Guyane : les professionnels attendent le décollage de la "fusée-tourisme"

6 mois après la grève générale qui avait paralysé le département français d’Outre-Mer pendant plusieurs semaines, la récente visite présidentielle en Guyane a été l’occasion pour les professionnels du tourisme local de tirer un premier bilan.

"Après l’arrêt total de l’activité pendant 3 mois complets, le tourisme a repris. On est bien pleins sur nos réservations et sur l’ensemble de nos circuits pour les mois à venir", résume Jean-Louis Antoine, qui dirige le réceptif JAL Voyages.

Dans l’ensemble, les réceptifs locaux indiquent de bons taux de remplissage sur la saison à venir, souvent meilleurs qu’il y a un an.

Certains expliquent même avoir pu récemment investir pour repartir de l’avant. Des projets d’hébergements dans la canopée amazonienne sont notamment à l’étude.

Jean-Louis Antoine explique lui avoir acquis et transformé en ecolodge une ancienne structure, pour un investissement de 2 millions d’euros. Les banques, et notamment la BPI, ayant été "exemplaires dans le financement de ce projet dans un contexte très difficile", admet-il.

Cette rentrée, une réunion sur l’avenir touristique du département s’est aussi tenue au ministère de l’Outre-Mer. Une enveloppe de 500 000 euros a été débloquée pour favoriser les nouveaux projets. "La ministre a été tout à fait réceptive", nous explique un professionnel présent autour de la table.

"On devrait rentrer dans une synergie constructive, si les collectivités prennent vraiment leurs responsabilités".

Mais l’ambiance touristique n’est, en Guyane, "jamais au beau fixe". En cause : un trop grand nombre de freins qui subsistent et nuisent à l’expansion du secteur. "Nous avons toujours tout un secteur à développer", nous explique-t-on.

Pêle-mêle, on cite le manque de personnel, l’absence de formations adaptées sur place, des aspects administratifs étouffants pour les professionnels, et des formalités empêchant la venue des touristes (exemption dérogatoire de fièvre jaune pour les croisiéristes et les touristes en transit plus de 72h, réduction des délais de délivrance des visas pour le Surinam et le Brésil…)

A la suite de la visite d'Emmanuel Macron, François du Boulay, président du club des hôteliers de Guyane attend "de la clarté et une prise de conscience de la situation", et notamment "de ces milliers de jeunes guyanais qui sont actuellement éloignés du chemin de l’emploi".

"Que les freins qui empêchent le développement du tourisme soient levés pour que décolle enfin la fusée-tourisme dans notre région. Il est temps d’agir", ajoute-t-il.

Ainsi, les hôteliers sur place réclament la création d’un Campus des métiers du tourisme, dans une région ou le chômage touche plus d’un habitant sur 5.

Roland Heguy, président de l’Union des métiers et des industries de l’Hôtellerie (UMIH) : "la Guyane est un territoire d’exception avec ses propres caractéristiques qui ne pourra se développer sans le tourisme. Avec les professionnels guyanais, nous attendons du déplacement présidentiel un signal fort en faveur du tourisme".

Les professionnels du secteur demandent ainsi la mise en œuvre des accords du tourisme signés en avril dernier avec le ministre des Outre-mer. Si la Guyane n’accueille que 90 000 touristes par an, ils se fixent pour objectif de doubler le nombre d’arrivées d’ici à 2020.

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