Guillaume Cromer : "L'écotaxe permet juste à l'Etat d'engranger un petit billet supplémentaire, sans savoir comment ils vont l'utiliser" - DR linkedin
TourMaG.com - Sur-tourisme, pollution du transport aérien, des croisières… Le tourisme a été pointé du doigt cette année. Pensez-vous que 2019 est une année charnière en matière de prise de conscience du grand public et des professionnels ?
Guillaume Cromer : Il y a un peu une pression populaire par rapport à la médiatisation et les marches pour le climat. Mais cela ne concerne que l'aspect climatique.
Sur les autres sujets je pense que les gens s'en moquent comme toujours. Après est-ce que la médiatisation peut changer les comportements ? Je n'ai aucune preuve tangible, mais ça fait parler.
Peut être que nous assistons au début d'un mouvement qui va modifier la tendance. Dans tous les cas, il y a une véritable urgence à prendre des décisions.
Il ne faut plus pondre des lois en mode on va taxer les vols intérieurs sur un montant si faible.
TourMaG.com - Justement pour revenir sur l'écotaxe, quel est votre ressenti ?
Guillaume Cromer : C'est de la m****e. Pour moi, les niveaux sont trop faibles. La taxation n'atteint pas des niveaux pour faire infléchir les décisions et consommer différemment l'avion.
L'écotaxe permet juste à l'Etat d'engranger un petit billet supplémentaire, sans savoir comment ils vont l'utiliser.
Guillaume Cromer : Il y a un peu une pression populaire par rapport à la médiatisation et les marches pour le climat. Mais cela ne concerne que l'aspect climatique.
Sur les autres sujets je pense que les gens s'en moquent comme toujours. Après est-ce que la médiatisation peut changer les comportements ? Je n'ai aucune preuve tangible, mais ça fait parler.
Peut être que nous assistons au début d'un mouvement qui va modifier la tendance. Dans tous les cas, il y a une véritable urgence à prendre des décisions.
Il ne faut plus pondre des lois en mode on va taxer les vols intérieurs sur un montant si faible.
TourMaG.com - Justement pour revenir sur l'écotaxe, quel est votre ressenti ?
Guillaume Cromer : C'est de la m****e. Pour moi, les niveaux sont trop faibles. La taxation n'atteint pas des niveaux pour faire infléchir les décisions et consommer différemment l'avion.
L'écotaxe permet juste à l'Etat d'engranger un petit billet supplémentaire, sans savoir comment ils vont l'utiliser.
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TourMaG.com - Que pensez-vous des réactions des pro du tourisme face à l'écotaxe ?
Guillaume Cromer : Cela me fait rire.
Les acteurs du tourisme ont un impact négatif sur l'environnement. Ils savaient que la décision allait être prise. Il faut qu'ils anticipent et fassent pivoter leur boite... .
S'ils continuent leur cap, ils vont prendre en pleine poire les changements de législation.
Ils ne peuvent pas juste râler et faire comme les taxi face au VTC, c'est un peu facile. Tout comme il est inimaginable de voir dire : "oh non laissez nous polluer", ils doivent se responsabiliser, car nous sommes dans l'urgence.
TourMaG.com - Il est toujours compliqué de réinventer son modèle économique et plus facile de défendre son business ?
Guillaume Cromer : Ils ne pensent qu'en termes économique Le jour où ils vont incorporer le développement durable dans leur entreprise, les acteurs du tourisme vont commencer à réfléchir autrement.
Nous le clamons depuis assez longtemps, mais quand vous voyez les croisiéristes qui polluent les océans, il est bien logique derrière que les citoyens poussent et qu'ils se retrouvent ciblés.
TourMaG.com - Comment freiner et contrer ce tourisme de masse ?
Guillaume Cromer : Il y a deux choses différentes, tout d'abord tout ce qui concerne l'overtourisme et les questions entourant l'impact général des activités touristiques.
Pour en revenir sur le tourisme de masse, il y a une problématique sur l'expérience consommateur qui est mauvaise, car il y a trop de monde dans certaines villes.
Tout cela reste un épiphénomène par rapport à l'impact climatique du tourisme, qui devrait exploser dans les années à venir, sauf que nous n'en prenons pas l'ampleur.
Guillaume Cromer : Cela me fait rire.
Les acteurs du tourisme ont un impact négatif sur l'environnement. Ils savaient que la décision allait être prise. Il faut qu'ils anticipent et fassent pivoter leur boite... .
S'ils continuent leur cap, ils vont prendre en pleine poire les changements de législation.
Ils ne peuvent pas juste râler et faire comme les taxi face au VTC, c'est un peu facile. Tout comme il est inimaginable de voir dire : "oh non laissez nous polluer", ils doivent se responsabiliser, car nous sommes dans l'urgence.
TourMaG.com - Il est toujours compliqué de réinventer son modèle économique et plus facile de défendre son business ?
Guillaume Cromer : Ils ne pensent qu'en termes économique Le jour où ils vont incorporer le développement durable dans leur entreprise, les acteurs du tourisme vont commencer à réfléchir autrement.
Nous le clamons depuis assez longtemps, mais quand vous voyez les croisiéristes qui polluent les océans, il est bien logique derrière que les citoyens poussent et qu'ils se retrouvent ciblés.
TourMaG.com - Comment freiner et contrer ce tourisme de masse ?
Guillaume Cromer : Il y a deux choses différentes, tout d'abord tout ce qui concerne l'overtourisme et les questions entourant l'impact général des activités touristiques.
Pour en revenir sur le tourisme de masse, il y a une problématique sur l'expérience consommateur qui est mauvaise, car il y a trop de monde dans certaines villes.
Tout cela reste un épiphénomène par rapport à l'impact climatique du tourisme, qui devrait exploser dans les années à venir, sauf que nous n'en prenons pas l'ampleur.
TourMaG.com - Que devrait faire le gouvernement pour modifier le comportement des voyageurs ?
Guillaume Cromer : Le problème a été le même avec la revendication des gilets jaunes et l'augmentation du prix des carburants, si vous ne proposez pas d'alternative crédible, forcément tout le monde va hurler.
Sauf qu'au bout d'un moment, la société va réinterroger sur la mobilité quelle soit touristique ou non. Aujourd'hui, il y a un problème simple, car prendre l'avion pour traverser la France coûte moins cher que de prendre le train. Nous allons devoir réinventer la mobilité.
Quand je vois des collectivités locales donner des millions pour accueillir des compagnies low cost, qui vont dans le mur. Ne serait-il pas mieux d'utiliser ces montants pour investir dans des transports plus propres ?
Il va être temps de mener des expérimentations, sauf que pour le moment je ne vois pas venir grand chose. Si nous ne faisons rien, à un moment donné les gouvernements vont devoir imposer des normes drastiques à un consommateur qui ne sera pas d'accord, car il n'y aura pas d'alternative.
TourMaG.com - Ce qui ferait imploser le secteur...
Guillaume Cromer : Bien sûr, cela pend au nez de toutes les compagnies et tour-opérateurs. Ils vont être dépendants des décisions qui seront prises pour répondre à l'urgence climatique, et là nous serons tous mal.
TourMaG.com - Avec votre entreprise sentez-vous que les professionnels s'interrogent ?
Guillaume Cromer : De plus en plus de TO s'interrogent pour anticiper les normes à venir, comment compenser les émissions carbones. Le couperet n'est pas loin de tomber.
Les collectivités territoriales commencent à réfléchir sur une relocalisation des touristes. Au lieu de séduire des Japonnais, traversant le monde pour venir avec un bilan carbone catastrophique, il faut cibler les touristes régionaux !
Je sens que les territoires s'interrogent fortement sur ces sujets. Nous allons devoir investir sur l'ingénierie locale pour mesurer ces retombées.
Guillaume Cromer : Le problème a été le même avec la revendication des gilets jaunes et l'augmentation du prix des carburants, si vous ne proposez pas d'alternative crédible, forcément tout le monde va hurler.
Sauf qu'au bout d'un moment, la société va réinterroger sur la mobilité quelle soit touristique ou non. Aujourd'hui, il y a un problème simple, car prendre l'avion pour traverser la France coûte moins cher que de prendre le train. Nous allons devoir réinventer la mobilité.
Quand je vois des collectivités locales donner des millions pour accueillir des compagnies low cost, qui vont dans le mur. Ne serait-il pas mieux d'utiliser ces montants pour investir dans des transports plus propres ?
Il va être temps de mener des expérimentations, sauf que pour le moment je ne vois pas venir grand chose. Si nous ne faisons rien, à un moment donné les gouvernements vont devoir imposer des normes drastiques à un consommateur qui ne sera pas d'accord, car il n'y aura pas d'alternative.
TourMaG.com - Ce qui ferait imploser le secteur...
Guillaume Cromer : Bien sûr, cela pend au nez de toutes les compagnies et tour-opérateurs. Ils vont être dépendants des décisions qui seront prises pour répondre à l'urgence climatique, et là nous serons tous mal.
TourMaG.com - Avec votre entreprise sentez-vous que les professionnels s'interrogent ?
Guillaume Cromer : De plus en plus de TO s'interrogent pour anticiper les normes à venir, comment compenser les émissions carbones. Le couperet n'est pas loin de tomber.
Les collectivités territoriales commencent à réfléchir sur une relocalisation des touristes. Au lieu de séduire des Japonnais, traversant le monde pour venir avec un bilan carbone catastrophique, il faut cibler les touristes régionaux !
Je sens que les territoires s'interrogent fortement sur ces sujets. Nous allons devoir investir sur l'ingénierie locale pour mesurer ces retombées.
TourMaG.com - Les nouvelles technologies peuvent être une solution pour réinventer et redéfinir le tourisme ?
Guillaume Cromer : Clairement, elles sont un levier sur lequel s'appuyer. D'ailleurs pendant cet été, et pendant 9 semaines, je vais faire une formation de code pour créer des outils permettant de mieux comprendre l'overtourisme, créer des alertes pour faire évoluer les actions à mener, etc.
Je pense que nous sommes trop léger technologiquement.
TourMaG.com - Comment expliquez-vous qu'il soit difficile de faire émerger des nouveaux acteurs dans le secteur ?
Guillaume Cromer : La majorité des entrepreneurs intéressés par le social business pensent seulement à créer des plateformes destinées aux consommateurs, alors qu'il y a des choses à créer dans le BtoB.
Les opportunités se trouvent au niveau des professionnels, mais pour ça, il faut connaître les acteurs, leurs besoins, pour essayer de leur amener des outils.
Il y a une véritable incompréhension des entrepreneurs du tourisme, ce sont plutôt des altermondialistes qui veulent monter un projet en se disant que cela va plaire au grand public.
Quand je vois les Fairbnb et consorts se lancer en frontal contre Booking ou Airbnb, je me pose des questions car il suffit à ces plateformes de mettre un filtre un peu "vert" pour annihiler le business de ces nouveaux acteurs.
Guillaume Cromer : Clairement, elles sont un levier sur lequel s'appuyer. D'ailleurs pendant cet été, et pendant 9 semaines, je vais faire une formation de code pour créer des outils permettant de mieux comprendre l'overtourisme, créer des alertes pour faire évoluer les actions à mener, etc.
Je pense que nous sommes trop léger technologiquement.
TourMaG.com - Comment expliquez-vous qu'il soit difficile de faire émerger des nouveaux acteurs dans le secteur ?
Guillaume Cromer : La majorité des entrepreneurs intéressés par le social business pensent seulement à créer des plateformes destinées aux consommateurs, alors qu'il y a des choses à créer dans le BtoB.
Les opportunités se trouvent au niveau des professionnels, mais pour ça, il faut connaître les acteurs, leurs besoins, pour essayer de leur amener des outils.
Il y a une véritable incompréhension des entrepreneurs du tourisme, ce sont plutôt des altermondialistes qui veulent monter un projet en se disant que cela va plaire au grand public.
Quand je vois les Fairbnb et consorts se lancer en frontal contre Booking ou Airbnb, je me pose des questions car il suffit à ces plateformes de mettre un filtre un peu "vert" pour annihiler le business de ces nouveaux acteurs.
TourMaG.com - L'urgence climatique est bien réelle, comment faire prendre conscience les voyageurs se rendant par exemple dans les villages vacances ?
Guillaume Cromer : Les villages vacances commencent à s'impliquer, même s'ils ne font pas vraiment la promotion de leurs actions pour ne pas être estampillés "un peu green".
Néanmoins, ces entreprises doivent faire des efforts, valoriser les circuits et après voir comment réduire l'impact environnemental.
Concernant le client, son comportement changera seulement par du bashing. Un moment ça va être simple, nous allons devoir imposer au niveau législatif un quota carbone à la population. Nous allons devoir prendre une décision courageuse sur le sujet de l'environnement.
TourMaG.com - Quelle est votre position par rapport à l'aérien ?
Guillaume Cromer : Il va falloir taper un peu sur les personnes ayant des bilans carbone désastreux, c'est irresponsable. Par le passé, je ne me posais pas la question de prendre l'avion, je prenais un vol low cost, pour partir un week-end.
Maintenant j'ai changé et je ne prends l'avion qu'une fois tous les 3 ans, pour un vrai beau voyage.
Guillaume Cromer : Les villages vacances commencent à s'impliquer, même s'ils ne font pas vraiment la promotion de leurs actions pour ne pas être estampillés "un peu green".
Néanmoins, ces entreprises doivent faire des efforts, valoriser les circuits et après voir comment réduire l'impact environnemental.
Concernant le client, son comportement changera seulement par du bashing. Un moment ça va être simple, nous allons devoir imposer au niveau législatif un quota carbone à la population. Nous allons devoir prendre une décision courageuse sur le sujet de l'environnement.
TourMaG.com - Quelle est votre position par rapport à l'aérien ?
Guillaume Cromer : Il va falloir taper un peu sur les personnes ayant des bilans carbone désastreux, c'est irresponsable. Par le passé, je ne me posais pas la question de prendre l'avion, je prenais un vol low cost, pour partir un week-end.
Maintenant j'ai changé et je ne prends l'avion qu'une fois tous les 3 ans, pour un vrai beau voyage.
Retrouvez tous les témoignages des pros du tourisme de notre série (verte) de l'été 2019 en cliquant sur ce lien.