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Grèves SNCF / Air France : la colère gronde chez les tour-opérateurs

Des grèves particulièrement dommageables pour les voyagistes


Alors que les grèves se poursuivent à la SNCF, l'intersyndicale des pilotes Air France annonce continuer ses blocages. Avec l'arrivée des beaux jours - et les ponts du printemps - les tour-opérateurs sont au mieux inquiets, au pire exaspérés.


Rédigé par le Mercredi 4 Avril 2018

Les professionnels s'organisent pour tenir leurs clients informés autant que possible - photo domaine public
Les professionnels s'organisent pour tenir leurs clients informés autant que possible - photo domaine public
Les professionnels du tourisme tapent du poing sur la table.

Les mouvements de grève se suivent et se répètent depuis plusieurs mois.

Les réclamations de l'intersyndicale des pilotes d'Air France ont fait suite à celles des contrôleurs aériens et en parallèle, la SNCF participait aux grèves du service public, puis organisait dès le 3 avril 2018 sa grève perlée sur 3 mois.

"La période va être très difficile pour les usagers, regrette un représentant du réseau Selectour, ajoutant : les agents de voyages sont là pour leur éviter les changements qu’impliquent la grève. Passer par une agence de voyages prend alors tout son sens. Il est d’ailleurs primordial, en ces temps incertains, de réserver son voyage en passant par un professionnel !"

Et de fait, les professionnels s'organisent pour tenir leurs clients informés autant que possible.

Déjà en février, nous avions interrogé des agents de voyages, qui essayaient d'organiser leur travail mais restaient philosophes.

Une attitude qui n'est plus tellement d'actualité, car aujourd'hui, beaucoup de professionnels montent au créneau.

C'est l'UMIH qui a frappé la première. Le 29 mars 2018, Roland Héguy publiait un communiqué dans lequel il déplorait l'attitude des transporteurs en grève, et estimait les premières conséquences dans l'hôtellerie : "nous constatons déjà un recul de -10% du taux d’occupation pour le mois d’avril.

Nous pouvons dès à présent chiffrer cette baisse à une perte de 150 millions d’euros pour l’hôtellerie
qui présage de mauvais résultats pour les cafés et les restaurants. Pour les mois de mai et juin, les demandes de réservation sont à l’arrêt."

Les TO au bord du divorce ?

De leur côté, les tour-opérateurs (TO) que nous avons contactés ne décolèrent pas.

"Je ne comprends pas ces gens là, comment osent-t-ils?" s’énerve Frédéric de Fournoux, PDG Fondateur de Plus Belle l'Europe, montrant du doigt les raisons des mouvements sociaux chez Air France. "On ne se comporte pas ainsi, on ne bloque pas tout le monde pour une augmentation de salaire, et encore moins quand les salaires sont à cette hauteur, c'est inadmissible".

Les séjours du TO sont calés en semaine, "ce qui permet de remplir les vols moins chargés" note son PDG, et c'est bien le problème pour les clients partis cette semaine.

"Une cinquantaine de personnes a été touchée à l'aller le 3 avril et le sera le 10, à leur retour. Ce sont des gens qui ont économisé pour s'offrir un voyage et qu'on empêche de partir en vacances".

Si certains clients annoncent désormais clairement ne pas souhaiter voler avec Air France, comme beaucoup de TO, Plus Belle l'Europe est "coincée" avec la compagnie sur certaines destinations.

Sur les autres, il passe par des compagnies concurrentes
. "Pour les vols comme Paris/Rome, on a plusieurs possibilités mais les vols depuis la province vers l'Italie ou l'Espagne, c'est beaucoup plus compliqué de faire sans Air France" estime-t-il.

Et ils sont nombreux a pointer le "quasi monopole" d'Air France sur certains trajets, et l'obligation de passer par la compagnie quand, en plus, les trains restent à quai. Et dans ces cas-là, pas le choix : le TO annule et doit rembourser son client, car "peu choisissent de reporter".

"Ca leur retombera dessus"

Au-delà du séjour, c'est aussi le convoi qui pose problème.

Voyages Internationaux prend en charge le client depuis sa ville de départ jusqu'à son point de chute.

Et les grèves d'Air France et de la SNCF sont particulièrement dommageables pour le voyagiste.
"L'acheminement province / capitale est très compliqué, on a dû mettre en place un système de navettes mais nous n'aurons aucune indemnisation, il n'y a pas d'assurance possible" regrette Christophe Troalic, directeur commercial chez Voyages Internationaux.

VTC, taxis, Flixbus, Ouibus... En moyenne, Voyages Internationaux estime que le coût de la prise en charge est multiplié par 10. "Économiquement c'est compliqué, on perd plusieurs milliers d'euros, cela va au-delà du prix du billet".

"D'autant qu'il n'y a pas d'assistance, il n'y a pas de plateau technique qui puisse aider et répondre : à partir de 17H30, on est tout seul" explique Christophe Troalic.

Et il n'est pas le seul à noter que les vols annulés ou retardés ne sont pas indiqués en tant et en heure, mais le jour même, alors que le client a déjà fait le déplacement vers l'aéroport.

"Pour les TO, c'est dur, mais ça leur retombera dessus" estime un tour-opérateur.

La grève devrait arriver rapidement à son terme

Tout le monde ne compte pas en rester là. "Nous n'allons pas nous laisser faire !, s’énerve un TO. Nous allons faire appel à des avocats et Air France va nous rembourser intégralement. J'attends d'avoir l'addition, mais on ne va certainement pas laisser passer ça".

Un ras-le-bol que déplore Jürgen Bachmann, président du SETO. "Nous ne sommes pas dans cette logique. Notre perspective est plus de travailler avec eux et veiller à ce que les prestations s'effectuent comme il faut. On gère, on s'assure que les aménagements sont faits, nous sommes tous des pros".

S'il estime que la "situation sociale que subit Air France n'est nullement défendable", le président du SETO martèle cependant que le tourisme en France "a besoin d'une société bénéficiaire, tournée vers ses clients et conquérante".

Pour les différents interlocuteurs que nous avons eu, il semble impossible que les 30% de grévistes annoncés par la direction d'Air France soit une réalité, car les conséquences sont trop importantes pour eux.

Cependant les TO estiment que la grève devrait arriver rapidement à son terme. "Ils vont avoir ce qu'ils veulent estime Frédéric de Fournoux. Air France leur offrait une augmentation de 5% qu'ils ont refusé ! Mais la grève coûte très cher à la compagnie, entre les avions qui ne volent pas et les remboursements... Ils sont à 1% de ce que réclament les pilotes : ils vont finir par lâcher".

Lire aussi : Aérien : vols supprimés, retards... quelles règles en cas de grève ?

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