Emploi : comment rompre l’isolement au travail ?

Echanges de mail, conversation téléphonique, ou mieux en face-à-face, les interactions avec les collègues, clients, prospects et autres sont multiples au cours d’une journée de travail et n'ont jamais été aussi simples à l’heure du digital.

Pourtant, les résultats du 6e baromètre Paris Workplace réalisé en partenariat avec l’Ifop révèlent que les salariés se sentent de plus en plus isolés au sein de leur entreprise.

C’est le cas de 6 personnes interrogées sur 10. Et une personne sur 4 ressent souvent cet isolement.

Mais de quoi s’agit-il exactement ? « C’est compliqué de répondre à cette question. Il y a le travailleur isolé, sans personne autour de lui, par exemple un commercial seul qui va sillonner la France. L’isolement au travail peut également être ressenti par quelqu’un qui, malgré le fait d’être entouré de personnes, se sent isolé », précise le Dr Anne-Michèle Chartier, présidente du syndicat CFE-CGC Santé au travail.

L’isolement génère une série d’effets négatifs pour le salarié comme pour l’entreprise, rappelle le baromètre Paris Workplace/IFOP. Ainsi le niveau de performance baisse significativement, de 6,9/10 pour une personne se sentant isolée, contre 8,4/10 pour une autre qui se sent « rarement ou jamais isolé ».

Le premier craindra également 20 fois plus souvent d’être licencié, et, par conséquent, il se projette moins dans son entreprise.

Ce mal-être est une préoccupation majeure dans le domaine de la santé mentale au travail. C’est bien souvent le résultat d’une mauvaise communication ou d’un management non-adapté. « Sans soutien, on fait face à des situations où le stress monte, avec toutes les pathologies derrière : le sommeil agité, la tension, la dépression, la perte d’intérêt dans le travail… » , détaille le Dr Anne-Michèle Chartier.

Le télétravail est un autre facteur favorisant l’isolement au travail. « En télétravail complet, les salariés sont coupés de la société », affirme le Dr Chartier.

Un constat partagé par les résultats du baromètre selon lequel : « Le télétravail multiplie par deux le sentiment d’isolement. »

Le turn over au sein de l’entreprise entraîne, lui aussi, bien souvent l’apparition de ce sentiment. « Un salarié présent dans une société depuis un an et qui voit un collègue en arrêt maladie, un autre se faire licencier, et un dernier partir en cours de recrutement, aura perdu toutes personnes ressources, celles avec qui on peut échanger et s’entraider en cas de problème », cite en exemple le Dr Chartier.

Combattre ce sentiment d’isolement social répond à une démarche de bien-être. Bien plus qu’une tendance, le bien-être au travail est une stratégie bénéfique pour l’entreprise, gage de productivité et remède à l’absentéisme et au désengagement des collaborateurs.

Ainsi, pour prévenir, le risque de souffrir de cette situation de malaise, le Dr Chartier préconise d’intégrer le salarié dans l’entreprise : participer à des réunions, être destinataire de mails, etc…

« Les employés qui échangent en face à face avec plus de 3 collègues par jour sont presque deux fois moins nombreux à souffrir souvent de solitude (21 % vs 36 %) », selon le baromètre Workplace/Ifop.

Mais attention : « Au-delà de 20 relations par jour et en face à face, leur qualité et la performance des collaborateurs baissent significativement. » Il faut trouver la juste mesure !

Autre préconisation du Dr Chartier : l’accompagnement du retour d’un salarié après une longue période d’arrêt. « Ils ne sont pas obligatoires, mais les entretiens de retour à l’emploi sont vivement conseillés. Il est important d’informer le collaborateur des évolutions que la société a connu, des mouvements dans l’organigramme, ses missions, etc… »

Enfin, n’oublions pas, la qualité des relations est LE facteur décisif pour générer du bien-être et de la performance.