Christophe Jacquet : "Lorsque nous regardons un certain nombre d'hypothèses, on se dit que 2020 sera une année qui va se terminer à -70%, -80%, et 2021 ne reviendra pas sur l'historique de 2019" - DR : Depositphotos.com, Neydtstock
TourMaG.com - Avec le déconfinement qui se profile à partir du 11 mai 2020, pensez-vous rouvrir vos agences ?
Christophe Jacquet : Ouvrir pour perdre de l'argent, c'est compliqué.
Nous sommes pris en tenaille entre, d'un côté, pouvoir reprendre la relation avec nos clients et, d'un autre côté, devoir traiter les reports et pas de la nouvelle demande.
Tout ce qui va être annoncé jeudi à l'issue du Conseil de défense sur la levée des restrictions sera extrêmement important pour nous. Nous aurons très certainement davantage de visibilité sur quelles libertés nous aurons en France sur l'été, et ensuite quelles libertés nous aurons pour voyager en Europe.
A l'heure où nous nous parlons, les frontières sont fermées. Pourtant nous lisons dans la presse que certaines destinations comme la Grèce aimeraient rouvrir.
A très court terme, ce qui est certain, c'est que nous n'ouvrirons pas notre réseau à partir du lundi 11 mai 2020. Ouvrir des agences pour avoir juste des charges supplémentaires, c'est prendre un risque. Il faut faire attention de ne pas ouvrir pour rien.
En revanche à partir du 2 juin 2020, nous allons mettre en place un test sur 10 agences de voyages, de manière à mesurer de façon rationnelle quel est le comportement des clients. L'objectif est de savoir si les Français vont se mettre dans la perspective d'organiser des projets de voyages pour plus tard.
Nous avons soigneusement sélectionné ces agences. Nous avons à la fois des flagships dans les grandes villes, des agences de province dans de plus petites villes qui ont un volume d'affaires moins important et des points de ventes en galeries marchandes.
Ces 10 agences vont nous permettre d'avoir un échantillon représentatif. En fonction des informations issues de ce test, nous re-déploierons massivement ou pas l'ensemble de notre réseau.
Christophe Jacquet : Ouvrir pour perdre de l'argent, c'est compliqué.
Nous sommes pris en tenaille entre, d'un côté, pouvoir reprendre la relation avec nos clients et, d'un autre côté, devoir traiter les reports et pas de la nouvelle demande.
Tout ce qui va être annoncé jeudi à l'issue du Conseil de défense sur la levée des restrictions sera extrêmement important pour nous. Nous aurons très certainement davantage de visibilité sur quelles libertés nous aurons en France sur l'été, et ensuite quelles libertés nous aurons pour voyager en Europe.
A l'heure où nous nous parlons, les frontières sont fermées. Pourtant nous lisons dans la presse que certaines destinations comme la Grèce aimeraient rouvrir.
A très court terme, ce qui est certain, c'est que nous n'ouvrirons pas notre réseau à partir du lundi 11 mai 2020. Ouvrir des agences pour avoir juste des charges supplémentaires, c'est prendre un risque. Il faut faire attention de ne pas ouvrir pour rien.
En revanche à partir du 2 juin 2020, nous allons mettre en place un test sur 10 agences de voyages, de manière à mesurer de façon rationnelle quel est le comportement des clients. L'objectif est de savoir si les Français vont se mettre dans la perspective d'organiser des projets de voyages pour plus tard.
Nous avons soigneusement sélectionné ces agences. Nous avons à la fois des flagships dans les grandes villes, des agences de province dans de plus petites villes qui ont un volume d'affaires moins important et des points de ventes en galeries marchandes.
Ces 10 agences vont nous permettre d'avoir un échantillon représentatif. En fonction des informations issues de ce test, nous re-déploierons massivement ou pas l'ensemble de notre réseau.
Business Travel : "tout est centralisé sur le plateau de Blagnac"
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TourMaG.com - La réouverture des points de ventes implique aussi une réorganisation par rapport aux contraintes sanitaires ?
Christophe Jacquet : Notre protocole est prêt en revanche, pour un réseau de plus de 200 agences intégrées, cela ajoute des dépenses et des contraintes supplémentaires...
Sur ce volet nous n'avons pas le choix et évidemment nous protégerons nos équipes et nos clients.
TourMaG.com - Sur le segment business travel, quelle est la stratégie de reprise ?
Christophe Jacquet : Depuis près de deux semaines sur la partie business travel, nous avons tout centralisé sur le plateau de Blagnac.
Un relais est effectué par les managers des neuf autres plateaux quant à la relation avec nos clients. Ils les informent de l'actualité et répondent aux questions sur la reprise des déplacements professionnels.
Ce dispositif va nous permettre en fonction de l'évolution de la demande, de recharger progressivement le plateau de Blagnac. Dès qu'il aura atteint une capacité de 60 à 70% de volume, nous commencerons à rouvrir les autres plateaux progressivement.
Sur le business travel, le dispositif est très clair car il est à géométrie variable et va permettre de se redéployer très facilement.
TourMaG.com - Le business travel va-t-il repartir avant le loisir ?
Christophe Jacquet : Nous venons de lancer une enquête auprès de nos clients pour avoir davantage d'informations sur leurs intentions. Mais très sincèrement, les chefs d'entreprises ne doivent pas être plus avancés que nous sur la situation actuelle.
Christophe Jacquet : Notre protocole est prêt en revanche, pour un réseau de plus de 200 agences intégrées, cela ajoute des dépenses et des contraintes supplémentaires...
Sur ce volet nous n'avons pas le choix et évidemment nous protégerons nos équipes et nos clients.
TourMaG.com - Sur le segment business travel, quelle est la stratégie de reprise ?
Christophe Jacquet : Depuis près de deux semaines sur la partie business travel, nous avons tout centralisé sur le plateau de Blagnac.
Un relais est effectué par les managers des neuf autres plateaux quant à la relation avec nos clients. Ils les informent de l'actualité et répondent aux questions sur la reprise des déplacements professionnels.
Ce dispositif va nous permettre en fonction de l'évolution de la demande, de recharger progressivement le plateau de Blagnac. Dès qu'il aura atteint une capacité de 60 à 70% de volume, nous commencerons à rouvrir les autres plateaux progressivement.
Sur le business travel, le dispositif est très clair car il est à géométrie variable et va permettre de se redéployer très facilement.
TourMaG.com - Le business travel va-t-il repartir avant le loisir ?
Christophe Jacquet : Nous venons de lancer une enquête auprès de nos clients pour avoir davantage d'informations sur leurs intentions. Mais très sincèrement, les chefs d'entreprises ne doivent pas être plus avancés que nous sur la situation actuelle.
Un système d'astreinte dans l'ensemble du réseau
TourMaG.com - Comment avez-vous organisé les équipes actuellement ?
Christophe Jacquet : Nous avons aujourd'hui un tiers de nos collaborateurs qui ont un temps de travail qui n'est pas de 100% et deux tiers de nos équipes qui sont à l'arrêt.
Nous avons un système d'astreinte dans l'ensemble de notre réseau.
Nous avons une personne par agence qui assure toute la relation avec les clients sur les sujets de rapatriement qui sont globalement passés, les émissions des bons à-valoir et le démarrage de l'organisation des reports.
Cet exercice reste compliqué car les tour-opérateurs n'ont pas encore engagé leurs vols pour l'année prochaine et les compagnies aériennes n'ont pas établi leur programme...
Christophe Jacquet : Nous avons aujourd'hui un tiers de nos collaborateurs qui ont un temps de travail qui n'est pas de 100% et deux tiers de nos équipes qui sont à l'arrêt.
Nous avons un système d'astreinte dans l'ensemble de notre réseau.
Nous avons une personne par agence qui assure toute la relation avec les clients sur les sujets de rapatriement qui sont globalement passés, les émissions des bons à-valoir et le démarrage de l'organisation des reports.
Cet exercice reste compliqué car les tour-opérateurs n'ont pas encore engagé leurs vols pour l'année prochaine et les compagnies aériennes n'ont pas établi leur programme...
"Nous sommes dans une positions défensive"
TourMaG.com - De quelle manière anticipez-vous la reprise ?
Christophe Jacquet : Aujourd'hui nous ne sommes plus dans une position d'attaque, mais dans une position défensive. La question est de savoir la manière dont on protège l'entreprise pour traverser la période actuelle. Nous sommes dans un mode d'hibernation, un mode contracté sur l'ensemble de nos dépenses.
Lorsque nous regardons un certain nombre d'hypothèses, on se dit que 2020 sera une année qui va se terminer à -70%, -80%, et 2021 ne reviendra pas sur l'historique de 2019.
Quand atteindrons-nous les niveaux de 2019 ? Cela prendra du temps, certainement un peu plus de deux ans.
TourMaG.com - Cette crise va t-elle précipiter une réorganisation de votre réseau ?
Christophe Jacquet : Non pas du tout. Le groupe est très actif sur le lobbying.
Laurent Abitbol (Président du groupe Marietton ndlr) a été l'un des moteurs de l'ordonnance sur l'à-valoir, sur la prolongation du chômage partiel, et sur d'autres mesures qui sont en train d'être demandées en coordination avec le SETO, Les Entreprises du Voyage et d'autres leaders de l'industrie.
Toute cette énergie que nous mettons autour de ces mesures, c'est pour préserver nos ressources, nous permettre d'avoir du temps et de repartir avec l'ensemble de nos collaborateurs et de notre réseau.
Il n'est pas question pour nous d'imaginer que le Havas Voyages d'avant le Covid-19 soit abîmé par cette crise. Notre ambition c'est d'être très attentifs à nos charges pendant cette période et prendre les mesures qui nous permettrons de repartir avec l'ensemble de nos collaborateurs et de notre réseau.
Christophe Jacquet : Aujourd'hui nous ne sommes plus dans une position d'attaque, mais dans une position défensive. La question est de savoir la manière dont on protège l'entreprise pour traverser la période actuelle. Nous sommes dans un mode d'hibernation, un mode contracté sur l'ensemble de nos dépenses.
Lorsque nous regardons un certain nombre d'hypothèses, on se dit que 2020 sera une année qui va se terminer à -70%, -80%, et 2021 ne reviendra pas sur l'historique de 2019.
Quand atteindrons-nous les niveaux de 2019 ? Cela prendra du temps, certainement un peu plus de deux ans.
TourMaG.com - Cette crise va t-elle précipiter une réorganisation de votre réseau ?
Christophe Jacquet : Non pas du tout. Le groupe est très actif sur le lobbying.
Laurent Abitbol (Président du groupe Marietton ndlr) a été l'un des moteurs de l'ordonnance sur l'à-valoir, sur la prolongation du chômage partiel, et sur d'autres mesures qui sont en train d'être demandées en coordination avec le SETO, Les Entreprises du Voyage et d'autres leaders de l'industrie.
Toute cette énergie que nous mettons autour de ces mesures, c'est pour préserver nos ressources, nous permettre d'avoir du temps et de repartir avec l'ensemble de nos collaborateurs et de notre réseau.
Il n'est pas question pour nous d'imaginer que le Havas Voyages d'avant le Covid-19 soit abîmé par cette crise. Notre ambition c'est d'être très attentifs à nos charges pendant cette période et prendre les mesures qui nous permettrons de repartir avec l'ensemble de nos collaborateurs et de notre réseau.
"Au moment de la reprise, tout le monde aura besoin de tout le monde"
TourMaG.com - Quid des relations avec les tour-opérateurs sur l'à-valoir et les règlements ?
Christophe Jacquet : Tout le monde est très solidaire. Il y a eu deux phases : la première où tout le monde s'est pris d'un coup cette crise sur la tête en 72h. Nous sommes passés de "cela ne nous arrivera jamais" à "c'est chez nous, il faut tout fermer".
Entre le 16 mars, date du confinement, et l'ordonnance du 25 mars, il y a eu un mouvement général de panique. L'instinct de survie a pris le dessus à ce moment-là.
L'ordonnance nous a permis de mettre tout le monde sur les rails. Désormais nous connaissons les conditions vis-à-vis des acomptes clients et les conditions de report.
Havas Voyages a pris le parti de tout mettre en oeuvre pour reporter les voyages sur le même tour-opérateur et la même destination, même si dans l'absolu nous n'en avons pas l'obligation. Les consignes qui ont été données sont de soutenir l'ensemble des partenaires et tour-opérateurs dans ce dispositif.
Sur les règlements, nous avons tenu nos engagements. Nous avons payé rubis sur l'ongle tous les voyages partis.
Ensuite il y a les compagnies aériennes, qui n'appliquent pas le droit européen et le droit français. Il y a une pression sur les transporteurs de manière à ce qu'ils appliquent les règles qui soient protectrices pour nous, nos clients et les TO.
D'autant plus que si les compagnies vont au tapis, il n'existe aucune caisse de garantie pour les distributeurs... nous devrons y aller de notre poche.
Au moment de la reprise, tout le monde aura besoin de tout le monde, ensemble nous sommes plus forts.
Christophe Jacquet : Tout le monde est très solidaire. Il y a eu deux phases : la première où tout le monde s'est pris d'un coup cette crise sur la tête en 72h. Nous sommes passés de "cela ne nous arrivera jamais" à "c'est chez nous, il faut tout fermer".
Entre le 16 mars, date du confinement, et l'ordonnance du 25 mars, il y a eu un mouvement général de panique. L'instinct de survie a pris le dessus à ce moment-là.
L'ordonnance nous a permis de mettre tout le monde sur les rails. Désormais nous connaissons les conditions vis-à-vis des acomptes clients et les conditions de report.
Havas Voyages a pris le parti de tout mettre en oeuvre pour reporter les voyages sur le même tour-opérateur et la même destination, même si dans l'absolu nous n'en avons pas l'obligation. Les consignes qui ont été données sont de soutenir l'ensemble des partenaires et tour-opérateurs dans ce dispositif.
Sur les règlements, nous avons tenu nos engagements. Nous avons payé rubis sur l'ongle tous les voyages partis.
Ensuite il y a les compagnies aériennes, qui n'appliquent pas le droit européen et le droit français. Il y a une pression sur les transporteurs de manière à ce qu'ils appliquent les règles qui soient protectrices pour nous, nos clients et les TO.
D'autant plus que si les compagnies vont au tapis, il n'existe aucune caisse de garantie pour les distributeurs... nous devrons y aller de notre poche.
Au moment de la reprise, tout le monde aura besoin de tout le monde, ensemble nous sommes plus forts.
"Nous vendons la France et nous préparons une offre spécifique"
TourMaG.com - Préparez-vous une offre France pour répondre à la demande annoncée des voyages des Français dans l'Hexagone pour cet été ?
Christophe Jacquet : Nous vendons la France et nous préparons une offre spécifique pour être prêts dans la mesure où la France dans les jours qui viennent se confirmerait comme étant LA destination...
Mais je pense que ce n'est pas fondamentalement notre métier. Il y a peu de clubs sur la France, ensuite nous tombons rapidement sur de l'hôtellerie sèche, puis de la location de villas et d'appartements qui passent par d'autres réseaux que les nôtres.
Maintenant ce qui est certain, c'est que nous avons une clientèle extrêmement fidèle dans nos agences et qui n'imagine pas partir en vacances sans passer par Havas Voyages.
Ce sera donc de notre responsabilité de continuer à les accompagner dans leurs projets de vacances aussi sur la destination France.
Christophe Jacquet : Nous vendons la France et nous préparons une offre spécifique pour être prêts dans la mesure où la France dans les jours qui viennent se confirmerait comme étant LA destination...
Mais je pense que ce n'est pas fondamentalement notre métier. Il y a peu de clubs sur la France, ensuite nous tombons rapidement sur de l'hôtellerie sèche, puis de la location de villas et d'appartements qui passent par d'autres réseaux que les nôtres.
Maintenant ce qui est certain, c'est que nous avons une clientèle extrêmement fidèle dans nos agences et qui n'imagine pas partir en vacances sans passer par Havas Voyages.
Ce sera donc de notre responsabilité de continuer à les accompagner dans leurs projets de vacances aussi sur la destination France.