, elles ne doivent nullement être l’alpha et l’oméga de notre stratégie.
D’une part, les clientèles lointaines continueront d’affluer dès la fin de la pandémie et des restrictions sanitaires. D’autre part elles sont aussi les plus impactantes pour le climat, car elles génèrent 70% des émissions de co2 des touristes étrangers.
Arrêtons de mettre des moyens inconsidérés sur la promotion des bassins émetteurs « long courrier ».
Favorisons plutôt la promotion et la mise en marché des filières d’avenir autour des activités de pleine nature, du sport, du bien-être, de l’écotourisme, de l’art de vivre, de l’œnotourisme, des patrimoines, des savoir-faire, du nautisme, des parcs de loisirs… filières qui peuvent se pratiquer à l’année, en offrant des offres expérientielles et diversifiées touchant tous les publics, des plus modestes aux plus fortunés.
La filière vélo en est une excellente illustration. Elle touche tous les publics, de ceux qui logent en bivouac, en gîtes ou dans des hôtels plus luxueux.
D’une part, les clientèles lointaines continueront d’affluer dès la fin de la pandémie et des restrictions sanitaires. D’autre part elles sont aussi les plus impactantes pour le climat, car elles génèrent 70% des émissions de co2 des touristes étrangers.
Arrêtons de mettre des moyens inconsidérés sur la promotion des bassins émetteurs « long courrier ».
Favorisons plutôt la promotion et la mise en marché des filières d’avenir autour des activités de pleine nature, du sport, du bien-être, de l’écotourisme, de l’art de vivre, de l’œnotourisme, des patrimoines, des savoir-faire, du nautisme, des parcs de loisirs… filières qui peuvent se pratiquer à l’année, en offrant des offres expérientielles et diversifiées touchant tous les publics, des plus modestes aux plus fortunés.
La filière vélo en est une excellente illustration. Elle touche tous les publics, de ceux qui logent en bivouac, en gîtes ou dans des hôtels plus luxueux.
Favoriser l’implication des acteurs locaux
Devenir le Pays de référence symbole d’un tourisme responsable est un défi à notre portée. Cela passe par une véritable stratégie de développement du tourisme français, en prenant en compte l’ensemble des composantes d’un tourisme vertueux, efficace économiquement, socialement, respectant et valorisant les écosystèmes.
Cela passe par un plan stratégique global s’appuyant sur les Régions, les territoires et les stations, associant les élus et les acteurs locaux.
Une vision globale, une déclinaison régionale et locale loin des effets d’annonce, des mesurettes qui ont caractérisé la politique de l’Etat depuis plus de 30 ans.
L’Etat a failli. Il est temps de se mettre au travail pour construire le tourisme de demain. Nous avons les atouts pour réussir ce défi.
Le Président de la République a également évoqué les défis que doivent relever les transports. C'est, effectivement, un enjeu important.
Il faut harmoniser l'ensemble des transports et l'intermodalité. Cadencer les trains à Roissy pour permettre aux clients internationaux de rejoindre facilement la Province, mettre en place des relais : location de véhicules électriques après l'avion et le train et prévoir les aménagements.
Je ne parle pas du CDG Express, un dossier qui date de plus de 30 ans, et qui n'est toujours pas mis en place. Si ce sommet peut aussi permettre à la SNCF et à Air France de se parler ! Il faudrait avoir une vision à 360° sur ce volet et qu'un transport puisse prendre le relais de l'autre ou se compléter !
Quand on voit que sur l'axe Bordeaux-Paris, où les vols sont supprimés, la SNCF a baissé dans le même temps sa capacité de 30%...
En somme, une politique volontariste en matière de transport jusqu’au dernier kilomètre, une structuration des filières, une simplification des règles administratives, une politique massive de formation des personnels et de revalorisation des métiers, une régulation des flux pour les sites sensibles, une valorisation des circuits courts, un plan d’aide massif à la création de lits chauds, tels devraient être les premiers chantiers.
Le Président de la République a évoqué plusieurs axes de travail, mais il faut du concret.
Concernant les investisseurs conviés, je serai curieux de connaître où vont leurs investissements...
Nous avons perdu la bataille de la commercialisation en étant trop dépendants des plateformes de commercialisation, qui captent une part croissante de la valeur ajoutée. Les gros opérateurs du tourisme passent, les uns après les autres, dans les mains de groupes étrangers. Il est donc temps de reprendre la main sur notre développement.
Cela passe par un plan stratégique global s’appuyant sur les Régions, les territoires et les stations, associant les élus et les acteurs locaux.
Une vision globale, une déclinaison régionale et locale loin des effets d’annonce, des mesurettes qui ont caractérisé la politique de l’Etat depuis plus de 30 ans.
L’Etat a failli. Il est temps de se mettre au travail pour construire le tourisme de demain. Nous avons les atouts pour réussir ce défi.
Le Président de la République a également évoqué les défis que doivent relever les transports. C'est, effectivement, un enjeu important.
Il faut harmoniser l'ensemble des transports et l'intermodalité. Cadencer les trains à Roissy pour permettre aux clients internationaux de rejoindre facilement la Province, mettre en place des relais : location de véhicules électriques après l'avion et le train et prévoir les aménagements.
Je ne parle pas du CDG Express, un dossier qui date de plus de 30 ans, et qui n'est toujours pas mis en place. Si ce sommet peut aussi permettre à la SNCF et à Air France de se parler ! Il faudrait avoir une vision à 360° sur ce volet et qu'un transport puisse prendre le relais de l'autre ou se compléter !
Quand on voit que sur l'axe Bordeaux-Paris, où les vols sont supprimés, la SNCF a baissé dans le même temps sa capacité de 30%...
En somme, une politique volontariste en matière de transport jusqu’au dernier kilomètre, une structuration des filières, une simplification des règles administratives, une politique massive de formation des personnels et de revalorisation des métiers, une régulation des flux pour les sites sensibles, une valorisation des circuits courts, un plan d’aide massif à la création de lits chauds, tels devraient être les premiers chantiers.
Le Président de la République a évoqué plusieurs axes de travail, mais il faut du concret.
Concernant les investisseurs conviés, je serai curieux de connaître où vont leurs investissements...
Nous avons perdu la bataille de la commercialisation en étant trop dépendants des plateformes de commercialisation, qui captent une part croissante de la valeur ajoutée. Les gros opérateurs du tourisme passent, les uns après les autres, dans les mains de groupes étrangers. Il est donc temps de reprendre la main sur notre développement.
"Faisons en sorte que le tourisme soit au cœur des programmes pour la Présidentielle"
Le défi n’est pas tant de réunir soixante grands groupes français et étrangers qui investissent là où le tourisme est déjà fort développé mais de favoriser l’implication des acteurs locaux et d’aider les projets à se concrétiser sur les 80% des territoires nationaux qui souffrent de sous investissement.
Le Gouvernement a été très présent pendant la crise pour soutenir notre secteur avec 38 milliards d’aides diverses. Il serait dommageable pour les finances de l’Etat de ne pas profiter de cette crise pour rebondir vers un grand plan d’aménagement touristique du territoire.
Dans le secteur du tourisme, c’est l’offre qui crée la demande. Favorisons donc l’émergence de nouveaux projets. Les besoins ne manquent pas, les moyens existent.
Permettons de drainer l’épargne vers des projets vertueux créateurs d’emplois et de richesses pour nos territoires en coconstruisant cette stratégie avec les Régions, les Départements et les Établissement public de coopération intercommunale (EPCI).
En conclusion… Réjouissons-nous tout de même de la marque d’intérêt du Président de la République pour notre secteur et faisons en sorte que le tourisme soit au cœur des programmes pour la Présidentielle.
Nous avons vraiment besoin d'une véritable stratégie touristique. Cela fait 30 ans que nous n'avons plus de vision nationale sur le sujet.
Éclairons les candidats sur les véritables enjeux du secteur, qui contribue souvent à l’attractivité et à un développement harmonieux de nos territoires au profit de ses habitants.
Sortons du débat stérile sur le surtourisme qui ne concerne qu’1% du territoire hexagonal et soyons force de propositions qui devront être débattues.
Le tourisme ne doit pas être imposé, mais voulu et partagé.
Le Gouvernement a été très présent pendant la crise pour soutenir notre secteur avec 38 milliards d’aides diverses. Il serait dommageable pour les finances de l’Etat de ne pas profiter de cette crise pour rebondir vers un grand plan d’aménagement touristique du territoire.
Dans le secteur du tourisme, c’est l’offre qui crée la demande. Favorisons donc l’émergence de nouveaux projets. Les besoins ne manquent pas, les moyens existent.
Permettons de drainer l’épargne vers des projets vertueux créateurs d’emplois et de richesses pour nos territoires en coconstruisant cette stratégie avec les Régions, les Départements et les Établissement public de coopération intercommunale (EPCI).
En conclusion… Réjouissons-nous tout de même de la marque d’intérêt du Président de la République pour notre secteur et faisons en sorte que le tourisme soit au cœur des programmes pour la Présidentielle.
Nous avons vraiment besoin d'une véritable stratégie touristique. Cela fait 30 ans que nous n'avons plus de vision nationale sur le sujet.
Éclairons les candidats sur les véritables enjeux du secteur, qui contribue souvent à l’attractivité et à un développement harmonieux de nos territoires au profit de ses habitants.
Sortons du débat stérile sur le surtourisme qui ne concerne qu’1% du territoire hexagonal et soyons force de propositions qui devront être débattues.
Le tourisme ne doit pas être imposé, mais voulu et partagé.