Alexey Mordashov est actionnaire de TUI Group à hauteur de 34% et en ligne de mire des autorités européennes - Depositphotos @id1974
Depuis quelques jours, l'horreur est aux portes de l'Europe.
Jeudi 24 février 2022, Vladimir Poutine intimait l'ordre à ses troupes d'entrer en Ukraine et de renverser le pouvoir en place pour "protéger les personnes victimes de génocide de la part de Kiev et arriver à une dénazification" du pays.
Assez rapidement, même si trop tardivement, l'Europe agissait non pas militairement, mais financièrement.
"Nous interdirons aussi les transactions de la Banque centrale russe et gèlerons tous ses avoirs, afin de l'empêcher de financer la guerre de Poutine. Nous allons, en outre, cibler les avoirs des oligarques russes," précisait Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Et parmi les happy few figurant dans la short list des personnes potentiellement visées se trouve un nom (bien) connu du tourisme : Alexey Mordashov.
Pour ceux qui découvrent ce personnage qui serait tout simplement l'homme le plus riche de... Russie, l'oligarque est aussi entré au capital de TUI Group, en 2007.
En l'espace de 15 ans, ce dernier est passé de quelques actions à 34% des parts, participant même à la dernière augmentation de capital pour renflouer le géant mondial du tourisme.
Contacté par nos soins, le siège du géant allemand nous le confirme : "M. Mordashov détient une participation de 34 %, 66 % de la société appartiennent à des actionnaires de l'UE, des États-Unis, des fonds ainsi que des investisseurs privés. Il fait également partie du conseil de surveillance,".
Jeudi 24 février 2022, Vladimir Poutine intimait l'ordre à ses troupes d'entrer en Ukraine et de renverser le pouvoir en place pour "protéger les personnes victimes de génocide de la part de Kiev et arriver à une dénazification" du pays.
Assez rapidement, même si trop tardivement, l'Europe agissait non pas militairement, mais financièrement.
"Nous interdirons aussi les transactions de la Banque centrale russe et gèlerons tous ses avoirs, afin de l'empêcher de financer la guerre de Poutine. Nous allons, en outre, cibler les avoirs des oligarques russes," précisait Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Et parmi les happy few figurant dans la short list des personnes potentiellement visées se trouve un nom (bien) connu du tourisme : Alexey Mordashov.
Pour ceux qui découvrent ce personnage qui serait tout simplement l'homme le plus riche de... Russie, l'oligarque est aussi entré au capital de TUI Group, en 2007.
En l'espace de 15 ans, ce dernier est passé de quelques actions à 34% des parts, participant même à la dernière augmentation de capital pour renflouer le géant mondial du tourisme.
Contacté par nos soins, le siège du géant allemand nous le confirme : "M. Mordashov détient une participation de 34 %, 66 % de la société appartiennent à des actionnaires de l'UE, des États-Unis, des fonds ainsi que des investisseurs privés. Il fait également partie du conseil de surveillance,".
TUI : Alexey Mordashov dans la liste des oligarques ciblés par l'Europe
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Possédant pas moins de 25,92 milliards d'euros, dont un récent bond de 10,96 milliards d'euros l'année écoulée, selon Forbes, l'homme aurait aussi l'oreille de Poutine.
Comme bien souvent, dans le pays des Tsars, les richesses se font et défont au gré des désidératas du pouvoir en place.
D'après l'enquête de Navalny sur le palais de Poutine, dont le coup est estimé à 1,1 milliard d'euros, le nom de Mordashov revient comme l'un des donateurs.
Il avait aussi soutenu l'appel du président russe en avril 2021, demandant que les entreprises réinvestissent les bénéfices, plutôt que de récompenser les investisseurs.
Pour en revenir au principal intéressé, faisant partie de la nouvelle caste des milliardaires, ayant pris "son essor dans la Russie capitaliste et non sur les décombres de l’URSS," selon le Magazine des Décideurs, il est propriétaire de Severstal.
Il s'agit d'un grand groupe de métallurgie qui emploie 50 000 personnes dans le monde, pour un chiffre d'affaires de 5,35 milliards d'euros en 2020.
Il était entré en 1992 comme directeur financier, dans l'entreprise, avant de prendre progressivement le contrôle, lorsque Yury Lipukhin le propriétaire lui cède ses parts.
Une success-story qui rattrape donc maintenant TUI groupe.
Comme bien souvent, dans le pays des Tsars, les richesses se font et défont au gré des désidératas du pouvoir en place.
D'après l'enquête de Navalny sur le palais de Poutine, dont le coup est estimé à 1,1 milliard d'euros, le nom de Mordashov revient comme l'un des donateurs.
Il avait aussi soutenu l'appel du président russe en avril 2021, demandant que les entreprises réinvestissent les bénéfices, plutôt que de récompenser les investisseurs.
Pour en revenir au principal intéressé, faisant partie de la nouvelle caste des milliardaires, ayant pris "son essor dans la Russie capitaliste et non sur les décombres de l’URSS," selon le Magazine des Décideurs, il est propriétaire de Severstal.
Il s'agit d'un grand groupe de métallurgie qui emploie 50 000 personnes dans le monde, pour un chiffre d'affaires de 5,35 milliards d'euros en 2020.
Il était entré en 1992 comme directeur financier, dans l'entreprise, avant de prendre progressivement le contrôle, lorsque Yury Lipukhin le propriétaire lui cède ses parts.
Une success-story qui rattrape donc maintenant TUI groupe.
TUI : Alexey Mordashov sur la liste des personnalités sanctionnées
D'après Bloomberg, il serait le prochain nom à figurer dans le viseur de l'arsenal de sanctions avancé par l'Union européen .
En effet, dans la soirée de ce lundi 28 février, la Commission a publié la longue liste des personnalités ciblées par les sanctions.
Nous y retrouvons sans surprise à la page 58 du journal officiel de l'instance européenne, Alexey Alexandrovich Mordashov.
Dans sa biographie, nous apprenons que l'oligarque tire profit de ses relations avec des décideurs russes.
Il est en outre président de la société Severgroup détenant des participations considérables dans un groupe finançant des chaînes de télévision soutenant activement les politiques du gouvernement russe visant à déstabiliser l’Ukraine.
M. Mordashov est donc selon la Commission Européenne "responsable de soutenir des actions et politiques qui compromettent l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine.
Il est également responsable d’apporter un soutien financier et matériel aux décideurs russes responsables de l’annexion de la Crimée et de la déstabilisation de l’Ukraine, et de retirer un avantage" de ces décideurs.
Concrètement, avec un actionnaire et membre du conseil de surveillance dans l'œil du cyclone que risque TUI ?
Tout d'abord, en Allemagne les entreprises fonctionnent sur un système à deux niveaux, avec un conseil de surveillance et un directoire.
Le conseil de surveillance définit la politique générale et se compose à parts égales de 10 représentants des travailleurs et de 10 représentants des actionnaires, dont M. Mordashov.
Le conseil d'administration met en œuvre les politiques, définit la stratégie et gère la société. M. Mordashov n'en fait pas partie.
"En ce qui concerne la question toujours hypothétique des sanctions, il convient de faire la distinction entre lui personnellement en tant qu'actionnaire (ce qui s'appliquerait à toute sanction) et la société TUI (où il a un investissement)," tempère la direction du groupe allemand.
Et d'après, les sanctions actuelles, telles qu'elles sont connues pour les autres oligarques, ne concernent que les sociétés dont la personne est propriétaire ou dont elle détient plus de 50 % des parts.
Ce qui n'est pas le cas pour Mordashov.
En résumé : "d'éventuelles sanctions à l'encontre de M. Mordashov n'auront pas d'impact sur les affaires de TUI" précise Tui Group.
En effet, dans la soirée de ce lundi 28 février, la Commission a publié la longue liste des personnalités ciblées par les sanctions.
Nous y retrouvons sans surprise à la page 58 du journal officiel de l'instance européenne, Alexey Alexandrovich Mordashov.
Dans sa biographie, nous apprenons que l'oligarque tire profit de ses relations avec des décideurs russes.
Il est en outre président de la société Severgroup détenant des participations considérables dans un groupe finançant des chaînes de télévision soutenant activement les politiques du gouvernement russe visant à déstabiliser l’Ukraine.
M. Mordashov est donc selon la Commission Européenne "responsable de soutenir des actions et politiques qui compromettent l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine.
Il est également responsable d’apporter un soutien financier et matériel aux décideurs russes responsables de l’annexion de la Crimée et de la déstabilisation de l’Ukraine, et de retirer un avantage" de ces décideurs.
Concrètement, avec un actionnaire et membre du conseil de surveillance dans l'œil du cyclone que risque TUI ?
Tout d'abord, en Allemagne les entreprises fonctionnent sur un système à deux niveaux, avec un conseil de surveillance et un directoire.
Le conseil de surveillance définit la politique générale et se compose à parts égales de 10 représentants des travailleurs et de 10 représentants des actionnaires, dont M. Mordashov.
Le conseil d'administration met en œuvre les politiques, définit la stratégie et gère la société. M. Mordashov n'en fait pas partie.
"En ce qui concerne la question toujours hypothétique des sanctions, il convient de faire la distinction entre lui personnellement en tant qu'actionnaire (ce qui s'appliquerait à toute sanction) et la société TUI (où il a un investissement)," tempère la direction du groupe allemand.
Et d'après, les sanctions actuelles, telles qu'elles sont connues pour les autres oligarques, ne concernent que les sociétés dont la personne est propriétaire ou dont elle détient plus de 50 % des parts.
Ce qui n'est pas le cas pour Mordashov.
En résumé : "d'éventuelles sanctions à l'encontre de M. Mordashov n'auront pas d'impact sur les affaires de TUI" précise Tui Group.
TUI Group : et si les problèmes venaient du Royaume-Uni ?
Comme le rappellent, nos confrères de Skift, l'inquiétude pour le géant allemand pourrait venir d'outre-Manche.
Là bas, l'entreprise Unifirm Ltd à l'origine des 34% de droits de vote dans TUI "est considérée comme un actionnaire de contrôle" selon les règles de cotation britannique.
Pour rappel, TUI est une société allemande, mais ses actions sont cotées à la fois sur les bourses allemande et londonienne.
C'est peut être là-bas que les choses pourraient se compliquer à cela il faudra ajouter les sanctions mondiales contre le géant de la métallurgie russe Severstal.
Cette dernière cotée, elle aussi à Londres pourrait être la prochaine sanctionnée par le gouvernement de Boris Johnson ou encore les autorités américaines.
"Ces entreprises ne sont pas seulement cruciales pour l'économie russe, elles financent aussi directement une grande partie de l'État russe" affirme un article du Guardian.
Avant même, les représailles des Occidentaux et depuis le début du conflit en Ukraine, Alexey Mordashov a perdu près de 3,56 milliards d'euros, en l'espace de quelques jours.
Avec un actionnaire en passe de devenir persona non grata en Europe et qui sortira durement affaibli par les sanctions occidentales, TUI Group pourrait bien être à moyen terme impacté par les prises de position d'un actionnaire devenu très embarrassant.
D'ailleurs, ce lundi 28 février 2022, l'action perdait 4.49% à la bourse...
Là bas, l'entreprise Unifirm Ltd à l'origine des 34% de droits de vote dans TUI "est considérée comme un actionnaire de contrôle" selon les règles de cotation britannique.
Pour rappel, TUI est une société allemande, mais ses actions sont cotées à la fois sur les bourses allemande et londonienne.
C'est peut être là-bas que les choses pourraient se compliquer à cela il faudra ajouter les sanctions mondiales contre le géant de la métallurgie russe Severstal.
Cette dernière cotée, elle aussi à Londres pourrait être la prochaine sanctionnée par le gouvernement de Boris Johnson ou encore les autorités américaines.
"Ces entreprises ne sont pas seulement cruciales pour l'économie russe, elles financent aussi directement une grande partie de l'État russe" affirme un article du Guardian.
Avant même, les représailles des Occidentaux et depuis le début du conflit en Ukraine, Alexey Mordashov a perdu près de 3,56 milliards d'euros, en l'espace de quelques jours.
Avec un actionnaire en passe de devenir persona non grata en Europe et qui sortira durement affaibli par les sanctions occidentales, TUI Group pourrait bien être à moyen terme impacté par les prises de position d'un actionnaire devenu très embarrassant.
D'ailleurs, ce lundi 28 février 2022, l'action perdait 4.49% à la bourse...
Sanctions européennes : 'l'enjeu étant de priver les oligarques de leurs ressources
Pour Lior Delfassy, ancien responsable à la BNP sur les sanctions financières, la vérité serait légèrement tout autre pour TUI, sans être radicalement différente.
Pour comprendre l'actualité, il faut remonter en 2014 et les premières sanctions européennes visant des oligarques russes suite à l'annexion de la Crimée.
"Deux règlements ont alors été pris, l'un visant la Russie, le 833-2014, puis l'autre concernant les personnalités, le 269/2014. Ces personnes sont sujettes donc à un gel de leurs avoirs," précise le futur avocat.
En figurant sur cette liste, Alexey Mordashov se retrouve donc sur la liste noire de la Commission européenne.
"Les conséquences sont que tout ce que les personnes nommées contrôlent ou possèdent est visé par le gel des avoirs, j'insiste sur le verbe : contrôler.
En théorie, la possession est pour une personne morale établie à partir du moment, où il possède 50% et une voix, donc la majorité. Sauf qu'en Europe, il y a aussi la notion de contrôle."
Ce sont des éléments qui permettent d'affirmer que la personne en question, n'a pas 50% et une voix, mais dispose via un accord avec des actionnaires ou des droits de vote supplémentaires, d'une influence permettant d'affirmer que celle-ci a le contrôle sur la société.
"Dans le cas présent, je ne suis pas sûr que l'oligarque figure dans le champ d'application de la mesure sur le gel des avoirs. Etant actionnaire minoritaire, la société va pouvoir poursuivre son fonctionnement habituel, à une chose près.
Si la société est de droit européen (le cas pour TUI, ndlr), elle ne pourra pas faire remonter des dividendes pour rémunérer son actionnaire," analyse Lior Delfassy.
Selon ce spécialiste de la question, les potentiels dividendes seront alors versés sur un compte séquestre, jusqu'à ce que l'oligarque ne figure plus sur la fameuse liste.
Cette dernière peut s'éterniser, comme c'est le cas pour certains Russes, Libyens ou encore Syriens.
"Les mesures de gel ne sont pas là pour exproprier, ni même déposséder des personnes.
La principale source de revenus des oligarques provient des dividendes versés par les entreprises, donc avec cette mesure, l'enjeu étant de priver les personnes visées de leurs ressources, sans handicaper les entreprises."
En cas de recapitalisation de TUI par exemple, le géant allemand devra donc se passer de l'argent de son généreux actionnaire russe...
Pour comprendre l'actualité, il faut remonter en 2014 et les premières sanctions européennes visant des oligarques russes suite à l'annexion de la Crimée.
"Deux règlements ont alors été pris, l'un visant la Russie, le 833-2014, puis l'autre concernant les personnalités, le 269/2014. Ces personnes sont sujettes donc à un gel de leurs avoirs," précise le futur avocat.
En figurant sur cette liste, Alexey Mordashov se retrouve donc sur la liste noire de la Commission européenne.
"Les conséquences sont que tout ce que les personnes nommées contrôlent ou possèdent est visé par le gel des avoirs, j'insiste sur le verbe : contrôler.
En théorie, la possession est pour une personne morale établie à partir du moment, où il possède 50% et une voix, donc la majorité. Sauf qu'en Europe, il y a aussi la notion de contrôle."
Ce sont des éléments qui permettent d'affirmer que la personne en question, n'a pas 50% et une voix, mais dispose via un accord avec des actionnaires ou des droits de vote supplémentaires, d'une influence permettant d'affirmer que celle-ci a le contrôle sur la société.
"Dans le cas présent, je ne suis pas sûr que l'oligarque figure dans le champ d'application de la mesure sur le gel des avoirs. Etant actionnaire minoritaire, la société va pouvoir poursuivre son fonctionnement habituel, à une chose près.
Si la société est de droit européen (le cas pour TUI, ndlr), elle ne pourra pas faire remonter des dividendes pour rémunérer son actionnaire," analyse Lior Delfassy.
Selon ce spécialiste de la question, les potentiels dividendes seront alors versés sur un compte séquestre, jusqu'à ce que l'oligarque ne figure plus sur la fameuse liste.
Cette dernière peut s'éterniser, comme c'est le cas pour certains Russes, Libyens ou encore Syriens.
"Les mesures de gel ne sont pas là pour exproprier, ni même déposséder des personnes.
La principale source de revenus des oligarques provient des dividendes versés par les entreprises, donc avec cette mesure, l'enjeu étant de priver les personnes visées de leurs ressources, sans handicaper les entreprises."
En cas de recapitalisation de TUI par exemple, le géant allemand devra donc se passer de l'argent de son généreux actionnaire russe...