Le hic, c’est que Zaventem se situe dans la banlieue immédiate de Bruxelles et que la totalité des décollages et atterrissages des avions des firmes de courrier express se font la nuit. Il va de soi que les riverains de l’aéroport voient cette augmentation probable du trafic d’un très mauvais œil et font un lobbying effréné auprès des autorités pour bloquer cette extension.
Conséquence, la politique s’en mêle et comme en Belgique tout conflit de ce type se communautarise entre Flamands et Wallons, et ce surtout à la veille d’élections régionales, le gouvernement Belge est bien embêté.
D’autant plus que les « ministres-présidents » (le titre des chefs de gouvernements régionaux Flamands, Wallons et Bruxellois), se disputent à qui mieux mieux à ce sujet.
Les Flamands sont d’accords pour cette extension mais à conditions que les avions empruntent pour décoller et atterrir des routes passant au dessus de Bruxelles; les Bruxellois veulent bien de cette extension mais à condition que les nouveaux emplois soient principalement bruxellois et que les routes des avions passent par la Flandre.
10.000 emplois en jeu
Quant aux Wallons, ils proposent de déplacer l’activité fret de l’aéroport de Bruxelles dans un aéroport régional wallon. Et de proposer trois sites : Bierzet près de Liège et deux aéroports militaires (l’un désafecté, Jehonville, et l’autre occupé par les américains à Chièvres près de Mons).
Fin de 2003, Guy Verhofstad, le premier ministre belge, propose l’aéroport de Chièvres pour délocaliser l’activité de DHL et également pour y installer le deuxième aéroport de Bruxelles. Réponse de la région flamande, « Ca va pas la tête ? Zaventem est en Flandre et son activité doit être maintenue. » Logique, il y a de l’emploi et des taxes à percevoir.
Le weekend dernier, Luc Coene, ministre d’état, ex chef de cabinet du Premier Ministre, actuel patron de la chancellerie de celui-ci et personage des plus influents dans le royaume, déclare tout de go « Zaventem doit être transféré intégralement vers un nouvel aéroport et, à terme, doit disparaître.
Zaventem se situe du plus mauvais côté de la capitale et de ses environs. Tous les jours, j'entends des protestations contre les vols de nuit (...). L'aéroport de Zaventem n'a plus d'avenir. C'est fini, il doit disparaître».
Le premier ministre belge soutient la délocalisation Réaction du ministre-président de la Région Flamande : « Cela va pas la tête ! Si Zaventem doit délocaliser, j’exige que l’aéroport ne soit plus fédéral mais appartienne dorénavant à la Région Flamande ! » Réaction logique puisqu’il y aurait pas mal de terre à lotir et donc pas mal de promotions immobilières à réaliser.
Quant au directeur de Zaventem, Pierre Klee, il a eu ce mot à l’égard du ministre d’état Coene : « Même les grands commis de l’Etat sont capables d’émettre de belles c... ».
Du côté wallon, les petites phrases ne manquent pas non plus.
Du genre de celles du ministre régional de l’économie Serge Kubla qui annonce qu’il est impossible que DHL s’installe à Bierset, car cela ferait perdre de l’emploi puisque TNT, une autre société de courrier express y est déjà et occupe un petit millier de personnes tout en oubliant que TNT et DHL collaborent régulièrement ensemble. Ambiance...
Pour essayer de départager les avis, le gouvernement belge a fait appel à un expert qui n’est autre que BIAC, la société qui gère l’aéroport et qui donc n’a absolument pas envie de devoir déménager. Autant dire immédiatement que l’expert objectif choisi par le gouvernement belge est à la foi juge et partie dans ce dossier.
L’analyse de BIAC, juge et partie...
A la suite de l'appel d'offre international lancé par DHL en vue du développement de son hub européen, le gouvernement fédéral avait demandé à BIAC d’évaluer pour tous les aéroports civils et militaires du pays dans quelle mesure et à quel coût les demandes de DHL pourraient y être rencontrées.
Huit aéroports ont été examinés plus en détail : Beauvechain, Bierset, Bourg Léopold, Brustem, Chièvres, Jehonville, Ostende, et Zoersel. Les conclusions finales de cette étude de pré-faisabilité ont été soumises à des experts indépendants et remises au gouvernement ce mercredi.
Les coûts à charge des pouvoirs publics pour la mise à niveau de ces sites sont estimés à des montants variant entre 1,5 milliard d’euros (Jehonville et Chièvres) à 2,2 milliards d’euros (Beauvechain). A Zaventem, la capacité de pistes nécessaire est disponible et l’infrastructure peut être adaptée aux besoins à un coût marginal.
Au vu de ces coûts il est clair que Zaventem constitue la solution la moins onéreuse pour le Trésor. Comme pour les autres sites, l'extension de l'activité devra s’inscrire dans une perspective de développement durable et s'accompagner de mesures environnementales adéquates.
Compromis vraisemblable... à la belge !
La présence de nombreux autres opérateurs à l'aéroport de Zaventem offre à DHL une complémentarité indispensable: ainsi par exemple, DHL est un gros client des compagnies aériennes traditionnelles pour le transport de ses envois et fait effectuer des travaux d'entretien de ses appareils par Sabena Technics.
A nos lecteurs français, s’ils n’ont rien compris dans cet article, c’est pas grave. Les Belges, eux, sont habitués à ce type d’exercice intellectuel dont le seul objectif est, en réalité, de réaliser un « compromis à la belge ».
Opération qui prend des mois de discussions, de disputes , d’engueulades par medias interposés, de marchandages des plus bizarroïdes et qui se conclu généralement par un accord surréaliste…. Du type OK pour DHL en Wallonie mais en échange la Flandre doit pouvoir exporter le lisier de ses agriculteurs, dont elle ne sait que faire, en Wallonie.
Conséquence, la politique s’en mêle et comme en Belgique tout conflit de ce type se communautarise entre Flamands et Wallons, et ce surtout à la veille d’élections régionales, le gouvernement Belge est bien embêté.
D’autant plus que les « ministres-présidents » (le titre des chefs de gouvernements régionaux Flamands, Wallons et Bruxellois), se disputent à qui mieux mieux à ce sujet.
Les Flamands sont d’accords pour cette extension mais à conditions que les avions empruntent pour décoller et atterrir des routes passant au dessus de Bruxelles; les Bruxellois veulent bien de cette extension mais à condition que les nouveaux emplois soient principalement bruxellois et que les routes des avions passent par la Flandre.
10.000 emplois en jeu
Quant aux Wallons, ils proposent de déplacer l’activité fret de l’aéroport de Bruxelles dans un aéroport régional wallon. Et de proposer trois sites : Bierzet près de Liège et deux aéroports militaires (l’un désafecté, Jehonville, et l’autre occupé par les américains à Chièvres près de Mons).
Fin de 2003, Guy Verhofstad, le premier ministre belge, propose l’aéroport de Chièvres pour délocaliser l’activité de DHL et également pour y installer le deuxième aéroport de Bruxelles. Réponse de la région flamande, « Ca va pas la tête ? Zaventem est en Flandre et son activité doit être maintenue. » Logique, il y a de l’emploi et des taxes à percevoir.
Le weekend dernier, Luc Coene, ministre d’état, ex chef de cabinet du Premier Ministre, actuel patron de la chancellerie de celui-ci et personage des plus influents dans le royaume, déclare tout de go « Zaventem doit être transféré intégralement vers un nouvel aéroport et, à terme, doit disparaître.
Zaventem se situe du plus mauvais côté de la capitale et de ses environs. Tous les jours, j'entends des protestations contre les vols de nuit (...). L'aéroport de Zaventem n'a plus d'avenir. C'est fini, il doit disparaître».
Le premier ministre belge soutient la délocalisation Réaction du ministre-président de la Région Flamande : « Cela va pas la tête ! Si Zaventem doit délocaliser, j’exige que l’aéroport ne soit plus fédéral mais appartienne dorénavant à la Région Flamande ! » Réaction logique puisqu’il y aurait pas mal de terre à lotir et donc pas mal de promotions immobilières à réaliser.
Quant au directeur de Zaventem, Pierre Klee, il a eu ce mot à l’égard du ministre d’état Coene : « Même les grands commis de l’Etat sont capables d’émettre de belles c... ».
Du côté wallon, les petites phrases ne manquent pas non plus.
Du genre de celles du ministre régional de l’économie Serge Kubla qui annonce qu’il est impossible que DHL s’installe à Bierset, car cela ferait perdre de l’emploi puisque TNT, une autre société de courrier express y est déjà et occupe un petit millier de personnes tout en oubliant que TNT et DHL collaborent régulièrement ensemble. Ambiance...
Pour essayer de départager les avis, le gouvernement belge a fait appel à un expert qui n’est autre que BIAC, la société qui gère l’aéroport et qui donc n’a absolument pas envie de devoir déménager. Autant dire immédiatement que l’expert objectif choisi par le gouvernement belge est à la foi juge et partie dans ce dossier.
L’analyse de BIAC, juge et partie...
A la suite de l'appel d'offre international lancé par DHL en vue du développement de son hub européen, le gouvernement fédéral avait demandé à BIAC d’évaluer pour tous les aéroports civils et militaires du pays dans quelle mesure et à quel coût les demandes de DHL pourraient y être rencontrées.
Huit aéroports ont été examinés plus en détail : Beauvechain, Bierset, Bourg Léopold, Brustem, Chièvres, Jehonville, Ostende, et Zoersel. Les conclusions finales de cette étude de pré-faisabilité ont été soumises à des experts indépendants et remises au gouvernement ce mercredi.
Les coûts à charge des pouvoirs publics pour la mise à niveau de ces sites sont estimés à des montants variant entre 1,5 milliard d’euros (Jehonville et Chièvres) à 2,2 milliards d’euros (Beauvechain). A Zaventem, la capacité de pistes nécessaire est disponible et l’infrastructure peut être adaptée aux besoins à un coût marginal.
Au vu de ces coûts il est clair que Zaventem constitue la solution la moins onéreuse pour le Trésor. Comme pour les autres sites, l'extension de l'activité devra s’inscrire dans une perspective de développement durable et s'accompagner de mesures environnementales adéquates.
Compromis vraisemblable... à la belge !
La présence de nombreux autres opérateurs à l'aéroport de Zaventem offre à DHL une complémentarité indispensable: ainsi par exemple, DHL est un gros client des compagnies aériennes traditionnelles pour le transport de ses envois et fait effectuer des travaux d'entretien de ses appareils par Sabena Technics.
A nos lecteurs français, s’ils n’ont rien compris dans cet article, c’est pas grave. Les Belges, eux, sont habitués à ce type d’exercice intellectuel dont le seul objectif est, en réalité, de réaliser un « compromis à la belge ».
Opération qui prend des mois de discussions, de disputes , d’engueulades par medias interposés, de marchandages des plus bizarroïdes et qui se conclu généralement par un accord surréaliste…. Du type OK pour DHL en Wallonie mais en échange la Flandre doit pouvoir exporter le lisier de ses agriculteurs, dont elle ne sait que faire, en Wallonie.