Muriel Papin (No plastic in my sea) : "Selon ce classement, ce sont les bouteilles d’eau et de toutes sortes de boissons qui arrivent largement en tête des responsables de la pollution plastique". - DR
Car malgré tout, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux. D’autant que les intérêts économiques ne rejoignent pas les intérêts écologiques.
Sans compter qu’il y a des optimistes pour lesquels les solutions technologiques et humaines sont efficaces. Et, les pessimistes pour lesquels il est déjà trop tard pour agir.
Pour évaluer la situation environnementale et ses paradoxes, nous avons pris un exemple : celui de la lutte contre le plastique et notamment la lutte contre le plastique en mer, à partir de la dernière étude livrée par la Fondation Ellen MacArthur, réalisée en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement.
Un entretien avec Murielle Papin, déléguée générale de l’Association : No plastic in my sea, complète cette alerte sur un futur qui n’est pas tout bleu mais que les efforts des acteurs du tourisme peuvent contribuer à adoucir.
Sans compter qu’il y a des optimistes pour lesquels les solutions technologiques et humaines sont efficaces. Et, les pessimistes pour lesquels il est déjà trop tard pour agir.
Pour évaluer la situation environnementale et ses paradoxes, nous avons pris un exemple : celui de la lutte contre le plastique et notamment la lutte contre le plastique en mer, à partir de la dernière étude livrée par la Fondation Ellen MacArthur, réalisée en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement.
Un entretien avec Murielle Papin, déléguée générale de l’Association : No plastic in my sea, complète cette alerte sur un futur qui n’est pas tout bleu mais que les efforts des acteurs du tourisme peuvent contribuer à adoucir.
Pollution plastique : le taux d’emballages réemployés a baissé de 1.5% à 1.2%
… Inutile de multiplier les chiffres. Selon le rapport de la Fondation Ellen MacArthur, l’usage de plastique vierge a augmenté de 2,5 % entre 2020 et 2021 !
Le taux d’emballages réemployés a baissé de 1.5% à 1.2% entre 2019 et 2021 ! Tandis que, si l’incorporation de plastiques recyclés dans les emballages augmente, elle reste nettement en dessous du niveau nécessaire pour atteindre l’objectif de 2025 de 100% de plastique réutilisable, recyclable ou compostable.
Autre donnée alarmante : il se déverse tous les ans dans les océans 8 millions de tonnes de plastique. Pire ! 100 000 mammifères et un million d’oiseaux meurent chaque année à cause de cette pollution.
Quant à nous, sachez que nos estomacs ingurgitent toutes les semaines 5 grammes de plastique, soit l’équivalent d’une carte de crédit !
… Le paysage est bel et bien désolant et une fois de plus, le constat d’échec est alarmant. Faisons-nous tout ce qu’il faut pour enrayer des phénomènes massifs aboutissant entre autres à la confection d’un « Septième continent » de plastique en plein Pacifique, dont on aura toutes les peines du monde à se débarrasser.
Et laisserons-nous encore longtemps les associations de bénévoles seules se livrer à un ramassage de plus en plus épuisant de bouteilles et autres mégots de cigarettes ?
Certes, l’OMT est mobilisée sur le sujet, en collaboration avec la Fondation MacArthur. Plus de 100 organisations ont signé l’Initiative mondiale sur le tourisme et les plastiques et ont fait part de leurs solutions pour ne plus utiliser de plastique à usage unique, en éliminant les plastiques inutiles, et en encourageant leur réutilisation, compostage, recyclage.
Tout en informant le public tous les ans des progrès réalisés. Mais, il est bien d’autres chantiers à mener. Pour faire le point, nous donnons la parole à Muriel Papin, déléguée générale de l’Association : No plastic in my sea.
Le taux d’emballages réemployés a baissé de 1.5% à 1.2% entre 2019 et 2021 ! Tandis que, si l’incorporation de plastiques recyclés dans les emballages augmente, elle reste nettement en dessous du niveau nécessaire pour atteindre l’objectif de 2025 de 100% de plastique réutilisable, recyclable ou compostable.
Autre donnée alarmante : il se déverse tous les ans dans les océans 8 millions de tonnes de plastique. Pire ! 100 000 mammifères et un million d’oiseaux meurent chaque année à cause de cette pollution.
Quant à nous, sachez que nos estomacs ingurgitent toutes les semaines 5 grammes de plastique, soit l’équivalent d’une carte de crédit !
… Le paysage est bel et bien désolant et une fois de plus, le constat d’échec est alarmant. Faisons-nous tout ce qu’il faut pour enrayer des phénomènes massifs aboutissant entre autres à la confection d’un « Septième continent » de plastique en plein Pacifique, dont on aura toutes les peines du monde à se débarrasser.
Et laisserons-nous encore longtemps les associations de bénévoles seules se livrer à un ramassage de plus en plus épuisant de bouteilles et autres mégots de cigarettes ?
Certes, l’OMT est mobilisée sur le sujet, en collaboration avec la Fondation MacArthur. Plus de 100 organisations ont signé l’Initiative mondiale sur le tourisme et les plastiques et ont fait part de leurs solutions pour ne plus utiliser de plastique à usage unique, en éliminant les plastiques inutiles, et en encourageant leur réutilisation, compostage, recyclage.
Tout en informant le public tous les ans des progrès réalisés. Mais, il est bien d’autres chantiers à mener. Pour faire le point, nous donnons la parole à Muriel Papin, déléguée générale de l’Association : No plastic in my sea.
Muriel Papin : "les acteurs du tourisme ont un rôle à jouer"
Futuroscopie : quels sont les principaux fléaux occasionnés par le plastique sur un territoire touristique ?
Muriel Papin : c’est indéniablement, en premier lieu, la laideur et la saleté. Notamment sur les plages et dans les eaux de baignades. Ces déchets, abandonnés par les vacanciers, rejetés par la mer mais aussi par les rivières, ne l’oublions pas, constituent un véritable drame pour notre planète mais aussi pour l'industrie touristique et les touristes eux-mêmes.
S’il n’y avait pas de nettoyage de plages avant la saison et tous les jours pendant la saison, vous seriez affolés par la quantité de ces détritus. Et, l’on retrouve un phénomène comparable mais à moindre échelle en montagne et dans les quartiers touristiques des villes.
Futuroscopie : quels sont les principaux responsables de cette catastrophe écologique ?
Muriel Papin : nous disposons effectivement d’un ranking réalisé sur 200 plages, qui, bien que datant de 2018, est toujours valable. Malheureusement ! Selon ce classement, ce sont les bouteilles d’eau et de toutes sortes de boissons qui arrivent largement en tête des responsables de la pollution plastique.
En France seule, on consomme chaque année 8,7 milliards de litres d’eau vendus dans des bouteilles en plastique qui font partie du top 10 des déchets qui polluent le plus les rivières et les océans.
Suivent les mégots de cigarettes qui contiennent du plastique dans les filtres (ce que l’on ne sait pas forcément). Et, en 2018, c’était aussi les cotons tiges, jetés le plus souvent dans les toilettes, puis déversés dans les eaux. Mais, depuis une législation les interdit et ils ont diminué. Restent les tampons hygiéniques !
Autres gros pollueurs : les paquets de chips par exemple et surtout tous les emballages produits par l’industrie alimentaire pour contenir la nourriture à emporter. Car on a beau faire un peu plus de carton, comme Mac Donald’s par exemple, il reste toujours des couches de plastique sur le papier. L’industrie alimentaire est donc un gros pollueur. Avec en tête Coca, Pepsico, et Nestlé *
Et puis, il y a le problème dramatique des micros, voire des nanos plastiques et des additifs chimiques qui se retrouvent partout, notamment dans les vêtements et une grande partie de cosmétiques et autres détergents. Ces micros particules de plastique font des ravages qui ont été prouvés sur la santé animale, végétale et humaine.
Muriel Papin : c’est indéniablement, en premier lieu, la laideur et la saleté. Notamment sur les plages et dans les eaux de baignades. Ces déchets, abandonnés par les vacanciers, rejetés par la mer mais aussi par les rivières, ne l’oublions pas, constituent un véritable drame pour notre planète mais aussi pour l'industrie touristique et les touristes eux-mêmes.
S’il n’y avait pas de nettoyage de plages avant la saison et tous les jours pendant la saison, vous seriez affolés par la quantité de ces détritus. Et, l’on retrouve un phénomène comparable mais à moindre échelle en montagne et dans les quartiers touristiques des villes.
Futuroscopie : quels sont les principaux responsables de cette catastrophe écologique ?
Muriel Papin : nous disposons effectivement d’un ranking réalisé sur 200 plages, qui, bien que datant de 2018, est toujours valable. Malheureusement ! Selon ce classement, ce sont les bouteilles d’eau et de toutes sortes de boissons qui arrivent largement en tête des responsables de la pollution plastique.
En France seule, on consomme chaque année 8,7 milliards de litres d’eau vendus dans des bouteilles en plastique qui font partie du top 10 des déchets qui polluent le plus les rivières et les océans.
Suivent les mégots de cigarettes qui contiennent du plastique dans les filtres (ce que l’on ne sait pas forcément). Et, en 2018, c’était aussi les cotons tiges, jetés le plus souvent dans les toilettes, puis déversés dans les eaux. Mais, depuis une législation les interdit et ils ont diminué. Restent les tampons hygiéniques !
Autres gros pollueurs : les paquets de chips par exemple et surtout tous les emballages produits par l’industrie alimentaire pour contenir la nourriture à emporter. Car on a beau faire un peu plus de carton, comme Mac Donald’s par exemple, il reste toujours des couches de plastique sur le papier. L’industrie alimentaire est donc un gros pollueur. Avec en tête Coca, Pepsico, et Nestlé *
Et puis, il y a le problème dramatique des micros, voire des nanos plastiques et des additifs chimiques qui se retrouvent partout, notamment dans les vêtements et une grande partie de cosmétiques et autres détergents. Ces micros particules de plastique font des ravages qui ont été prouvés sur la santé animale, végétale et humaine.
L’exemple de Paris dans la perspective des Jeux Olympiques est intéressant
Futuroscopie : lesquels par exemple ?
Muriel Papin : ils peuvent causer des perturbations endocriniennes, des inflammations qui peuvent dégénérer en cancers. Et depuis peu, on sait que les micro plastiques sont présents dans les voies respiratoires et le cerveau.
Et même dans l'utérus et le lait maternel, ce qui expose le bébé in utero et à la naissance. De nombreuses études comme celle d’Agir pour l'environnement ont trouvé ces micro plastiques en quantité dans 78% des bouteilles d’eau analysées, particulièrement dans les bouteilles pour enfants.*
Futuroscopie : revenons-en à l’eau et surtout à l’eau en bouteilles si utiles en période de canicules. Où en est-on vraiment ?
Muriel Papin : les bouteilles d’eau ont une empreinte carbone nettement plus élevée que celle de l'eau du robinet. Sachant qu’elle parcourt 300 km en moyenne avant d’être consommée. Il convient donc de diminuer leur usage, voire le supprimer totalement.
Notamment en incitant l’utilisation de gourdes que l’on remplit par de l’eau du robinet (qui coûte 200 fois moins cher). D’autant que bien souvent, cette eau est de bonne qualité. L’exemple de Paris dans la perspective des Jeux Olympiques est intéressant car on prévoit, pour étancher la soif des Parisiens et du public, de multiplier le nombre de points d’eau (il y en a déjà 1200) et le nombre des commerces où remplir sa gourde.
En fait, Eau de Paris en association avec la mairie a engagé une véritable croisade visant à faire de la capitale une ville sans plastique à usage unique. Une initiative remarquable à laquelle collabore l’Office du tourisme, et qui est d’autant plus importante que, comme vous l’avez noté, les poubelles parisiennes débordent de plastique « alimentaire » jeté un peu n’importe comment, notamment par les touristes.
Même problème d’ailleurs avec les festivals et autres grands événements qui aujourd’hui tentent de réduire les déchets produits au maximum…
Muriel Papin : ils peuvent causer des perturbations endocriniennes, des inflammations qui peuvent dégénérer en cancers. Et depuis peu, on sait que les micro plastiques sont présents dans les voies respiratoires et le cerveau.
Et même dans l'utérus et le lait maternel, ce qui expose le bébé in utero et à la naissance. De nombreuses études comme celle d’Agir pour l'environnement ont trouvé ces micro plastiques en quantité dans 78% des bouteilles d’eau analysées, particulièrement dans les bouteilles pour enfants.*
Futuroscopie : revenons-en à l’eau et surtout à l’eau en bouteilles si utiles en période de canicules. Où en est-on vraiment ?
Muriel Papin : les bouteilles d’eau ont une empreinte carbone nettement plus élevée que celle de l'eau du robinet. Sachant qu’elle parcourt 300 km en moyenne avant d’être consommée. Il convient donc de diminuer leur usage, voire le supprimer totalement.
Notamment en incitant l’utilisation de gourdes que l’on remplit par de l’eau du robinet (qui coûte 200 fois moins cher). D’autant que bien souvent, cette eau est de bonne qualité. L’exemple de Paris dans la perspective des Jeux Olympiques est intéressant car on prévoit, pour étancher la soif des Parisiens et du public, de multiplier le nombre de points d’eau (il y en a déjà 1200) et le nombre des commerces où remplir sa gourde.
En fait, Eau de Paris en association avec la mairie a engagé une véritable croisade visant à faire de la capitale une ville sans plastique à usage unique. Une initiative remarquable à laquelle collabore l’Office du tourisme, et qui est d’autant plus importante que, comme vous l’avez noté, les poubelles parisiennes débordent de plastique « alimentaire » jeté un peu n’importe comment, notamment par les touristes.
Même problème d’ailleurs avec les festivals et autres grands événements qui aujourd’hui tentent de réduire les déchets produits au maximum…
Les engagements volontaires ne répondent pas à l’urgence de la situation et restent inégaux
Futuroscopie : que pensez-vous des autres efforts en provenance du secteur touristique ?
Muriel Papin : je pense que l’hôtellerie fait des efforts qui vont dans le bon sens. On tend à supprimer les plastiques à usage unique dès l'accueil avec la fin des bouteilles plastiques, mais aussi dans les salles de bain (cosmétiques, savons, soins…) et sur les buffets des petits-déjeuners.
On ne voit plus autant de plaquettes de beurre ou de sucres en emballage à usage unique. Les compagnies aériennes font aussi des efforts sur les plateaux repas.
Mais, les engagements volontaires ne répondent pas à l’urgence de la situation et restent inégaux selon les acteurs. Ils repoussent l’émergence des solutions nécessaires en termes de réduction et réemploi pour espérer endiguer la pollution plastique et micro plastique.
Ces solutions doivent être obligatoires et portées dès aujourd’hui avec ambition en France et en Europe et contribuer ainsi à l’émergence d’un traité international majeur d’ici 2024, contraignant pour les Etats dont l’application devrait permettre des progrès.
L'enjeu de ce traité est d'enrayer une tendance non soutenable d'augmentation des plastiques au plan mondial et d'obliger États et acteurs économiques à se désintoxiquer du plastique, issu de pétrole. Réduire, interdire le maximum de plastiques à faible utilité et réemployer au maximum sont les solutions à prioriser sur le seul recyclage qui présente trop de limites.
Reste que chaque secteur et chaque consommateur peut agir sans attendre, s'inspirer des meilleures pratiques, réduire les plastiques les plus polluants et notamment la bouteille, les mégots et la consommation nomade.
Les acteurs du secteur touristique ont un rôle majeur à jouer !
Muriel Papin : je pense que l’hôtellerie fait des efforts qui vont dans le bon sens. On tend à supprimer les plastiques à usage unique dès l'accueil avec la fin des bouteilles plastiques, mais aussi dans les salles de bain (cosmétiques, savons, soins…) et sur les buffets des petits-déjeuners.
On ne voit plus autant de plaquettes de beurre ou de sucres en emballage à usage unique. Les compagnies aériennes font aussi des efforts sur les plateaux repas.
Mais, les engagements volontaires ne répondent pas à l’urgence de la situation et restent inégaux selon les acteurs. Ils repoussent l’émergence des solutions nécessaires en termes de réduction et réemploi pour espérer endiguer la pollution plastique et micro plastique.
Ces solutions doivent être obligatoires et portées dès aujourd’hui avec ambition en France et en Europe et contribuer ainsi à l’émergence d’un traité international majeur d’ici 2024, contraignant pour les Etats dont l’application devrait permettre des progrès.
L'enjeu de ce traité est d'enrayer une tendance non soutenable d'augmentation des plastiques au plan mondial et d'obliger États et acteurs économiques à se désintoxiquer du plastique, issu de pétrole. Réduire, interdire le maximum de plastiques à faible utilité et réemployer au maximum sont les solutions à prioriser sur le seul recyclage qui présente trop de limites.
Reste que chaque secteur et chaque consommateur peut agir sans attendre, s'inspirer des meilleures pratiques, réduire les plastiques les plus polluants et notamment la bouteille, les mégots et la consommation nomade.
Les acteurs du secteur touristique ont un rôle majeur à jouer !
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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