Il faut redoubler d’efforts pour sa conservation en réparant non-seulement les dégâts de la marée noire mais aussi les impacts des autres menaces qui ont dégradé la biodiversité de l’ile Maurice et ses lagons avant même cette marée noire..." /crédit DR
TourMaG.com - Où se situe exactement la zone impactée par le naufrage et la fuite d’hydrocarbure ?
F.B. Vincent : "Le bateau s’est échoué le 25 juillet à environ un mile de la côte sud-est de Maurice sur les haut fonds essentiellement sablonneux juste en dehors du récif, écrasant quelques coraux, relativement épars dans cette zone.
Initialement le ballotement par les vagues du bateau échoué a occasionné l’entré dans le lagon de masses d’eaux chargées de particules en suspension (ex sable fin) partant du site du naufrage, rendant l’eau plutôt laiteuses, chose déjà néfaste à l’environnement marin.
Ensuite, au 13eme jour après le naufrage la situation s’est détériorée gravement avec le début du déversement d’hydrocarbure dans la mer.
Cette marée noire, d’environ 1,000 tonnes déversées durant plusieurs jours, a vite fait de franchir la barrière de corail pour s’avancer et s’étendre sur des douzaines de kilomètre carré dans le lagon.
Les courants ainsi que les alizés soufflant du sud-est aidant, elle est venue ensuite s’échouer sur les côtes sur de nombreux kilomètres sud-est de l’ile, engluant plages, zones rocheuses, mangroves etc. essentiellement dans la baie de Mahébourg, avec quelques zones impactées aussi un peu plus au sud et au nord de la baie.
TourMaG.com - Quelles peuvent être les conséquences à moyen et long terme pour la faune et la flore dans ce périmètre ?
F.B. Vincent : "Les conséquences exactes dépendront de plusieurs facteurs y compris la quantité d’hydrocarbure qui s’est échoué à divers endroits le long du rivage (chose qui varie selon la géographie de la côte et les courants ainsi que les efforts de protection et de nettoyage déployés).
Aussi, les divers types de communauté d’espèces et d’écosystèmes sont diversement susceptibles à de telles marées noires. On peut s’attendre à ce que les communautés de plancton se rétablissent plus ou moins rapidement dans les semaines et les mois à venir.
TourMaG.com - A combien de temps estimez-vous la résorption d’une telle catastrophe et le retour raisonnable à une situation “normale” ?
F.B. Vincent : "La faune et la flore, de la zone intertidale principalement, souffrira pendant environ au moins un à deux ans pour les plages, deux à cinq ans pour les zones rocheuses, et beaucoup plus pour les mangroves qui se rétablissent en générale dans un laps de temps qui se compte en décennies.
F.B. Vincent : "Le bateau s’est échoué le 25 juillet à environ un mile de la côte sud-est de Maurice sur les haut fonds essentiellement sablonneux juste en dehors du récif, écrasant quelques coraux, relativement épars dans cette zone.
Initialement le ballotement par les vagues du bateau échoué a occasionné l’entré dans le lagon de masses d’eaux chargées de particules en suspension (ex sable fin) partant du site du naufrage, rendant l’eau plutôt laiteuses, chose déjà néfaste à l’environnement marin.
Ensuite, au 13eme jour après le naufrage la situation s’est détériorée gravement avec le début du déversement d’hydrocarbure dans la mer.
Cette marée noire, d’environ 1,000 tonnes déversées durant plusieurs jours, a vite fait de franchir la barrière de corail pour s’avancer et s’étendre sur des douzaines de kilomètre carré dans le lagon.
Les courants ainsi que les alizés soufflant du sud-est aidant, elle est venue ensuite s’échouer sur les côtes sur de nombreux kilomètres sud-est de l’ile, engluant plages, zones rocheuses, mangroves etc. essentiellement dans la baie de Mahébourg, avec quelques zones impactées aussi un peu plus au sud et au nord de la baie.
TourMaG.com - Quelles peuvent être les conséquences à moyen et long terme pour la faune et la flore dans ce périmètre ?
F.B. Vincent : "Les conséquences exactes dépendront de plusieurs facteurs y compris la quantité d’hydrocarbure qui s’est échoué à divers endroits le long du rivage (chose qui varie selon la géographie de la côte et les courants ainsi que les efforts de protection et de nettoyage déployés).
Aussi, les divers types de communauté d’espèces et d’écosystèmes sont diversement susceptibles à de telles marées noires. On peut s’attendre à ce que les communautés de plancton se rétablissent plus ou moins rapidement dans les semaines et les mois à venir.
TourMaG.com - A combien de temps estimez-vous la résorption d’une telle catastrophe et le retour raisonnable à une situation “normale” ?
F.B. Vincent : "La faune et la flore, de la zone intertidale principalement, souffrira pendant environ au moins un à deux ans pour les plages, deux à cinq ans pour les zones rocheuses, et beaucoup plus pour les mangroves qui se rétablissent en générale dans un laps de temps qui se compte en décennies.
"J’entends déjà parler d’annulations de séjours de touristes étrangers en 2021..."
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On pourra s’attendre à quatre grandes catégories de conséquences sur la faune et la flore.
Dans l’immédiat surtout, il y l’étouffement puisque l’huile bloque le passage de l’oxygène, ensuite il y a l’empoisonnement des organismes qui absorbent les produits toxiques, par exemple les tortues marines ou les cétacées (dauphins, baleines…) qui remontent en surface pour respirer et aspirent dans leurs poumons l’hydrocarbure qui flotte.
Les oiseaux marins qui entrent en contact avec l’huile risquent la mort par hypothermie puisque l’huile abîme le pouvoir hydrofuge des plumes, exposant ces oiseaux directement à l’eau froide.
Une troisième grande catégorie d’impacts concerne les déséquilibres écologiques issus d’interactions entre espèces, et qui peuvent s’étaler davantage dans le temps.
Par exemple, si des espèces herbivores essuient des pertes d’effectifs importants, s’en suivra des recrudescences d’algues qui peuvent alors elles-mêmes étouffer les coraux etc.
Et finalement la quatrième catégorie d’impact, souvent avec des effets beaucoup plus persistent que les autres, concerne la destruction pure et simple d’habitats.
Par exemple une forêt de mangrove peut mourir ou être fortement dégradée, ce qui représente alors une perte d’habitat pour de nombreuses espèces, non-seulement celles confinées à la mangrove elle-même (crabes, littorines, huitres etc.), mais aussi des espèces dont le développement des stades juvéniles se déroulent dans la mangrove, avant qu’elles ne se dispersent dans d’autres milieux marins.
TourMaG.com - Les pertes économiques pour l’industrie du tourisme vont aussi être très lourdes, compte tenu du secteur atteint ?
F.B. Vincent : "Je ne suis pas expert en tourisme, mais je crains effectivement que le tourisme internationale ici ne soit encore plus durement frappée, déjà qu’il se porte aujourd’hui très mal suite à l’éclatement de la pandémie de la COVID-19 et les fermetures de frontières que cette pandémie a engendrées.
J’entends déjà parler d’annulations de séjours de touristes étrangers qui avaient fait des réservations pour 2021, y compris fort malheureusement dans des zones nullement affectées par cette marée noire. Je peux imaginer que les gens ne souhaitent pas prendre de risques.
Surtout qu’il est possible de penser, quand on est loin d’ici, que toute l’ile puisse être affectée par cette marée noire surtout vu la forte attention médiatique internationale qu’elle a reçue et continue de recevoir.
Dans l’immédiat surtout, il y l’étouffement puisque l’huile bloque le passage de l’oxygène, ensuite il y a l’empoisonnement des organismes qui absorbent les produits toxiques, par exemple les tortues marines ou les cétacées (dauphins, baleines…) qui remontent en surface pour respirer et aspirent dans leurs poumons l’hydrocarbure qui flotte.
Les oiseaux marins qui entrent en contact avec l’huile risquent la mort par hypothermie puisque l’huile abîme le pouvoir hydrofuge des plumes, exposant ces oiseaux directement à l’eau froide.
Une troisième grande catégorie d’impacts concerne les déséquilibres écologiques issus d’interactions entre espèces, et qui peuvent s’étaler davantage dans le temps.
Par exemple, si des espèces herbivores essuient des pertes d’effectifs importants, s’en suivra des recrudescences d’algues qui peuvent alors elles-mêmes étouffer les coraux etc.
Et finalement la quatrième catégorie d’impact, souvent avec des effets beaucoup plus persistent que les autres, concerne la destruction pure et simple d’habitats.
Par exemple une forêt de mangrove peut mourir ou être fortement dégradée, ce qui représente alors une perte d’habitat pour de nombreuses espèces, non-seulement celles confinées à la mangrove elle-même (crabes, littorines, huitres etc.), mais aussi des espèces dont le développement des stades juvéniles se déroulent dans la mangrove, avant qu’elles ne se dispersent dans d’autres milieux marins.
TourMaG.com - Les pertes économiques pour l’industrie du tourisme vont aussi être très lourdes, compte tenu du secteur atteint ?
F.B. Vincent : "Je ne suis pas expert en tourisme, mais je crains effectivement que le tourisme internationale ici ne soit encore plus durement frappée, déjà qu’il se porte aujourd’hui très mal suite à l’éclatement de la pandémie de la COVID-19 et les fermetures de frontières que cette pandémie a engendrées.
J’entends déjà parler d’annulations de séjours de touristes étrangers qui avaient fait des réservations pour 2021, y compris fort malheureusement dans des zones nullement affectées par cette marée noire. Je peux imaginer que les gens ne souhaitent pas prendre de risques.
Surtout qu’il est possible de penser, quand on est loin d’ici, que toute l’ile puisse être affectée par cette marée noire surtout vu la forte attention médiatique internationale qu’elle a reçue et continue de recevoir.
Excès d’engrais dans les lagons, pèche illégale, destructions des marécages côtiers
A l'avenir il faudrait intervenir rapidement dans des situations de ‘trajectoire de collision’ comme celle sur laquelle le Wakashio était lancée depuis plusieurs jours avant le naufrage /crédit OT Maurice
A mon avis, on risque des retombées négatives plus fortes qu’en proportion à l’étendue des vrais dégâts de cette marée noire, qui reste, il faut le dire sévères, mais confinés à une région spécifique et relativement petite de l’ile.
Je crains aussi que même après que la région aura été réhabilitée, le spectre de cette marée noire de 2020 risque de planer encore longtemps dans les esprits et décourager le tourisme.
Il s’agira je pense de réhabiliter non-seulement le fonctionnement écologique de la région sinistrée, mais aussi de réhabiliter sa réputation, par exemple en redoublant d’efforts pour sa conservation en réparant non-seulement les dégâts de la marée noire mais aussi les impacts des autres menaces qui ont dégradé la biodiversité de l’ile Maurice et ses lagons avant même cette marée noire.
Ces menaces continueront et s’intensifieront même après que les effets de la marée noire se sont estompés, si on n’y accorde pas l’effort nécessaire pour inverser les tendances.
Je parle par exemple des problèmes persistants de surpêche, d’excès d’engrais ruisselant dans les lagons, de pèche illégale, de destructions des marécages côtiers, une faible capacité de suivi et d’implémentations des lois de protection et d’autres menaces de ce genre qui continuent à empirer la situation dans les lagons depuis des années.
TourMaG.com - Pensez-vous que le retard des autorités à réagir a aggravé la situation et qu’on aurait pu comme par le passé, éviter le pire avec une administration plus réactive ?
F.B. Vincent : "Oui je le pense. Les enquêtes en cours contribueront je l’espère à bien situer ou les choses ont mal tournées, afin qu’on puisse vraiment tirer des leçons claires pour sensiblement réduire les risques de telles marées noires à l’avenir, et ne pas demeurer à la merci de n’importe quel bateau à n’importe quel instant.
Il est vrai qu’on a joué aussi de malchance dans le sens que l’emplacement de cette toute première marée noire chez nous ne pouvait être pire pour la biodiversité marine de l’ile Maurice, puisqu’elle s’est produite à proximité de deux des trois sites Ramsar que compte l’ile et aussi juste à côté de la Réserve Naturelle de l’ile aux Aigrettes.
Ce lieu abrite une faune et une flore constituées de beaucoup d’espèces endémiques et menacées d’extinction, et qui se trouve être aussi un des joyaux du tourisme écologique de l’ile Maurice.
Je pense aussi que la faible réactivité face à la tragédie qui s’annonçait déjà plus clairement à partir du moment du naufrage, est dans une bonne mesure un reflet du peu de cas que notre pays dans son ensemble porte à son environnement et à sa biodiversité en général.
Je crains aussi que même après que la région aura été réhabilitée, le spectre de cette marée noire de 2020 risque de planer encore longtemps dans les esprits et décourager le tourisme.
Il s’agira je pense de réhabiliter non-seulement le fonctionnement écologique de la région sinistrée, mais aussi de réhabiliter sa réputation, par exemple en redoublant d’efforts pour sa conservation en réparant non-seulement les dégâts de la marée noire mais aussi les impacts des autres menaces qui ont dégradé la biodiversité de l’ile Maurice et ses lagons avant même cette marée noire.
Ces menaces continueront et s’intensifieront même après que les effets de la marée noire se sont estompés, si on n’y accorde pas l’effort nécessaire pour inverser les tendances.
Je parle par exemple des problèmes persistants de surpêche, d’excès d’engrais ruisselant dans les lagons, de pèche illégale, de destructions des marécages côtiers, une faible capacité de suivi et d’implémentations des lois de protection et d’autres menaces de ce genre qui continuent à empirer la situation dans les lagons depuis des années.
TourMaG.com - Pensez-vous que le retard des autorités à réagir a aggravé la situation et qu’on aurait pu comme par le passé, éviter le pire avec une administration plus réactive ?
F.B. Vincent : "Oui je le pense. Les enquêtes en cours contribueront je l’espère à bien situer ou les choses ont mal tournées, afin qu’on puisse vraiment tirer des leçons claires pour sensiblement réduire les risques de telles marées noires à l’avenir, et ne pas demeurer à la merci de n’importe quel bateau à n’importe quel instant.
Il est vrai qu’on a joué aussi de malchance dans le sens que l’emplacement de cette toute première marée noire chez nous ne pouvait être pire pour la biodiversité marine de l’ile Maurice, puisqu’elle s’est produite à proximité de deux des trois sites Ramsar que compte l’ile et aussi juste à côté de la Réserve Naturelle de l’ile aux Aigrettes.
Ce lieu abrite une faune et une flore constituées de beaucoup d’espèces endémiques et menacées d’extinction, et qui se trouve être aussi un des joyaux du tourisme écologique de l’ile Maurice.
Je pense aussi que la faible réactivité face à la tragédie qui s’annonçait déjà plus clairement à partir du moment du naufrage, est dans une bonne mesure un reflet du peu de cas que notre pays dans son ensemble porte à son environnement et à sa biodiversité en général.
Abattage d’espèces natives en danger d’extinction
J’ai beaucoup d’exemple en tête pour justifier cela, mais j’en citerais un seul : Maurice est le seul pays au monde que je connaisse qui a récemment changé ses lois de ‘protection de la biodiversité’ afin de spécifiquement permettre la possibilité d’abattage d’espèces non-seulement natives mais qui sont aussi déjà en danger d’extinction ; chose que nos lois interdisaient avant 2015.
De plus ce changement des lois s’est fait dans le sens exactement contraire aux faits scientifiques, ce qui laisse encore plus dubitatif.
TourMaG.com - La Réunion craint aussi d’être une victime collatérale de la marée noire. Techniquement cela est-il possible, selon vous ?
F.B. Vincent : "Les chances que La Réunion soit affectée sont inexistantes.
Les modélisations numériques l’ont déjà démontré. Il est important de souligner que le volume d’hydrocarbure déversé dans la mer est relativement faible (par exemple 0,3-0,6 % comparé à celui de l’Amoco Cadiz qui est une des marées noires ayant beaucoup frappé les esprits).
De plus, la marée noire du Wakashio s’est produite à faible distance du rivage et le gros des 1,000 tonnes environs de l’hydrocarbure ne s’est pas dispersé en haute mer mais a plutôt été rapidement poussé au-dessus du récif, pour entrer dans le lagon et finir sur la côte ou retenu par les bouées flottantes.
Et la majorité du volume déversé en mer a été déjà récupérée au cours des opérations de nettoyage, et ce qui n’est pas encore enlevé se retrouve en grande partie échoué sur le rivage.
Donc seulement des quantités minimes de fioul risque de se retrouver en haute mer et la grande distance du naufrage des côtes les plus proches de l’ile de la Réunion (215 km) font que cette dernière n’a rien à craindre au final.
TourMaG.com - Selon vous, quel type de mesures faudrait-il prendre pour éviter que des sinistres de ce type ne se produisent plus ?
F.B. Vincent : "Le risque zéro ne sera peut-être jamais atteint tant qu’on continuera à transporter et utiliser ces hydrocarbures. Je pense que beaucoup de choses peuvent contribuer à diminuer les risques de marées noires, comme faire passer les bateaux plus loin des côtes.
Par exemple intervenir rapidement dans des situations de ‘trajectoire de collision’ comme celle sur laquelle le Wakashio était lancée depuis plusieurs jours avant le naufrage ; un pompage rapide du fioul de tout bateau faisant naufrage (comme dans le cas du naufrage de ‘Angel 1’ en 2011 à Maurice, qui a fini par couler, mais dont le fioul a été pompé du bateau dans les quatre jours suivant le naufrage) ; et aussi s’équiper convenablement contre les risques de marées noires, et adosser cela à une réactivité à l’urgence beaucoup plus forte et une prise au sérieux bien plus importante de tels incidents potentiellement dévastateurs, quitte à revoir nos lois pour cela.
De plus ce changement des lois s’est fait dans le sens exactement contraire aux faits scientifiques, ce qui laisse encore plus dubitatif.
TourMaG.com - La Réunion craint aussi d’être une victime collatérale de la marée noire. Techniquement cela est-il possible, selon vous ?
F.B. Vincent : "Les chances que La Réunion soit affectée sont inexistantes.
Les modélisations numériques l’ont déjà démontré. Il est important de souligner que le volume d’hydrocarbure déversé dans la mer est relativement faible (par exemple 0,3-0,6 % comparé à celui de l’Amoco Cadiz qui est une des marées noires ayant beaucoup frappé les esprits).
De plus, la marée noire du Wakashio s’est produite à faible distance du rivage et le gros des 1,000 tonnes environs de l’hydrocarbure ne s’est pas dispersé en haute mer mais a plutôt été rapidement poussé au-dessus du récif, pour entrer dans le lagon et finir sur la côte ou retenu par les bouées flottantes.
Et la majorité du volume déversé en mer a été déjà récupérée au cours des opérations de nettoyage, et ce qui n’est pas encore enlevé se retrouve en grande partie échoué sur le rivage.
Donc seulement des quantités minimes de fioul risque de se retrouver en haute mer et la grande distance du naufrage des côtes les plus proches de l’ile de la Réunion (215 km) font que cette dernière n’a rien à craindre au final.
TourMaG.com - Selon vous, quel type de mesures faudrait-il prendre pour éviter que des sinistres de ce type ne se produisent plus ?
F.B. Vincent : "Le risque zéro ne sera peut-être jamais atteint tant qu’on continuera à transporter et utiliser ces hydrocarbures. Je pense que beaucoup de choses peuvent contribuer à diminuer les risques de marées noires, comme faire passer les bateaux plus loin des côtes.
Par exemple intervenir rapidement dans des situations de ‘trajectoire de collision’ comme celle sur laquelle le Wakashio était lancée depuis plusieurs jours avant le naufrage ; un pompage rapide du fioul de tout bateau faisant naufrage (comme dans le cas du naufrage de ‘Angel 1’ en 2011 à Maurice, qui a fini par couler, mais dont le fioul a été pompé du bateau dans les quatre jours suivant le naufrage) ; et aussi s’équiper convenablement contre les risques de marées noires, et adosser cela à une réactivité à l’urgence beaucoup plus forte et une prise au sérieux bien plus importante de tels incidents potentiellement dévastateurs, quitte à revoir nos lois pour cela.
Mini bio : François Benjamin Vincent FLORENS
Aujourd’hui professeur agrégé en écologie à l’université de Maurice qu’il a rejoint en 2002 et où il dirige le pôle de recherche ‘TIBEC’ (Tropical Island Biodiversity, Ecology and Conservation), Vincent Florens cumule une expérience active dans le domaine de la conservation de la biodiversité depuis 1987.
Il a débuté sa carrière dans une ONG de la conservation (La Mauritian Wildlife Foundation) avant de passer à l’Herbier National (The Mauritius Herbarium) et enfin à l’université de Maurice. Il détient un doctorat de l’université de La Réunion.
Il a débuté sa carrière dans une ONG de la conservation (La Mauritian Wildlife Foundation) avant de passer à l’Herbier National (The Mauritius Herbarium) et enfin à l’université de Maurice. Il détient un doctorat de l’université de La Réunion.
Publié par Jean Da Luz
Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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