A l’image de tous les ports bretons, la perle huîtrière de la Côte d’Emeraude encaisse les coups de sang de la mer sans broncher, derrière son granit imputrescible - DR : J.-F.R.
Les ostréiculteurs, le port, la pointe du Grouin, Roellinger… La réputation de Cancale est établie.
Dans cette ville à double niveau, la cité « haute » snobe gentiment celle du « bas » et presque toute la Bretagne est résumée.
Le plaisir y est grand de sacrifier aux rituels obligés, de la dégustation d’huîtres sur le quai à la balade par le sentier des douaniers, en passant par les venelles de la Houle et les fermettes du quartier des Rimains.
On arrive au port de Cancale un soir de septembre, le ciel est noir, la mer haute et laiteuse tricote un dégradé de vert aux faux airs de lagon.
A l’horizon, Granville « la blanche » fait sa tâche algéroise, le mont Dol se prend pour Ayers Rock et le triangle noir du Mont Saint-Michel, dans une nuée de pluie, cisaille le ciel telle une pyramide.
L’air, ce jour là, est iodé ; le quai, sous le grain, désert.
Quelques restaurants pressés de fermer pour s’accorder à la noirceur du ciel accueillent de rares clients. Un rade, le « Tapecul », joue, seul, les prolongations, sans trop y croire.
Voici donc Cancale. Une fille de la baie, renfrognée sous les assauts marins, grise comme un temps de fin de saison.
A l’image de tous les ports bretons, la perle huîtrière de la Côte d’Emeraude encaisse les coups de sang de la mer sans broncher, derrière son granit imputrescible.
Dans cette ville à double niveau, la cité « haute » snobe gentiment celle du « bas » et presque toute la Bretagne est résumée.
Le plaisir y est grand de sacrifier aux rituels obligés, de la dégustation d’huîtres sur le quai à la balade par le sentier des douaniers, en passant par les venelles de la Houle et les fermettes du quartier des Rimains.
On arrive au port de Cancale un soir de septembre, le ciel est noir, la mer haute et laiteuse tricote un dégradé de vert aux faux airs de lagon.
A l’horizon, Granville « la blanche » fait sa tâche algéroise, le mont Dol se prend pour Ayers Rock et le triangle noir du Mont Saint-Michel, dans une nuée de pluie, cisaille le ciel telle une pyramide.
L’air, ce jour là, est iodé ; le quai, sous le grain, désert.
Quelques restaurants pressés de fermer pour s’accorder à la noirceur du ciel accueillent de rares clients. Un rade, le « Tapecul », joue, seul, les prolongations, sans trop y croire.
Voici donc Cancale. Une fille de la baie, renfrognée sous les assauts marins, grise comme un temps de fin de saison.
A l’image de tous les ports bretons, la perle huîtrière de la Côte d’Emeraude encaisse les coups de sang de la mer sans broncher, derrière son granit imputrescible.
Bateaux ostréicoles statufiés sur la grève
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On se languit déjà du matin, et l’aurore nous saisit avec la même fougue automnale.
Des bandeaux de pluie déchirent l’horizon et le fragmentent en nuances de gris. Le vent a forci mais la mer s’est retirée.
Elle livre à eux-mêmes les bateaux à roues (ceux des ostréiculteurs) aux museaux de squales sympathiques, statufiés sur le miroir luisant de la grève.
Pas plus âme qui vive que la veille. A ces heures où le beurre salé n’est pas encore sorti des frigos, les Cancalais dorment du sommeil du juste, derrière les fenêtres à linteaux voilées de petits rideaux de coton, décorés de motifs marins.
Entre les façades collées-serrées des maisons du port, solides comme un pack de rugby face à la fureur océane, d’étroites venelles conduisent au pied de la falaise de la Houle.
L’âme du port est planquée dans cet entrelacs de maisons aux portes basses, rue de l’Amiral Bouvet, rue des Bisquines. Nous sommes dans l’ancien quartier des marins. Certes, beaucoup de maisons sont closes.
La boboïsation a fait son oeuvre mais sans supprimer les traces d’autrefois, un petit potager feuillu, une statue de la Vierge au fond d’une impasse, un vieux puits à margelle en granit, une tête de Saint-Michel dans l’encoignure d’une façade…
Des bandeaux de pluie déchirent l’horizon et le fragmentent en nuances de gris. Le vent a forci mais la mer s’est retirée.
Elle livre à eux-mêmes les bateaux à roues (ceux des ostréiculteurs) aux museaux de squales sympathiques, statufiés sur le miroir luisant de la grève.
Pas plus âme qui vive que la veille. A ces heures où le beurre salé n’est pas encore sorti des frigos, les Cancalais dorment du sommeil du juste, derrière les fenêtres à linteaux voilées de petits rideaux de coton, décorés de motifs marins.
Entre les façades collées-serrées des maisons du port, solides comme un pack de rugby face à la fureur océane, d’étroites venelles conduisent au pied de la falaise de la Houle.
L’âme du port est planquée dans cet entrelacs de maisons aux portes basses, rue de l’Amiral Bouvet, rue des Bisquines. Nous sommes dans l’ancien quartier des marins. Certes, beaucoup de maisons sont closes.
La boboïsation a fait son oeuvre mais sans supprimer les traces d’autrefois, un petit potager feuillu, une statue de la Vierge au fond d’une impasse, un vieux puits à margelle en granit, une tête de Saint-Michel dans l’encoignure d’une façade…
Cancale, bicéphale
Un Cancalais à béret et une retraitée alerte échangent quelques ragots sur le « mépris » supposé de « ceux d’en haut ».
En effet, Cancale est bicéphale et l’honneur des bourgeois s’est souvent mal accommodé des paillardises des gens de mer.
Quelques pas sur un mauvais chemin tracé dans la falaise - un habitué « d’en bas » râle contre l’incurie municipale « d’en haut », la guerre est déclarée ! - et nous voilà « ville haute », face au clocher carré de l’église. Changement de style, à l’évidence.
Rue de la Vallée Porcon, les maisons à pignon ont le look dinardais, à l’image de la mairie, bel hôtel particulier… de ville.
En terrasse d'un café, les clients portent des cirés jaunes siglés. On apprécie cette animation, les demeures nobles du « quartier Roellinger » (place de la Victoire, placette Plessis Bertrand), les maisons basses du quartier des Rimains…
Mais on lui préfère le sel marin, la gifle du large, l’incertitude du rivage. Cela tombe bien, les tracteurs ostréicoles roulent sur la vase, entre les bassins d’affinage, chargés de sacs d’huîtres dégoulinantes.
A marée basse, le bric-à-brac des parcs d’élevage, étalés près des quais entre des pieux hors d’eau, est un spectacle fascinant.
Un souk à la mode océane. C’est là l’intérêt du port. Car rien ne remplace le bonheur cancalais d’avaler quelques huîtres tout juste ramassées, debout devant les stands d’ostréiculteurs aux allures de cabines de plagistes.
En effet, Cancale est bicéphale et l’honneur des bourgeois s’est souvent mal accommodé des paillardises des gens de mer.
Quelques pas sur un mauvais chemin tracé dans la falaise - un habitué « d’en bas » râle contre l’incurie municipale « d’en haut », la guerre est déclarée ! - et nous voilà « ville haute », face au clocher carré de l’église. Changement de style, à l’évidence.
Rue de la Vallée Porcon, les maisons à pignon ont le look dinardais, à l’image de la mairie, bel hôtel particulier… de ville.
En terrasse d'un café, les clients portent des cirés jaunes siglés. On apprécie cette animation, les demeures nobles du « quartier Roellinger » (place de la Victoire, placette Plessis Bertrand), les maisons basses du quartier des Rimains…
Mais on lui préfère le sel marin, la gifle du large, l’incertitude du rivage. Cela tombe bien, les tracteurs ostréicoles roulent sur la vase, entre les bassins d’affinage, chargés de sacs d’huîtres dégoulinantes.
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