"Les représailles de la Turquie s'adressent à Sarkozy, pas à la France"

TourMaG.com – En tant que spécialiste de la destination Turquie, quel est votre sentiment vis-à-vis des éventuelles représailles annoncées par le Premier ministre turque suite au vote de la loi par le Sénat ?

Mumtaz Teker : "Quand il y a un conflit, quelque soit sa nature, ce n’est jamais bon pour les affaires.

Après, on sait que la France et la Turquie entretiennent depuis longtemps une relation du type « Je t’aime, moi non plus ».

Par conséquent, ces annonces du Premier ministre turque ne me surprennent pas vraiment.

Ensuite, je pense qu’il faut préciser qu’elles concernent surtout Nicolas Sarkozy et qu’elles ne s’adressent en aucun cas à la France, en général.

Il a bien précisé qu’il ne ferait plus de déplacement en France, si et seulement si Nicolas Sarkozy venait à être réélu.

Donc il ne faut pas non plus que les médias montent ses déclarations en épingle et jettent de l’huile sur le feu."

TM.com – Est-ce que la situation a changé sur place ?

M.T : "Absolument pas ! Sur place, nous ne constatons aucun problème.

Les touristes français continuent d’être bien accueillis et nous n’avons noté aucune agression. Ni verbale, ni physique.

En revanche, je sais que le sujet de cette loi pénalisant la négation du génocide arménien est au centre de toutes les conversations entre les voyageurs, leurs guides et les Turcs qu’ils rencontrent sur place.

De plus, lorsque je lis la presse turque, je me rends compte que beaucoup de monde appelle à l’apaisement.

Voilà pourquoi il ne se passe rien d’anormal ou d’alarmant pour les Français en Turquie en ce moment. Mais c'est aussi le cas pour les travailleurs arméniens de Turquie.

Ils ne subissent aucune représailles. Et je peux vous dire que le gouvernement est vigilant pour que cela ne se produise pas."

TM.com - Vos clients vous font-ils davantage part de leurs craintes ?

M.T : "Pas vraiment. En fait, nous avons eu beaucoup plus de questions et d’inquiétudes il y a deux mois, au moment où cette loi a commencé à être évoquée dans la presse.

À l’heure actuelle, les gens appellent plutôt pour être rassurés. Comme lorsqu’on demande au serveur d’un restaurant si tel plat est bon…

Les réservations se poursuivent et la situation est tout à fait normale. Et puis, je pense que les gens - aussi bien les Turcs que les Français - font la part des choses.

Ils comprennent bien qu'il s'agit là d'annonces d'ordre politique qui concernent surtout Nicolas Sarkozy et Recep Tayyip Erdogan."