Terre Entière, connu pour ses voyages culturels et humanistes, a été placé en redressement judiciaire le 12 mars 2015 - DR Capture d'écran Terre Entière
C'est avec une profonde émotion dans la voix qu'Hubert Debbasch, PDG de Terre Entière, a bien voulu répondre à notre sollicitation.
Jeudi 12 mars 2015, le tribunal de commerce de Paris a placé sa société en redressement judiciaire, selon Infogreffe.
"Les perspectives pour l'année 2015 indiquaient une baisse de 30% de notre activité, en prises de commandes, par rapport à la même date en 2014", explique Hubert Debbasch.
En décembre 2014, il décide donc de se rapprocher d'autres opérateurs, en vue d'obtenir l'apport d'un capital extérieur.
Puis, le 2 février 2015, il décide de se déclarer en cessation de paiements auprès du tribunal de commerce de Paris.
"Il n'était plus décent de continuer comme cela, pour mes 16 salariés, mes prestataires.
Il me fallait déclarer cette situation inquiétante, je voyais bien que nous n'étions pas en mesure de passer l'année, au vu de la forte baisse de notre carnet de commandes".
Jeudi 12 mars 2015, le tribunal de commerce de Paris a placé sa société en redressement judiciaire, selon Infogreffe.
"Les perspectives pour l'année 2015 indiquaient une baisse de 30% de notre activité, en prises de commandes, par rapport à la même date en 2014", explique Hubert Debbasch.
En décembre 2014, il décide donc de se rapprocher d'autres opérateurs, en vue d'obtenir l'apport d'un capital extérieur.
Puis, le 2 février 2015, il décide de se déclarer en cessation de paiements auprès du tribunal de commerce de Paris.
"Il n'était plus décent de continuer comme cela, pour mes 16 salariés, mes prestataires.
Il me fallait déclarer cette situation inquiétante, je voyais bien que nous n'étions pas en mesure de passer l'année, au vu de la forte baisse de notre carnet de commandes".
Les conflits géopolitiques auront eu raison de l'activité du TO
Le voyagiste n'en est pas à sa première année "difficile".
"Les révolutions du Printemps arabe nous ont fragilisés, nous obligeant à procéder à des licenciements en 2012, poursuit Hubert Debbasch. Nous disposions tout de même des ressources nécessaires pour continuer, sans mettre en péril nos fournisseurs."
Mais en octobre 2012, un sinistre "terrible", comme l'indique le PDG de Terre Entière, vient ébranler l'équilibre du voyagiste. L'annulation, en dernière minute, de deux croisières affrétées par Classic International Cruises lui coûte près de 2 M€.
"Je ne trouvais pas normal que quelqu'un d'autre assume ce sinistre à ma place. Si j'avais opté pour la cessation de paiements, ce sinistre, cumulé aux acomptes versés pour les voyages de l'automne auraient coûté 3,9 M€ à l'APST.
Après la faillite de CIC, j'ai réussi à récupérer un quart de la somme, en lançant une procédure au niveau international".
Les comptes 2013 (arrêtés au 31 décembre) font état d'un chiffre d'affaires en baisse de -1,81%, à 8,1 M€ et d'une perte nette de -110 605 € pour 436 224 € de capitaux propres, selon Infogreffe.
L'année 2014, dont les comptes ne sont pas consultables, apporte également son lot de coups durs. "La guerre entre les territoires palestiniens et Israël a tué toute la production vers la Terre Sainte pour l'été et l'automne, et au-delà, vers la Jordanie, la Turquie et l'Egypte, totalement sinistrée", précise Hubert Debbasch.
Une production qui représente un tiers de l'activité du TO. Autre impact : le développement de la menace terroriste.
"Les révolutions du Printemps arabe nous ont fragilisés, nous obligeant à procéder à des licenciements en 2012, poursuit Hubert Debbasch. Nous disposions tout de même des ressources nécessaires pour continuer, sans mettre en péril nos fournisseurs."
Mais en octobre 2012, un sinistre "terrible", comme l'indique le PDG de Terre Entière, vient ébranler l'équilibre du voyagiste. L'annulation, en dernière minute, de deux croisières affrétées par Classic International Cruises lui coûte près de 2 M€.
"Je ne trouvais pas normal que quelqu'un d'autre assume ce sinistre à ma place. Si j'avais opté pour la cessation de paiements, ce sinistre, cumulé aux acomptes versés pour les voyages de l'automne auraient coûté 3,9 M€ à l'APST.
Après la faillite de CIC, j'ai réussi à récupérer un quart de la somme, en lançant une procédure au niveau international".
Les comptes 2013 (arrêtés au 31 décembre) font état d'un chiffre d'affaires en baisse de -1,81%, à 8,1 M€ et d'une perte nette de -110 605 € pour 436 224 € de capitaux propres, selon Infogreffe.
L'année 2014, dont les comptes ne sont pas consultables, apporte également son lot de coups durs. "La guerre entre les territoires palestiniens et Israël a tué toute la production vers la Terre Sainte pour l'été et l'automne, et au-delà, vers la Jordanie, la Turquie et l'Egypte, totalement sinistrée", précise Hubert Debbasch.
Une production qui représente un tiers de l'activité du TO. Autre impact : le développement de la menace terroriste.
L'APST a été informée de la situation
Hubert Debbasch, PDG de Terre Entière - DR
La suite, nous la connaissons.
Ce dépôt de bilan débouche sur une période d'observation de deux mois, jusqu'au 12 mai prochain, durant lesquels Me Stéphane Gorrias agira en tant que mandataire judiciaire, et recueillera "les déclarations des créances", peut-on lire sur CreditSafe.fr.
"Personne ne sera planté, martèle Hubert Debbasch. Terre Entière a toujours géré ses dossiers avec une rigueur implacable. Il n'y a aucune dette, aucun passif.
Nous ferons en sorte d'assurer les départs qui viennent. En cas de situation extrême, l'APST assurera le iota de clients plantés".
De son côté, l'Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST), qui est le garant financier de Terre Entière, est au courant de la situation.
"M. Debbasch a toujours informé l'APST de la situation. Il a un comportement strictement irréprochable et prend très au sérieux la situation", confirme Raoul Nabet, président de l'association.
Pour autant, en l'état actuel des choses, l'APST ne peut intervenir.
Ce dépôt de bilan débouche sur une période d'observation de deux mois, jusqu'au 12 mai prochain, durant lesquels Me Stéphane Gorrias agira en tant que mandataire judiciaire, et recueillera "les déclarations des créances", peut-on lire sur CreditSafe.fr.
"Personne ne sera planté, martèle Hubert Debbasch. Terre Entière a toujours géré ses dossiers avec une rigueur implacable. Il n'y a aucune dette, aucun passif.
Nous ferons en sorte d'assurer les départs qui viennent. En cas de situation extrême, l'APST assurera le iota de clients plantés".
De son côté, l'Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST), qui est le garant financier de Terre Entière, est au courant de la situation.
"M. Debbasch a toujours informé l'APST de la situation. Il a un comportement strictement irréprochable et prend très au sérieux la situation", confirme Raoul Nabet, président de l'association.
Pour autant, en l'état actuel des choses, l'APST ne peut intervenir.
Une porte ouverte pour les repreneurs
Cette procédure de redressement judiciaire doit également permettre à d'éventuels repreneurs de déposer un dossier.
"Pour moi, c'est fini, confie Hubert Debbasch. Je suis prêt à accompagner la transition, je ne veux pas me défiler, mais il est évident pour moi que je ne dois plus être dans le paysage, car je n'ai pas su faire vivre à mon entreprise sa transition dans un contexte difficile.
Si je récupère de l'argent dans le cadre d'une cession, il me servira à payer tout ce qui n'a pas été repris, à liquider proprement.
C'est très difficile de vivre cette transition de façon impeccable".
Le PDG de Terre Entière a échangé avec plusieurs candidats potentiels, dont deux sérieux. L'information étant désormais publique, Hubert Debbasch s'attend à de nouvelles candidatures.
"Si on sollicite mon avis dans cette affaire, j'opterai pour le repreneur qui formulera l'offre la plus pertinente, qui reprendra le plus de salariés et qui favorisera l'esprit, l'identité de Terre Entière.
J'entends par là, la dimension humaine, culturelle et spirituelle de nos voyages, et la capacité à proposer une offre plurielle : des pèlerinages dans la tradition chrétienne et des voyages culturels dans un esprit humaniste."
"Pour moi, c'est fini, confie Hubert Debbasch. Je suis prêt à accompagner la transition, je ne veux pas me défiler, mais il est évident pour moi que je ne dois plus être dans le paysage, car je n'ai pas su faire vivre à mon entreprise sa transition dans un contexte difficile.
Si je récupère de l'argent dans le cadre d'une cession, il me servira à payer tout ce qui n'a pas été repris, à liquider proprement.
C'est très difficile de vivre cette transition de façon impeccable".
Le PDG de Terre Entière a échangé avec plusieurs candidats potentiels, dont deux sérieux. L'information étant désormais publique, Hubert Debbasch s'attend à de nouvelles candidatures.
"Si on sollicite mon avis dans cette affaire, j'opterai pour le repreneur qui formulera l'offre la plus pertinente, qui reprendra le plus de salariés et qui favorisera l'esprit, l'identité de Terre Entière.
J'entends par là, la dimension humaine, culturelle et spirituelle de nos voyages, et la capacité à proposer une offre plurielle : des pèlerinages dans la tradition chrétienne et des voyages culturels dans un esprit humaniste."
Des voyages engagés et humanistes
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Hubert Debbasch a certes le cœur lourd, mais il garde la tête sur les épaules.
Ce dirigeant n'a pas froid aux yeux, et n'a jamais hésité, au nom de ses convictions humanistes, à ouvrir des destinations où personne ne va. Des voyages culturels et à caractère géopolitique.
Ainsi, en 2009, Terre Entière a ouvert une filiale en Irak, Babel Tours.
"Une société rentable et qui a développé son département outgoing", ajoute Hubert Debbasch. L'an dernier, il l'a cédée à ses salariés irakiens.
Plus récemment, courant 2014, en plein conflit russo-ukrainien, le patron de Terre Entière programmait d'envoyer des clients en Ukraine.
Un voyage engagé, un choix politique aussi, nous précisait alors Hubert Debbasch. "Par ce biais, nous soutenons le rapprochement de l'Ukraine avec l'Europe, plutôt qu'avec la Russie et nous participons au lancement touristique du pays, qui n'a rien à envier à son voisin direct."
Ce positionnement n'est pas sans rappeler celui de Maurice Freund, en Afrique.
Un engagement de toute une vie, qui n'est pas sans risques.
"Terre Entière est connu pour sa capacité à s'investir dans les zones où une gestion de crise s'impose. A nous de montrer désormais que notre entreprise est capable de gérer celle qui nous touche", conclut Hubert Debbasch.
Une crise qui n'annonce pas pour autant la liquidation de Terre Entière... A bon entendeur !
Ce dirigeant n'a pas froid aux yeux, et n'a jamais hésité, au nom de ses convictions humanistes, à ouvrir des destinations où personne ne va. Des voyages culturels et à caractère géopolitique.
Ainsi, en 2009, Terre Entière a ouvert une filiale en Irak, Babel Tours.
"Une société rentable et qui a développé son département outgoing", ajoute Hubert Debbasch. L'an dernier, il l'a cédée à ses salariés irakiens.
Plus récemment, courant 2014, en plein conflit russo-ukrainien, le patron de Terre Entière programmait d'envoyer des clients en Ukraine.
Un voyage engagé, un choix politique aussi, nous précisait alors Hubert Debbasch. "Par ce biais, nous soutenons le rapprochement de l'Ukraine avec l'Europe, plutôt qu'avec la Russie et nous participons au lancement touristique du pays, qui n'a rien à envier à son voisin direct."
Ce positionnement n'est pas sans rappeler celui de Maurice Freund, en Afrique.
Un engagement de toute une vie, qui n'est pas sans risques.
"Terre Entière est connu pour sa capacité à s'investir dans les zones où une gestion de crise s'impose. A nous de montrer désormais que notre entreprise est capable de gérer celle qui nous touche", conclut Hubert Debbasch.
Une crise qui n'annonce pas pour autant la liquidation de Terre Entière... A bon entendeur !