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I. Le Sud tunisien, de Tozeur à Douz, un soleil d'hiver à (re)découvrir

Douz, plateforme du tourisme saharien tunisien


Sable aux reflets dorés des dunes qui ensablent les villages sahariens de Douz ou Zaafrane, blancheur scintillante du Chott el-Jérid où flottent des oasis de mirages. Choc des images, des couleurs, des vibrations, magie du désert. Vert profond des palmiers qui tapissent les oasis de Tozeur et Nefta. Le silence. Paysages lunaires des monts de Matmata, hameaux berbères de Chenini et Douiret, villages troglodytes et ksour des villages de crêtes… A deux heures et demie de la France, le sud tunisien mérite d’être (re)découvert par le marché français. En petits groupes, les Asiatiques y sont déjà. Ce sont les touristes les plus souvent rencontrés lors de mon périple effectué durant la dernière semaine de novembre 2019. Voici le premier volet de ce reportage.


Rédigé par le Mardi 17 Décembre 2019

A Douz, la journée se termine. Les derniers touristes sont partis. Les chameliers vont rentrer chez eux. Ici, sur l'esplanade de Ahmed, le patron de Pegase Tunisie, point de départ des amateurs de balades à dos de chameau ou de location de quads. A proximité du futur "The Residence Douz" encore en chantier - DR : M.S.
A Douz, la journée se termine. Les derniers touristes sont partis. Les chameliers vont rentrer chez eux. Ici, sur l'esplanade de Ahmed, le patron de Pegase Tunisie, point de départ des amateurs de balades à dos de chameau ou de location de quads. A proximité du futur "The Residence Douz" encore en chantier - DR : M.S.
Si Tozeur est, grâce à son aéroport international, la porte d’entrée du grand sud tunisien, Douz, la plus saharienne des oasis, s’impose comme la porte du désert.

Elle est la plateforme d’organisation avancée du tourisme saharien tunisien.

Pour atteindre Douz, quittez Tozeur située dans le sud ouest, dirigez-vous vers le soleil levant et traversez la mer intérieure au sel cristallisé qu’est le Chott el-Jérid.

A l’horizon du plateau désertique, d’étranges montagnes dentelées, érodées par les vents du désert et leurs tourbillons de sable (140 km).

Régulièrement rénové, le réseau routier est en excellent état. On arrive même à le regretter. Ainsi, le grand campement saharien Ksar Ghilane est désormais accessible par une route asphaltée.

A Nefta, une route récemment tracée mène jusqu’au fameux « Ong Jmel », sur le décor où, au pied des dunes, furent tournées quelques célèbres scènes de la saga Star Wars. Un vaste parking est même à disposition des visiteurs.

Douz, plateforme du tourisme saharien

Douz, gardienne des traditions nomades et plateforme du tourisme saharien tunisien - DR : M.S.
Douz, gardienne des traditions nomades et plateforme du tourisme saharien tunisien - DR : M.S.
Cernée par les dunes de sable, Douz est fidèle à ses traditions, à son histoire. A travers elles ont transité des générations de nomades.

Ses hôtels entourés de murailles crénelées laissent imaginer les caravansérails d’autrefois.

Trois hôtels (sur douze) sont ouverts, unités de petite dimension (140 lits). Correctement entretenus, ils retrouvent leurs publics, clients de circuits le plus souvent organisés.

« Nous observons le retour de la confiance des opérateurs français organisateurs de rallyes, d’expéditions, d’aventures. Ceux qui existent encore sont revenus », m'explique Mohamed Essayem, commissaire au Tourisme pour la région de Kebili - Douz - Ksar Ghilane.

« Ecouter le silence, partager l’émotion du désert, méditer, se ressourcer, vivre des couchers de soleil flamboyants, observer les étoiles, apprendre le désert, sa vie, sa faune, sa flore sont des créneaux porteurs ». 

Douz est la plateforme d’organisation des circuits sahariens pédestres, en 4x4 ou en méharée, de quelques heures, quelques jours ou davantage.

« C’est ici que toutes les agences spécialisées sont installées. Elles disposent des équipements adaptés aux bivouac ou campements itinérants ou fixes.

Chaque client doit être signalé. On ne s’aventure pas seul dans le désert. Par mesures sécuritaires appliquées depuis 2008, avant la révolution, les clients doivent obligatoirement être pris en charge par un guide compétent et qualifié disposant d’un GPS et d’un téléphone satellitaire.

Les départs motorisés se font toujours avec deux véhicules. De leur côté, les guides méharis connaissent leur Sahara
.

Le tourisme saharien s’organise en partenariat avec l’armée, la garde nationale et la protection civile.

En cas d’accident ou de panne sèche ou de tout problème grave, ce dispositif d’intervention nous permet d’intervenir immédiatement et simultanément, d’envoyer un hélicoptère, un médecin si nécessaire. Les clients du Sahara sont tous repérables et repérés
.

Les gens qui connaissent le Sahara comprennent parfaitement ces mesures
. »

Les conséquences de la révolution de janvier 2011 ont été dramatiques pour les hôteliers du désert. Les vents de sable, les étés caniculaires et les nuits parfois glacées ne leur laissent aucun répit. Pour survivre, ils ne peuvent baisser les bras, investir encore, alors que l’argent manque.

Les nouveaux hôteliers du désert viennent du Qatar, de Singapour

Face au Chott el-Jérid, l'un des restaurants du luxueux Resort Anantara inauguré ce 1er décembre 2019. Financé par le Qatar, géré et commercialisé par le groupe thaïlandais Anantara, une première en Tunisie - DR : M.S.
Face au Chott el-Jérid, l'un des restaurants du luxueux Resort Anantara inauguré ce 1er décembre 2019. Financé par le Qatar, géré et commercialisé par le groupe thaïlandais Anantara, une première en Tunisie - DR : M.S.
Trois établissements exceptionnels par leur emplacement et leur conception sont désormais (à jamais ?) la proie du désert : le mythique Sahara Palace de Nefta qui reçut en son temps (années 1970) pléthore de vedettes, de personnalités politiques, l’étonnant Tamerza Palace qui domine un imposant canyon, loin de toute agglomération et l’historique hôtel Oasis de Tozeur (le mieux situé de toute la capitale du Djerid).

Ils sont délabrés, à l’abandon, dans l’attente d’improbables investisseurs.

De nouveaux hôteliers se démarquent. Leurs investisseurs viennent du Qatar, de Singapour. Ils veulent du neuf, du très beau et s’en donnent les moyens. Ils proposent un nouveau concept d’hôtellerie de luxe, sans ostentation, responsable, intégré dans leur environnement.

En 1995, la « Singapore Tunisian IC The Residence » choisissait Gammarth, près de Tunis, pour sa première implantation hôtelière en Tunisie.

Pied dans le sable, sans obstacle qui puisse le séparer de l’infini du désert, le deuxième sera un 5 étoiles : "The Residence Douz" est encore en chantier. Il ouvrira au printemps 2021]b.

50 bungalows d’une superficie de 100 à 150 m² répartis sur 15 hectares de sable. 2 000 palmiers y ont été plantés. Les hôtes disposeront de plusieurs piscines, d’un spa de 2 500 m², de trois restaurants. L’architecture et la décoration ont été confiées au célèbre cabinet HBA fondé par l’architecte Hechmi Ben Attia.

En projet à court terme : des hôtels « The Residence » dans la Medina de Tunis (32 chambres), puis Djerba.

Entre Tozeur et Nefta, dominant sur 25 hectares le Chott el-Jérid, l’Anantara Resort Tozeur a ouvert officiellement ses portes ce 1er décembre 2019.

Financé par le Qatar, il est commercialisé et géré par le groupe thaïlandais Anantara, une première en Tunisie. Créé en 2001, Anantara est ici bien fidèle à sa philosophie : un décor exceptionnel et tranquille, un lien direct avec la culture locale, l’expertise d’un luxe raffiné et un Spa de toute beauté.

A disposition des hôtes : 94 villas dont 18 avec piscine privée, 5 restaurants dont un asiatique et un avec spectacle, un village culturel avec un « souk » réunissant 14 boutiques proposant quelques grandes marques, des bijoux, des pâtisseries orientales, des objets magnifiques d’artisanat régional (oui ça existe !).

Chacune des trois grandes piscines a sa clientèle : une pour adultes, une pour familles et une pour enfants. L’immense et somptueuse villa royale est commercialisable pour de l’événementiel en l’absence de l’Emir. 2 000 palmiers ont d’ores et déjà été plantés. A terme, il y en aura 4 000. Les travaux ont duré 4 ans.

Les premiers clients à avoir réservé sont chinois. Les 180 employés du resort sont à 70% natifs de Tozeur ou Nefta. Le service est à la fois stylé, respectueux et chaleureux. J’en atteste : j’y étais quelques jours avant l’ouverture.

Tourisme alternatif au Dar Hi Life (Nefta)

Ouvert en 2008, en surplomb de l’oasis en « corbeille » de Nefta, le Dar Hi Life est un défi à la nature.

Entre maison d’hôtes (un concept qui se développe considérablement à travers le pays) et éco-lodge, il forme un ensemble architectural original.

A l’intérieur d’un mur d’enceinte typique des constructions locales, 17 chambres réparties en trois types d’habitation : sur pilotis, façon troglodyte ou dune à la manière d’un bivouac.

Cette maison bien tenue cultive avec conviction un tourisme durable et responsable, un tourisme de partage en relation étroite avec les habitants du village.

Il utilise amplement l’énergie solaire. Autonome en électricité, il offre par ailleurs une nourriture bio issue de son propre potager.


La cuisine est une affaire de femmes. Pas de télé dans les chambres. Dans le salon, une petite bibliothèque, un feu de cheminée le soir vers 19 heures.

La piscine et le hammam sont alimentés par une source thermale naturellement chaude. Au spa, les produits sont eux aussi naturels et locaux (huile de noyaux de dattes, de pépins de figues de barbarie, etc.).

Un nouveau campement saharien éco-responsable près de Douz

Le nouveau campement d'Ali Zaied à 25 km par piste de Douz. Respect des traditions berbères, utilisation de l'énergie solaire pour alimenter l'électricité et puiser l'eau - DR : A. Zaied
Le nouveau campement d'Ali Zaied à 25 km par piste de Douz. Respect des traditions berbères, utilisation de l'énergie solaire pour alimenter l'électricité et puiser l'eau - DR : A. Zaied
A une trentaine de minutes au sud de Douz, un petit campement saharien éco-responsable vient d’être créé.

Le Campement Zaied est accessible en 4x4 par une piste sablonneuse un brin sportive. Ali Zaied a repris l’agence créée par son père, l’un des pionniers du tourisme saharien dans le grand erg tunisien. C’était il y a 40 ans.

LIRE AUSSI : Zaied Travel Agency (Tozeur) : "Notre entreprise est source de vie pour tout un village"

Dans ce campement, il respecte les coutumes berbères tout en installant un équipement moderne. Une dizaine de tentes traditionnelles confortables (lumière, chauffage). Toilettes et douches communes.

La viande et les légumes mijotent dans une jarre sur la braise d’un feu de bois. Le pain cuit sous la cendre. L’énergie solaire fournit l’électricité et bientôt elle permettra de puiser et de remonter l’eau enfouie à 93 mètres sous terre
.

Ali propose une nouvelle approche du désert. Avec des spécialistes reconnus, il a lancé des stages de yoga, de méditation, de réflexion. Le programme mêle ces activités avec une découverte en étoile du désert en randonnées pédestres ou chamelières.

« L’expérience nous permet de faire évoluer notre offre qui repose sur un dépaysement total. Depuis l’ouverture de ce nouveau campement, début novembre, nous sommes complets et nous le serons jusqu’à fin janvier, période des fêtes de fin d’année comprise ».

Le jour de notre rencontre, il était plutôt content. De nouveaux clients, un groupe de Canadiens, venaient de confirmer leur séjour.

Ce qu’il déplore, Ali, c’est le mélange des genres. Il demande à ce que les excursions bruyantes et motorisées (voitures tous terrains, quads, ULM) aient leurs territoires et évitent la proximité des randonneurs, des méharistes et des campement qui, comme le sien, se vouent au silence.

A noter : dans ce camp, on « capte » alors qu’à ma connaissance, la France a encore ses zones grises.

Louer des quads, c’est le travail d’Ahmed, patron depuis 26 ans de Pegase Tunisie, un site sans frontière sur l’immensité désertique.

Le jour de mon passage, il avait 36 quads alignés, dont 10 en marche. Une quinzaine de chameliers se tenaient prêts à balader durant une ou deux heures les touristes en étape. Un conseil : privilégier l’heure du coucher de soleil.

Quid de ses célèbres survols en ULM ? « Les appareils sont à l’abri dans ce hangar. Ils ne volent plus. Les clients trouvaient que c’était trop cher.

i[Avec l’entretien, l’essence, les assurances, le pilote, il y a un prix sous lequel nous ne pouvons descendre ! Ils devraient comprendre !
». Il hésite et dit : « Beaucoup recherchaient plus la sensation du vol que la beauté de la vue. C'est peut-être une activité dépassée, trop bruyante ».

Un peu amer, Ahmed, à propos du marché français : « on était des frères et ils nous ont abandonnés alors que les autres marchés étaient présents. » Optimiste aussi : « ce n’est pas la première crise de l’histoire du tourisme tunisien. « Ils » reviennent et nous remonterons la pente ».

Retrouvez tous les reportages consacrés au Sud Tunisien en cliquant sur ce lien.

Michèle Sani Publié par Michèle Sani Journaliste - TourMaG.com
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