Pour le touriste, le café est le lieu où faire une pause au cours d’une visite, où se désaltérer, où frayer avec la population locale et surtout où aller soulager ses besoins physiologiques majeurs. Où ira le touriste de l’ère covidienne surtout si 25% des établissements ferment ? - DR : DepositPhotos, Minchanin
De Vienne à Rome, en passant par Londres ou Paris, les cafés sont devenus d’autant plus incontournables que leur personnalité diffère d’un pays à l’autre.
Liés à une histoire, ils sont aussi des espaces vivants, ouverts, changeants qui n’en finissent pas de témoigner des humeurs, des états d’âme et des façons de vivre d’une époque.
Une mission qui en dit long sur l’indispensable réactivité dont ils doivent être l’objet et qui en fait l’un des postes les plus avancés de l’observation de notre société…
Regarder vivre et changer les cafés, quel meilleur cahier de tendances ? Mais, de quelles tendances parle-t-on ?
Liés à une histoire, ils sont aussi des espaces vivants, ouverts, changeants qui n’en finissent pas de témoigner des humeurs, des états d’âme et des façons de vivre d’une époque.
Une mission qui en dit long sur l’indispensable réactivité dont ils doivent être l’objet et qui en fait l’un des postes les plus avancés de l’observation de notre société…
Regarder vivre et changer les cafés, quel meilleur cahier de tendances ? Mais, de quelles tendances parle-t-on ?
Le renouveau des années 2000
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Le petit crème sur un zinc graisseux ou des tables au formica lacéré par l’âge a-t-il fait long feu ? Pas sûr.
Ceux qui ont dû tirer le rideau ne sont pas forcément les plus abîmés par le temps. Au contraire.
Parmi les milliers de troquets qui, dans notre pays, ont mis la clé sous la porte, beaucoup n’avaient tout simplement pas vu le vent tourner.
Figés dans un statut de buvette - dans le meilleur des cas -, ils n’ont pas compris que le café - le bar, le bistrot, le salon de thé, etc. - façon troisième millénaire, n’est plus simplement une halte où étancher sa soif.
Ambiance, décor, comptoir, salon, saveur, rencontres, sourire, tradition, histoire… Ces escales paresseuses ou hâtives doivent aujourd’hui non seulement être le fruit d’une alchimie d’autant plus savante que le hasard y a rarement sa place, mais elles doivent aussi apprendre parfois à multiplier les fonctions.
Ceux qui ont dû tirer le rideau ne sont pas forcément les plus abîmés par le temps. Au contraire.
Parmi les milliers de troquets qui, dans notre pays, ont mis la clé sous la porte, beaucoup n’avaient tout simplement pas vu le vent tourner.
Figés dans un statut de buvette - dans le meilleur des cas -, ils n’ont pas compris que le café - le bar, le bistrot, le salon de thé, etc. - façon troisième millénaire, n’est plus simplement une halte où étancher sa soif.
Ambiance, décor, comptoir, salon, saveur, rencontres, sourire, tradition, histoire… Ces escales paresseuses ou hâtives doivent aujourd’hui non seulement être le fruit d’une alchimie d’autant plus savante que le hasard y a rarement sa place, mais elles doivent aussi apprendre parfois à multiplier les fonctions.
Josette Sicsic - DR
Comme avant ? En partie, car, dans les nouvelles manies qu’ont nos bistrots de faire de la philo, de la psycho, de l’astrologie, des massages, de la géographie, des tarots, du Monopoly ou de la vidéo… quand il ne s’agit pas tout simplement de vendre des charcuteries et de la boulangerie, du café, on retrouve simplement les fondamentaux de cette institution née… voyons, il y a presque 300 ans !
Mais le renouveau du café tel qu’on le connaît depuis plus de 20 ans correspond aussi à ses capacités de réponse aux attentes de la société contemporaine.
Lesquelles ? A attentes multiples, réponses multiples. Voici en quelques lignes comment, à travers un dialogue muet, cafés et clients communiquent, et à conjurer l’ambiance morose de ces derniers mois.
Mais le renouveau du café tel qu’on le connaît depuis plus de 20 ans correspond aussi à ses capacités de réponse aux attentes de la société contemporaine.
Lesquelles ? A attentes multiples, réponses multiples. Voici en quelques lignes comment, à travers un dialogue muet, cafés et clients communiquent, et à conjurer l’ambiance morose de ces derniers mois.
• Une consommation identitaire
De tout temps, et encore aujourd’hui, le choix d’un café ne repose pas seulement sur le goût de ses breuvages. Espace de rencontres, décor, atmosphère, il est le miroir de sa clientèle. On le choisit parce qu’il nous ressemble. Parce que sa personnalité et la nôtre se confondent. "Dis moi où tu vas, je te dirai qui tu es". A l’heure où la consommation constitue un moyen parmi d’autres d’inventer sa personnalité, le café joue ce rôle de révélateur identitaire plus que jamais nécessaire à certains.
• Un lieu de transit pour une société nomade
Dans une société où la mobilité va crescendo, il est également ce lieu de transit indispensable aux nomades que nous sommes devenus. Dans sa simple fonction d’escale, il est privilégié par tous ceux qui naviguent entre domicile et travail ou entre plusieurs lieux de loisirs.
• La manie du grignotage
Alors que le repas de midi a perdu de son aura et de son utilité, le café compte parmi ces endroits où l’on peut assouvir une "petite faim" sans pour autant avoir à s’installer dans un cérémoniel alimentaire long et parfois coûteux. Vite avalée, la nourriture de bistrot tient plus du grignotage cher aux pratiques alimentaires de notre époque pressée.
• Une consommation informelle
Si le café connaît un tel succès, c’est aussi et surtout parce qu’il est facile à consommer. N’imposant aucune règle, ni vestimentaire, ni temporelle, ni sociale, on peut y passer des moments plus ou moins longs et s’y sentir libre dans une société de plus en plus autonome et réfractaire aux contraintes.
• Une sociabilité à géométrie variable
Ouvert aux solitaires, aux couples ou aux groupes, le café peut également accueillir, sans distinction, toutes les variables de la grégarité. N’imposant aucune norme, aucun rite particulier, il respecte aux demandes de sociabilité à géométrie très variable que lui imposent ses clients et s’y adapte. Le solitaire y voit son intimité acceptée. Les groupes y sont tolérés. Ils peuvent s’y faire et se défaire dans la plus parfaite liberté.
• Une solitude conviviale
Rare espace public où le solitaire ne se sent pas minoré, voire rejeté, le café est doté d’une qualité supplémentaire : il "couve" la solitude de celui qui la recherche et organise son intimité avec un mélange de distance et de chaleur.
• Ecouter une histoire
Le café, quand il est ancien, est aussi très souvent ancré dans l’histoire d’une ville ou d’un quartier que ses murs, son mobilier, quelques accessoires sont capables de raconter. Ancien charbon, ancienne brasserie littéraire, épicerie vétuste… il offre une ouverture sur un passé et une tradition dont les Français sont aujourd’hui résolument friands. Havre d’authenticité, il est ce lieu magique où l’on peut rompre avec le temps et se plonger, à travers quelques photos, accessoires, objets de décoration, dans une autre époque et souvent dans la vie de personnages illustres… Toute notre littérature et notre peinture n’a-t-elle pas ses repères dans des cafés ?
• Un jardin chez soi : la terrasse
Dotée par tradition d’une terrasse extérieure, le café est donc aussi doté d’une sorte de jardin où les urbains peuvent venir recueillir les premiers rayons de soleil tandis qu’en bord de mer ou à la campagne, la terrasse constitue ce territoire transitoire entre la rue et la maison…
• La reconquête de la rue
Allant de pair avec la terrasse, le spectacle d’une rue redevenue un espace social compte aussi pour beaucoup dans l’offre du café. Il compte d’autant plus que la rue aujourd’hui s’anime et varie ses propositions de spectacles. On vient donc au café pour écouter une aubade ou assister à une quelconque parade, sans supplément de prix. On y vient pour renouer avec la rue.
• La comédie humaine en action
Ouvert sur les autres, le café constitue aussi le théâtre où se jouent toutes les comédies sociales. Grâce à ses immenses facultés à brasser des publics divers, il est une scène où l’on est spectateur et acteur de son quotidien et de celui des autres
• La multi fonction
Reflétant parfaitement la tendance à produire du "deux en un", le café se laisse accoupler avec toutes sortes d’autres fonctions : jeu, musique, galerie, danse, brocante… il reflète ainsi surtout nos loisirs ordinaires et extraordinaires.
• Le café touristique
Enfin, n’oublions pas que pour le touriste, le café est le lieu où faire une pause au cours d’une visite, où se désaltérer, où frayer avec la population locale et surtout où aller soulager ses besoins physiologiques majeurs. Où ira le touriste de l’ère covidienne surtout si 25% des établissements ferment ?
De tout temps, et encore aujourd’hui, le choix d’un café ne repose pas seulement sur le goût de ses breuvages. Espace de rencontres, décor, atmosphère, il est le miroir de sa clientèle. On le choisit parce qu’il nous ressemble. Parce que sa personnalité et la nôtre se confondent. "Dis moi où tu vas, je te dirai qui tu es". A l’heure où la consommation constitue un moyen parmi d’autres d’inventer sa personnalité, le café joue ce rôle de révélateur identitaire plus que jamais nécessaire à certains.
• Un lieu de transit pour une société nomade
Dans une société où la mobilité va crescendo, il est également ce lieu de transit indispensable aux nomades que nous sommes devenus. Dans sa simple fonction d’escale, il est privilégié par tous ceux qui naviguent entre domicile et travail ou entre plusieurs lieux de loisirs.
• La manie du grignotage
Alors que le repas de midi a perdu de son aura et de son utilité, le café compte parmi ces endroits où l’on peut assouvir une "petite faim" sans pour autant avoir à s’installer dans un cérémoniel alimentaire long et parfois coûteux. Vite avalée, la nourriture de bistrot tient plus du grignotage cher aux pratiques alimentaires de notre époque pressée.
• Une consommation informelle
Si le café connaît un tel succès, c’est aussi et surtout parce qu’il est facile à consommer. N’imposant aucune règle, ni vestimentaire, ni temporelle, ni sociale, on peut y passer des moments plus ou moins longs et s’y sentir libre dans une société de plus en plus autonome et réfractaire aux contraintes.
• Une sociabilité à géométrie variable
Ouvert aux solitaires, aux couples ou aux groupes, le café peut également accueillir, sans distinction, toutes les variables de la grégarité. N’imposant aucune norme, aucun rite particulier, il respecte aux demandes de sociabilité à géométrie très variable que lui imposent ses clients et s’y adapte. Le solitaire y voit son intimité acceptée. Les groupes y sont tolérés. Ils peuvent s’y faire et se défaire dans la plus parfaite liberté.
• Une solitude conviviale
Rare espace public où le solitaire ne se sent pas minoré, voire rejeté, le café est doté d’une qualité supplémentaire : il "couve" la solitude de celui qui la recherche et organise son intimité avec un mélange de distance et de chaleur.
• Ecouter une histoire
Le café, quand il est ancien, est aussi très souvent ancré dans l’histoire d’une ville ou d’un quartier que ses murs, son mobilier, quelques accessoires sont capables de raconter. Ancien charbon, ancienne brasserie littéraire, épicerie vétuste… il offre une ouverture sur un passé et une tradition dont les Français sont aujourd’hui résolument friands. Havre d’authenticité, il est ce lieu magique où l’on peut rompre avec le temps et se plonger, à travers quelques photos, accessoires, objets de décoration, dans une autre époque et souvent dans la vie de personnages illustres… Toute notre littérature et notre peinture n’a-t-elle pas ses repères dans des cafés ?
• Un jardin chez soi : la terrasse
Dotée par tradition d’une terrasse extérieure, le café est donc aussi doté d’une sorte de jardin où les urbains peuvent venir recueillir les premiers rayons de soleil tandis qu’en bord de mer ou à la campagne, la terrasse constitue ce territoire transitoire entre la rue et la maison…
• La reconquête de la rue
Allant de pair avec la terrasse, le spectacle d’une rue redevenue un espace social compte aussi pour beaucoup dans l’offre du café. Il compte d’autant plus que la rue aujourd’hui s’anime et varie ses propositions de spectacles. On vient donc au café pour écouter une aubade ou assister à une quelconque parade, sans supplément de prix. On y vient pour renouer avec la rue.
• La comédie humaine en action
Ouvert sur les autres, le café constitue aussi le théâtre où se jouent toutes les comédies sociales. Grâce à ses immenses facultés à brasser des publics divers, il est une scène où l’on est spectateur et acteur de son quotidien et de celui des autres
• La multi fonction
Reflétant parfaitement la tendance à produire du "deux en un", le café se laisse accoupler avec toutes sortes d’autres fonctions : jeu, musique, galerie, danse, brocante… il reflète ainsi surtout nos loisirs ordinaires et extraordinaires.
• Le café touristique
Enfin, n’oublions pas que pour le touriste, le café est le lieu où faire une pause au cours d’une visite, où se désaltérer, où frayer avec la population locale et surtout où aller soulager ses besoins physiologiques majeurs. Où ira le touriste de l’ère covidienne surtout si 25% des établissements ferment ?
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Contact : touriscopie@gmail.com
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