Courtisé, Jacques Maillot, cède la majorité du capital de son entreprise emblématique à TUI, avant d’en concéder la totalité. /crédit photo dr
Le commentaire d’un lecteur, ce mercredi 17 juin 2020, date de l’annonce du licenciement de 60% du personnel de TUI France, résume parfaitement la situation:“Quel désastre ... 22 années et 10 plans sociaux pour en arriver là... où sont les responsables de cette catastrophe industrielle ?
Il a parfaitement raison. Le gâchis et le prix social à payer sont énormes.
Mais le problème réside dans le fait que les responsabilités sont, hélas, trop diluées pour rechercher “le” coupable.
Si on remonte aux origines, c’est, sans conteste, Preussag (TUI), géant de l’industrie (tous métiers confondus).
Essentiellement, il fait dans le minier et le métallurgique à l’origine. Du lourd, quoi !
il a régné sur le bassin de la Ruhr, jusqu’à la crise de cette activité. Après la cession en 1997 de Salzgitter AG et le rachat de la compagnie maritime Hapag-Lloyd, Preussag se métamorphose et met le cap vers l'industrie des loisirs.
La tendance s’accélère encore avec le rachat du groupe Thomson Travel en 2000. L’entité TUI naît officiellement le 1er juillet 2002. A peine portée sur les fonts baptismaux, elle s’impose déjà comme le n°2 mondial du secteur du tourisme, après Thomas Cook, son concurrent frontal.
Tour-operating, distribution,hôtels, croisières, compagnies aériennes… son business model est celui de l’intégration verticale. il en possède toute la panoplie.
Mais à peine né, le Groupe et son concept est déjà dépassé par les nouvelles technologies. Internet est à l’oeuvre et va, peu à peu, en saper les fondations.
Il a parfaitement raison. Le gâchis et le prix social à payer sont énormes.
Mais le problème réside dans le fait que les responsabilités sont, hélas, trop diluées pour rechercher “le” coupable.
Si on remonte aux origines, c’est, sans conteste, Preussag (TUI), géant de l’industrie (tous métiers confondus).
Essentiellement, il fait dans le minier et le métallurgique à l’origine. Du lourd, quoi !
il a régné sur le bassin de la Ruhr, jusqu’à la crise de cette activité. Après la cession en 1997 de Salzgitter AG et le rachat de la compagnie maritime Hapag-Lloyd, Preussag se métamorphose et met le cap vers l'industrie des loisirs.
La tendance s’accélère encore avec le rachat du groupe Thomson Travel en 2000. L’entité TUI naît officiellement le 1er juillet 2002. A peine portée sur les fonts baptismaux, elle s’impose déjà comme le n°2 mondial du secteur du tourisme, après Thomas Cook, son concurrent frontal.
Tour-operating, distribution,hôtels, croisières, compagnies aériennes… son business model est celui de l’intégration verticale. il en possède toute la panoplie.
Mais à peine né, le Groupe et son concept est déjà dépassé par les nouvelles technologies. Internet est à l’oeuvre et va, peu à peu, en saper les fondations.
2006 : le début d'une véritable “série noire” pour TUI France
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TUI France lance un challenge de ventes Nouvelles Frontières
Tout au déploiement de sa stratégie territoriale, le géant allemand veut, par tous les moyens, contrer Thomas Cook, son grand rival.
En France, il jette son dévolu sur Nouvelles Frontières qui est, à son échelle, bâti sur le même principe : une compagnie aérienne (Corsair), un voyagiste, des agences, des bateaux de croisières…
Courtisé, Jacques Maillot, cède la majorité du capital de son entreprise emblématique à TUI, avant d’en concéder la totalité.
En 2002, exit le briseur de monopoles.
TUI place alors à la tête de sa filiale française Eric Debry, un brillant HEC, d’une quarantaine d’années mais qui a déjà pas mal roulé sa bosse, notamment au siège à Hanovre. Il assurera la présidence du Groupe jusqu’en 2006.
Avec son mandat débute une véritable “série noire” pour TUI France. Lorsqu’il quitte l’entreprise en 2006 les pertes sont colossales : la zone de Europe de l’Ouest dont la France est le premier marché affiche 10 millions d’euros de pertes en 2005, et enregistre un passif de... 39 M€ sur le premier semestre 2006 !
En France, il jette son dévolu sur Nouvelles Frontières qui est, à son échelle, bâti sur le même principe : une compagnie aérienne (Corsair), un voyagiste, des agences, des bateaux de croisières…
Courtisé, Jacques Maillot, cède la majorité du capital de son entreprise emblématique à TUI, avant d’en concéder la totalité.
En 2002, exit le briseur de monopoles.
TUI place alors à la tête de sa filiale française Eric Debry, un brillant HEC, d’une quarantaine d’années mais qui a déjà pas mal roulé sa bosse, notamment au siège à Hanovre. Il assurera la présidence du Groupe jusqu’en 2006.
Avec son mandat débute une véritable “série noire” pour TUI France. Lorsqu’il quitte l’entreprise en 2006 les pertes sont colossales : la zone de Europe de l’Ouest dont la France est le premier marché affiche 10 millions d’euros de pertes en 2005, et enregistre un passif de... 39 M€ sur le premier semestre 2006 !
Le nouveau voyagiste est complètement à côté de la plaque...
Eric Debry dès son arrivée taille dans le vif. Entre fermetures et ventes des filiales déficitaires, avec un certain succès... /crédit photo dr
C’était pourtant parti sous de bons auspices : Eric Debry dès son arrivée taille dans le vif.
Entre fermetures et ventes des filiales déficitaires d’un côté et injection de 180 M€ de TUI de l’autre, NF renoue à marche forcée avec les bénéfices en 2003 et 2004. Mieux : elle réduit de manière significative son endettement.
Le lancement de TUI France à Top Résa 2003 dans un grand show à l’américaine à grand renfort de publicité et une soirée mémorable (et fort dispendieuse) avec Cathy et David Guetta et aux platines, fait pschitt.
Les chiffres sont très en deçà des objectifs initiaux, avec à peine 68 000 forfaits vendus en 2005. TUI France visait les... 100.000 clients pour l’année 2004 !
Le nouveau voyagiste est complètement à côté de la plaque. Décidément, Internet est en train de rebattre complètement les cartes. Malgré ses moyens financiers, TUI France va d’échec en échec.
Le site Ultravacances.fr est moribond et celui sur les vols secs (Skydeals.fr) bat de l’aile. Plus grave, Nouvelles Frontières est désormais bousculé par les agences en ligne, notamment sur les voyages à forfait. Ses ventes sur internet atteindraient péniblement à l’époque… 15% de son chiffre d’affaires.
L’ambition de faire de NF l’un des leaders français du voyage en ligne s’éloigne et les plans sociaux se rapprochent.
Chassé croisé quelques mois plus tard. En août 2006 Jean-Marc Siano, 42 ans, diplômé (?) de l'ESP de Paris et patron de TUI France, succède à Eric Debry à la tête du Groupe Nouvelles Frontières, tandis que ce dernier va “pantoufler” à la direction générale du Groupe Pierre et Vacances.
Jean-Marc Siano, va essayer de restructurer et de développer le réseau de distribution du Groupe qui à l’époque compte 103 agences Havas et 217 Nouvelles Frontières. Avec un objectif : atteindre les 250 points de vente NF.
Entre fermetures et ventes des filiales déficitaires d’un côté et injection de 180 M€ de TUI de l’autre, NF renoue à marche forcée avec les bénéfices en 2003 et 2004. Mieux : elle réduit de manière significative son endettement.
Le lancement de TUI France à Top Résa 2003 dans un grand show à l’américaine à grand renfort de publicité et une soirée mémorable (et fort dispendieuse) avec Cathy et David Guetta et aux platines, fait pschitt.
Les chiffres sont très en deçà des objectifs initiaux, avec à peine 68 000 forfaits vendus en 2005. TUI France visait les... 100.000 clients pour l’année 2004 !
Le nouveau voyagiste est complètement à côté de la plaque. Décidément, Internet est en train de rebattre complètement les cartes. Malgré ses moyens financiers, TUI France va d’échec en échec.
Le site Ultravacances.fr est moribond et celui sur les vols secs (Skydeals.fr) bat de l’aile. Plus grave, Nouvelles Frontières est désormais bousculé par les agences en ligne, notamment sur les voyages à forfait. Ses ventes sur internet atteindraient péniblement à l’époque… 15% de son chiffre d’affaires.
L’ambition de faire de NF l’un des leaders français du voyage en ligne s’éloigne et les plans sociaux se rapprochent.
Chassé croisé quelques mois plus tard. En août 2006 Jean-Marc Siano, 42 ans, diplômé (?) de l'ESP de Paris et patron de TUI France, succède à Eric Debry à la tête du Groupe Nouvelles Frontières, tandis que ce dernier va “pantoufler” à la direction générale du Groupe Pierre et Vacances.
Jean-Marc Siano, va essayer de restructurer et de développer le réseau de distribution du Groupe qui à l’époque compte 103 agences Havas et 217 Nouvelles Frontières. Avec un objectif : atteindre les 250 points de vente NF.
L’informatique, talon d’Achille du Groupe
Le management de Jean-Marc Siano peine à convaincre, les résultats ne sont pas au rendez-vous : le 27 mars 2008, le rapport d'audit d'Eurogroup tombe comme un couperet... /créit photo dr
L’informatique est toujours le talon d’Achille du Groupe. Le catalogue des produits brochure n’est que partiellement en ligne et pose techniquement des problèmes de résa aux distributeurs.
Le management de J.-M. Siano peine à convaincre, les résultats ne sont pas au rendez-vous : le 27 mars 2008, le rapport d'audit d'Eurogroup tombe comme un couperet.
Parmi les mesures préconisées, un plan de suppression d'emplois touchant plus de 140 personnes. Montant heureusement révisé à la baisse (127) quelques mois plus tard. Le premier, hélas, d’une longue série...
L’affaire des subprimes et la crise économique qui s’ensuit en 2009, n’arrange pas les choses. Le marché français est toujours le vilain petit canard du Groupe, même si Peter Long, président de TUI Travel, affiche son optimisme et estime que « le pire est derrière nous ».
Le management de J.-M. Siano peine à convaincre, les résultats ne sont pas au rendez-vous : le 27 mars 2008, le rapport d'audit d'Eurogroup tombe comme un couperet.
Parmi les mesures préconisées, un plan de suppression d'emplois touchant plus de 140 personnes. Montant heureusement révisé à la baisse (127) quelques mois plus tard. Le premier, hélas, d’une longue série...
L’affaire des subprimes et la crise économique qui s’ensuit en 2009, n’arrange pas les choses. Le marché français est toujours le vilain petit canard du Groupe, même si Peter Long, président de TUI Travel, affiche son optimisme et estime que « le pire est derrière nous ».
Mais le pire est toujours là et deux événements majeurs vont encore compliquer les choses.
Le premier est la fusion des marques TUI et Marmara, avec l’arrivée dans le jeu d’un troisième homme (Hervé Vighier) et la cote montante de Pascal de Izaguirre, patron de CorsairFly, désormais dans le rôle du recours…
Avec la fusion, c’est un nouveau plan social qui va être mis sur les rails.
Le second fait majeur c’est l'avènement du Printemps arabe qui va impacter fortement les activités du Groupe sur un marché stratégique : la Méditerranée.
Entretemps, Jean-Marc Siano est débarqué par les actionnaires, lassés de “remettre au pot” chaque année pour combler le trou sans cesse grandissant de Nouvelles Frontières.
Un départ "pour divergences de vues", sur la stratégie de l'entreprise, selon le communiqué officiel. Il sera remplacé par le patron de CorsairFly, Pascal de Izaguirre, nouvel homme fort du Groupe.
Le premier est la fusion des marques TUI et Marmara, avec l’arrivée dans le jeu d’un troisième homme (Hervé Vighier) et la cote montante de Pascal de Izaguirre, patron de CorsairFly, désormais dans le rôle du recours…
Avec la fusion, c’est un nouveau plan social qui va être mis sur les rails.
Le second fait majeur c’est l'avènement du Printemps arabe qui va impacter fortement les activités du Groupe sur un marché stratégique : la Méditerranée.
Entretemps, Jean-Marc Siano est débarqué par les actionnaires, lassés de “remettre au pot” chaque année pour combler le trou sans cesse grandissant de Nouvelles Frontières.
Un départ "pour divergences de vues", sur la stratégie de l'entreprise, selon le communiqué officiel. Il sera remplacé par le patron de CorsairFly, Pascal de Izaguirre, nouvel homme fort du Groupe.
LUNDI - II. TUI France : les années Pascal de Izaguirre et l’accélération des restructurations et des Plans sociaux
Publié par Jean Da Luz
Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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