Ôvoyages ouvre son capital pour doubler de taille

22 ans après sa création par Samia et Raouf Benslimane, d’abord sous la marque Thalasso n°1 avant de devenir un tour opérateur généraliste, le groupe familial Ôvoyages prend un nouveau départ.

Il accueille dans son capital deux investisseurs, qui prennent ensemble une part égale de l’entreprise tout en demeurant minoritaires (le montant de la participation est gardé confidentiel) : d’une part BPI France via son fonds France Investissement Tourisme 3, et d’autre part Turenne Groupe , à travers la société d’investissement SLP Selection & Opportunités.

L’opération a également permis de renforcer la participation de plusieurs cadres clés, et d’envisager la possibilité d’élargir le cercle des salariés actionnaires dans les prochaines années. « Ôvoyages a atteint un niveau de maturité qui en fait un tour opérateur et fournisseur incontournable de la distribution » se félicite Samia Benslimane.

« Pour autant, notre potentiel de croissance demeure considérable. Avec ces deux partenaires, nous avons l’opportunité d’accélérer notre développement ».

Avec cette opération, Ôvoyages ambitionne de doubler rapidement de taille, avec un objectif de chiffre d’affaires de plus de 480 millions d’euros en 2028. Ce doublement de l’activité se fera par croissance organique, mais également à travers des opérations de croissance externe.

Si aucun nom n’est dévoilé, Raouf Benslimane précise « qu’une liste de cibles potentielles a été établie et qu’une opération pourrait aboutir dans le courant de l’année 2025 ».

De 2022 à 2024, le chiffre d’affaires du groupe a déjà bondi de 190 à 325 M€ (+71%), avec 350 000 clients. Dès cette année le tour opérateur se fixe pour objectif d’atteindre les 360 M€.

Côté résultat, le bénéfice de l’exercice 2023 atteignait 7,2 M€ (un quasi doublement par rapport à 2022) et 2024 devrait s’inscrire dans la même tendance.

En attendant d’éventuels rachats, Ôvoyages entend poursuivre sa croissance interne, en s’appuyant d’abord sur son offre tout compris Ôclub, qui représente 50% de l’activité.

Cette année, la brochure conséquente de 232 pages propose 82 Ôclubs dans 19 pays, déclinés en plusieurs gammes (Expérience, Adult Only, Select, Zen…). « Chaque établissement est programmé en exclusivité, en version club, sur le marché français. Nous disposons d’un minimum de 50 chambres dans chacun » assure Raouf Benslimane.

Pour approvisionner ces établissements depuis une petite vingtaine de villes, le groupe met en avant une offre aérienne maîtrisée, à travers un accord avec la compagnie polonaise Enter Air, portant sur trois Boeing 737-800, soit 60 à 70 000 sièges pour l’année.

« C’est un point essentiel, pour innover en proposant de nouvelles destinations et offres différenciantes, anticiper les tendances et les besoins du marché, avec des stocks maîtrisés, à la différence d’autres opérateurs devenus des assembleurs » estime Samia Benslimane.

Ces affrêtements sont complétés par des blocs sièges, avec les principales compagnies à bas prix pour les destinations européennes et nord-africaines (Transavia, Volotea, easyJet) et des accords avec des transporteurs longs courriers, comme Air Caraïbes pour la République dominicaine et le Mexique.

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Ôvoyages entend notamment densifier son offre dans ses destinations principales. En Espagne (170 000 clients par an dans 32 clubs), Canaries en tête et Baléares avec une forte croissance pour cette dernière, mais aussi en Grèce et dans ses îles (Crète, Corfou, Rhodes), en Italie (Sardaigne, Sicile, Pouilles) ou encore en Egypte avec notamment un bateau-club sur le Nil.

Autre star de la production, le Maroc où « nous souhaitons devenir leader » ajoute Raouf Benslimane. La production est dopée par deux nouveautés majeures bien connues des agences de voyages : le Palais des Roses à Agadir et le Sangho à Marrakech, qui ont bénéficié de rénovations importantes.

Destination historique lors du lancement du groupe à l’époque de Thalasso n°1, la Tunisie peine à retrouver sa place. Outre Monastir, Ôvoyages y revient sur la pointe des pieds avec la programmation du Taj Sultan à Hammamet. Enfin, le tour-opérateur pousse également ses pions dans les Emirats Arabes Unis en s’installant dans l’émirat de Ras Al Khaimah (au Cove Rotana Resort).

Proposée depuis 2018, l’offre long courrier devrait également se développer, avec une offre de clubs (République dominicaine, Mexique, Tanzanie, Thaïlande, Vietnam, Sri Lanka, Maurice, Maldives…) mais également d’autres produits à l’avenir, à l’instar des Smart Club (vacances à prix malins) et Ôcity (escapades urbaines) lancés en 2023.

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Cette politique d’expansion passe par le soutien des agences de voyages, physiques et en ligne, qui représentent 92% des ventes. Pour autant, Ôvoyages ambitionne de développer marginalement les ventes directes à l’avenir, avec l’ambition de renforcer sa notoriété auprès du grand public.

Fort de l’entrée dans son capital de Turenne Groupe sensible au sujet et alors qu’un bilan carbone de l’entreprise par KPMG est en cours, Ôvoyages entend également structurer sa démarche RSE.

Les « fondations sont bonnes,» le prêt garanti par l’état après le Covid a été remboursé. « Seul, nous sommes allés vite. Avec l’ouverture de notre capital, nous voulons aller plus loin et asseoir notre position de leader indépendant ]i» conclut Raouf Benslimane.