On a la curieuse impression que KLM a également du mal à s’accommoder d’une compagnie Air France qui, peu à peu, s’émancipe de la tutelle de l’Etat et reprend des couleurs - DR : DepositPhotos, hzparisien@gmail.com
4 mai 2018. Ce jour-là, dans les salons de l’hôtel Gran Marquise à Fortaleza au Brésil, Pieter Elbers, le CEO de KLM célébrait l’ouverture simultanée par Air France et KLM de deux liaisons : l’une depuis Paris et l’autre depuis Amsterdam vers la capitale du Nordeste.
Jean-Marc Janaillac, président d’AF/KLM n’était pas du voyage, retenu par une situation sociale très tendue, situation sociale qui allait l’emporter quelques heures plus tard.
Air France était dans la tourmente et je me souviens des propos que tenait Pieter Elbers. Interrogé par l’AFP sur la situation, il disait espérer vraiment pouvoir continuer à avancer sur deux jambes.
Jean-Marc Janaillac, président d’AF/KLM n’était pas du voyage, retenu par une situation sociale très tendue, situation sociale qui allait l’emporter quelques heures plus tard.
Air France était dans la tourmente et je me souviens des propos que tenait Pieter Elbers. Interrogé par l’AFP sur la situation, il disait espérer vraiment pouvoir continuer à avancer sur deux jambes.
Dans cette affaire, il n’y a pas de hasard du calendrier...
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C’était l’année dernière… Quelques mois plus tard, ses espérances semblaient comblées.
La jambe malade allait mieux, Ben Smith récoltait des résultats encourageants de 2018, apaisait le dialogue social, redonnait de l’espoir aux salariés et affichait une ambition pour le groupe : être le premier groupe de transport aérien européen et l'un des leaders mondiaux.
Il y eut bien quelques crispations du côté des Hollandais, inquiets de voir ces Français ragaillardis et conquérants.
Cependant, au sein d’un grand groupe européen comme AF/KLM, l’approbation à l’unanimité par le Conseil d’Administration des choix stratégiques de Ben Smith, la confirmation de Pieter Elbers comme patron de KLM et sa nomination au CEO Committee qui déterminera l'orientation stratégique de l'ensemble des compagnies aériennes, semblait indiquer, à coup sûr, le début d’une période plus calme et donc florissante pour Air France.
Nous étions le 19 février 2019...
On apprend aujourd’hui que, dès le lendemain, 20 février, l’état néerlandais décidait de passer à l’action et dans cette affaire, il n’y a pas de hasard du calendrier.
La jambe malade allait mieux, Ben Smith récoltait des résultats encourageants de 2018, apaisait le dialogue social, redonnait de l’espoir aux salariés et affichait une ambition pour le groupe : être le premier groupe de transport aérien européen et l'un des leaders mondiaux.
Il y eut bien quelques crispations du côté des Hollandais, inquiets de voir ces Français ragaillardis et conquérants.
Cependant, au sein d’un grand groupe européen comme AF/KLM, l’approbation à l’unanimité par le Conseil d’Administration des choix stratégiques de Ben Smith, la confirmation de Pieter Elbers comme patron de KLM et sa nomination au CEO Committee qui déterminera l'orientation stratégique de l'ensemble des compagnies aériennes, semblait indiquer, à coup sûr, le début d’une période plus calme et donc florissante pour Air France.
Nous étions le 19 février 2019...
On apprend aujourd’hui que, dès le lendemain, 20 février, l’état néerlandais décidait de passer à l’action et dans cette affaire, il n’y a pas de hasard du calendrier.
Une méthode franchement inamicale
On peut comprendre : un gouvernement hollandais soucieux de ses intérêts, notamment en ce qui concerne l’activité du hub de Schiphol dont il est propriétaire à 100%.
La méthode est cependant franchement inamicale. C’est en sous-main qu’il a fait racheter des actions dans le plus grand secret et ne prévenant qu’au dernier moment le conseil d’administration du groupe.
Visiblement les fonctionnaires du gouvernement hollandais n’ont rien à envier aux loups de Wall Street.
Bilan immédiat : une action AF/KLM massacrée et en chute libre, provoquant mécaniquement une convoitise malsaine de certains fonds (Hedge - Funds) spéculant sur la baisse des titres.
Au sein du couple, la scène de ménage est violente.
Le mariage avait pourtant bien commencé, avec une offre publique d’achat amicale d’Air France vers KLM en avril 2004.
A cette époque, c’était elle, la cigale KLM qui, avec plus de 400 millions d’euros de perte, criait famine auprès de sa voisine Air France qui, elle, affichait plus de 100 millions de bénéfices et un chiffre d’affaire deux fois supérieur à celui de la compagnie néerlandaise.
La méthode est cependant franchement inamicale. C’est en sous-main qu’il a fait racheter des actions dans le plus grand secret et ne prévenant qu’au dernier moment le conseil d’administration du groupe.
Visiblement les fonctionnaires du gouvernement hollandais n’ont rien à envier aux loups de Wall Street.
Bilan immédiat : une action AF/KLM massacrée et en chute libre, provoquant mécaniquement une convoitise malsaine de certains fonds (Hedge - Funds) spéculant sur la baisse des titres.
Au sein du couple, la scène de ménage est violente.
Le mariage avait pourtant bien commencé, avec une offre publique d’achat amicale d’Air France vers KLM en avril 2004.
A cette époque, c’était elle, la cigale KLM qui, avec plus de 400 millions d’euros de perte, criait famine auprès de sa voisine Air France qui, elle, affichait plus de 100 millions de bénéfices et un chiffre d’affaire deux fois supérieur à celui de la compagnie néerlandaise.
La cigale et la fourmi
Et objectivement, on peut dire que ce mariage a beaucoup profité à KLM…
15 ans de vie plutôt heureuse où elle s’est muée en fourmi travailleuse, profitant des synergies de groupe pour augmenter ses capacités (SKO), acheter au meilleur prix avions et kérosène et signer des alliances.
Certes, elle s’agaçait aussi beaucoup et souvent à juste titre, d’un Etat français actionnaire interventionniste, non exécutif mais très influent sur la nomination des dirigeants et des choix de l’entreprise.
Exaspérée aussi ces dernières années par les résultats d’Air France, plombant les performances du groupe.
On a cependant la curieuse impression que KLM a également du mal à s’accommoder d’une compagnie Air France qui, peu à peu, s’émancipe de la tutelle de l’Etat, reprend des couleurs et dont les deux derniers dirigeants, professionnels qualifiés osent désormais vouloir faire évoluer la gouvernance.
Déjà, en 2016, Jean-Marc Janaillac s’était vu refuser une nomination envisagée en tant que vice-président du conseil de surveillance de KLM. Et là aussi, des grognements s’étaient faits entendre au sein du Parlement Néerlandais.
15 ans de vie plutôt heureuse où elle s’est muée en fourmi travailleuse, profitant des synergies de groupe pour augmenter ses capacités (SKO), acheter au meilleur prix avions et kérosène et signer des alliances.
Certes, elle s’agaçait aussi beaucoup et souvent à juste titre, d’un Etat français actionnaire interventionniste, non exécutif mais très influent sur la nomination des dirigeants et des choix de l’entreprise.
Exaspérée aussi ces dernières années par les résultats d’Air France, plombant les performances du groupe.
On a cependant la curieuse impression que KLM a également du mal à s’accommoder d’une compagnie Air France qui, peu à peu, s’émancipe de la tutelle de l’Etat, reprend des couleurs et dont les deux derniers dirigeants, professionnels qualifiés osent désormais vouloir faire évoluer la gouvernance.
Déjà, en 2016, Jean-Marc Janaillac s’était vu refuser une nomination envisagée en tant que vice-président du conseil de surveillance de KLM. Et là aussi, des grognements s’étaient faits entendre au sein du Parlement Néerlandais.
Les Hollandais, de bons commerçants
Cette fois-ci, Ben Smith semble déterminé à faire évoluer la gouvernance et à prendre toute sa place en tant que PDG du groupe Air France-KLM qui n’est pas, rappelons-le, "un groupe franco-néerlandais" mais bien un groupe français, avec une filiale hollandaise et française.
Bien sûr qu’il est impératif de la faire dans le dialogue et sans arrogance, ni mauvaises manières de part et d’autre.
Les deux ministres français et hollandais avaient l’air de partager cet objectif vendredi dernier, à l’issue d’une mise au point tenue dans les murs de Bercy.
Wopke Hoekstra, l’homologue de Bruno Lemaire, concédait même publiquement avoir agi de façon peu "orthodoxe". Son coup de téléphone de 20 secondes chrono à Bruno Lemaire pour le mettre devant le fait accompli d’une prise de participation de l’Etat hollandais dans le capital d’AF-KLM était à coup sûr une mauvaise manière.
Les Hollandais, dans un pays avec un marché plus restreint qu’en France, ont bien administré KLM. Ils sont réputés, et depuis bien longtemps, pour leur qualité de commerçants.
Rédigeant son testament politique, Richelieu évoquait "le miracle hollandais" en ces termes : "L'opulence des Hollandais qui, à proprement parler, ne sont qu'une poignée de gens, réduits en un coin de terre, où il n'y a que des eaux et des prairies, est un exemple et une preuve de l'utilité du commerce qui ne reçoit point de contestation".
On se permettra quand même, Monsieur le Cardinal, de contester certaines méthodes !
Bien sûr qu’il est impératif de la faire dans le dialogue et sans arrogance, ni mauvaises manières de part et d’autre.
Les deux ministres français et hollandais avaient l’air de partager cet objectif vendredi dernier, à l’issue d’une mise au point tenue dans les murs de Bercy.
Wopke Hoekstra, l’homologue de Bruno Lemaire, concédait même publiquement avoir agi de façon peu "orthodoxe". Son coup de téléphone de 20 secondes chrono à Bruno Lemaire pour le mettre devant le fait accompli d’une prise de participation de l’Etat hollandais dans le capital d’AF-KLM était à coup sûr une mauvaise manière.
Les Hollandais, dans un pays avec un marché plus restreint qu’en France, ont bien administré KLM. Ils sont réputés, et depuis bien longtemps, pour leur qualité de commerçants.
Rédigeant son testament politique, Richelieu évoquait "le miracle hollandais" en ces termes : "L'opulence des Hollandais qui, à proprement parler, ne sont qu'une poignée de gens, réduits en un coin de terre, où il n'y a que des eaux et des prairies, est un exemple et une preuve de l'utilité du commerce qui ne reçoit point de contestation".
On se permettra quand même, Monsieur le Cardinal, de contester certaines méthodes !
Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin a à son actif plus de vingt années au service de plusieurs compagnies aériennes.
Il a été nommé en mars 2018 au poste de président de l'Association des Cadres des Navigants Commerciaux (ACNC).
Il dispense également des conseils aux postulants à la fonction de PNC pour optimiser leur candidature et une préparation adaptée et efficace.
Il a été nommé en mars 2018 au poste de président de l'Association des Cadres des Navigants Commerciaux (ACNC).
Il dispense également des conseils aux postulants à la fonction de PNC pour optimiser leur candidature et une préparation adaptée et efficace.