La grande traversée du Morvan : le nom a quelque chose d’épique, un parfum d’aventure - DR : Mathieu Mouillet
Pas le moindre contact. Dans la Nièvre, je n’ai rien préparé.
Face à cette page blanche, la Grande Traversée du Morvan trace un itinéraire qui tombe à point nommé.
Le nom a quelque chose d’épique, un parfum d’aventure.
On m’a promis le désert, la pluie, la faim. Je m’élance avec enthousiasme sous le feuillage de cette forêt sauvage.
Face à cette page blanche, la Grande Traversée du Morvan trace un itinéraire qui tombe à point nommé.
Le nom a quelque chose d’épique, un parfum d’aventure.
On m’a promis le désert, la pluie, la faim. Je m’élance avec enthousiasme sous le feuillage de cette forêt sauvage.
La grande traversée du Morvan
Dans la vallée du Serein, l’eau qui joue dans les rochers glousse. L’averse a réveillé la fraîcheur de la forêt.
Partout des mousses, des fougères, des arbres déracinés. La forêt m’abrite et crépite sous les gouttes de pluie.
Pour mon premier bivouac, les hiboux hululent, je me sens accueilli. Impression d’être de retour à la maison. Je dors en compagnie des araignées intrépides qui se sont faufilées dans la tente.
La forêt et le bocage s’illuminent sous les trouées d’un ciel de granit. Je m’abrite sous les arbres en attendant la fin de l’averse.
À Saint-Germain-des-champs, le vent qui joue dans les tôles mal arrimées dérange le silence de ce village fantôme. Tous les volets sont fermés. Personne à qui m’adresser pour demander de l’eau. Je passe une nuit agitée dans une cabane de rondins. Grand vent au bord du lac de Crescent.
Comme la plupart des lacs de la région, il s’agit d’une retenue d’eau artificielle destinée à la production d’électricité.
À l’abri derrière les piles du barrage, Maxime fait sa pause-déjeuner, rafraîchi par le crachin mauvais. Il parle avec respect du Morvan, terre pauvre, terre de refuge, terre hostile ; avec tendresse de la roche-mère, le granit du Morvan.
Sous un ciel chargé et lumineux, de petites taches blanches - des vaches - parsèment un paysage de bocage quadrillé de haies parcourues de chemins. Les vallées laissent deviner les prochains sommets à gravir.
Partout des mousses, des fougères, des arbres déracinés. La forêt m’abrite et crépite sous les gouttes de pluie.
Pour mon premier bivouac, les hiboux hululent, je me sens accueilli. Impression d’être de retour à la maison. Je dors en compagnie des araignées intrépides qui se sont faufilées dans la tente.
La forêt et le bocage s’illuminent sous les trouées d’un ciel de granit. Je m’abrite sous les arbres en attendant la fin de l’averse.
À Saint-Germain-des-champs, le vent qui joue dans les tôles mal arrimées dérange le silence de ce village fantôme. Tous les volets sont fermés. Personne à qui m’adresser pour demander de l’eau. Je passe une nuit agitée dans une cabane de rondins. Grand vent au bord du lac de Crescent.
Comme la plupart des lacs de la région, il s’agit d’une retenue d’eau artificielle destinée à la production d’électricité.
À l’abri derrière les piles du barrage, Maxime fait sa pause-déjeuner, rafraîchi par le crachin mauvais. Il parle avec respect du Morvan, terre pauvre, terre de refuge, terre hostile ; avec tendresse de la roche-mère, le granit du Morvan.
Sous un ciel chargé et lumineux, de petites taches blanches - des vaches - parsèment un paysage de bocage quadrillé de haies parcourues de chemins. Les vallées laissent deviner les prochains sommets à gravir.
Un cabinet de poésie générale
A Marigny-l'Église, l’auberge-épicerie-bar-relais poste du Crescent fait aussi office de cabinet de poésie générale - DR : Mathieu Mouillet
À Marigny-l'Église, Aurélien, devant ma mine fatiguée, sort un carnet d’ordonnance.
L’auberge-épicerie-bar-relais poste du Crescent est aussi cabinet de poésie générale, comme l’indique la petite plaque bleue émaillée qui m’intriguait à l’entrée de l’établissement !
Voilà ma prescription :
« La prochaine fois que je viendrai au monde,
Je transcrirai chaque minute dès le début,
Je n’en consommerai pas une seule sans réfléchir d’abord
Et, le cas échéant, j’arrêterai le temps pour qu’il attende ma décision.
Penti Holappa
Apprendre après chaque repas ».
Je me sens tout de suite mieux. En cas de rechute, je pourrai toujours appeler le serveur vocal (03 71 42 00 77, appel non surtaxé) : « Pour Baudelaire, tapez 1, pour La Fontaine, tapez 2… »
L’auberge-épicerie-bar-relais poste du Crescent est aussi cabinet de poésie générale, comme l’indique la petite plaque bleue émaillée qui m’intriguait à l’entrée de l’établissement !
Voilà ma prescription :
« La prochaine fois que je viendrai au monde,
Je transcrirai chaque minute dès le début,
Je n’en consommerai pas une seule sans réfléchir d’abord
Et, le cas échéant, j’arrêterai le temps pour qu’il attende ma décision.
Penti Holappa
Apprendre après chaque repas ».
Je me sens tout de suite mieux. En cas de rechute, je pourrai toujours appeler le serveur vocal (03 71 42 00 77, appel non surtaxé) : « Pour Baudelaire, tapez 1, pour La Fontaine, tapez 2… »
Traiter le problème des déserts médicaux par l’humour
La Nièvre est un désert médical. Château-Chinon, la première sous-préfecture de France privée de médecin généraliste.
En créant les cabinets de poésie générale, Jean Bojko, poète auprès du Président du conseil général, a décidé de traiter le problème par l’humour. J’ai très envie de le rencontrer.
J’ai de la chance ! La ville de Corbigny célèbre les arts de la rue. Pour l’occasion, deux cabinets de poésie générale vont être inaugurés.
Jean Bojko me reçoit dans les locaux du TéATr'éPROUVèTe, la compagnie avec laquelle il travaille. Malgré ses fonctions politiques de conseiller auprès du Président du conseil général, il porte un regard poétique sur la Nièvre (regardez aussi la vidéo ci-dessus).
En créant les cabinets de poésie générale, Jean Bojko, poète auprès du Président du conseil général, a décidé de traiter le problème par l’humour. J’ai très envie de le rencontrer.
J’ai de la chance ! La ville de Corbigny célèbre les arts de la rue. Pour l’occasion, deux cabinets de poésie générale vont être inaugurés.
Jean Bojko me reçoit dans les locaux du TéATr'éPROUVèTe, la compagnie avec laquelle il travaille. Malgré ses fonctions politiques de conseiller auprès du Président du conseil général, il porte un regard poétique sur la Nièvre (regardez aussi la vidéo ci-dessus).
« Au niveau du Conseil général, je dis toujours qu’il y a un projet qui serait simple : si on arrivait à faire comprendre à tous les gens de la Nièvre qu’il faut être sympa avec tous les gens qui viennent de l’extérieur... Entre nous, on peut être un peu vachards, tout ça, parce que… mais soyons sympas avec tous les gens qui viennent de l’extérieur. Alors ça veut dire quoi ?
Imagine à Corbigny, il y a des étrangers qui passent, des Hollandais… Plutôt que de les regarder un petit peu de traviole, tout ça, les gens arrivent, s’installent au café, ils boivent une bière, c’est déjà payé ! Et puis que ça devienne quelque chose de courant !
Il y en a qui ont pas les moyens mais il y en a qui ont toujours les moyens de payer un coup à un autre… Et finalement ça se sait à l’extérieur. « Mais c’est incroyable là-bas, quand tu viens, tu payes pas ton coup quoi ». Ça ferait un truc de communication énorme !
C’est-à-dire que les gens sont sympas… Ça suffit hein ? C’est des petits détails parce que la façon de percevoir un territoire, ça joue sur des détails. Si t’es bien reçu, tu l’aimes le territoire.
Quelques fois c’est facile hein ? Un peu de curiosité, on parlait de la marche, là, est-ce qu’on a besoin de se casser la tête à tout préparer pour tout le monde, de tout gérer, les chemins où les gens vont se balader, gérer les endroits où les gens vont s’arrêter, poser leur bagnole, machin…
On finit par croire que c’est ça l’essentiel, alors qu’en fin de compte c’est pas ça l’essentiel. C’est pas le fait : « est-ce que je vais pouvoir me garer en pleine campagne, si y'a un parking je me gare », c’est le fait d’avoir envie d’aller en pleine campagne, et d’y voir des choses… Il se passe tellement de choses…
Tu vois, par exemple hier soir, y'avait l’éclipse totale de la lune !
Imagine à Corbigny, il y a des étrangers qui passent, des Hollandais… Plutôt que de les regarder un petit peu de traviole, tout ça, les gens arrivent, s’installent au café, ils boivent une bière, c’est déjà payé ! Et puis que ça devienne quelque chose de courant !
Il y en a qui ont pas les moyens mais il y en a qui ont toujours les moyens de payer un coup à un autre… Et finalement ça se sait à l’extérieur. « Mais c’est incroyable là-bas, quand tu viens, tu payes pas ton coup quoi ». Ça ferait un truc de communication énorme !
C’est-à-dire que les gens sont sympas… Ça suffit hein ? C’est des petits détails parce que la façon de percevoir un territoire, ça joue sur des détails. Si t’es bien reçu, tu l’aimes le territoire.
Quelques fois c’est facile hein ? Un peu de curiosité, on parlait de la marche, là, est-ce qu’on a besoin de se casser la tête à tout préparer pour tout le monde, de tout gérer, les chemins où les gens vont se balader, gérer les endroits où les gens vont s’arrêter, poser leur bagnole, machin…
On finit par croire que c’est ça l’essentiel, alors qu’en fin de compte c’est pas ça l’essentiel. C’est pas le fait : « est-ce que je vais pouvoir me garer en pleine campagne, si y'a un parking je me gare », c’est le fait d’avoir envie d’aller en pleine campagne, et d’y voir des choses… Il se passe tellement de choses…
Tu vois, par exemple hier soir, y'avait l’éclipse totale de la lune !
A suivre...
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Retrouvez tous les articles de notre série consacrée à la Diagonale du vide, avec Mathieu Mouillet, en cliquant ici.
A propos de l'auteur
Mathieu Mouillet arpente la planète depuis plus de 15 ans. En 2001, il part à vélo enregistrer les musiques du monde. Le voyage durera 18 mois et 25 000 km à travers l’Asie, l’Amérique du sud et l’Afrique.
Stylos, appareils photos et enregistreurs deviennent ses compagnons de voyage et ses outils de travail, entre deux missions de conseil pour des acteurs de l’e-tourisme.
Du Cap-Vert à l’Afrique du sud, il rédige et illustre une dizaine de guides pour un site qui veut devenir le Facebook du voyage. Un échec regrettable mais une expérience éclairante.
Avaler les kilomètres sans prendre le temps de savourer le paysage lui donne envie de lenteur. Pendant 18 mois, il traverse la France à pied à travers la diagonale du vide pour vérifier que « le voyage commence en bas de chez soi ».
Le récit de cette expérience, « La diagonale du vide, un voyage exotique en France » paraît en 2018.
Il partage ses carnets de voyages sur son blog : www.lesvoyagesdemat.com.
De l’Irlande au Botswana, de Cuba à l’Ouzbekistan, le globe trotter a écrit et photographié dans plus de 45 pays. Privilégiant les voyages sans moteur et les rencontres aux destinations, il croit en l’idée que « le vrai voyageur ne sait pas où il va ».
Pour aller plus loin : www.lesvoyagesdemat.com/blog-voyage-france/
Stylos, appareils photos et enregistreurs deviennent ses compagnons de voyage et ses outils de travail, entre deux missions de conseil pour des acteurs de l’e-tourisme.
Du Cap-Vert à l’Afrique du sud, il rédige et illustre une dizaine de guides pour un site qui veut devenir le Facebook du voyage. Un échec regrettable mais une expérience éclairante.
Avaler les kilomètres sans prendre le temps de savourer le paysage lui donne envie de lenteur. Pendant 18 mois, il traverse la France à pied à travers la diagonale du vide pour vérifier que « le voyage commence en bas de chez soi ».
Le récit de cette expérience, « La diagonale du vide, un voyage exotique en France » paraît en 2018.
Il partage ses carnets de voyages sur son blog : www.lesvoyagesdemat.com.
De l’Irlande au Botswana, de Cuba à l’Ouzbekistan, le globe trotter a écrit et photographié dans plus de 45 pays. Privilégiant les voyages sans moteur et les rencontres aux destinations, il croit en l’idée que « le vrai voyageur ne sait pas où il va ».
Pour aller plus loin : www.lesvoyagesdemat.com/blog-voyage-france/
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