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I. Cuba, une île à découvrir avant qu’il ne soit trop tard...

Action pays... Cuba


Curieux de la transition qui s'y amorce, le monde a les yeux tournés vers Cuba. Sur place, l’île rebelle apparaît encore figée dans un autre espace-temps. Baroque, tropicale et paradoxale, Cuba est une rencontre à nulle autre pareille. À découvrir avant qu’il ne soit trop tard...


Rédigé par Adèle Dunois le Mercredi 23 Novembre 2016

Pour l’heure, le pays de Fidel Castro est comme suspendu entre un passé singulier et un avenir qui reste à écrire © Fotolia
Pour l’heure, le pays de Fidel Castro est comme suspendu entre un passé singulier et un avenir qui reste à écrire © Fotolia
La nuit tombe sur La Havane quand notre avion atterrit à l’aéroport José Marti. Le temps de récupérer les bagages, elle est noire.

Cela n’empêche pas de remarquer que le panneau qui fustigeait les Américains à la sortie du terminal international a disparu.

C’est une évidence, Cuba vit une transition. Après le rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis en juillet 2015 et la reprise de vols directs entre les deux pays annoncée en février 2016, la venue qualifiée à juste titre d’« historique » de Barack Obama et le méga-concert gratuit des Rolling Stones ont créé l’événement en mars, éclatants symboles d’une nouvelle donne.

Au même moment, le groupe Starwood annonçait la reprise de trois hôtels de luxe de La Havane, qui feront l’objet de rénovation, et Booking.com son arrivée.

Obama aimerait que l’embargo économique, qu’il a déjà contribué à assouplir, soit complètement levé mais la décision revient au Congrès et la majorité républicaine y est hostile.

Le changement est pourtant ressenti comme inéluctable à terme et jamais Cuba n’a accueilli autant de visiteurs qui veulent la découvrir avant que les Américains ne déferlent.

Pour l’heure, même si on rencontre déjà pas mal de touristes états-uniens dans les hôtels de luxe de La Havane, le pays de Fidel Castro est comme suspendu entre un passé singulier et un avenir qui reste à écrire.

Encore à l’écart de la mondialisation, l’île caraïbe aimante les groupes d’entreprises en quête d’inédit. De fait, à la condition expresse de ne pas oublier que l’exception culturelle cubaine est liée à une économie de pénurie qui ne va pas sans aléas, un voyage à Cuba est une expérience fascinante.

À l’instar des Cubains, peuple fier et débrouillard doté d’un humour légendaire, il suffit d’accepter avec flegme la vie comme elle va.

Descendre dans un monument historique

Une allée bordée de palmiers royaux mène à l’hôtel Nacional, ancré en surplomb du Malecon, le mythique front de mer de La Havane.

Couronnée de campaniles néo-Renaissance, l’imposante bâtisse de style espagnol dissimule des intérieurs aux volumes démesurés mêlant influences classiques et détails Art déco, arcades ornées d’azulejos, boiseries sombres et ascenseurs rétro.

Descendre dans ce palace inauguré le 30 décembre 1930, c’est convoquer l’histoire contemporaine de l’île.

Pendant les décennies sulfureuses où l’Amérique venait s’encanailler à Cuba, le Nacional était le fief des chefs de la mafia new-yorkaise qui y côtoyaient les stars d’Hollywood.

En 1946, il accueille même le plus grand rassemblement mafieux de l’histoire, avec plus de mille participants réunis autour de Luciano, Lansky et compagnie ; Sinatra pousse la chansonnette pour l’occasion.

Puis souffle le vent de la révolution. C’est au Nacional que sont nés le Mouvement du 26 Juillet de Fidel Castro et les fameux Comités de Défense de la Révolution, et les effigies du Che Guevara et du « Lider Maximo » hantent, elles aussi, les immenses corridors du vieux palais.

Dans les jardins trônent de vénérables canons qui faisaient partie du système de défense de la ville coloniale ; lors de la crise qui fit trembler le monde, à l’automne 1962, une batterie de missiles anti-aériens pointée vers les côtes de la Floride, leur prêta main-forte... C’était un autre temps.

Douceur nostalgique sous les tropiques

© Fotolia
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Aujourd’hui, notre Nacional classé monument historique reçoit de nouveau les riches et célèbres, notamment pendant le Festival international du Nouveau cinéma latino-américain dont il est le siège depuis sa création en 1979.

Le must consiste à dormir dans l’une des suites portant le nom d’Ava Gardner, de Franck Sinatra, de Fred Astaire, de Gary Cooper ou de Lucky Luciano...

Ce soir, notre table est dressée dans les jardins, où flotte le parfum suave des fleurs de frangipaniers.

Tandis que les plats circulent, un groupe de musiciens vêtus de la traditionnelle « guayabera », chemise à quatre poches incarnant l’élégance à la cubaine, entonne doucement Dos Gardenias, Lagrimas Negras, l’inévitable Chan Chan...

Les ritournelles s’accordent parfaitement à l’atmosphère surannée de cette adresse vintage.

Pékin express à la sauce havanaise

© DR
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Après une nuit réparatrice, le réveil matinal est facile, décalage horaire oblige. Des coco-taxis jaune poussin pétaradent déjà devant l’hôtel, prêts pour un « Pékin Express » à la sauce havanaise.

Gare à la langueur à laquelle pourrait inciter le climat tropical : sur le principe de l’émission TV, l’idée est d’explorer la vieille ville en résolvant le plus rapidement possible une série d’énigmes.

Sont associés à l’aventure une boisson couleur de miel, une brûlerie de café à l’ancienne, un peintre surréaliste et un écrivain américain fan de pêche au gros...

La séquence met tout de suite dans l’ambiance car elle crée des liens chaleureux entre les voyageurs et leurs chauffeurs cubains, qui jouent le jeu avec un enthousiasme touchant, mais elle fait un peu passer à l’arrière-plan la découverte du plus grand centre colonial d’Amérique latine.

Alors on y repart, à pied cette fois et sous la houlette d’un guide érudit.

Capitale magique aux splendeurs fanées

Fondée en 1519 par les Espagnols, la vieille ville de La Havane a conservé son plan d’urbanisme d’origine, organisé autour de cinq places monumentales reliées entre elles par un lacis de ruelles jouant à cache-cache avec le soleil.

Longtemps laissé à l’abandon, ce patrimoine en péril inscrit à l’Unesco en 1982 est restauré peu à peu, contrastant avec les autres quartiers de la capitale, cabossés par le temps et le salpêtre.

Même dans le périmètre sacré, des zones déshéritées subsistent, soulignant l’ampleur de la tâche à laquelle s’est attelé Eusebio Leal, le tout-puissant Historien de la Ville.

À moins de s’appeler Barack Obama ou Mick Jagger, rencontrer cet homme très occupé n’est plus possible mais les guides de son agence n’ont pas leur pareil pour pousser les portes et faire parler les vieilles pierres.

Palais, couvents et patios, colonnes, façades pastel et grilles en fer forgé, la vieille ville a un caractère hispanique marqué sur lequel se sont superposés d’autres styles, néo-classique surtout mais aussi Art déco sans oublier quelques verrues modernes.

Bavard et bruyant, le petit peuple cubain y évolue avec grâce, commères au balcon, vieux messieurs disputant d’interminables parties de domino, nuées d’enfants jouant au base-ball...

Un stop « mojito » à la Bodeguida del Medio, le plus célèbre des bars de Cuba, et nous voilà sur la place de la Cathédrale, chef-d’œuvre du baroque jésuite.
La terrasse d’El Patio, aménagé dans un palais XVIIe, nous accueille le temps d’un déjeuner avec vue.

À l’issue du repas, un « torcedor » vient faire la démonstration de son habilité à rouler un « puro » dans les règles de l’art et expliquer que la dégustation d’un cigare, accompagnée d’un café ou d’un petit verre de rhum, a des vertus digestives ; certains s’y essaient, tentant d’imiter l’air inspiré du Che sur le fameux cliché reproduit en carte postale et vendu à tous les coins de rue.

Salsa, vieilles américaines et palabra

© DR
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Via le Malecon battu par les vagues de l’Atlantique, nous rallions le Habana Café pour un cours de salsa, profitant des heures de relâche de cette salle de spectacle décorée dans le style Hard Rock Café, vieilles voitures américaines et avion suspendu au plafond.

Certains s’en sortent vraiment bien et s’attirent les compliments du chorégraphe ; d’autres sont moins gracieux mais qu’importe, le moment est joyeux.

Plus tard, après un temps de repos à l’hôtel, un cortège de vieilles Chevrolet, Chrysler et autres Buick aux carrosseries étincelantes bichonnées avec amour par leurs propriétaires nous convie à une virée panoramique, cheveux au vent, dans les quartiers dits « modernes » de la capitale cubaine.

Au programme : le résidentiel Vedado, demeures coloniales XIXe noyées dans la végétation et immeubles Art déco ou modernistes, La Vallée de Vinales, la gigantesque Plaza de la Revolución et les non moins gigantesques portraits du Che et de Camille Cienfuegos, l’aristocratique Miramar et le Malecon dans sa partie fifties, où flotte à nou- veau la bannière étoilée des États-Unis devant l’ambassade ré-ouverte...

Le tour s’achève devant un « paladar » du Vedado. Le terme est typiquement cubain, emprunté à une série télévisée brésilienne des années 1990 qui mettait en scène la propriétaire d’une chaîne de restaurants nommée Paladar et dont la diffusion a coïncidé avec les premières autorisations accordées aux initiatives privées.

Longtemps, ces restaurants n’ont compté que cinq ou six tables où l’on se régalait d’une cuisine familiale sans prétention.

Tout a changé en 2010 avec la libéralisation de certains secteurs de l’économie, dont la restauration. Aussitôt, des établissements chics et sophistiqués sont sortis de l’ombre.

Versus 1900 est de ceux-là : élégante salle à manger, spécialités goûteuses et toit terrasse aménagé en « chill out », c’est un endroit délicieux, dans tous les sens du terme.

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