Air France - Transavia... la montagne a-t-elle accouché d'une souris ?

Deux semaines de grève, 500 millions d'euros de pertes, des milliers de passagers dérangés pour rien ?

Telle est l'impression qui ressort de l'accord trouvé entre Air France et le syndicat majoritaire SNPL sur le développement de Transavia.

"On se retrouve presque au même point qu'avant la grève" regrette Jean-Louis Baroux, le directeur du réseau de promotion APG.

La direction a totalement abandonné son projet de Transavia Europe, critiqué par les syndicats comme un projet de délocalisation des emplois.

Mais pour le reste, les avancées sont bien minces.

Dans son plan Perform 2020, Alexandre de Juniac tablait sur 100 avions d'ici 2017 pour Transavia.

Les pilotes ont accepté d'en faire voler 40.

La compagnie en exploitait jusqu'à présent 14 Boeing 737.

Pourtant, ces 40 appareils, même ajoutés aux 35 de Transavia Hollande, restent bien loin des flottes des grands concurrents.

easyJet exploite aujourd'hui 202 avions et en a commandé 135.

Ryanair dispose de 300 appareils et devrait en recevoir une centaine prochainement.

Des commandes qui viendront principalement renouveler la flotte.

La direction n'a pas cédé concernant le contrat unique demandé par le syndicat.

A la place, les pilotes d'Air France volontaires pour intégrer la filiale low-cost travailleront aux conditions de Transavia (700 heures de vol contre 480 heures chez Air France) mais avec un contrat Air France.

Un double contrat qui va compliquer les choses selon Jean-Louis Baroux. "C'est une véritable usine à gaz. Je crois qu'Air France va compenser l'éventuelle perte de revenus des pilotes de Transavia et l'intégrer à ses propres comptes, afin de rendre sa filiale rentable".

Quant aux primes perçues par les pilotes d'Air France pour intégrer la filiale (35 000 euros), elles existaient déjà avant la grève.

En revanche, les deux parties se sont accordées sur la mise en place d'une liste de séniorité commune, une requête qu'Alexandre de Juniac avait accepté au tout début du conflit.

Perform 2020 faisait de Transavia un outil de développement sur des lignes ultra concurrentielles trop chères à exploiter en propre par Air France.

Avec cet accord, la compagnie va pouvoir récupérer une vingtaine de destinations européennes. Mais le partage de codes avec Air France a été interdit.

De quoi protéger les lignes d'Air France et éviter la confusion des genres entre les marques.

Dans le programme hiver, les lignes opérées par Transavia sont déjà en progression de +56%.

La compagnie va se poser dans neuf nouvelles villes au départ de Paris-Orly (Istanbul, Tel Aviv, Budapest, Madrid, Malaga, Barcelone, Athènes, Pise et Prague).

Reste à savoir ce qu'il se passera en 2017, lorsque la direction souhaitera à nouveau étendre la flotte et le réseau d'une filiale dans laquelle elle place beaucoup d'espoirs.