Au Maroc, les réceptifs ne veulent plus des avances des clients européens en raison des difficultés sur place - Depositphotos @stevanovicigor
Lundi 13 décembre, nous vous avions fait voyager au Royaume des espoirs perdus, voici maintenant un séjour au pays du plaisir des sens.
Ne vous m'éprenez pas, mais la référence est celle de Fouzi Zemrani, l'ancien patron de la Confédération nationale du tourisme, en rapport avec le sketch de Raymond Devos.
Dans ce dernier, un automobiliste se retrouve coincé en voiture sur une place, dont il n'arrive pas à s'extraire et en fait inexorablement le tour.
Après quelques heures à tourner en rond, bloqué par les sens interdits placardés sur toutes les sorties, l'homme interpelle un policier
"Monsieur l'Agent! Il n'y a que quatre rues et elles sont toutes en sens interdit. Il me dit:" Je sais... c'est une erreur." Je lui dis "Mais alors... pour sortir?..." Il me dit " Vous ne pouvez pas!"
Voici en quelque sorte la situation absurde et l'impasse dans laquelle se trouve le tourisme... au Maroc.
Ne vous m'éprenez pas, mais la référence est celle de Fouzi Zemrani, l'ancien patron de la Confédération nationale du tourisme, en rapport avec le sketch de Raymond Devos.
Dans ce dernier, un automobiliste se retrouve coincé en voiture sur une place, dont il n'arrive pas à s'extraire et en fait inexorablement le tour.
Après quelques heures à tourner en rond, bloqué par les sens interdits placardés sur toutes les sorties, l'homme interpelle un policier
"Monsieur l'Agent! Il n'y a que quatre rues et elles sont toutes en sens interdit. Il me dit:" Je sais... c'est une erreur." Je lui dis "Mais alors... pour sortir?..." Il me dit " Vous ne pouvez pas!"
Voici en quelque sorte la situation absurde et l'impasse dans laquelle se trouve le tourisme... au Maroc.
Maroc : "Les partenaires européens tout comme les clients se sont désolidarisés"
"Le tourisme était à genoux, ils lui ont tiré la dernière balle pour l'achever.
Nous n'osons plus prendre les avances des clients européens, même à hauteur de 10%. En termes de trésorerie, ça devient compliqué après presque 2 ans de crise " déplore un réceptif.
Un constat qui rejoint celui dressé Fouzi Zemrani dans sa tribune "Tourisme en état d’urgence".
Ce dernier a été jusqu'en juillet dernier, vice-président de la Confédération nationale du tourisme, le syndicat regroupant l'ensemble de l'industrie marocaine.
De l'autre côté de la Méditerranée, les acteurs doivent composer avec les décisions erratiques du gouvernement et un plan d'accompagnement qui n'est jamais vraiment venu.
"Avant les élections de septembre, c'était silence radio, sauf pour annoncer un plan de relance que nous n'avons jamais eu. Tout ça n'est que du blabla," poursuit un autre acteur.
Pourtant le tourisme représente 7% du PIB et emploie 5% de la population active, il est l'un des principaux secteurs économiques du Royaume, derrière l'agriculture (14%) et l'industrie (17,5%).
En attendant un éventuel retour au tourisme d'avant, toute une industrie se meurt. Surtout que dans le même temps, la solidarité de mars 2020 a laissé place à un "sauf qui peut" généralisé.
"Les partenaires européens tout comme les clients se sont désolidarisés," lache Yasmine, la patronne de RIF Planète.
Si ce n'est Eric Baetens, Emmanuelle Barat n'a pas eu d'autres propositions d'aide de la part de la distribution française.
La responsable d'Authentik Traveller ne nourrit aucun sentiment de rancoeur, mais dresse un simple constat.
Nous n'osons plus prendre les avances des clients européens, même à hauteur de 10%. En termes de trésorerie, ça devient compliqué après presque 2 ans de crise " déplore un réceptif.
Un constat qui rejoint celui dressé Fouzi Zemrani dans sa tribune "Tourisme en état d’urgence".
Ce dernier a été jusqu'en juillet dernier, vice-président de la Confédération nationale du tourisme, le syndicat regroupant l'ensemble de l'industrie marocaine.
De l'autre côté de la Méditerranée, les acteurs doivent composer avec les décisions erratiques du gouvernement et un plan d'accompagnement qui n'est jamais vraiment venu.
"Avant les élections de septembre, c'était silence radio, sauf pour annoncer un plan de relance que nous n'avons jamais eu. Tout ça n'est que du blabla," poursuit un autre acteur.
Pourtant le tourisme représente 7% du PIB et emploie 5% de la population active, il est l'un des principaux secteurs économiques du Royaume, derrière l'agriculture (14%) et l'industrie (17,5%).
En attendant un éventuel retour au tourisme d'avant, toute une industrie se meurt. Surtout que dans le même temps, la solidarité de mars 2020 a laissé place à un "sauf qui peut" généralisé.
"Les partenaires européens tout comme les clients se sont désolidarisés," lache Yasmine, la patronne de RIF Planète.
Si ce n'est Eric Baetens, Emmanuelle Barat n'a pas eu d'autres propositions d'aide de la part de la distribution française.
La responsable d'Authentik Traveller ne nourrit aucun sentiment de rancoeur, mais dresse un simple constat.
Les avoirs au Maroc : "nous ne sommes pas obligés de les rembourser"
L'aide de 200 euros versée aux salariés n'y change rien. A la contraction de l'activité touristique s'ajoutent des règles différentes avec l'Europe et des décisions politiques pénalisant les acteurs.
De l'autre côté de la Méditerranée, les réceptifs se retrouvent avec des lois différentes des nôtres qui créent quelques incompréhensions.
"La distribution française voudrait que nous fonctionnions sous les règles françaises, mais les lois sont différentes ici. Nous sommes un peu perdus au moment de choisir quel cadre juridique à appliquer," explique Yasmine.
En effet, car les agences de l'Hexagone demandent les remboursements, pendant que les prestataires locaux ne sont pas dans l'obligation de restituer l'argent et ne veulent pas tous le faire.
Les réceptifs se retrouvent alors avec une comptabilité exsangue.
D'après la loi locale, les professionnels du tourisme seront dans l'obligation de rembourser les clients, dans les trois mois après la fin de l'Etat d'urgence.
"Il est maintenu jusqu'au 31 décembre 2021 et sera sans doute prolongé.
Nous ne sommes pas obligés de rendre l'argent, bien que la loi ne soit pas très très claire," analyse Jean-Pierre Champert, membre du conseil d'administration de l'Association Régionale des Agences de Voyages de Marrakech – Safi (ARAVMS).
Sauf que ce message n'est pas toujours accepté et compréhensible, alors qu'en France, les clients doivent être remboursés depuis septembre 2021. Ce n'est pas la seule difficulté.
De l'autre côté de la Méditerranée, les réceptifs se retrouvent avec des lois différentes des nôtres qui créent quelques incompréhensions.
"La distribution française voudrait que nous fonctionnions sous les règles françaises, mais les lois sont différentes ici. Nous sommes un peu perdus au moment de choisir quel cadre juridique à appliquer," explique Yasmine.
En effet, car les agences de l'Hexagone demandent les remboursements, pendant que les prestataires locaux ne sont pas dans l'obligation de restituer l'argent et ne veulent pas tous le faire.
Les réceptifs se retrouvent alors avec une comptabilité exsangue.
D'après la loi locale, les professionnels du tourisme seront dans l'obligation de rembourser les clients, dans les trois mois après la fin de l'Etat d'urgence.
"Il est maintenu jusqu'au 31 décembre 2021 et sera sans doute prolongé.
Nous ne sommes pas obligés de rendre l'argent, bien que la loi ne soit pas très très claire," analyse Jean-Pierre Champert, membre du conseil d'administration de l'Association Régionale des Agences de Voyages de Marrakech – Safi (ARAVMS).
Sauf que ce message n'est pas toujours accepté et compréhensible, alors qu'en France, les clients doivent être remboursés depuis septembre 2021. Ce n'est pas la seule difficulté.
Le Maroc bloque l'envoi des devises, les remboursements sont impossibles
"Le Maroc a bloqué l'envoi des devises à l'étranger.
Il n'y a pas de problème pour faire rentrer de l'argent ici par contre pour rembourser et donc envoyer des sommes à l'étranger, c'est très compliqué," témoigne Emmanuelle Barat, la chef de projets d'Authentik Traveller.
D'après les professionnels interrogés, les banques se montrent plus que frileuses. Il faut faire de nombreuses démarchent et monter tout un dossier.
Cet été les Marocains de l'étranger n'ont pas pu rentrer dans les familles et donc faire rentrer des devises, pour éviter de voir la monnaie se dévaluer, le gouvernement préfère fermer les vannes.
"Pour renvoyer des dirhams marocains en Europe, il est indispensable d'avoir l'accord de l'office des changes, puisque notre monnaie n'est pas une devise.
En temps normal, un agent de voyages ne peut pas exporter plus de 10% de son chiffre d'affaires," rapporte le directeur général de Sport Travel.
Avec une année 2020, où les recettes étaient proches de 0, en 2021 les transferts d'argent autorisés avec l'Europe étaient donc proches de... zéro.
Autant de freins qui expliquent les difficultés de l'industrie au Maroc, à chaque fermeture de frontières.
"Je dis à des agences de ne pas me verser et de conserver les acomptes des clients, puis de tout régler quand le voyage a vraiment lieu. Surtout qu'en plus de nous bloquer les banques prélèvent des frais importants," témoigne un réceptif.
En même temps, les plateformes françaises ont ajouté plus de flexibilité pour amadouer les voyageurs, les partenaires européens n'ont pas tous versé les factures et les prestataires ont conservé des flux financiers.
"De nombreux professionnels sont donc dans l'incapacité de rembourser les avoirs.
Emmanuel Macron a bien dit que nous étions en guerre, mais une guerre, ça dure rarement 100 ans," conclut avec une pointe d'optimisme Jean-Pierre Champert.
L'espoir a l'avantage de ne rien coûter...
Il n'y a pas de problème pour faire rentrer de l'argent ici par contre pour rembourser et donc envoyer des sommes à l'étranger, c'est très compliqué," témoigne Emmanuelle Barat, la chef de projets d'Authentik Traveller.
D'après les professionnels interrogés, les banques se montrent plus que frileuses. Il faut faire de nombreuses démarchent et monter tout un dossier.
Cet été les Marocains de l'étranger n'ont pas pu rentrer dans les familles et donc faire rentrer des devises, pour éviter de voir la monnaie se dévaluer, le gouvernement préfère fermer les vannes.
"Pour renvoyer des dirhams marocains en Europe, il est indispensable d'avoir l'accord de l'office des changes, puisque notre monnaie n'est pas une devise.
En temps normal, un agent de voyages ne peut pas exporter plus de 10% de son chiffre d'affaires," rapporte le directeur général de Sport Travel.
Avec une année 2020, où les recettes étaient proches de 0, en 2021 les transferts d'argent autorisés avec l'Europe étaient donc proches de... zéro.
Autant de freins qui expliquent les difficultés de l'industrie au Maroc, à chaque fermeture de frontières.
"Je dis à des agences de ne pas me verser et de conserver les acomptes des clients, puis de tout régler quand le voyage a vraiment lieu. Surtout qu'en plus de nous bloquer les banques prélèvent des frais importants," témoigne un réceptif.
En même temps, les plateformes françaises ont ajouté plus de flexibilité pour amadouer les voyageurs, les partenaires européens n'ont pas tous versé les factures et les prestataires ont conservé des flux financiers.
"De nombreux professionnels sont donc dans l'incapacité de rembourser les avoirs.
Emmanuel Macron a bien dit que nous étions en guerre, mais une guerre, ça dure rarement 100 ans," conclut avec une pointe d'optimisme Jean-Pierre Champert.
L'espoir a l'avantage de ne rien coûter...