TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TourMaG  




Comment Worldia veut atteindre les 500 millions de CA malgré Thomas Cook

progression de 60% de son chiffre d'affaires


Le tour-opérateur très orienté sur la technologie, Worldia est présent à l'IFTM Top Resa. Outre les relations presses, l'événement représente l'occasion de rencontrer des partenaires actuels et futurs. Nous en avons profité pour poser quelques questions à Erwan Corre, le responsable de la stratégie de Worldia, sans éluder la chute d'un de ses principaux clients : Thomas Cook.


Rédigé par le Mardi 1 Octobre 2019

Worldia vise 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024, contre 70 millions cette année - Crédit photo : Worldia
Worldia vise 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024, contre 70 millions cette année - Crédit photo : Worldia
TourMaG.com - Dans un premier temps, pourriez-vous nous donner des nouvelles au 1er octobre 2019 ?

Erwan Coore :
Nous venons de boucler notre année fiscale, au 30 septembre 2019, conformément à nos attentes.

Worldia va pouvoir annoncer une progression de 60% de son chiffre d'affaires, soit environ 35 millions d'euros, hors vols.

Début juin, nous avons validé une levée de fonds de 19 millions d'euros avec Red River West appartenant au groupe Pinault, Cap Horn et Raise Ventures.

Cela va soutenir quatre objectifs à savoir le développement technologique, consolider notre position sur la France, l'internationalisation et la diversification des canaux.

Ce dernier point se matérialise dernièrement par un partenariat avec Ponant, pour vendre les prestations autour de la croisière.

TourMaG.com - Quid de cette présence à lIFTM Top Resa ?

Erwan Corre :
C'est l'occasion de présenter nos fournisseurs actuels et éventuels.

De plus nous travaillons avec des centaines de clients indépendants, ce n'est jamais évident de les rencontrer. Ce rendez-vous nous permet de faire un point avec de nombreux réseaux.

Pour finir, j'interviens sur un débat portant sur la digitalisation des agences de voyages. Par le passé, nous opposions souvent ancienne et nouvelle économie comme deux mondes séparés.

Vous remarquerez que ce terme "nouvelle économie" a un peu disparu. Il est désuet car des stratégies multicanales se mettent en place partout même chez Amazon.

Ce process de digitalisation consiste à produire des outils adaptés aux demandes des clients d'aujourd'hui. Avant un agent de voyages se devait de maîtriser Amadeus en cryptique, il y avait une expertise technique. C'est toujours le cas mais le métier évolue
et chez Worldia, nous sommes passés d'opérateurs techniques à celui de conseiller.

Cela représente une véritable opportunité de marché pour nous.

TourMaG.com - En quoi est-ce une opportunité ?

Erwan Corre :
Notre rôle pour permettre aux agents d'effectuer au mieux leur tâche de conseil, est d'intervenir en proposant une curation de produits (sélectionner des produits ou offres commerciales présentes sur Internet, ndlr).

Je m'explique. Actuellement, nous avons accès à plus de 500 000 hôtels, avec l'évolution du marché dans trois ans, mécaniquement même si nous ne faisons rien, sans se connecter à d'autres partenaires, nous allons arriver à un million d'adresses.

Comment faire pour choisir avec autant de possibilités ? Selon moi, il y a une valeur ajoutée à intervenir dans la curation de produits.

Certes nous avons 500 000 hôtels, mais si vous cochez la sélection Worldia, nous mettons à disposition 7 000 établissements en étant sûr que la satisfaction client sera au rendez-vous.

Je crois en cette vertu. Tout comme je crois aussi au retour en force de l'expertise humaine versus la notation sur les plateformes.

Bien évidemment, c'est un canal qui continuera à exister pour plusieurs raisons.

Tout d'abord car les coûts d'acquisition en ligne sont tellement élevés, les mastodontes se battent pour payer relativement cher le clic de l'internaute vers son site.

Le marché est dopé par les GAFA. Il arrive un moment où le coût de l'acquisition d'un client par une agence physique ne sera pas supérieur à celui en ligne.

Le deuxième point réside dans le fait que les gens ont besoin de conseils et le téléphone n'est pas suffisant pour les rassurer ou les conseillers.

Puis il y a un dernier point pas encore très développé en France, sauf par Voyageurs du Monde, c'est celui des points de vente expérientiels.

Par exemple à Berlin, vous avez des agences qui proposent un coin vaccination, un autre avec les guides de voyages, puis celui avec les accessoires de voyages.

Tous ces points me font penser que les agents de voyages ne vont pas disparaître de sitôt.

Worldia en 2019 cela représente 67 salariés et le TO envisage de recruter 60 personnes en 2020 - Crédit photo : Worldia
Worldia en 2019 cela représente 67 salariés et le TO envisage de recruter 60 personnes en 2020 - Crédit photo : Worldia
TourMaG.com - Si les agences de voyages ne sont pas vouées à disparaître, comment Worldia va poursuivre sa conquête du marché français ?

Erwan Corre :
Nous allons étendre notre réseau de distribution, puis mieux répondre aux attentes avec quasiment une ouverture de destination par mois.

Puis il faut améliorer la profondeur du portefeuille pour une meilleure offre famille, couple, millennials, hors des sentiers battus, etc.

Et enfin nous devons faire de Worldia un réflexe dans les agences et c'est un travail au quotidien.

Actuellement nous avons 1 500 agences utilisatrices avec pour objectif de monter à 2 500 agences, d'ici deux ans.

TourMaG.com - Quels sont les prochains services que vous souhaitez développer dans les mois ou années à venir ?

Erwan Corre :
Nous aimerions aider nos partenaires à mieux vendre à destination sauf qu'en 2019 personne ne fait de vente après le départ.

Worldia possède un avantage : nous savons exactement où se trouvent les voyageurs, à quel hôtel et son activité du moment.

Nous réfléchissons à cette solution depuis un moment et nous aimerions que cela sorte dès l'année prochaine.

Notre vocation est d'optimiser l'expérience client à toutes les étapes du voyage, que ce soit en amont, pendant et après.

Tout cela peut nous prendre une vie à développer, il faut rester humble.

TourMaG.com - Où en êtes-vous dans votre déploiement à l'étranger ?

Erwan Corre :
Cela avance doucement, mais surement.

Les premières ventes en Allemagne ont été faites il y a un an alors qu'en Australie cela fait 6 mois et en Espagne en septembre 2019.

Après j'espère que lors de l'IFTM Top Resa 2020 je pourrai vous annoncer des ventes aux Etats-Unis.

Ce n'est pas tout car nous souhaitons arriver en Asie à la fin de l'année 2020 ou début 2021.

Il y a là bas des complexités de marché qui ne sont pas les mêmes, avec des exigences techniques et au niveau de l'hébergement. Nous y allons progressivement et effectuons un important travail de débroussaillage.

TourMaG.com - Ces marchés sont certes émergents pour vous mais que devront-ils représenter lors de l'IFTM Top Resa 2020 ?

Erwan Corre :
Je pense que les marchés à l'étranger devraient représenter environ 20% de notre chiffre d'affaires en étant réaliste.

Et d'ici cinq ans, ce quotient devrait atteindre 80% et 20% pour la France.

Ce n'est pas que nous allons décroître dans l'Hexagone, mais si vous prenez Allemagne comme marché émetteur, il est nettement plus grand que la France.

TourMaG.com - D'ailleurs avec l'importance et la puissance des acteurs allemands, ce marché doit être très compliqué à conquérir ?

Erwan Corre :
Je ne vais pas vous dire que c'est une mission facile car il y a un oligopole assez prégnant et c'est un marché où la sensibilité prix est beaucoup plus forte qu'en France.

Le monde du tourisme en Allemagne est fortement dépendant des offres flash, les réductions, etc. Prenez l'équivalent de la FNAC outre-Rhin, sa devise est "être radin c'est génial".

Le positionnement est différent, mais en ayant cela à l'esprit et en sachant que tous les acteurs ont leur production focalisée dessus, nous avons une carte à jouer avec notre offre.

En grappillant quelque part de marché nous allons pouvoir atteindre notre objectif d'atteindre les 500 millions d'euros de chiffre d'affaires dans 5 ans.

TourMaG.com - Où en êtes-vous en 2019 ?

Erwan Corre :
Si vous prenez notre business volume cette année, ce sera 70 millions d'euros, pour 35 millions hors vols.

Pour démultiplier ce chiffre, nous allons devoir recruter une quinzaine de gros clients à travers le monde, quand je dis gros clients cela correspond à des Cdiscount ou vente-privée.

TourMaG.com - Pour terminer, nous avons reçu des messages alarmants concernant Worldia. Selon certaines personnes Thomas Cook représentait 60% de votre chiffre d'affaires, est-ce vrai ? Et comment se relever ?

Erwan Corre :
Les échos que vous avez ne sont pas bons. Thomas Cook représentait un peu moins de 25% de notre business en 2019.

Nous avions eu des signes les semaines précédentes montrant que ça n'allait pas très bien.

Ce n'est jamais une bonne nouvelle, au-delà de Worldia, car il y a des personnes de très grande qualité au sein des rangs de Thomas Cook. Il est toujours désolant de voir que les errances stratégiques au Royaume-Uni se traduisent par des milliers de personnes au chômage.

Nous concernant, il n'y a pas d'ardoise de Thomas Cook, mais nous allons sans doute observer une perte du chiffre d'affaires à court terme.

Toutefois, rien ne dit que le réseau ne soit pas repris, donc ce qui limitera l'impact.

Nous allons faire en sorte que cela ne nous impacte pas trop et nous espérons surtout que le réseau sera repris pas pour nous, mais pour les salariés.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
Voir tous les articles de Romain Pommier
  • picto Facebook
  • picto Linkedin
  • picto email

Lu 3034 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 14 Novembre 2024 - 17:20 Univairmer : les précisions de Jean Dionnet





































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias