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Air France, Lufthansa : la facture du prix du pétrole n’explique pas tout...

Lire la chronique de Jean-Louis BAROUX


Voilà les premiers résultats trimestriels de l’année 2012, et ils ne sont franchement pas bons. Certes cela était un peu attendu pour le groupe Air France/KLM, mais cela l’était un peu moins pour le groupe Lufthansa. Ces montants sont tout de même très impressionnants mais la facture pétrolière n’explique peut-être pas tout...


Rédigé par Jean-Louis BAROUX le Dimanche 6 Mai 2012

Il ne faut pas être grand clerc pour prédire alors des grèves à répétition pendant l’été ce qui affaiblira encore le transporteur national sur le plan économique.   Mais les dégâts seront également très perceptibles dans la relation que la compagnie entretient avec sa clientèle qui marquera des signes d’énervement, surtout en cette période./photo AF
Il ne faut pas être grand clerc pour prédire alors des grèves à répétition pendant l’été ce qui affaiblira encore le transporteur national sur le plan économique. Mais les dégâts seront également très perceptibles dans la relation que la compagnie entretient avec sa clientèle qui marquera des signes d’énervement, surtout en cette période./photo AF
Rappelons les chiffres : une perte d’exploitation de 504 millions d’euros pour l’ensemble franco/hollandais et 305 millions d’euros pour les Allemands.

Ils correspondent à une perte journalière de 5,5 millions d’euros pour Air France/KLM et de 3,35 millions d’euros pour Lufthansa soit respectivement 230.770 euros et 139.650 euros de l’heure ou 3.850 euros et 2.330 euros par minute.

Alors, bien entendu, la cause première, comme toujours est le pétrole. Heureusement qu’il est là pour expliquer toutes les dérives.

La facture du carburant est par exemple en hausse de 224 millions d’euros pour la période chez Air France/KLM.

Voilà qui est bien fâcheux mais qui marque surtout l’incapacité que les transporteurs aériens ont à adapter leurs prix de vente à leurs prix de revient alors que, tout de même, le carburant est une composante essentielle de leurs charges.

Mais la facture du pétrole n’explique pas tout. Pendant le même temps, les charges de personnel se sont elles aussi envolées de 114,6 millions d’euros chez Air France/KLM.

Et là, il ne sert à rien d’invoquer des contraintes externes. Ce qui est plus surprenant, à l’analyse est la réaction des deux transporteurs.

Chez Lufthansa, on n’y a pas été avec le dos de la cuillère. Suppression de 3.500 emplois administratifs, diminution des frais de déplacements de 20% et surtout, dernière mesure, externalisation d’un nombre important de PNC auprès d’une structure créée entre Lufthansa Technik et Manpower.

Lufthansa : vers une exploitation européenne de type low cost.

Le but affiché est de gagner 40% des coûts PNC ainsi sous-traités, non pas tellement en jouant sur les salaires qui resteront dans la ligne de ceux de la maison-mère, mais en demandant une meilleure productivité : 10%, et surtout en ne provisionnant pas les charges liées aux retraites.

Finalement Lufthansa s’achemine vers une exploitation européenne de type low cost. Autant dire que certains dans cette vénérable compagnie doivent manger leur chapeau.

Par contre on attend toujours chez Air France, les mesures qui permettront de retrouver un équilibre économique. Plus elles tardent et plus la note sera dure à avaler. A plus de 5 millions d’euros par jour, il y a urgence.

Bien sûr les conditions ne sont pas les mêmes de part et d’autre du Rhin. Ce qui peut se négocier à l’amiable en Allemagne, et encore il n’est pas certain que les difficiles mesures prises n’entrainent pas des conflits sociaux, se traduirait certainement en France par une grève majeure.

Mais de toutes façons on n’y échappera pas où alors c’est que les syndicats d’Air France sont enfin devenus raisonnables, ce dont on peut douter au vu de ce qui s’est passé en début d’année.

En France, la situation s’est encore compliquée par la concomitance avec les élections présidentielles et législatives. Chacun sait que rien ne se décide pendant ces périodes.

Alors, le temps passe et le malade s’affaiblit. Et le remède devra être d’autant plus puissant avec un impact plus violent. Et la réaction sera à la mesure du remède, c’est-à-dire très dure.

Air France : des grèves à répétition pendant l’été ?

Il est probable que la direction de la compagnie annoncera son plan de restructuration pendant le mois de juin, on peut imaginer juste après les élections législatives.

Il ne faut pas être grand clerc pour prédire alors des grèves à répétition pendant l’été ce qui affaiblira encore le transporteur national sur le plan économique.

Mais les dégâts seront également très perceptibles dans la relation que la compagnie entretient avec sa clientèle qui marquera des signes d’énervement, surtout en cette période.

De plus les distributeurs, qui seuls sont en mesure de faire remonter le prix moyen coupon, seront probablement enclins à faire travailler les concurrents, car ils ne souhaiteront certainement être mis en cause par leurs clients.
Bref, tout se ligue pour que l’été soit particulièrement chaud.

Et même si les bonnes mesures sont décidées, et on peut faire crédit à la direction de la compagnie pour ce faire, leurs effets ne se feront sentir qu’au mieux 6 mois après. Cela signifie tout simplement que le groupe Air France/KLM présentera certainement des résultats négatifs pour l’année en cours.

La bonne nouvelle néanmoins est que le marché poursuit sa croissance. Comme le coefficient de remplissage atteint des niveaux historiques : plus de 81%, il est probable que la recette unitaire soit amenée mécaniquement à progresser sous l’effet de l’augmentation de la demande.

Pétrole ou pas, les clients du transport aérien doivent apprendre que ce service si sophistiqué a un coût et qu’il vaut mieux le payer si l’on veut garder l’excellence de ce secteur d’activité.

Il serait bien judicieux que toutes les compagnies aériennes modifient leurs campagnes de publicité pour apprendre cette évidence aux marchés, plutôt que de se battre à coups de réductions.

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