Il règne à Arvieu une attitude résolument tournée vers le futur. Parce qu’ici, personne n’a envie de partir ! - DR : Mathieu Mouillet
Des mouches !!! Sur la table de nuit, dans la poubelle, sur le clavier de mon ordinateur… Jusque dans mon lit !
Chaque soir, c’est le même rituel. Une à une, les attraper, sentir leur petit corps froid vrombissant dans ma main fermée, les relâcher à l’extérieur de ma chambre pour enfin dormir tranquille.
Chez Vincent où j’ai fait halte, on est à la campagne, chez les paysans. Mais à Arvieu, c’est la campagne haut débit. Je le comprends tout de suite au flot de paroles de Vincent. Les idées se bousculent. Les projets aussi.
Des bouquins ouverts sont disséminés un peu partout dans la maison - Surgissement d’un nouveau monde, Éloge de la fuite, Le jardin d’Épicure, L’art de la méditation - et des phrases sur les murs.
Celle de Voltaire m’accroche : « J’ai décidé d’être heureux, c’est meilleur pour la santé ».
Chaque soir, c’est le même rituel. Une à une, les attraper, sentir leur petit corps froid vrombissant dans ma main fermée, les relâcher à l’extérieur de ma chambre pour enfin dormir tranquille.
Chez Vincent où j’ai fait halte, on est à la campagne, chez les paysans. Mais à Arvieu, c’est la campagne haut débit. Je le comprends tout de suite au flot de paroles de Vincent. Les idées se bousculent. Les projets aussi.
Des bouquins ouverts sont disséminés un peu partout dans la maison - Surgissement d’un nouveau monde, Éloge de la fuite, Le jardin d’Épicure, L’art de la méditation - et des phrases sur les murs.
Celle de Voltaire m’accroche : « J’ai décidé d’être heureux, c’est meilleur pour la santé ».
Être acteur de sa vie
Reconquérir son autonomie sur les grand sujets que sont l’emploi, l’alimentation, la culture… C’est ce que Vincent Benoit appelle « devenir acteur de sa vie » - DR : Mathieu Mouillet
Vincent Benoît est arrivé à Arvieu il y a quinze ans. Il a vite trouvé sa place au sein de ce petit village de huit cents habitants.
Avec la confiance du maire de l’époque, les idées qui germaient dans sa tête ont trouvé terre où s’enraciner. Autogestion, codécision, équité… La colonne vertébrale des projets dans lesquels il s’implique tient en quelques mots.
Depuis, les graines ont poussé. L’association des loco-motivés fournit à ses deux cents adhérents une alimentation de qualité produite par des producteurs locaux, « pour pouvoir, le cas échéant, aller casser la gueule à celui qui nous empoisonne », dit-il en rigolant comme un adolescent.
Laëtis, la société coopérative et participative qu‘il a fondée et qu’il dirige partage son capital, ses bénéfices et le pouvoir de décision équitablement entre tous les membres de l’entreprise.
Reconquérir son autonomie sur les grands sujets que sont l’emploi, l’alimentation, la culture… c’est ce que Vincent appelle « devenir acteur de sa vie ».
« Ici, il y a cette notion que si tu ne fais pas, personne ne fera pour toi. Moi je crois beaucoup aux liens sociaux, très fort, à la notion de communauté, communauté de vie quoi… »
Avec la confiance du maire de l’époque, les idées qui germaient dans sa tête ont trouvé terre où s’enraciner. Autogestion, codécision, équité… La colonne vertébrale des projets dans lesquels il s’implique tient en quelques mots.
Depuis, les graines ont poussé. L’association des loco-motivés fournit à ses deux cents adhérents une alimentation de qualité produite par des producteurs locaux, « pour pouvoir, le cas échéant, aller casser la gueule à celui qui nous empoisonne », dit-il en rigolant comme un adolescent.
Laëtis, la société coopérative et participative qu‘il a fondée et qu’il dirige partage son capital, ses bénéfices et le pouvoir de décision équitablement entre tous les membres de l’entreprise.
Reconquérir son autonomie sur les grands sujets que sont l’emploi, l’alimentation, la culture… c’est ce que Vincent appelle « devenir acteur de sa vie ».
« Ici, il y a cette notion que si tu ne fais pas, personne ne fera pour toi. Moi je crois beaucoup aux liens sociaux, très fort, à la notion de communauté, communauté de vie quoi… »
Ecoutez ici le portrait sonore de Vincent Benoit
« On est vivant bordel ! »
À Arvieu, des dizaines d’associations et de bénévoles animent la vie locale du village - DR : Mathieu Mouillet
À Arvieu, on y croit aussi. Des dizaines d’associations et de bénévoles animent la vie locale du village.
Marché, chorale, sport, musique… Les habitants veulent un concert ? Ils l’organisent ! Gold, Manu Ciao, Les Rita Mitsouko sont venus se produire sur la scène des Tilleuls, la salle omnisports du village.
Les murs du bâtiment sont un livre d’or à ciel ouvert :
« Les tripous, c’est bon pour le moral » (La Compagnie Créole)
« On est tombé ici par hasard, la prochaine fois on le fera exprès »
« Merci du fond du cœur pour l’hospitalité. A la prochaine » (Manu Chao)
« Il faut y croire pour que les choses arrivent »
« Ça se passera pas comme ça, Arvieu. Y en a même qui ne veulent pas repartir »
« On est vivant bordel ! Et t’as pas tout vu… Même l’hiver c’est l’été ! »
Conscient du dynamisme de ses administrés, le conseil municipal a proposé d’impliquer les villageois dans les décisions politiques. Sur huit cents habitants, cent ont répondu à l’appel.
L’objectif : transformer Arvieu d’ici 2020 pour inciter de nouvelles familles à venir s’installer.
En pleine diagonale du vide, lutter contre la désertification est une question cruciale. Pérenniser les commerces, les services publics, les écoles… L’avenir du village est entre les mains de ses habitants.
Justement, ce matin, le conseil villageois se réunit sous le toit de la salle omnisports. Après un an de travail et de réflexion, l’heure est à la mise en commun et aux premiers bilans.
Marché, chorale, sport, musique… Les habitants veulent un concert ? Ils l’organisent ! Gold, Manu Ciao, Les Rita Mitsouko sont venus se produire sur la scène des Tilleuls, la salle omnisports du village.
Les murs du bâtiment sont un livre d’or à ciel ouvert :
« Les tripous, c’est bon pour le moral » (La Compagnie Créole)
« On est tombé ici par hasard, la prochaine fois on le fera exprès »
« Merci du fond du cœur pour l’hospitalité. A la prochaine » (Manu Chao)
« Il faut y croire pour que les choses arrivent »
« Ça se passera pas comme ça, Arvieu. Y en a même qui ne veulent pas repartir »
« On est vivant bordel ! Et t’as pas tout vu… Même l’hiver c’est l’été ! »
Conscient du dynamisme de ses administrés, le conseil municipal a proposé d’impliquer les villageois dans les décisions politiques. Sur huit cents habitants, cent ont répondu à l’appel.
L’objectif : transformer Arvieu d’ici 2020 pour inciter de nouvelles familles à venir s’installer.
En pleine diagonale du vide, lutter contre la désertification est une question cruciale. Pérenniser les commerces, les services publics, les écoles… L’avenir du village est entre les mains de ses habitants.
Justement, ce matin, le conseil villageois se réunit sous le toit de la salle omnisports. Après un an de travail et de réflexion, l’heure est à la mise en commun et aux premiers bilans.
Serrer les rangs
Gilles, le maire, flanqué de ses deux adjoints, fait face à une trentaine de participants et autant de chaises vides. Ça grince un peu des dents. On attendait plus de monde.
Au diable le micro, les ateliers, l’organisation prévus ! On resserre les rangs, on forme cercle et les commissions prennent la parole.
Difficultés, avancées, conclusions, propositions, les débats s’engagent, les langues se délient, tout le monde prend la parole. Une saine énergie anime l’assemblée.
Si la dynamique fonctionne, c’est parce qu’il règne à Arvieu une attitude résolument tournée vers le futur. Parce qu’ici, personne n’a envie de partir !
À Caplongue, l’un des trois villages qui compose la commune, le comité des fêtes a organisé un repas pour la soirée. Pas d’événement particulier à célébrer, non, ici on fait la fête pour le simple plaisir d’être ensemble.
Quelques grillades de brebis fournies par un paysan du coin, un peu de bière micro-brassée par Jean-Charles, le fils de l’ancien maire et de l’institutrice, des bottes de paille pour délimiter l’espace et la terrasse du bar des gens, épicentre de la fête.
Jean-Marc, le patron, a les yeux qui pétillent lorsqu'il me retrace les hauts faits du comité des fêtes.
Les trois mille personnes réunies sur la place du village à l’occasion de Cap festival, Cap môme, sa déclinaison enfants, les chapiteaux montés dans les champs, les concerts organisés sous la grange… Des événements organisés à l’huile de coude mais où artistes et public passaient ensemble un moment magique.
Y a de quoi être fier ! « Fier ? Non, on n’est pas fier, on est heureux ! »
Au diable le micro, les ateliers, l’organisation prévus ! On resserre les rangs, on forme cercle et les commissions prennent la parole.
Difficultés, avancées, conclusions, propositions, les débats s’engagent, les langues se délient, tout le monde prend la parole. Une saine énergie anime l’assemblée.
Si la dynamique fonctionne, c’est parce qu’il règne à Arvieu une attitude résolument tournée vers le futur. Parce qu’ici, personne n’a envie de partir !
À Caplongue, l’un des trois villages qui compose la commune, le comité des fêtes a organisé un repas pour la soirée. Pas d’événement particulier à célébrer, non, ici on fait la fête pour le simple plaisir d’être ensemble.
Quelques grillades de brebis fournies par un paysan du coin, un peu de bière micro-brassée par Jean-Charles, le fils de l’ancien maire et de l’institutrice, des bottes de paille pour délimiter l’espace et la terrasse du bar des gens, épicentre de la fête.
Jean-Marc, le patron, a les yeux qui pétillent lorsqu'il me retrace les hauts faits du comité des fêtes.
Les trois mille personnes réunies sur la place du village à l’occasion de Cap festival, Cap môme, sa déclinaison enfants, les chapiteaux montés dans les champs, les concerts organisés sous la grange… Des événements organisés à l’huile de coude mais où artistes et public passaient ensemble un moment magique.
Y a de quoi être fier ! « Fier ? Non, on n’est pas fier, on est heureux ! »
Une pause dans le voyage
À Arvieu, pour la première fois, je délaisse mon carnet de notes pour me couler dans le quotidien de ce village où il fait bon vivre - DR : Mathieu Mouillet
À Arvieu, pour la première fois, je délaisse mon carnet de notes pour me couler dans le quotidien de ce village où il fait bon vivre. Les Caplonguais ont pris leur destin en main, pas de doute là-dessus !
Vincent l’hyperactif caresse désormais d’autres rêves moins accaparants.
« Aujourd’hui, mon but secret, c’est qu’on n’ait plus besoin de moi », dit-il en rigolant. Plus facile à dire qu’à faire.
Stéphanie, qui me taquine à la veille de mon départ, en sait quelque chose… « Encore là ? Mais tu restes jusqu'à quand ? Méfie toi ! Moi j’étais venue ici pour quelques jours et finalement… Ça fait déjà quinze ans ! »
Pour aller plus loin : Office de Tourisme Pareloup Lévézou
Vincent l’hyperactif caresse désormais d’autres rêves moins accaparants.
« Aujourd’hui, mon but secret, c’est qu’on n’ait plus besoin de moi », dit-il en rigolant. Plus facile à dire qu’à faire.
Stéphanie, qui me taquine à la veille de mon départ, en sait quelque chose… « Encore là ? Mais tu restes jusqu'à quand ? Méfie toi ! Moi j’étais venue ici pour quelques jours et finalement… Ça fait déjà quinze ans ! »
Pour aller plus loin : Office de Tourisme Pareloup Lévézou
A suivre...
Dans la Nièvre, la découverte des cabinets de poésie générale (!)
LIRE AUSSI : La France, ce pays si exotique...
Slow tourisme en France : peut-on faire un voyage exotique dans son propre pays ?
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Retrouvez tous les articles de notre série consacrée à la Diagonale du vide, avec Mathieu Mouillet, en cliquant ici.
A propos de l'auteur
Mathieu Mouillet arpente la planète depuis plus de 15 ans. En 2001, il part à vélo enregistrer les musiques du monde. Le voyage durera 18 mois et 25 000 km à travers l’Asie, l’Amérique du sud et l’Afrique.
Stylos, appareils photos et enregistreurs deviennent ses compagnons de voyage et ses outils de travail, entre deux missions de conseil pour des acteurs de l’e-tourisme.
Du Cap-Vert à l’Afrique du sud, il rédige et illustre une dizaine de guides pour un site qui veut devenir le Facebook du voyage. Un échec regrettable mais une expérience éclairante.
Avaler les kilomètres sans prendre le temps de savourer le paysage lui donne envie de lenteur. Pendant 18 mois, il traverse la France à pied à travers la diagonale du vide pour vérifier que « le voyage commence en bas de chez soi ».
Le récit de cette expérience, « La diagonale du vide, un voyage exotique en France » paraît en 2018.
Il partage ses carnets de voyages sur son blog : www.lesvoyagesdemat.com.
De l’Irlande au Botswana, de Cuba à l’Ouzbekistan, le globe trotter a écrit et photographié dans plus de 45 pays. Privilégiant les voyages sans moteur et les rencontres aux destinations, il croit en l’idée que « le vrai voyageur ne sait pas où il va ».
Pour aller plus loin : www.lesvoyagesdemat.com/blog-voyage-france/
Stylos, appareils photos et enregistreurs deviennent ses compagnons de voyage et ses outils de travail, entre deux missions de conseil pour des acteurs de l’e-tourisme.
Du Cap-Vert à l’Afrique du sud, il rédige et illustre une dizaine de guides pour un site qui veut devenir le Facebook du voyage. Un échec regrettable mais une expérience éclairante.
Avaler les kilomètres sans prendre le temps de savourer le paysage lui donne envie de lenteur. Pendant 18 mois, il traverse la France à pied à travers la diagonale du vide pour vérifier que « le voyage commence en bas de chez soi ».
Le récit de cette expérience, « La diagonale du vide, un voyage exotique en France » paraît en 2018.
Il partage ses carnets de voyages sur son blog : www.lesvoyagesdemat.com.
De l’Irlande au Botswana, de Cuba à l’Ouzbekistan, le globe trotter a écrit et photographié dans plus de 45 pays. Privilégiant les voyages sans moteur et les rencontres aux destinations, il croit en l’idée que « le vrai voyageur ne sait pas où il va ».
Pour aller plus loin : www.lesvoyagesdemat.com/blog-voyage-france/
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